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avoient

Liv. I. Or il eft certain qu'avant le Concile de Florence les Grecs avoient CH. VII. fept Sacrements, ainfi qu'on le prouve par Siméon de Theffalonique. On Les Grecs ne dira pas qu'il a été l'inventeur de cette opinion, puifqu'il n'eft que témoin de la doctrine & de la difcipline de fon Eglife, & que l'autorité fept Sacrements qu'il a acquife parmi les fiens, eft de l'avoir fidellement repréfentée dans avant le fes Ecrits. Il fe trouve des Auteurs plus anciens qui font mention de ces de Floren- mêmes Sacrements, & dans tant de Conférences, de Conciles & de négociations entre les Latins & les Grecs pour tâcher de terminer le schifme, on ne leur a jamais reproché qu'ils n'euffent pas fept Sacrements. Enfin au Concile de Florence il ne fut pas parlé de cette queftion, & l'Acte de Réunion n'en fait pas la moindre mention.

Concile

ce.

-Ex unione
Florenti-

na... va-
num eft

Ecclefiæ

bitrari. p. 167.

Mais, dit Fehlavius, il ne faut pas juger de la doctrine des Grecs par ce qui fe paffa au Concile de Florence: on en convient, & dans tout cet ouvrage, nous ne citons pas un feul Auteur qui n'ait été engagé dans le dogmata fchifme, & par conféquent qui n'ait renoncé à l'union faite à Florence. Græcæ ar- De plus, elle n'a rien de commun avec la matiere dont il eft question; puifque dans l'Acte de Réunion il n'eft pas parlé des Sacrements, & que le Décret pour les Arméniens, dans lequel ce que l'Eglife Romaine en croit eft expliqué plus en détail, ne fut fait qu'après le départ des Grecs qui ne le foufcrivirent pas; il ne leur fut pas envoyé, & ils n'en eurent aucune connoiffance. Ils le connoiffoient fi peu, que depuis leur retour en Grece plufieurs ayant attaqué la Définition ou Acte de Réunion, & MS. Gr. l'ayant réfuté article par article, entr'autres Jean Eugenicus, Nomophylax de l'Eglife de Conftantinople, il ne s'en trouve aucun qui ait attaqué l'autre Décret. On ne fera jamais croire à perfonne, que quand on parle de la créance des Grecs qui compofent l'Eglife féparée de l'Eglife Latine, on prétend fe fervir du témoignage de ceux qui y font réunis, à moins qu'on ne les cite pour établir des faits indépendants des dogmes contestés. Car alors on peut les citer de même que nous avons cité les témoignages de plufieurs Proteftants, qui ont écrit tout le contraire de ce que M. Claude, M. Smith & d'autres avoient dit touchant les Orientaux.

Bib. R.

Du changement que les Proteft.

Pour ce qui regarde la derniere objection de Fehlavius touchant le changement arrivé pendant que les Latins étoient maîtres de Conftantinople, on croit l'avoir réfutée d'une maniere qui ne laiffe aucune replique, puifque jamais la haine ne fut plus grande qu'en ce temps-là même: car les Latins traiterent les Grecs, dont ils avoient éprouvé la perfidie en plufieurs rencontres, avec trop de dureté, pour être en état d'acquérir étoient créance parmi les Eccléfiaftiques & les peuples. jufqu'à changer leur ReConftant, ligion & leur difcipline, pour prendre celle de leurs ennemis déclarés.

fuppofent arrivé pendant que les Latins

maîtres de

qu'ils regardoient comme hérétiques. Si cela étoit arrivé, il en refteroit Liv. I. quelque veftige dans les Hiftoriens de ces temps-là. Que les Proteftants CH. VII. nous en produifent un feul qui appuye d'auffi vaines conjectures, & qu'ils nous montrent que Syropule lui-même, dont ils font tant d'eftime ( & il ne faut pas s'en étonner, puifqu'ils admirent la capacité & la doctrine de fon Traducteur, le plus ignorant & le plus infidelle qui fut jamais ) ait marqué qu'on ait propofé aux Grecs aucun article qui concernât la doctrine des fept Sacrements. Il n'eft pas moins important que les Protestants nous expliquent comment les Latins ont pu infinuer, & établir enfuite dans toute l'Eglife Grecque une difcipline qu'ils ne connoiffoient point, & que la plupart de leurs Théologiens ont attaquée comme défectueuse dans la matiere & dans la forme. Car c'eft le jugement qu'ont fait plufieurs de ceux qui ont écrit contre les Grecs, de celle qui regarde la Confirmation & l'Extrême-Onction; outre qu'il y en a eu un affez grand nombre qui n'ont pas jugé plus favorablement de leurs Ordinations. Quand on introduit quelques nouveautés dans la Religion, c'est ce que ceux qui veulent innover croient & pratiquent. Les Miffionnaires Latins prêchent & enfeignent la doctrine & la difcipline de l'Eglife Romaine : les anciens Neftoriens ont prêché le Neftorianisme dans les Indes, & ils y ont porté les cérémonies qui étoient en ufage parmi eux, de même que les Jacobites d'Alexandrie ont fait en Nubie & en Ethiopie. Ici on. veut que les Latins aient appris une créance & des cérémonies qu'ils ne connoiffoient point & qu'ils ont fouvent condamnées, aux Grecs qui en avoient d'autres long-temps auparavant femblables à celles qui fubfiftent encore préfentement parmi eux.

croient

ments ne

tion divi

ne.

On dit auffi que les Grecs ne croient pas que les Sacrements, à l'ex- Siles ception du Baptême & de l'Euchariftie, foient d'inftitution divine. On Grecs cite fur cela le Patriarche Jérémie, Grégoire Protofyncelle & quelques que tous autres, parce qu'ils ont dit que Jefus Chrift avoit inftitué quelques-uns les Sacredes Sacrements, comme le Baptême & l'Euchariftie par lui-même, & font pas les autres par le miniftere de fes difciples. Allatius défendant les Grecs d'inftitucontre les calomnies de Caucus, convient que telle eft l'opinion de ces deux Théologiens, & les explications qu'il donne, afin d'interpréter les paffages qu'il rapporte, conviennent fi peu & embraffent tant de nouvelles difficultés, qu'il eft inutile de les rapporter, & encore plus de les réfuter. L'Auteur de l'Hiftoire de la créance des Nations du Levant va encore plus loin, difant: que les Grecs font dans cette persuasion, qu'il n'y Hift. Crit. a proprement que le Baptême & l'Euchariftie qui aient été inftitués par Notre Seigneur & que les autres ont été inftitués par l'Eglife; fur quoi il &c. p. 1 cite le Patriarche Jérémie, dont nous examinerons les paroles ci-après.

de la

Créance,

d'Arcud.

& d'Allat.

roles de

Jérémie.

LIV. I. Allatius & lui devoient fe fouvenir que Jérémie, après Siméon de CH. VII. Theffalonique, avoit dit en termes formels, que tous les Sacrements Sentim. avoient été inftitués par Jefus Chrift: & Arcudius blâme Siméon de ce & qu'il avoit porté cette penfée jufqu'à établir une propofition qu'il réfute, fur les pa- & qui eft que Jefus Chrift avoit par lui-même reçu ou célébré tous les Sacrements: Jérémie & la plupart des autres Grecs l'ont néanmoins adoptée. Le fens véritable de cette propofition eft, que tout ce que l'Eglife regarde & pratique comme des Sacrements de la Loi Evangélique, est fondé fur le précepte & fur l'inftitution de Jefus Chrift, foit qu'il ait ordonné la chose par lui-même, foit qu'il l'ait fait par le miniftere des Apôtres. Ceux qui entendent fes paroles trop à la lettre, contre l'intention de l'Auteur qui paroît affez dans toute la fuite du difcours, n'ont pas fait réflexion que Jérémie qui les cite & qui en rapporte la substance, se contrediroit lui-même, s'il difoit que les cinq Sacrements rejetés par les Proteftants ne font pas inftitués par Jefus Chrift. Car il dit formellement le contraire dans fa premiere Réponse, & les paroles qu'on cite font tirées de la feconde, dans laquelle il avoit à combattre ce que les Théologiens de Wittemberg avoient dit dans leur premier Ecrit pour justifier l'erreur des Proteftants, qui ne reconnoiffent pour Sacrements que le Baptême & l'Euchariftie, comme feuls inftitués par Jefus Christ, fuivant leur nouvelle Théologie, fort oppofée à celle de l'ancienne Eglife & à celle des Grecs. Car ils ont toujours cru qu'il y avoit plufieurs chofes enfeignées ou ordonnées par Jefus Chrift, qui pour n'être pas écrites dans l'Evangile, n'en avoient pas moins d'autorité, parce qu'elles avoient été enseignées par les Apôtres, qui les avoient reçues de leur Maître. Act. Witt. Jérémie répond donc à ces Luthériens, & après avoir expliqué la doctrine des fept Sacrements en détail, il ajoute. Que fi le Baptême & la divine Communion font les principaux Sacrements, fans lefquels il eft impoffible d'être fauvé, cependant l'Eglife nous a donné les autres par sa tradition, jufqu'au nombre de fept (a). Voici la traduction de Crufius: Etiamfi enim cæteris Sacramentis potiora funt, & fine iis falus aullo modo contingit, Baptifina divina Communio: attamen & reliqua qua cum his Septenarium numerum implent, tradita funt ab Ecclefia.

P. 238.

Véritable fens des paroles de

Jérémie prétend donc que les deux Sacrements du Baptême & de la divine Communion, font xugiwrega, potiora, præftantiora, ou comme Jérémie. nous avons traduit les principaux: car c'est à quoi la fuite femble entiérement déterminer; puifque la raifon qu'il en donne eft, que fans eux il eft impoffible d'être fauvé. C'est donc en cela qu'ils font xupíarepa, par

(α) Αν γὰρ τὰ κυρίωτερα τῶν μυςηρίων τὸ βάπισμα καὶ ἡ κοινωνία ἡ θεία ἐσὶν, καὶ ὧν δίχα σωθῆναι ἀδύνατον, ἀλλὰ καὶ τοῦτα παρέδωκεν ὁ ἐκκλησία. A. Witt. p. 240.

leur néceffité pour le falut, & non pas à caufe de la raison alléguée par Liv. I. les Luthériens, que les premiers étoient inftitués par Jesus Christ, & les CH. VII. autres non. De ceux-ci Jérémie dit que l'Eglife nous a auffi donné les autres par sa tradition, car c'eft ainsi qu'il faut traduire agedwne; & par ces paroles il n'exclut pas les deux premiers, pour les diftinguer de ceux que les Proteftants rejettent, comme fi l'Eglife ne les avoit pas tranfmis par fa tradition auffi-bien que les cinq autres. Car c'est le fens néceffaire de ces mots ἀλλὰ καὶ ταῦτα παρέδωκεν, le καὶ faifant voir que παρέδωκεν comprend les premiers comme les derniers.

C'est donc entiérement corrompre le fens de Jérémie, que de traduire Tapedwxev par inftituer, comme a fait l'Auteur de l'Hiftoire Critique. Car quand ce mot pourroit quelquefois être pris dans ce fens, ce n'eft pas en cet endroit-ci; puifque Jérémie, conformément à Siméon de Theffalonique qu'il cite, dit, que tous les Sacrements ont été inftitués par Jefus Chrift, &que tous fe trouvent marqués dans la Sainte Ecriture: quoiqu'il avoue que le Chrême ou Myron vient de Tradition Apoftolique, confirmée par S. Denys.

1. 1. c. 5.

On a une preuve certaine de cette opinion commune des Grecs, dans Confirmé ce que Siméon de Theffalonique a entrepris de prouver que Jefus Chrift par Siméon de a reçu tous les Sacrements. Οτι ὁ χρισὸς τὰ μυτήρια καὶ εἰς ἑαυτὸν ἐδέξατο. Themat Jérémie, Gabriel de Philadelphie, Syrigus & la plupart des Grecs mo- Sim. Thef. dernes ont adopté cette penfée, qui abfolument n'eft pas felon l'exacte c.43.p.65. Théologie; mais elle ne méritoit pas d'être réfutée auffi férieusement qu'elle a été par Arcudius, de même que fi elle contenoit plufieurs erreurs Capitales. Siméon Theffalon., dit-il, ut oftendat Chriftum Dominum effe, Arcud. auctorem Sacramentorum multis verbis fatis prolixè, incomptè, frigidè, κακοπλάςως καὶ ἀπιθάνως conatur probare Chriftum Dominum fufcepiffe omnia Sacramenta, quo vitio ex parte laborat Gabriel Philadelphienfis, eadem à Simeone mutuatus. Il devoit d'abord excufer l'intention des Grecs qu'il attaque, puifqu'ils prouvent une vérité catholique qu'il foutient lui-même. S'ils la foutiennent par de mauvaises raisons, il en falloit donner de meilleures: & la plupart ne font pas fi frivoles ni fi ridicules que le prétend Arcudius, comme nous espérons le faire voir en parlant de chaque Sacrement en particulier; puifque fi on en excepte quelques pensées fingulieres, qui néanmoins ne peuvent être attaquées, finon parce qu'elles font plutôt conformes au fens myftique & allégorique qu'au fens littéral, les autres font très - théologiques. De plus, il eft fort important de remarquer qu'en examinant les Ecrits des Grecs du moyen & du dernier âge, ainfi que ceux des Orientaux, on ne doit pas examiner tout ce qui n'eft pas dans la derniere exactitude de la Théologie ou de l'Hiftoire,

LIV. 1. felon les regles féveres de la Critique. Car il y a telles fables defquelles CH. VII. on tire de grandes vérités. Ainfi les Hiftoires des Neftoriens, par lefquelles ils prétendent tirer la fucceffion de leurs Catholiques ou Patriarches de l'Apôtre S. Thadée, comme fondateur de leur Siege, prouvent qu'ils ne croyoient pas qu'on pût en foutenir l'autorité, & s'exempter du foupçon de schisme, fi on ne prouvoit une fucceffion apoftolique. Tous les Orientaux ont une tradition ancienne, fuivant laquelle ils croient qu'après la descente du Saint Efprit, les Apôtres affemblés dans le Cénacle de Sion, réglerent tout ce qui regardoit l'adminiftration des Sacrements, & les cérémonies felon qu'elles font pratiquées dans l'Orient. Il n'y a rien dans les monuments les plus certains de l'Hiftoire Eccléfiaftique qui puiffe confirmer cette tradition, ni empêcher qu'elle ne foit regardée comme fabuleuse. Mais elle enferme une vérité très - effentielle, qui est, que les Orientaux regardent toutes leurs cérémonies facrées, comme étant inftituées ou réglées par les Apôtres ou par leurs fucceffeurs. Il en eft ainfi de plufieurs autres traditions, dont il fera parlé en traitant de chaque Sacrement en particulier.

par rapport aux Proteft.

Ce qu'on Quoique l'éclairciffement de la difficulté, tel que nous l'avons donné, peut dire paroiffe plus fimple & plus naturel que ceux d'Allatius, on peut néande ces objections moins lire ce qu'il en écrit affez au long, fur quoi nous ne croyons pas devoir nous étendre davantage. Car cette objection formée à l'égard des Grecs, peut être confidérée en deux manieres; c'est-à-dire, ou comme étant proposée par les Catholiques, ou comme faite par les Proteftants. A l'égard de ceux-ci, ce que nous avons à prouver eft, que les Grecs croient fept Sacrements proprement dits; & comme il n'eft pas poffible de douter, après les témoignages de quatre Synodes, de la Confefsion Orthodoxe, & de tous leurs Théologiens qui ont écrit depuis plus de deux cents ans, que telle ne foit la créance commune de l'Eglife Grecque, il eft inutile que les Proteftants fe fatiguent à prouver qu'elle en ait une contraire. Il faudroit donc qu'ils prouvaffent qu'elle a changé, & c'est ce qu'ils peuvent encore moins prouver, fur-tout après qu'on a fait voir Perp. T.4. dans le volume précédent, que ce lieu commun du changement introduit par les Miffions & par les guerres d'outremer, étoit une imagination qui n'avoit pas le moindre fondement dans l'Hiftoire. S'il y a des contestations entre les Théologiens Catholiques & les Grecs touchant la doctrine des Sacrements, cela ne regarde pas les Proteftants.

1. 10.

Par rap

port aux

Or ces contestations avec les Catholiques font encore de deux fortes : Catholiq. car ou elles regardent quelque décifion de toute l'Eglife, qui ne puisse s'accorder avec la créance & la difcipline des Grecs, où elles ont rapport à des difputes & des jugements particuliers de Théologiens. On ne trouve

aucune

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