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CH. VIII.

latine que Velfer fit faire par les Maronites, & qui est imprimée à Augs- Liv. VIII. bourg en 1604, on lit ces paroles: Dicat Diaconus Miferationem nomine circumftantium, qui ne fignifient rien moins que le fens qu'elles préfentent. Le mot arabe fur lequel cette traduction a été faite fans confulter l'original, fignifie les Diptyques, comme il paroît par le texte grec, qui se trouve dans un Manufcrit fort rare de la Bibliotheque du Roi. Car en cet endroit il y a, o Aiánovos λéyu ta dittuxa: & le Prêtre dit en particulier la priere que nous avons rapportée, & qui eft conforme à la traduction cophte ; voici les paroles: Ομοίως δὲ μνήθητι κύριε, καὶ πάντων τῶν ἐν ἱερωσύνη προαπαναυσαμένων, καὶ τῶν λαϊκῶν ταγμάτων. Πάντων τὰς ψυχὰς ἀναπάυσαι καταξίωσον ἐν κόλποις τῶν ἁγίων πατέρων ἡμῶν, Αβραὰμ καὶ Ισαακ, καὶ Ιακώβ. Εκτρεψον σύναψον εἰς τόπον χλόης, ἐπὶ ὕδατος ἀναπαύσεως, ἐν παραδείσῳ τρυφῆς, ἔνθα ἀπέδρα, ὀδύνη καὶ λύπη καὶ στεναγμὸς ἐν τῇ λαμπρότητι Twv dyiwv σ8. Et après la lecture des Diptyques. Seigneur donnez là le repos aux ames de ceux que vous avez retirés du monde, & les daignez transferer dans le Royaume des Cieux. Εκείνες μὲν κύριε τὰς ψυχὰς ἐκεῖ λα βὼν ἀνάπαυσον, καὶ βασιλείας ἐρανῶν καταξίωσον.

&

Dans la feconde Liturgie, qui eft celle de S. Grégoire, la même priere De la Life trouve en d'autres termes: Souvenez-vous, Seigneur, de nos peres turgie de S. Grégoide nos freres qui ont fini leur vie dans la foi orthodoxe, & accordez-leur re. la grace de repofer tous avec vos Saints & avec ceux dont nous avons fait mention : & ce font les principaux Saints que l'Eglife honore. Il y a quelque légere différence dans le texte grec, en ce qu'on y joint la derniere partie de ce qui eft dans la premiere Liturgie, de laquelle on prend cette oraison, dans la troifieme appellée de S. Cyrille, & ces trois font les feules qui foient en ufage dans l'Eglife Jacobite d'Alexandrie.

ques.

Les Jacobites Syriens ont les mêmes prieres dans leurs Liturgies; & Des Liturau même endroit où fuivant l'ufage ancien qui s'eft confervé en Orient, gies Syriaon lit les Diptyques, après avoir fait mémoire des Saints, pour lefquels on ne fait pas des prieres, mais on demande à Dieu que par leurs interceffions, il nous rende dignes de les imiter, & de jouir avec eux de la félicité éternelle. La premiere & la principale des Liturgies fyriaques eft celle de S. Jacques, qui eft regardée comme un Canon général, & à laquelle eft joint l'Office commun qui fert à toutes les autres. C'est ainfi qu'elle fe trouve dans les Manufcrits les plus anciens, & non pas comme elle a été mife dans l'édition de Rome, à la tête de laquelle eft celle de S. Sixte, dont on ne fe fert que fort rarement. Dans cette Liturgie de S. Jacques, le Prêtre dit d'abord secrétement. Souvenez-vous, Seigneur, des Prêtres Orthodoxes qui font morts ci-devant, des Diacres, des Sous-Diacres, des Chantres, des Lecteurs, des Interpretes, des Exor

CH. VIII.

LIV. VIII. ciftes, des Religieux, des Vierges & des Séculiers qui font partis de ce monde dans la vraie foi, & de tous ceux que chacun a dans fa pensée. Puis en élevant fa voix: Seigneur, Dieu des efprits & de toute chair fouvenez-vous de ceux dont nous faifons mémoire, qui font paffés de cette vie à l'autre dans la profeffion de la foi orthodoxe: accordez le repos à leurs ames & à leurs corps, en les préfervant de la condamnation future qui n'a pas de fin, & en les rendant dignes de la félicité qui eft dans le fein d'Abraham, d'Ifaac & de Jacob, où brille la lumiere de votre face, d'où furent les douleurs, les trifteffes & les gémissements, ne leur imputant pas toutes les fautes qu'ils ont commifes, & n'entrez pas en jugement avec vos ferviteurs, parce qu'aucun homme vivant ne fera juftifié devant vous, & qu'il n'y en a aucun qui ne foit coupable de péché, ou qui foit exempt de fouillure parmi tous ceux qui ont été fur la terre, ou qui y font, finon votre Fils unique Jefus Chrift Notre Seigneur, &c.

De celle

On voit la même priere dans toutes les Liturgies fyriaques des Jacobites, dans la premiere de S. Pierre, & dans la feconde du même titre, auxquelles il faut ajouter celles de Thomas d'Héraclée, de S. Ignace, de S. Cyrille, de Denys Barfalibi, de S. Marc, de S. Clément, de S. Denys Aréopagite, de S. Jules Pape, de S. Jean, d'une autre attribuée à S. Jean Chryfoftôme, de Moyfe Barcepha, des faints Docteurs, de Philoxene Evêque de Hierapolis, de Diofcore, de Sévere d'Antioche, de Jacques Bardaï, de Jean de Baffora, de Jacques d'Edeffe, de Jacques de Séruge, de Jean Accemete Patriarche, de Grégoire Abulfarage, de Denys Evêque de l'Ile de Cardou, de Jean fils de Maadni, de Jofeph fils de Wahib, autrement Ignace Patriarche d'Antioche, & de Michel Patriarche d'Antioche. On peut y joindre celles qui font inférées dans le Miffel des Maronites, qui ne fe trouvent pas fous les mêmes noms dans les Manufcrits.

La Liturgie des Ethiopiens étant entiérement conforme à celle des des Ethio- Cophtes, représente auffi au même endroit la commémoration des fidepiens. les trépaffés: Souvenez-vous, difent-ils, Seigneur, de tous les défunts qui ont fini leurs jours dans la foi de Jefus Chrift, & placez leurs ames dans lé fein d'Abraham, d'Ifaac & de Jacob. La même priere eft dans les autres Liturgies de la même langue & dans celle des Arméniens.

Des Neftoriens.

t

Les Neftoriens ont pareillement confervé la même difcipline, comme on le voit dans leurs trois Liturgies, où après la commémoration des vivants, qui fe fait immédiatement après celle des Saints de l'Ancien & du Nouveau Teftament, on dit: Nous vous prions auffi, Seigneur, pour ceux qui nous ont précédés, & qui font morts dans la foi orthodoxe, afin que vous leur pardonniez tous leurs péchés, & que vous les mettiez dans des lieux de repos.

CH. VIII.

dans tous

Ces prieres, conçues prefque toujours en mêmes termes, & fans au- Liv. VIII. cune variation dans le fens, ne font pas feulement dans les Liturgies, Ces priemais dans les Horologes, & plus particuliérement dans les Offices des res font morts, que chaque Eglife conferve dans des livres à part. Celui des Jacobites Syriens a été imprimé à Rome comme étant des Maronites; mais livres d'Edivers Manufcrits font connoître qu'il ne leur appartenoit point, non glife. plus que la plupart des Liturgies qu'ils ont imprimées de même, quoiqu'ils en aient inféré quelques-unes fous les noms de quelques hérétiques, qui n'ont le nom de Saint que parmi ceux de leur Secte, comme Jean Barfufan, Matthieu le Palteur, & quelques autres inconnus aux Cenfeurs qui approuverent l'édition. Il en eft de même du livre du Miniftre, ou pour mieux dire du Miniftere du Diacre, qui contient ce qu'il doit dire dans la Liturgie, & qui fut imprimé en même temps que le Miffel; mais avec cette différence, qu'on n'y fit pas les mêmes changements, de forte que le livre du Miniftre eft prefque entiérement conforme aux Manufcrits, dont l'autre differe confidérablement par le changement qui a été fait dans prefque toutes les Liturgies, des paroles de la confécration, & de l'Invocation du S. Efprit.

niftre.

Dans cet Office du Miniftere Diaconal, il y a diverfes prieres qui Dans le liappartiennent à la Liturgie, & qui en font partie, parce que le Diacre vre du Miannonce à haute voix pour qui on doit prier, en même temps que le Prêtre dit les oraifons fecrettes. Pendant donc qu'il dit celles qui ont été rapportées, le Diacre dit tout haut. Pour les fideles trépaffés. Nous p. 77. faifons auffi mémoire de tous les défunts fideles qui font morts dans la véritable foi, tant de ceux de cet Autel faint; c'est-à-dire, des Paroiffiens de cette Eglife, que de cette ville de ce pays & de tous les autres, de ceux qui ont ci-devant fini leurs jours dans la véritable foi, & qui font parvenus à vous, Seigneur de tous efprits & de toute chair. Nous fupplions, requérons & prions inftamment Jefus Chrift Notre Dieu, qui a retiré à lui leurs ames & leurs efprits, que par fes grandes miféricordes, il daigne leur accorder le pardon de leurs fautes & la rémission de leurs péchés, & qu'il nous faffe parvenir auffi-bien qu'eux à fon Royaume dans le ciel. Crions tous ensemble, & difons trois fois Kyrie éleifon. Le peuple dit ensuite: Donnez-leur le repos, Seigneur Dieu, & pardonnez & remettez les fautes & les défauts à nous tous, dans lesquels nous sommes tombés fciemment ou par ignorance.

particulie

Dans la Meffe particuliere pour les morts, ces mêmes prieres font Prieres de répétées, & on y trouve encore celles-ci: Seigneur, éteignez l'ardeur la Meffe du feu par votre miféricorde à l'égard des défunts qui ont cru en vous, re pour & qui ont fini leur vie dans l'espérance en vous. Que votre croix foit un

les morts.

CH. VIII.

Liv. VIII. port de vie, un pont & un passage pour les ames & pour les corps qui ont été revêtus de vous par les eaux du Baptême. Au milieu de l'Office le Diacre fait une espece d'exhortation en ces termes: Ami du défunt, donnez-lui des marques de votre amitié, non pas en faisant un grand deuil, qui ne lui peut fervir de rien: faites pour lui un feftin dans le Sanctuaire, en offrant du pain & du vin par le miniftere des Prêtres pour l'ame du défunt, afin que le repos lui foit accordé. Dieu, qui voit votre amitié, pardonnera au défunt, & fa mémoire fera faite dans le Sanctuaire fur la table de propitiation. Un peu après il dit cette oraison: Dieu qui vous êtes revêtu d'un corps afin de donner la vie au genre humain mortel, renouvellez & vivifiez par votre réfurrection, ou comme portent d'autres exemplaires & la verfion arabe, dans le jour de la résurrection, ceux qui ont reçu votre corps & votre fang. Les ames des morts & des vivants attendent tout de vous: par vous nous ferons fauvés du feu, & nous jouirons tous de votre Royaume... Délivrez, Seigneur, des peines & des angoiffes, ceux qui font morts dans l'espérance en vous. Mes freres, prions Notre Seigneur, que lorsqu'il paroîtra comme un éclair, & qu'il fera paroître des fignes dans le foleil & dans la lune qui produiront la crainte &le tremblement, que l'Archange defcendra d'enhaut, qu'il fonnera de la trompette, & qu'il dira à ceux qui font dans les tombeaux, levez-vous, & venez au Jugement, Seigneur, qui voulez la vie & la converfion des pécheurs, vous aviez pitié des défunts, par votre grace, & répandiez votre miféricorde fur ceux qui vous adorent. N'entrez pas en jugement, Seigneur, avec vos ferviteurs, felon la rigueur de votre juftice, parce qu'il n'y a point d'homme exempt de taches & de crimes. Ne vous fouvenez pas de ceux dont ils font coupables, pardonnez-leur lorfque vous viendrez avec vos Anges; parce que ces défunts vous ont invoqué à l'heure de la mort, qu'ils vous ont prié & imploré votre miféricorde lorfqu'ils font fortis de ce monde, & qu'ils ont pleuré leurs péchés. Ne rejettez pas la voix de leur priere, & ne détournez pas votre face d'eux; mais par la miféricorde de votre bonté, accomplissez vos promesses à leur égard.

P. 159.

L'Office des funérailles, qui eft auffi conforme aux Manufcrits, eft tout rempli de pareilles prieres: & même il n'y a aucun Office de l'Eglife qui n'en ait quelques-unes pour les morts. Elles ont toutes un même fens, qui eft, de demander à Dieu qu'il leur pardonne leurs péchés, qu'il les délivre des peines éternelles, qu'il les mette dans le repos, & qu'il leur accorde la vie éternelle.

Après les Offices des Eglifes, qui ont la principale autorité pour prouver la difcipline de la priere pour les morts, rien n'en a davantage que les Canons. Or tous les Orientaux recevant comme authentiques les

Conftitutions des Apôtres, on trouve dans les Collections tout ce qu'elles Liv. VIII. comprennent sur ce fujet, de même que ce qui eft compris dans plu. CH. IV. fieurs autres Canons tirés de ces premiers, fur lefquels eft fondée leur discipline.

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Si les Chrétiens Orientaux font dans les mêmes fentiments fur le Purgatoire que les Grecs modernes.

IL

Orientaux

re.

fe peut faire que quelques Auteurs qui ont écrit fur les Religions On a acd'Orient, aient accufé les Jacobites, les Neftoriens, & ceux qui font cufé les foumis à l'Eglife Grecque, comme les Melchites Syriens, d'avoir les mê- de ne pas mes fentiments que les Grecs modernes en rejettant le Purgatoire. Plu- croire le fieurs Proteftants l'ont affuré fans autres preuves que le témoignage de Purgatoi quelques-uns de ces Auteurs, qui, quoique Catholiques, ne font pas Brerew. pour cela plus croyables, par les raifons qui ont été répétées plufieurs. fois. Cependant lorfqu'on examine la matiere avec attention, il fe trouve que c'eft fans aucun fondement qu'on attribue aux Orientaux des opinions qu'ils n'ont pas, & même que les Neftoriens & les Jacobites ne peuvent avoir, puifqu'elles étoient inconnues dans l'Eglife Grecque avant qu'ils s'en féparaffent.

ne difci

les morts

Ce qu'il y a de certain eft, que dans toutes ces Eglifes fchifmatiques L'ancienou hérétiques, on reconnoît l'ancienne discipline de prier pour les morts, pline de d'offrir pour eux le Sacrifice, d'y faire une commémoration fpéciale de prier pour tous les fideles trépaffés au milieu de l'action facrée, conformément à eft conferl'ufage des premiers fiecles: que cette commémoration fuit celle qui fe vée. fait de la Sainte Vierge, de S. Jean Baptifte, des Apôtres, des Martyrs & des autres Saints, avec cette diftinction, qu'on demande à Dieu fes graces & fes bénédictions par les prieres de ceux-ci, & qu'on le prie d'accorder aux autres le pardon de leurs péchés, de les mettre en lieu de repos, de les délivrer des peines de l'enfer, & de les mettre dans le fein d'Abraham.

res font

Ces prieres font conformes pour les expreffions & pour le fens à celles Les priede l'Eglife univerfelle Latine ou Grecque ; & tous les Chrétiens Orien- confortaux font perfuadés qu'elles procurent du foulagement à ceux pour qui mes à cel elles fe font. Ce font ceux qui meurent dans la foi de l'Eglife & dans les des fa Communion; car les anciens Canons qui défendent de prier ou de desLatins. faire mémoire dans la Litúrgie, des infideles ou des excommuniés, fe

Grecs &

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