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Liv. VIII. même fujet; puifqu'ils prient pour les morts, & qu'ils célebrent la LiCH. X. turgie pour obtenir de Dieu le foulagement de leurs peines. Cependant

rien n'eft plus ordinaire dans les livres des Controverfiftes Proteftants, que la citation du confentement des Grecs pour rejetter le Purgatoire. C'est-là une fource intariffable de déclamations contre l'Eglife Romaine, comme fi elle avoit introduit la priere & la célébration de la Messe pour les morts dans la vue d'un intérêt fordide. Si dans les temps d'ignorance, il s'eft introduit quelques fuperftitions, s'il s'eft répandu de fauffes hiftoires, l'Eglife qui les a toujours rejetées & condamnées, comme elle a fait en dernier lieu au Concile de Trente, n'en doit pas être accufée, non plus que des fantaifies du Poëte Dante fur l'Enfer, le Purgatoire & le Paradis. Elle a toujours enfeigné que les ames de ceux qui étoient morts dans la grace de Dieu, mais fans avoir entiérement fatisfait à fa juftice, étoient foulagées par les prieres & par les bonnes œuvres des vivants, particuliérement par le Sacrifice de l'Autel, & fa discipline conftante depuis les premiers fiecles a été fondée fur cette doctrine. Elle n'en a pas dit davantage, & elle a même défendu les queftions curieuses & inutiles qui fe pouvoient faire fur ce fujet, ne voulant pas qu'elles fuffent propofées aux peuples. Si les Théologiens ont été plus loin, leurs fpéculations n'ont jamais été regardées comme des articles de foi, & les Proteftants raifonnables ne peuvent pas ignorer que préfentement, fur-tout en France, tous les abus dont on pouvoit fe plaindre au commencement de la Réforme font fupprimés.

L'opinion Les Grecs, dont ils ont cependant recherché l'approbation & la Comdes Grecs munion, ne peuvent pas dire la même chofe; car fur le fondement cera produit plufieurs tain de l'utilité de la priere pour les morts, ils ont établi non feulement pratiques des opinions abfurdes & infoutenables, mais des pratiques fuperftitieufuperftitieuses. fes, qu'il eft impoffible de juftifier, & que les Proteftants leur paffent,

à caufe qu'elles font contraires à la doctrine & à la pratique de l'Eglife Romaine. Ils lui reprochent l'avarice des Prêtres, commé la caufe principale de ce qu'on a introduit toutes ces pratiques : & cependant on eft obligé de reconnoître, que pourvu qu'on fuive les regles qu'elle a prescrites dans les prieres & les Meffes pour les morts, il n'y a ni abus ni superstition, & que tout ce qui peut avoir été fait au contraire, eft défendu & condamné par plufieurs Canons, par diverfes Conftitutions fynodales de tout pays, & fupprimé par tous les bons Evêques. On ne trouvera pas dans l'Eglife Latine des prieres pour ceux qui meurent dans l'impénitence, ni des abfolutions de malheureux morts dans l'excommunication, telles qu'en ont les Grecs, ni des opinions auffi contraires à tous les principes de la faine Théologie que celles qu'ils ont introduites.

Il eft inu

leur auto

rité.

Il eft donc fort inutile de fe donner autant de peine qu'en ont prife Liv. VIII. Vejelius, Fehlavius & d'autres Ecrivains Proteftants, pour faire valoir CH. X. comme un grand argument contre l'Eglife Romaine, que les Grecs ne tile de fe croient pas le Purgatoire. Ce qu'il falloit prouver étoit, que les Grecs fervir de & lès Orientaux ne prient pas pour les morts, & qu'ils croient inutiles les prieres & les Meffes qui fe célebrent pour le repos des ames féparées. Or nous avons fait voir par des preuves incontestables, que non seulement ils le croient, mais qu'ils pouffent cette opinion fort au-delà des bornes de la faine Théologie; croyant que non feulement les ames de ceux qui font morts dans la grace de Dieu reçoivent du foulagement par les prieres des vivants, mais encore celles des impies morts fans pénitence, & même celles des infideles. Il ne faut donc pas, comme font ces Controverfiftes Proteftants, déclamer contre Allatius, de ce qu'il combat ces opinions extravagantes, puifqu'il le fait avec raison : encore moins le charger d'injures, parce qu'il prétend & prouve folidement que non feulement elles font infoutenables, mais qu'elles font nouvelles. Encore moins faut-il l'accufer de ne pas raifonner jufte, quand il dit qu'on ne peut reconnoître l'utilité de la priere pour les morts, fans convenir avec les Catholiques de ce qu'il y a d'effentiel dans la doctrine du Purgatoire. Ce feroit abufer de fon loifir & de la patience des Lecteurs, que d'examiner en détail ces longues Differtations, où il eft rare de trouver rien d'original; mais feulement de longues citations d'hommes qui fe copient les uns les autres avec de grands éloges, qu'ils pouvoient mériter d'ailleurs, mais qu'ils ne méritoient pas assurément pour leur capacité dans les matieres fur lefquelles ils décidoient avec hauteur fans les connoître.

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Liv. IX.

СНАР. І.

LIVRE

NEU VIEME,

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Des Canons confervés dans les Eglifes Orientales qui font partie de la

Tradition, & de quelques autres matieres qui ont rapport à cet ouvrage.

Le refpect

la Tradi

CHAPITRE

PREMIER.

Des Canons qui font confervés parmi les Chrétiens Orientaux.

UN

Ne des preuves les plus certaines du refpect que les Orientaux ont des Orien- toujours eu pour la Tradition de l'Eglife, eft le foin qu'ils ont eu de taux pour conferver les anciens Canons des Conciles, & de les regarder comme le tion a pro- fondement de toute la difcipline eccléfiaftique. Le principe fur lequel ils duit celui établiffent la vénération qu'ils ont pour ces monuments facrés, eft exqu'ils ont pour les pliqué en cette maniere par leurs plus célebres Auteurs. Jefus Chrift, Canons, difent-ils, a dit à fes Apôtres: Celui qui vous écoute m'écoute, & celui Præf. Can. qui m'écoute, écoute celui qui m'a envoyé. Or nous écoutons les Apôtres,

Echmimi

Ebnaff.

Les Ca

nons tra

duits en

langues

Jefus Chrift en eux, lorfque nous recevons ce qu'ils ont établi & réglé pour la conduite des Chrétiens, pour l'adminiftration des Sacrements & pour toutes les autres chofes qu'ils ont prefcrites, & que nous ne nous contentons pas de lire & de conferver par écrit ces regles facrées, mais que nous les pratiquons. Car celui qui n'obéit pas aux Saints Peres infpirés de Dieu, defquels l'Eglife a reçu ces Canons, défobéit aux Apôtres, dont ils étoient les fucceffeurs & les difciples, & par une conféquence néceffaire, il défobéit à Jefus Chrift. C'est pourquoi Echmimi, dans fa Préface fur fa Collection, ayant traité cette matiere fort au long, & avec autant de piété que de doctrine, conclut que les Evêques, les Prêtres & même les Laïques, font obligés de favoir les Canons de l'Eglife : les premiers pour inftruire les autres de leurs devoirs, particulièrement en ce qui regarde la Pénitence, afin de n'être pas comme des aveugles qui en conduisent d'autres; les Laïques afin de les pratiquer.

Par ce motif de refpect pour les Canons, & par la néceffité de les connoître pour les fuivre, autant que la foibleffe humaine & l'état malheureux où font tombés les Chrétiens Orientaux depuis plus de mille ans vulgaires. le permettent, ils ont traduit tous ceux dont ils avoient connoiffance & qui étoient en ufage dans l'Orient, chacun en fa langue vulgaire, auffi-tôt que la grecque a ceffé de l'être. La plus ancienne de toutes ces

verfions eft la fyriaque; enfuite il s'en eft fait plufieurs en arabe & en Liv. IX. quelques autres langues; & il eft remarquable qu'elles ont été reçues CHAP. I. communément dans les Eglifes. Orientales qui n'avoient ensemble aucune communion; ce qui fait voir leur antiquité au-delà du plus ancien schifme, qui eft celui des Neftoriens, féparés de l'Eglife depuis le Concile d'Ephese. Il eft impoffible de déterminer fi les Neftoriens, comme étant les plus anciens hérétiques qui restent jusqu'à préfent, font les premiers Auteurs de la verfion fyriaque des Canons qui compofent le Code univerfel de l'Eglife d'Orient, ou fi ces traductions ont été faites par d'autres Syriens Orthodoxes ou Jacobites; car il y avoit également des uns & des autres dans les Provinces où la langue fyriaque étoit en ufage. Il n'y a pas de livres d'une affez grande antiquité pour éclaircir cette queftion, qui d'elle-même eft fort indifférente, puifque l'ancienne traduction fyriaque eft fans nom d'Auteur, & que les Melchites ou Orthodoxes, les Neftoriens & les Jacobites s'en fervent également.

Comme cette verfion eft incontestablement la plus ancienne & la La verfion meilleure, nous donnerons d'abord un abrégé fommaire de ce qu'elle eft la plus fyriaque contient, tiré sur un excellent Manufcrit de la Bibliotheque du Grand ancienne. Duc de Toscane, dont l'antiquité eft au moins de fept à huit cents ans, qui eft en caractere appellé Eftrangelo & écrit fur du parchemin. Quand on ne reconnoîtroit pas par la comparaifon des autres verfions que celleci eft la plus exacte, la présomption feroit en fa faveur, parce que les Syriens avoient plus d'ufage de la langue grecque que les autres peuples d'Orient, & qu'ils cultivoient en même temps les deux langues, comme on l'apprend par l'exemple de la fameufe Zénobie, & par tant d'infcrip- Vopifc. in tions qui restent encore dans les ruines de Palmyre, outre qu'ils confer- Aureliano Infcript. verent plus long-temps que les autres Nations fubjuguées par les Arabes Palmyr. la connoiffance du grec; de forte même que les premieres traductions Ebn. Chades livres grecs de Philofophie, de Médecine, de Géométrie & d'Astro- Cond. nomie furent faites en fyriaque, & elles fervirent enfuite de texte à la Emir. Leb plupart des verfions arabes de ces mêmes livres. Car il ne faut pas croire tavarich. ce qu'ont avancé trop facilement quelques Savants du dernier fiecle, entr'autres M. de Saumaife, que ces Interpretes Arabes aient traduit fur le grec, puisqu'il y a des preuves certaines que la plupart n'ont été faites que fur des traductions fyriaques, plus anciennes que le Mahométifme, ou au moins que le Calife Almamon, qui fut le grand promoteur de ces travaux parmi les Arabes.

lican.

Salmaf. Tab. Ceb.

Præf. in

Cond. Emir. Elmacin. Cette Collection a fervi de

Cette Collection fyriaque peut être confidérée comme un Code univerfel de l'Eglife d'Orient, fur lequel ont été formées toutes les autres. modele On trouve d'abord un abrégé des Conftitutions Apoftoliques, fous ce titre, aux au

tres

LIV.IX. Didafcalia ou Doctrine univerfelle des douze Apôtres & Disciples de Notre CHAP. I. Sauveur. Il n'eft point divifé par livres comme dans les exemplaires grecs, mais en vingt-fept Titres ou Chapitres, qui n'y ont aucun rapport. Cependant il n'y a rien qui ne foit tiré des Conftitutions Apoftoliques, mais plufieurs chofes en font retranchées. On ne peut dire fi la verfion a été faite fur quelque texte grec différent de celui qui eft imprimé, ou fi c'en eft un abrégé car l'un & l'autre font également poffibles, puifqu'il y a une très-grande variété dans les Manufcrits, fans qu'on puiffe déterminer quel est le plus authentique : & elle eft encore plus grande dans les verfions arabes.

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I. Après cette premiere piece il y en a une autre fous ce titre, Premier livre de Clément, ou Teftament de Notre Seigneur Jefus Chrift, contenant les difcours qu'il fit à fes Apôtres après fa résurrection. C'est un extrait des anciens recueils de Conftitutions & de Canons attribués à S.Clément. Quelques-uns font tirés du Livre III, d'autres du VI & du VIII, mais avec de grandes différences du grec.

II. Abrégé de la doctrine de S. Thadée Apôtre, qui prêcha la fui à Edesse, dans toute la Méfopotamie: c'eft un recueil de divers Canons qui regardent la difcipline, particuliérement celle de l'Eglife Orientale proprement dite, ce qui fignifie ce qu'on appelloit autrefois le Diocese d'Orient, soumis dans fon origine aux Patriarches d'Antioche. Les Neftoriens ont auffi cette Collection, mais avec quelques variations: les Cophtes, & tous les autres Chrétiens foumis au Patriarche d'Alexandrie, ne la connoiffent pas. Il faut cependant qu'elle ait été faite avant la féparation des Neftoriens, puifque les Jacobites Syriens la reconnoiffent pour authentique.

III. Hiftoire abrégée de la divifion des Apôtres pour aller prêcher l'Evangile dans tout l'Univers: elle se trouve dans les Collections arabes. Celleci parle plus amplement de la Miffion de S. Thadée, duquel il est dit que les premiers Evêques de Méfopotamie reçurent l'Ordination.

IV. On trouve enfuite les Canons des Apôtres au nombre de quatrevingt-deux, mais qui contiennent tous ceux qui font dans les Collections grecques, parce que quelques-uns font joints à d'autres fous un même titre. La verfion eft par-tout fort exacte, & il y a peu de diverfités, fi ce n'eft au Canon quarante-fixieme, qui contient le quarante - fixieme & le quarante - feptieme des Grecs, où il y a une affez longue addition qui n'eft pas dans l'original. Auffi on trouve à la marge une note qui marque que ces paroles ont été ajoutées par les Ariens, quoiqu'il n'y paroiffe rien qui ait rapport à l'Arianifme. Le dernier eft celui qui regarde les livres de l'Ancien & du Nouveau Testament

V, Les Canons de Nicée tiennent enfuite le premier rang, & le titre

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