Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Græcor.

aucune décifion de l'Eglife contre les Grecs, par rapport à la doctrine Liv, I. des fept Sacrements, dans tout ce qui s'eft fait pour la réunion des fchif- CH. VII. matiques; & dans le Concile de Florence il n'en fut pas fait la moindre mention. Au contraire depuis ce temps-là Léon X & Clément VII ont Ap. Allat. publié des Brefs renouvellés par Urbain VIII, qui ordonnent que les de Interft. Grecs ne feront point troublés dans l'exercice de leur difcipline & dans Hab.Pont. la pratique de leurs rites. Si quelques Synodes particuliers tenus de notre temps dans les Diocefes où il a des Grecs ont parlé autrement, leur autorité n'est pas affez confidérable pour faire de nouvelles loix dans l'Eglife.

des Théo

décifive.

can. I.

Celle des Théologiens particuliers eft encore moindre, ou pour mieux L'autorité dire, ils n'en ont aucune pour condamner ce que l'Eglife n'a pas con- logiens damné. Suivant la véritable & ancienne Théologie, expliquée par le Con- particul. cile de Trente, Jefus Chrift a inftitué les Sacrements de la nouvelle Loi: n'eft pas & les Grecs reconnoiffent cette vérité, que les Proteftants combattent. Conc. Tr. Or ce qui la détruit entiérement, n'eft pas de dire que l'Eglife les a Seff. 7. reçus des Apôtres, qui lui avoient enfeigné ce qu'ils avoient appris de Jefus Chrift pour être établi dans fon Eglife. C'eft de dire que les Sacrements font des inventions humaines, qui n'ont aucun fondement dans la parole de Dieu ni dans les promeffes de Jefus Chrift, comme prétendent les Proteftants. Quand donc les Grecs affurent que tous les Sacrements font établis par l'Ecriture Sainte, & que Jefus Chrift les a inftitués, comme difent Siméon de Theffalonique, Jérémie & tous les autres, ils reconnoiffent la principale & la plus importante vérité de la doctrine Catholique fur les Sacrements; & ils l'expliquent lorfqu'ils difent que l'Eglife, Tagédwxe, a donné, ce qui ne fe trouvoit pas marqué fi précifément dans l'Ecriture, mais qu'elle avoit reçu des Apôtres, comme Miniftres de Jefus Chrift & difpenfateurs des mysteres de Dieu.

tion des

néceffai

Il n'y a point de Sacrement, même les deux que les Proteftants re- L'inftitu çoivent comme marqués dans l'Ecriture, à l'inftitution duquel les Apôtres Sacrem. n'aient eu ainfi part. Jefus Chrift, par exemple, avoit inftitué l'Eucha- fuppofe riftie, il avoit pris du pain, & l'ayant rompu, il avoit dit à fes Apôtres, rement la Prenez, mangez, ceci est mon corps, ensuite le calice, &c. puis il leur dit, Tradition. faites ceci en mémoire de moi. Dans le commencement du Chriftianifme ces paroles de Jefus Chrift, ce qu'il avoit fait en inftituant l'Eucharistie, & le précepte de faire la même chofe en mémoire de lui n'étoient pas en écrit. Les Apôtres en furent témoins, non feulement à l'égard des Juifs & des Gentils qui embrafferent la foi; mais à l'égard des autres disciples, & de ceux qui avoient cruffur la prédication & les miracles de Perpétuité de la Foi. Tome V.

H

[ocr errors]

LIV. I Notre Seigneur. De même pour le Baptême. Il avoit dit à fes Apôtres: CH. VII. Allez, inftruifez toutes les Nations, les baptifant au nom du Pere && du Fils & du Saint Efprit, leur enfeignant d'observer tout ce que je vous ai ordonné. Les premiers Chrétiens crurent donc ce que leur dirent les Apôtres, tant pour recevoir le Baptême, que pour célébrer la mémoire de Jefus Chrift dans l'Euchariftie. C'étoit Jefus Chrift qui avoit inftitué ces deux Sacrements; mais ceux qui n'avoient pas été avec lui ne le favoient pas, & ne pouvoient pas l'avoir appris dans les Evangiles, qui n'étoient pas encore écrits. Il reçurent donc cette inftruction des Apôtres, & non feulement de ceux qui avoient été préfents, & qui avoient entendu les paroles de Jefus Chrift, mais de ceux qui ne les avoient apprifes que des Apôtres. S. Paul dit, j'ai appris du Seigneur ce que je vous ai enfeigné. Il n'avoit néanmoins pas vu Jefus Chrift fur la terre, mais feulement dans l'apparition miraculeufe fur le chemin de Damas, & c'étoit une voie extraordinaire, qui ne lui donnoit d'autorité ni de miffion, qu'après que les Apôtres, & ceux qui étoient les colomnes de l'Eglife, lui eurent donné fociété dans le College Apoftolique. Il dit aux Corinthiens, en leur reprochant les abus qui s'étoient déja introduits parmi eux dans la célébration de l'Euchariftie, qu'il avoit appris du Seigneur ce qu'il leur avoit donné par fes instructions agedwxa, ce qu'il avoit établi parmi eux, & il les rappelle à cette premiere inftitution qui n'étoit pas encore écrite. C'étoit donc fur ce que S. Paul avoit établi parmi eux, & fur ce que les autres Apôtres avoient de même établi en d'autres Eglifes, fur leur témoignage & fur leur tradition, que fut d'abord réglée la forme de célébrer le Sacrement de l'Euchariftie, & non pas fur la parole de Dieu, que les Evangéliftes n'avoient pas alors mife par écrit. On ne dira pas cependant que les Apôtres aient inftitué l'Euchariftie, ni le Baptême, ni que quand S. Pierre dit aux Juifs qui fe convertirent à fa premiere Prédication, que chacun de vous foit baptifé, il inftitua ce Sacrement. Il rendit témoignage de ce que Jefus Christ lui avoit dit & aux autres difciples avant que de monter au ciel en même temps il leur prefcrivit la forme de célébrer ces Sacrements, que Jefus Chrift avoit ordonnée, mais dont l'Ecriture ne fait pas mention.

La Tradi

difciples

Il eft certain, felon la doctrine des Peres, des Grecs & des Orientaux, tion des que ce que les Apôtres étoient à l'égard des premiers fideles, leurs difciples des Apo- le furent à l'égard de ceux à qui l'Evangile fut annoncé hors de la Judée, tres a la & jufqu'aux extrémités de la terre. Plufieurs de ceux-ci n'avoient pas vu torité que Jefus Chrift, on les croyoit néanmoins; parce qu'ils avoient appris ce qu'ils celles des prêchoient des Apôtres, qui l'avoient reçu de la bouche de leur divin Apôtres. Maître. On a cru de même les premiers Evêques, que les Apôtres ou leurs

même au

fucceffeurs avoient établis en chaque pays: & leur témoignage a été reçu Liv. I. comme celui des Apôtres. Enfin le confentement de l'Eglife univerfelle a CH. VII. eu toujours la même autorité, fuivant cette parole de S. Auguftin, (b) que les chofes que nous confervons comme reçues par tradition, quoiqu'elles ne Joient pas écrites, & qui font obfervées dans toute la terre, doivent être confidérées comme ayant été recommandées & ordonnées par les Apôtres, ou par les Conciles généraux, dont l'autorité est très-falutaire à l'Eglife. On ne peut donc douter que ce que l'Eglife obferve par-tout, & ce qu'elle a obfervé de toute antiquité, ne vienne certainement de la tradition des Apôtres: & ce que les Eglifes ont reçu par ce canal facré, n'a jamais été distingué de ce qu'elles avoient appris par la Sainte Ecriture; d'autant plus que la Prédication avoit précédé la compofition des livres facrés du Nouveau Testament, & qu'on a toujours été perfuadé que les Apôtres ou leurs disciples n'avoient pas tout écrit. C'est ce que S. Jean Chryfoftôme remarque fur le verfet 15 du Chapitre II de la feconde Epître aux Theffaloniciens (c). Itaque Fratres ftate & tenete traditiones quas didiciftis, five per Sermonem, five per Epiftolam noftram. Il est évident par ces paroles, dit-il, que les Apôtres n'ont pas tout enfeigné par leurs lettres, mais plufieurs chofes auffi fans être écrites: & les unes & les autres méritent la même créance: c'est pourquoi nous croyons que la tradition de l'Eglife mérite toute créance. C'est une tradition, n'en demandez pas davantage.

Ce qui eft établi par les Apô

dé comme

Christ.

Il s'enfuit donc que lorfqu'il s'agit des Sacrements, & des autres pratiques religieufes que toutes les Eglifes ont confervées jufqu'à nous, ce qui a été établi par les Apôtres doit être confidéré comme ayant été inf- tres, doit titué par Jefus Chrift, & publié par les Apôtres: que ce que toutes les être regarEglifes confervent comme l'ayant reçu des Apôtres a été inftitué par Jefus inftitué Christ, & par conféquent les Sacrements que l'Eglife reconnoît comme par Jefus tels, quand on ne les trouveroit pas marqués dans l'Ecriture Sainte. Ainfi il ne faut pas, comme plufieurs Théologiens ont fait, recevoir fi facilement cette diftinction, que les Proteftants ont inventée pour fondement de leurs nouveautés, de ce qui a été institué par Jefus Chrift, & de ce qui a été inftitué par les Apôtres & par l'Eglife. Jefus Chrift feul a inftitué les Sacrements, parce que comme Homme-Dieu il avoit ce pouvoir, qui ne peut convenir à aucune créature. Les Apôtres ne les ont pas inftitués, mais ils les ont donnés à l'Eglife, en l'inftruifant de ce que Jefus Christ

(b) Illa autem quæ non fcripta, fed tradita cuftodimus, quæ quidem toto terrarum orbe fervantur, datur intelligi vel ab ipfis Apoftolis vel à plenaris Conciliis, quorum eft in Ecclefia faluberrima auctoritas, commendata atque ftatuta retineri. Aug. Ep. 54. N. Ed.

(c) Εντεῦθεν δῆλον ὅτι ἐ πάντα δὲ ἐπιςολῆς παρεδίδοσαν, ἀλλὰ πολλὰ καὶ ἀγράφως. Ο μοίως δὲ κρἐκεῖνα καὶ ταῦτά ἐςιν αξιοπιςα ὥςε καὶ τὴν παράδοσιν τῆς ἐκκλησίας αξιόπισον ἡγάμεθα. Παράδοσις ἐςι, μὲ πλέον Eri. Chryf. in 2. Theff. hom. 4. p. 237. Ed. Eton. Euf. Dem. Euf. l. 1. c. 8. Epiph. Har. 61,.

LIV. I. avoit ordonné: & l'Eglife n'en a inftitué aucun, mais elle a confervé ce CH. VII. que les Apôtres lui avoient enfeigné, comme ordonné & inftitué par Jesus

C'eft ce qu'enfei

Christ. La promeffe de la grace facramentelle vient de lui: la difpofition générale de la difcipline vient des Apôtres, & la difcipline particuliere, les ptieres, les cérémonies ont été ordonnées par les Eglifes, fans aucune variation dans ce qu'il y a d'effentiel.

Tel a été le fentiment des Grecs, comme on le voit clairement par les gnent les paroles de Jérémie & de ceux qui ont écrit après lui, & même longGrecs. temps auparavant. Ifaac le Catholique, dans fon Traité contre les Armé niens, après leur avoir reproché plufieurs abus contraires à la tradition de l'Eglife, dit ces paroles remarquables. (d) Si donc vous ne voulez conServer & croire que les chofes feules qui ont été enfeignées par Jefus Chrift, il s'enfuit qu'il faut que vous renonciez aux Sacrements des Chrétiens, qu'il n'a pas tous donnés ou enfeignés par lui-même, mais que dans la fuite il a établis tous par fes faints Apôtres, par les SS. Peres, & par fon Saint Esprit: & celui qui ne les reçoit pas, non feulement n'est pas Chrétien, mais plus incrédule que tous les infideles. Tel a auffi été le fentiment des plus habiles Théologiens, & ils conviennent même depuis la décifion du Concile de Trente, que puifqu'il n'a pas été décidé que tous les Sacrements de la nouvelle Loi ont été immédiatement inftitués par Jefus Chrift, on dispute encore entre les Catholiques, fi Jefus Chrift les a inftitués tous fept immé diatement & par lui-même, ou s'il a donné aux Apôtres & à l'Eglife le In 4. Dift. pouvoir & le miniftere de les inftituer. Ce font les paroles d'Eftius. Ca 3. §. 16. terum cum non fit à Synodo definitum Sacramenta nova Legis omnia imme diatè à Chrifto inftituta esse, disputatur adhuc inter Catholicos, utrum omnia Septem Chriftus immediatè & per fe ipfum inftituerit, an verò quorumdam inftituendorum minifterium Apoftolis vel Ecclefia commiferit. Il ne fuit pas cette opinion, mais il ne la condamne pas comme contraire à la doctrine du Concile de Trente; ce qui devroit fervir de regle pour ne pas attribuer aux Grecs ce qu'ils n'ont pas dit, puifque tous conviennent que Jefus Christ a inftitué les fept Sacrements. Pour s'exprimer ils fe fervent du mot de voμoberei, qui fignifie proprement inftituer avec une puiffance fouveraine, telle qu'elle eft néceffaire pour l'inftitution des Sacrements. Ils emploient auffi celui de magadidovas, qui n'a pas la même force, fur-tout lorfqu'on parle des Apôtres & de l'Eglife, puifqu'alors il fignifie donner, apprendre, tranfmettre ce qu'on a reçu; & c'est ce que les Grecs ont dit

(α) Οικῶν εἰ παραδιδόμενα ὑπὸ χριςῦ ταῦτα μόνα κρατεῖν καὶ πιςεύειν βέλεσθε. Πρέπει λοιπὸν ὑμᾶς ἀρνεῖσθαι τὰ τῶν χρισιανῶν μυτήρια ἅπερ ἅπαντα εἰ καὶ ὁ χρισὸς τότε μὲν ἐ παρέδωκεν ἀλλ ̓ ὕφερον διὰ τῶν αυτῷ ἀποςόλων καὶ αγίων πατέρων διὰ τοῦ ἁγία αυτῷ πνεύματος πάντως διετάξατο, ἅπερ ὁ μὴ δεχόμενος ἢ μόνον χρισιανὸς ἐκ ἔςιν, ἀλλὰ καὶ πάνίων απίσων απισότερος. Ifaac Cath. c. 7. apud Combefis Hif Monoth. p. 346.

des Apôtres & de PEglife, quand on trouve dans leurs Ecrits rapidanav oi LIV. I. ἀπόςολοι, παρέδωκεν ἡ ἐκκλησία.

CH. VIII.

[blocks in formation]

Examen de quelques autres objections contre la créance des Grecs touchant

A

les fept Sacrements.

tirée des

Llatius, dont les travaux méritent affurément beaucoup de louanges, Objection & qui a rendu de grands fervices à l'Eglife, mais qui a fouvent jugé avec d'Allatius, trop de prévention de la difcipline Orientale, fe forme une objection que ouvrages nous examinerons la premiere. C'est que S. Denys, qu'il fuppofe être de S. Del'Areopagite, ayant traité exprès des Sacrements dans fon Livre de la Hié- nys. rarchie Eccléfiaftique, n'a pas parlé de quelques-uns, & qu'il a, ce fem- De Perp. conf. 1. 3. ble, mis au nombre des Sacrements, la Profeon Monaftique, & quel- C. 16. col. ques autres cérémonies qui ne font pas de ce genre, comme les prieres 1264. & f. pour les morts. Il vient d'abord dans l'efprit que cette difficulté ne mérite pas qu'on s'y arrête; parce que depuis qu'Allatius publia fon Livre du Confentement des Eglifes, de très-habiles Théologiens ont tellement éclairci la question qui regarde les ouvrages de S. Denys que perfonne n'oferoit plus les citer. Mais cette réponfe feroit inutile, non feulement parce que les Grecs & tous les Orientaux les confiderent encore commie ayant été compofés par ce difciple des Apôtres ; mais auffi parce que, quoiqu'ils ne foient pas de lui, on ne peut pas douter néanmoins que leur antiquité ne foit au moins du fixieme fiecle, parce qu'ils furent cités en 533, dans une Tomi 4 Conférence tenue à Conftantinople entre les Catholiques & les Monophyfites Sévériens, & reçus depuis comme tels.

Conc. P.. 1763.

Job..

C'est en effet cette autorité qu'ont les Œuvres de S. Denys, qui a fait Témoi que quelques Grecs modernes, entr'autres un Religieux nommé Job, dont gnage de on ne fait pas l'âge, & Théodore Studite dans une Lettre citée par Allatius, ne comptent que fix Myfteres ou Sacrements, dont les deux derniers font la profeffion de la vie Monaftique, & les cérémonies qui fe font pour les fideles trépaffés: le dernier cite S. Denys. Arcudius avoit vu ce Traité de Job, & en forme une objection d'autant plus forte, que d'autres allez modernes, comme Damafcene Studite dans fes Homélies, femble. auffi mettre la Profeffion Monaftique au nombre des Sacrements: mais comme il ne parle pas de la Pénitence, Arcudius croit qu'il l'a comprise De Conc. fous ce non comme plus parfait, & qui fignifie l'action la plus folemnelle. 1.. de la Pénitence..

1

« AnteriorContinuar »