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Liv. IX. plufieurs ouvrages. Abulbircat, & quelques Canoniftes Jacobites qui en CH. IV. parlent avec éloge, nous apprennent qu'elle étoit tirée de tous les Ca

Autres Collect.

des Nefto riens,

nons des anciens Conciles dont il a été parlé, de ceux des Apôtres, & de tout ce qui avoit été recueilli fous ce titre, des Conftitutions & des œuvres attribuées à S. Clément. De plus, il cite les Canons du Pape Damafe, & les douze Conciles d'Occident, par lefquels on doit entendre les Conciles d'Afrique, ou les Canons du Code africain, dont il fera parlé ci-après. Il fe fert auffi de l'autorité des Conftitutions Patriarchales, & des Canons Impériaux; c'est-à-dire, de l'Abrégé de plufieurs loix du Code Théodofien & de celui de Juftinien, qui ont une égale autorité dans toutes les Eglifes Orthodoxes, fchifmatiques ou hérétiques, parce que tout l'Orient ayant été autrefois foumis aux Empereurs Chrétiens, étoit gouverné fuivant ces mêmes loix; de forte qu'elles ont continué à fervir de regle & de Droit commun pour les affaires civiles entre les Chrétiens. Ebneltaïb cite en quelques endroits le Concile de Calcédoine; mais c'eft fur des points de difcipline. Il eft loué par les Jacobites mêmes, comme ayant très-bien expliqué quelques points de Droit touchant les fucceffions & les degrés de parenté; mais ils rejettent fa doctrine fur la foi.

On trouve dans l'ouvrage d'Abulbircat le nom d'un autre Canoniste Neftorien, nommé Mar Hazariel Métropolitain de Bafora, qui avoit réduit les Canons fous divers titres; entr'autres ceux-ci: des Mariages des Prieres, des Fêtes, des Oblations, des Autels, & de tout ce qui a rapport au Sacerdoce & au fervice des Eglifes; de l'élection des Patriarches, des Evêques, des Chorévêques, des Archidiacres & autres Eccléfiaftiques des Hôpitaux, des Ecoles, des Monafteres, de la vie Religieufe. Il y a sujet de croire que cette Collection eft celle que Hebedjesu attribue à Gabriel Métropolitain de Bafora: car les noms font fouvent fort défigurés dans le Catalogue de cet Auteur. Il parle auffi d'une autre Collection de Canons d'Elie le Catholique, fans marquer quel il eft, car il y en a eu plufieurs de ce même nom. Il en rapporte une autre d'Elie Métropolitain de Nifibe: & il dit qu'il en avoit lui-même compofé une, qu'il mit à Rome dans la Bibliotheque Vaticane. Enfin il cite des Réponses Canoniques de Siméon & de Jechuabocht, Métropolitains de Perfe, que nous ne connoiffons point d'ailleurs.

Liv. IX.
CH. V.

LA

CHAPITRE V.

Des Collections de Canons par lieux communs.

lieux com

p. 103.

plus ancienne de ces Collections que nous ayions connue jufqu'à Collecpréfent, eft celle de Fergealla Echmimi; c'eft-à-dire, natif de la ville tions par d'Echmim ou Ichmim dans la Thébaïde, fur la rive orientale du Nil. Les muns. glofes anciennes égyptiennes & arabes l'appellent Panos, ce qui a fait Gol. not. juger à de très-favants hommes de nos jours, que c'étoit la Panopolis ad Alfrag. ou Chemmis des Anciens. On ne trouve rien dans fes Préfaces, ni dans tout le cours de l'ouvrage, qui nous apprenne aucune circonftance de sa vie; mais fon pays, où il n'y a eu depuis plufieurs fiecles que des Jacobites, & les citations des Conftitutions de leurs Patriarches, prouvent qu'il étoit de cette Secte. Comme les dernieres qu'il cite font celles de Gabriel fils de Tarich, qui fut ordonné l'an de Jefus Chrift 1129, il a dû vivre dans le douzieme fiecle, & par conféquent fa compilation de Canons eft plus ancienne que les autres qui nous reftent. Abulbircat ne parle pas de cet ouvrage; mais c'eft peut-être par le défaut de l'exemplaire dont nous nous fommes fervis, où il manque un feuillet à l'endroit où il devoit en parler. Le Manufcrit d'Echmimi, qui eft dans la Bibliotheque du Roi, a été écrit l'an 1073 des Martyrs, qui eft 1357 de Jefus Chrift.

chmimi.

L'ouvrage commence par une Préface très-docte, & pleine de piété Celle d'Etouchant le refpect que les Chrétiens doivent avoir pour les Canons de l'Eglife, comme ayant été reçus par la Tradition des Apôtres, & l'obligation qu'il y a de les prendre pour regle de fa conduite. Il est divisé en deux parties, dont la premiere contient les matieres purement eccléfiaftiques en vingt- fix chapitres fubdivifés en différentes fections: la feconde regarde les Laïques, & plufieurs points de Droit civil, & elle est divifée en cinquante chapitres. Il cite tous les Canons qui font compris dans la Collection des Cophtes, excepté les Constitutions de Cyrille fils de Laklak, qui vivoit après lui. Il rapporte les paroles des Canons, qu'il abrege quelquefois, ajoutant de temps en temps des réflexions courtes & judicieufes: il cite Ebneltaïb & Elie Métropolitain de Nifibe, quoique Neftoriens. Cette Collection eft peu connue, & on ne la trouve pas citée ailleurs, ce qu'on peut attribuer à ce que prefque en même temps il s'en fit une autre dont nous avons à parler préfentement.

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Collection

C'est celle d'Ebuaffal, qui s'appelloit Abulfedaïl Ebn el Affal, & que d'Ebnaf quelques Auteurs qui l'ont cité n'ont pas diftingué de fon frere Elmout- fal

LIV.IX. men Abu-Ifaac Ebn el Affal, auffi célebre par fes ouvrages théologiques, CH. V. que l'autre par fa capacité dans les matieres canoniques. Ils vivoient fous le Patriarche Cyrille fils Laklak, dans le milieu du treizieme fiecle, & le premier fut employé dans plufieurs grandes affaires qui agiterent l'Eglife d'Alexandrie fous ce Patriarche. Comme il avoit été élu affez peu canoniquement, & plutôt par la faveur du Sultan que par la liberté des fuffrages des Evêques & des principaux féculiers, qui s'oppoferent pendant près de vingt ans à fon élection, il eut de grandes contradictions à effuyer lorfqu'il fut élevé fur le Siege Patriarchal; plufieurs fe plaignant de fa conduite comme peu conforme aux regles de l'Eglife, & même on parla Hift. Patr. de le dépofer. Enfin il appaifa fon Clergé & fon peuple, mais ce fut Alex. MS. en s'obligeant à changer de conduite & à réformer divers abus. Pour y Arab. t. 2. parvenir il fut réfolu dans une affemblée de tous les Evêques, où se trouverent les principaux féculiers qui repréfentoient le corps des Laïques, qu'on feroit une nouvelle Collection de Canons accommodée à l'usage préfent de l'Eglife Cophte, qui feroit approuvée par les Evêques, & à laquelle ils feroient obligés de fe conformer. Ebnaffal fut chargé de ce travail, & la Collection fut achevée & fignée par les Evêques l'an de Jefus Chrift 1239. C'est ainsi qu'en parlent quelques Auteurs ; mais l'histoire de l'Eglife d'Alexandrie qui explique ces différents fort au long, donne lieu de croire que cet Abrégé des Canons figné par Cyrille & par fes Evêques, eft ce que nous trouvons dans la grande Collection des Cophtes fous le titre de Conftitutions de ce Patriarche. Cela est beaucoup plus vraisemblable, que d'entendre cette approbation & ces fignatures de l'ouvrage entier d'Ebnaffal, dont nous parlons préfentement. Cela importe peu néanmoins, puifqu'on fait d'ailleurs que cette Colment ap- lection a été généralement approuvée parmi les Cophtes; & c'est ce qui prouvée. fait qu'il y en a beaucoup d'exemplaires. Il y en a un dans la Bibliotheque du Roi, deux dans celle de M. Seguier, un dans celle de M. Colbert; dans la Vaticane, dans celle du Grand Duc & d'autres en Angleterre. L'ouvrage eft divifé en deux parties, dont l'une comprend les matieres eccléfiaftiques, l'autre ce qui regarde en général tous les Chrétiens; & elles contiennent ensemble cinquante Chapitres, dont vingt & un font la premiere partie. Les fept derniers de la feconde ont plus de rapport à la premiere, le quarante-quatrieme contenant les préceptes de l'Ancien & du Nouveau Teftament, le quarante-cinquieme les peines canoniques ou les pénitences pour l'apoftafie: le quarante-fixieme celles de l'homicide: le quarante - feptieme celles des péchés de la chair: le quarante - huitieme celles du larcin: le quarante-neuvieme diverfes autres regles de pénitence. Enfin le cinquantieme eft entiérement employé à prouver la néceffité de

Générale

confeffer

confeffer ses péchés aux Prêtres, où il réfute les vains & faux raisonne- Liv. IX. ments de ceux qui vouloient abroger la Confeffion, en conféquence de CH. V. l'abus qui s'étoit introduit à ce fujet fous quelques Patriarches; ce qui a été expliqué dans le Traité fur le Sacrement de la Pénitence. Enfin Ebnaffal cite tous les Canons & les autres Décrets, que nous avons marqués en détail en parlant de la Collection des Cophtes. Il y ajoute quelques notes pour l'intelligence des endroits obfcurs; & cet ouvrage n'est pas moins eftimable que plufieurs de ce même genre faits par les Grecs des derniers temps.

Collec

y tions.

Outre ces deux Collections qui font faites pour l'Eglife Jacobite d'E- Autres gypte, & qui comprennent tous les Canons anciens & modernes, il en a de particulieres qui furent faites pour le rétablissement de la discipline & pour l'ufage de ces temps-là. La principale eft celle de Gabriel fils de Tarik, foixante-dixieme Patriarche, qui tint le Siege depuis l'an de Jefus Chrift 1139 jufqu'en 1153. Elle eft divifée en foixante & dix Chapitres. Il y en a une autre, que quelques Manufcrits lui attribuent, & qui eft felon l'ordre des Canons; mais elle fe trouve ailleurs fous le nom d'Abuselah Younes, duquel nous ne favons que le nom. Elle contient un abrégé fuccinct de tous les anciens Canons fuivant l'ordre des temps, au lieu que celle de Cyrille eft par lieux communs, & les Canons font indiqués.

On peut mettre au nombre de ces Collections, celle qu'Abulbircat a donnée dans fon ouvrage, où il rapporte tous les Canons, & il en donne des paratitles ou abrégés affez exacts.

d'Abulla

Les Jacobites Syriens en ont une fort eftimée parmi eux, compofée Collection par Grégoire Abulfarage Mofrian, c'est-à-dire, Catholique d'Orient, tra- rage. duite en arabe par lui-même, & elle eft divifée en quarante Chapitres fubdivifés en plufieurs fections. Il n'y a cependant que les fept premiers qui regardent les matieres eccléfiaftiques, tous les autres regardant le Droit civil. Il cite les Canons en abrégé, de même que les Loix Impériales, dont eft tirée la plus grande partie de l'ouvrage.

Collec

Les Orientaux ont plufieurs autres recueils, qu'ils appellent Canons, Autres parce qu'on y trouve la plupart de ceux qui ont rapport à chaque ma- tions qui tiere. Il y en a fur le Baptême, fur la maniere de célébrer la Liturgie, tiennent fur le Mariage, & particuliérement fur la Pénitence. La plupart font fans lieu deCanom d'Auteur, principalement les plus anciens. Celui qui a plus d'autorité parmi les Jacobites, a été composé par Denys Barfalibi Métropolitain d'Amid, qui a fouvent été cité dans cet ouvrage.

Enfin ils mettent en quelque maniere au nombre des Canons, des Réponses de leurs Evêques & de leurs Docteurs, comme auffi d'autres Perpétuité de la Foi. Tome V.

Ffff

nons.

Liv. IX. qu'ils attribuent à S. Athanafe, à S. Bafile, à S. Grégoire & à d'autres CH. VI. Peres. Les Cophtes ont celles de Vincent Evêque de Coptos ou Keft, qu'ils croient avoir vécu avant le Mahométifme, d'Athanafe Evêque de Kus & diverfes Anonymes.

Premiere

connoiffance

qu'on a

Canons.

LES

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Es Canons du Concile de Nicée, qu'on appelle arabes pour les diftinguer des véritables, ont été d'abord connus en Europe par la traduction que Turrien en fit faire fur la fin du feizieme fiecle, qu'il comeue de ces muniqua au P. Alfonfe Pifani, & celui-ci l'inféra dans la Collection qu'il publia quelque temps après des Actes du Concile de Nicée. Cette traduction eft fort défectueufe; car elle fut faite fur une copie apportée d'Egypte & très-moderne; outre que Turrien ne fachant pas l'arabe, employa à ce travail des gens qui n'en étoient pas capables & qui n'entendoient pas la matiere. Plufieurs années après, Abraham Echellenfis Maronite, Profeffeur Royal en arabe & en fyriaque, en publia à Paris une nouvelle traduction, avec celle de la Préface arabe du Concile de Nicée; & elle a été inférée dans la derniere édition des Conciles.

de les juf

Eckellen

fis.

Turrien Turrien, quoique très-favant, n'étoit pas heureux dans fes conjectures entreprit fur les ouvrages des Anciens; ainfi il ne faut pas s'étonner s'il entreprit tifier', en- de foutenir que ces nouveaux Canons étoient véritablement du Concile fuite de Nicée mais les preuves qu'il en donna ne furent pas capables de le perfuader à ceux qui avoient la moindre connoiffance de l'Antiquité Eccléfiaftique. Echellenfis n'en produifit aucune nouvelle, finon le témoignage des Orientaux: ce qui fit que tous les Savants rejeterent ces Canons comme des pieces fuppofées, & qui n'avoient aucune autorité. Ils en ont néanmoins une fort grande dans les Eglifes d'Orient, dont ils représentent affez exactement la difcipline; & par cette raifon il ne fera pas inutile d'en faire une Critique plus exacte qu'on n'en a fait jusqu'à préfent.

Foibleffe

de leurs preuves.

Nous ne répéterons pas ce que de très-favants hommes ont écrit fur ce sujet, pour faire voir le peu de folidité des preuves de Turrien, qui roulent toutes fur la lettre d'Ifidore Mercator, fur une fauffe lettre du Pape Jules, & fur ce qu'il fe trouve quelques Canons de Nicée cités par les Anciens qui ne font pas dans les vingt véritables, & qui font dans ces derniers. On n'ignore plus que les Canons de Sardique & quelques au

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