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Liv. IX. regarde la Métropole de Chypre. Les Canons cinquante - unieme & cinCH. VI. quante-deuxieme font tirés des deuxieme, troifieme & cinquieme du

Les autres

Concile d'Antioche, & le quarante-quatrieme tiré du feptieme. Dans le neuvieme, il eft parlé des Chorévêques, & à cette occafion il y a une digreffion fur les Chorévêques, qui n'a aucun rapport aux premiers fiecles de l'Eglife, mais qui eft conforme à la difcipline des Orientaux. Le cinquante-troifieme eft le deuxieme de Calcédoine. Ainfi prefque tous les premiers fe trouvent dans les anciens Conciles, dont les Canons compofoient le Code de l'Eglife Univerfelle: même il y en a quelquesuns où on reconnoît des veftiges de ceux du Concile de Calcédoine, quoique les Jacobites le rejettent avec anathême.

Enfin quelques-uns de ces Canons arabes, particuliérement les derfont des niers, & ceux qui ne font pas dans le nombre des quatre vingt-deuxieregles de difcipline mes ou quatre vingt-quatriemes, ne peuvent pas être rapportés à aucommune. cun des anciens Conciles; mais ils ne font pas pour cela fi méprifables,

Ce recueil ne paroît pas fait avant le

huitieme

ou le neu

cle.

puifqu'ils contiennent des regles de difcipline qui ne fe trouvent pas ailleurs, & qui font accommodées à l'ufage des temps dans. lefquels elles ont été recueillies. Les Grecs ont de pareilles Collections qui n'ont guere plus d'ordre, & M. Cotelier en a imprimé quelques-unes. Les Arabes peuvent en avoir suivi de semblables, & y avoir ajouté ce qui convenoit à leur difcipline: & comme il leur eft affez ordinaire d'appeller Canons ces fortes d'abrégés, où fans aucune citation les regles Eccléfiaftiques font expliquées en peu de mots, parce que ceux-ci ont été joints à la fuite de ceux de Nicée, ils leur ont donné le même titre, fans prétendre tromper perfonne.

Comme ces Canons fuppofés du Concile de Nicée ont été d'abord mis en arabe, qu'ils ne font pas dans l'ancienne verfion fyriaque, faite vraisemblablement avant le Mahométifme, & qu'il ne fe trouve rien dans les monuments de l'Eglife Grecque qui confirme les fables dont la Prévieme fie- face traduite par Echellenfis eft remplie, il paroît certain que ce Recueil n'a été fait que dans le huitieme ou le neuvieme fiecle. L'ignorance du grec, dont on reconnoît affez de veftiges, en est une preuve; mais il y en a plufieurs autres, parmi lesquelles nous en choifirons une feule, parce qu'elle eft décifive. Le premier Canon de Nicée ordonne que celui qui a été fait eunuque par accident, dans une maladie, ou qui l'aura été fait par la violence des Barbares, demeure dans le Clergé, & que celui qui fe fera mutilé volontairement foit exclus du Miniftere. L'Interprete Arabe qui a fait fon fecond Canon de celui-là, l'entend de la Circoncifion, & ce n'a pu être par ignorance, car ceux qui ont traduit les véritables ne font pas tombés dans la même faute. Mais il y a beaucoup d'apparence

d'apparence que comme il arrivoit affez fouvent que des Chrétiens dans Liv. IX. leur jeunesse étoient enlevés par les Mahométans qui les circoncifoient CH. VI. par force, les Interpretes ont mis dans leur fecond ce qui avoit été réglé sur ce fujet, en fe conformant, autant que la matiere le permettoit, à ce que les Peres de Nicée avoient ordonné touchant les Eunuques. Or il eft indubitable que cette difcipline ne pouvoit avoir lieu avant le Mahométifme. Cependant cela n'a pas empêché les Orientaux de l'attribuer au Concile de Nicée, comme on trouve qu'ils ont attribué à S. Bafile des Canons pénitentiaux pour ceux qui avoient renié la foi, & avoient fait profeffion publique de la Religion Mahométane, parce qu'on appliquoit à leur cas, les regles que ce Saint avoit prefcrites à l'égard de ceux qui avoient facrifié aux Idoles.

fait d'a

les Mel

1 paroît auffi très - certain que cette Collection arabe a été faite d'abord Il femble par les Melchites ou Orthodoxes, defquels les autres Chrétiens d'Orient qu'il a été l'ont empruntée; puifque fans cela on n'y trouveroit pas des Canons bord par des Conciles d'Ephese & de Calcédoine que les Neftoriens & les Jacochites. bites ne reçoivent pas. Les Melchites les connoiffoient bien; les autres ne les reconnurent pas, parce qu'ils avoient un autre titre, qui étoit celui des Canons de Nicée; ce qui prouve encore que cette Collection a été faite fur un Recueil général où ils étoient de fuite: & cela ne convient qu'au Code univerfel. Elle doit même avoir été faite avant les divifions arrivées entre l'Eglife Romaine & la Grecque; parce qu'il n'y a pas d'apparence que depuis ce temps-là, les Grecs euffent mis dans leurs Collections des expreffions auffi avantageufes pour la Primauté du Pape que celles qui fe trouvent dans ces Canons. On pourroit croire qu'Echellenfis écrivant dans Rome, auroit inféré plufieurs chofes fur ce fujet; d'autant plus qu'on le reconnnoît quelquefois peu exact dans fes citations orientales. Cependant non feulement ce qu'il rapporte fe trouve dans les Manufcrits, mais il y en a encore plus, comme nous le rappor terons ailleurs.

tion.

On peut même fixer de plus près l'époque de cette Collection. Sé- Quelle vere Evêque d'Aschmonin, qui a écrit l'histoire des Patriarches d'Alexan- peut être l'époque drie, quoique nous ne trouvions pas précisément la date de fa mort, de cette a vécu fous le Patriarche Ephrem fils de Zaraa, & long-temps avant & Collec après lui. Ce Patriarche avoit été ordonné l'an de Jesus Christ 977, & mourut au bout de trois ans & fix mois. Sévere vivoit auffi, & compofa plufieurs de fes ouvrages du temps de Philothée fucceffeur d'Ephrem, & qui tint le Siege jufqu'à l'an de Jefus Chrift 1007. Ainfi Sévere fut contemporain d'Eutychius Patriarche Melchite d'Alexandrie, & il avoit vécu peu de temps après, car il a écrit contre lui. Eutychius mourut Perpétuité de la Foi. Tome V.

Gggg

Liv.IX. l'an 328 de l'Ere Mahométane, qui répond à l'an de Jefus Chrift 939. CH. VI. Ainfi il publia son histoire du vivant de Sévere, qui pouvoit l'avoir vue, auffi-bien que le Traité de cet Auteur contre l'opinion des Jacobites touchant l'Incarnation, qu'il a réfuté. Cependant lorfque dans les Vies des Patriarches d'Alexandrie il a parlé du Concile de Nicée, il a fuivi la tradition commune, fans faire mention de toutes les fables d'Eutychius, dont apparemment il n'avoit trouvé aucuns mémoires dans les livres cophtes & grecs, dont il dit dans fa Préface qu'il a tiré ce qu'il écrit. Il ne fe trouve aucun Auteur plus ancien qu'Eutychius qui ait rapporté les abfurdités de l'affemblée de deux mille quarante - huit Evêques, & toutes les autres qu'il compte ; & s'il n'en a pas été l'inventeur, comme il n'y a pas d'apparence, il les a copiées de ces Préfaces anonymes des traductions arabes, qui n'ont aucune autorité, puifqu'Abulfarage, qui vivoit plus de deux fiecles après, étant mort l'an de Jefus Chrift 1285, n'en a pas fait mention dans fon hiftoire.

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Il s'enfuit donc que la Collection avoit été faite en arabe avant qu'EuCes Ca- tychius eût compofé fon hiftoire, & même affez de temps auparavant, nons n'é- afin que les Arabes, qui font grands inventeurs de fables, euffent le loifir connus de compofer celle qu'ils publierent touchant l'origine de ces Canons. par les Ja- Nous pouvons dire avec affez de vraisemblance qu'ils n'étoient pas traavant le duits avant la fin du feptieme fiecle, ni peut-être avant la fin du huidixieme tieme, & en voici une preuve. La Collection fyriaque de la Biblio

cobites

fiecle.

Preuve ti

theque du Grand Duc, ne marque pas quand la verfion de tous les anciens Canons qu'elle contient a été faite; mais après celle de la lettre de S. Cyprien à Fidus touchant le Baptême des enfants, il y a une note qui marque qu'elle avoit été faite fur une traduction grecque l'an 998 des Grecs, qui est le 686 de Jefus Chrift. On peut inférer cependant fans témérité, qu'il y a quelque apparence que la verfion des Canons & des autres pieces a été faite à-peu-près en même temps, lorfque le fyriaque étoit encore vulgaire. Comme elle ne contient pas les Canons fuppofés, ils n'étoient vraisemblablement pas connus alors. Le Manufcrit de Florence eft fort ancien, & quoiqu'il n'y ait point de date, on peut croire qu'il n'eft pas fort éloigné de ces temps-là; mais comme il eft certainement plus récent au moins de cent ans, & peut-être davantage, il s'enfuit que ces Canons n'étoient pas connus aux Jacobites Syriens avant le dixieme fiecle, qui eft à-peu-près le temps auquel ils ont commencé à paroître en Orient.

Nous avons de ce côté-ci une autre époque, quoiqu'elle ne foit pas rée d'Ifi- déterminée à un temps fixe, mais feulement en général à la fin du neuvieme fiecle, ou au commencement du dixieme. C'eft la citation qui est

dore Mer

cator.

faite de ces Canons par Ifidore Mercator, ou par l'Auteur de la Lettre Liv. IX. qui eft à la tête de fa Collection. Car il y eft marqué que le Concile de CH. VI Nicée avoit fait d'autres Canons que les vingt ordinaires, & jufqu'au nombre de foixante & dix. Il ajoute que quelques perfonnes venues d'Orient lui avoient dit, qu'on avoit en ces pays-là le Concile de Nicée en un volume qui étoit auffi ample que les quatre Evangiles, Enfin dans la feconde Lettre fuppofée au Pape Jules, quelques-uns de ces Canons font cités comme du Concile de Nicée. Il y a de certaines chofes qui ne peuvent que difficilement être inventées, de forte qu'on doit croire que cet impofteur disoit vrai fur cet article, & par conféquent que ces Canons étoient connus en Orient dès le neuvieme fiecle; car on le pouvoit savoir à cause du commerce qu'il y avoit eu du temps de Charlemagne entre Jui & Haron Refchid cinquieme des Califes Abbaffides, qui mourut l'an de Jefus Chrift 808, & que nos Hiftoriens appellent Aaron Roi de Perse. Ainfi ce qu'on peut conclure de plus vraisemblable eft, que la Collec- Conclu tion & la traduction arabe n'ont pas été faites avant le neuvieme fiecle, que les Interpretes les mirent en langue vulgaire fans les connoître, parce qu'ils les trouverent dans des recueils tirés du Code univerfel ou en d'autres abrégés, & que dans celui qu'ils fuivirent il n'y avoit que les Canons des Conciles Généraux, d'où ont été pris tous les Canons fuppofés, à l'exception de quelques-uns tirés du Concile d'Antioche, & qui étoient compris dans le Code. Ils ont été accommodés, comme il a été dit, à la difcipline de chaque Eglife, & à celle des temps, & c'est ce qui a produit une grande diverfité en quelques endroits, même dans les verfions arabes. Ce n'eft pas connoître les Orientaux que de s'étonner qu'ils n'aient pas reconnu l'erreur du premier Interprete, puifqu'outre leur négligence prodigieufe à tranfcrire les livres, ils manquent il y a plus de mille ans de tout ce qui peut fervir à la Critique de ces anciennes pieces.

Il feroit fort inutile de s'arrêter à examiner les preuves de Turrien, que Baronius, M. de Marca, le P. Labbe & tout ce qu'il y a eu de favants Ecrivains, ont fuffifamment réfutées. Nous nous arrêterons fur une feule; & c'eft que non feulement il foutient ces Canons arabes, mais qu'il prétend qu'Alexandre Evêque d'Alexandrie en fit faire la traduction en arabe, afin qu'ils puffent être lus en langue vulgaire. Turrien auroit pu dire, & avec plus de vraisemblance, que ce grand défenseur de la foi orthodoxe, connoiffant par inspiration divine que dans plus de trois cents ans la langue arabe deviendroit dominante en Egypte, avoit eu le foin d'envoyer chercher des Arabes, dont la plupart n'étoient pas alors Chrétiens, pour leur faire traduire les Canons du Concile de Nicée, Quel

fion.

Liv. IX. que abfurde que fût cette pensée, elle l'eft encore moins que de supposer CH. VII. contre toute vérité, que l'arabe étoit vulgaire en Egypte du temps du

Concile de Nicée. C'étoit l'égyptien dans lequel les Cophtes ont encore leurs Liturgies, la Pfalmodie, les Offices de tous les Sacrements & l'Ecriture Sainte. Or aucun Auteur n'a dit que ces prétendus Canons de Nicée aient été trouvés en langue cophte ou égyptienne.

La

plupart de ceux

qui ont écrit fur

ont peu

éclairci la matiere, fur-tout

tants.

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Examen de ce que plufieurs Proteftants ont reproché aux Catholiques touchant Allatius, Arcudius & quelques autres Ecrivains qui ont prouvé que les Orientaux étoient d'accord avec l'Eglife Romaine fur les Sacrements & fur d'autres articles.

ON

N a remarqué en divers endroits de cet ouvrage, & dans le volume précédent, que la plupart des Ecrivains Proteftants qui ont parlé de la créance & de la difcipline des Grecs ou des autres Chrétiens Orientaux, les Eglifes ont traité cette matiere avec très-peu d'exactitude, & qu'il ne s'en trouve d'Orient, prefque aucun qui en ait eu une médiocre connoiffance. Ce reproche que les, Catholiques leur ont déja fait quelquefois, n'est point l'effet d'un trop grand zele pour notre Religion, ni d'aucune paffion; c'eft une vérité les Protef- fenfible à tous ceux qui ne fe font pas contentés de faire des recherches fuperficielles touchant la foi & la difcipline des Eglifes d'Orient, mais qui en ont fait une étude auffi férieufe que le fujet le mérite. Peu de Catholiques s'y font appliqués: plufieurs excellents ouvrages que quelques-uns ont faits, ont paffé plutôt pour des livres d'érudition, que comme d'excellents Traités de Théologie: l'étude des langues orientales avoit été moins cultivée parmi nous, & quoiqu'il y eût des Catholiques auffi habiles en ce genre que ceux qui ont un plus grand nom parmi les Proteftants, ceux-ci néanmoins ont affez prévenu le public par le nombre de leurs livres, pour faire croire qu'ils pouvoient nous apprendre beaucoup de chofes que nous ignorions fur ces matieres, qui n'étoient pas communes. Elles étoient même tellement négligées, qu'autrefois on confeilloit aux jeunes gens la lecture de plufieurs ouvrages de Protestants fur la Religion des Grecs & des Orientaux, & ils étoient plus eftimés que ceux des Catholiques; ce qui n'étoit pas fans raifon, comme il faut l'avouer de bonne foi. Car ceux qui avoient vu feulement le livre de Thomas à Jefu, ou divers Traités des héréfies, comme ceux d'Alfonfe

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