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Liv.IX. fage bas & populaire. Il n'y a personne qui puiffe entreprendre de justifier CH. VII. fa longue Préface, pleine de fautes énormes contre l'Hiftoire, & contre

Lucar.

l'Eglife Grecque & Latine, de calomnies ou d'invectives atroces contre les Catholiques. Il est bien difficile d'être modéré quand on attaque de tels Auteurs ; & quand ils font maltraités, ils n'ont pas droit de s'en plaindre. Si on examinoit fon latin, plus barbare que le grec de fon original, & toutes les fautes qu'Allatius n'a pas relevées, on en pourroit faire un volume plus gros que celui dont M. Claude fe plaint. Quel jugement pouvoit avoir un Auteur qui, ne donnant aucun éclairciffement fur tout le reste, perd beaucoup de paroles pour changer le nom de Syropule, marqué. dans le Manufcrit, dans les Actes du Concile de Florence & ailleurs, en celui de Sguropule, dont jamais on n'avoit oui parler?

Plaintes M. Claude fe plaint auffi de ce que Cyrille Lucar a été trop malfur Cyrille traité par Allatius: c'eft donc parce qu'il a inféré les anathemes fulminés contre ce malheureux, & qu'il a détruit le roman ridicule que les Calviniftes avoient fait de la vie & de la mort de cet Apoftat. Les Grecs du Synode de 1638, de celui de 1642, de celui de Jerufalem en 1672, les Ecrits de Dofithée, & la Réfutation de la Confeffion de CyPræf. Ed. rille par Syrigus n'en difent pas moins qu'Allatius. Les Luthériens Lipf.Conf. Orthod. reçoivent ces deux premiers Synodes, & même ils n'ont pas cru que les raifons de M. Claude, qui l'a voulu rendre fufpect, fuffent fuffifantes.

M. Simon.

des Nat.

duLevant. C. I.

Témoi- Si M. Simon a prétendu justifier Caucus, il faut une autre autorité que gnage de la fienne : & la raifon qu'il allegue qu'Allatius, pour être agréable au Hift. Crit. Pape Urbain VIII, qui avoit alors formé le deffein de réunir les Grecs avec l'Eglife Romaine par des voies d'adouciffement, avoit adouci beaucoup de chofes dans les fentiments des Grecs, est toute de fon invention. Allatius, & la plupart des autres Grecs qui ont écrit à Rome, fur-. tout Arcudius, ont fi peu adouci les chofes, que fouvent ils les ont outrées, de forte que M. Habert, le P. Goar, le P. Morin, M. Holftenius ont été fort fouvent d'un avis contraire. Le principal obstacle à la réunion eft l'autorité du Pape, à laquelle les Grecs auroient voulu mettre des bornes: Allatius l'a foutenue dans toute fon étendue. En un mot il est difficile de trouver un feul article de quelque conféquence où il. paroisse de semblables adouciffements. Mais puifque c'eft dans fon livre Les Pro- de Perpetuo confenfu qu'il les faut trouver, & qu'il ne fut imprimé que plus de cinq ans après la mort d'Urbain VIII, pouvoit - il par-là fonger répondu à lui faire fa cour?

teftants

n'ont pas

aux preuves d'Alla

Mais ce n'est pas par des injures, & par les invectives des Miniftres tius. & Profeffeurs du Nord, que les Proteftants devoient attaquer Allatius. Il

falloit montrer que les Auteurs qu'il cite en très-grand nombre, la plu- Liv.IX. part manuscrits, font fuppofés, tronqués ou altérés, & c'est ce qu'aucun CH. VII. Proteftant ne fera jamais, car prefque tous font connus par les Savants. Il falloit auffi combattre ces autorités par celle d'autres Grecs; mais on n'en trouve point, & il le faut bien fuppofer. Car quand on voit qu'en Angleterre on imprima il y a environ cent ans des Traités de quelques Grecs contre les Latins, quoique la Proceffion du Saint Efprit, telle que nous la croyons, comme les Protestants, y fut attaquée : qu'en Allemagne on imprima l'Expofition de foi, vraie ou fauffe, de Métrophane Critopule, celle de Zacharie Gergan qui fe difoit Evêque de l'Arta, & le Traité très - imparfait de Chriftophle Angelus: que M. de Saumaise avoit donné au public comme un tréfor, deux petits Traités de Nil & de Barlaam contre la Primauté du Pape : enfin que les Calvinistes ont fait tant de bruit avec la Confeffion de Cyrille, on reconnoît aifément que les Proteftants font bien dépourvus de pieces pareilles à celles dont Allatius leur a cité un fi grand nombre. Or une nouvelle preuve de fa fidélité dans fes citations eft, que le Patriarche Dofithée, dans l'édition qu'il a fait faire en Moldavie de fon Enchiridion, qui contient des additions confidérables au Synode de 1672 fur l'article de l'Euchariftie, cite une grande partie des mêmes paffages qu'avoit rapportés Allatius. Ceux qui auront travaillé fur cette matiere lui rendront la même juftice.

Il la mérite certainement, & on le doit confidérer comme un hom- Ilétoit me qui, par ses travaux immenfes à rechercher ce qu'il y avoit de plus très-eftimable par curieux dans les Bibliotheques, a fourni d'excellents mémoires de chofes fon favoir. inconnues aux plus favants, & très utiles pour l'éclairciffement de l'hiftoire & de la Théologie des Grecs du moyen & du dernier âge. Il n'étoit pas moins verfé dans ce qui a rapport aux belles Lettres, puisque rous lui devons plufieurs Auteurs qu'il a donnés au public, comme quelques anciens Philofophes, des fragments de Rhéteurs, un Traité de la patrie d'Homere, & divers autres qui marquent une grande érudition.

fauts

qu'on re

dans fes

ouvrages.

On peut avouer néanmoins, après avoir rendu à fa mémoire l'honneur Les dé.' qu'il méritoit, que fa maniere d'écrire trop diffuse, la négligence dans le ftyle, & le peu d'ordre qu'il y a fouvent dans fes pensées, rendent marque la lecture de fes ouvrages ennuyeufe, & en diminuent le mérite. De plus, lorfqu'il traite des matieres théologiques, on reconnoît qu'il n'avoit guere d'autres principes que ceux de l'Ecole, qui ne fuffifent pas toujours pour juger fainement de l'ancienne difcipline, quoiqu'en cela il foit plus modéré que n'a été Arcudius. La Critique lui a auffi manqué quelquefois, comme fur les ouvrages attribués à S. Denys, & fur les anciennes Liturgies. Mais au fond c'étoit un grand homme, auquel l'E

LIV. IX. glife & les Savants doivent beaucoup, puifqu'il n'y en a pas un feul à qui CH. VII. il n'ait appris quelque chofe en tout genre de littérature, même dans ces ouvrages fur lefquels M. Bayle a voulu plaifanter. Tels font les Traités de Georgiis, de Pfellis, de Simeonibus, & quelques autres femblables. Il n'y a point d'homme d'étude qui n'aime mieux favoir l'histoire & les ouvrages de ces Grecs, dont on n'avoit prefque aucune connoiffance, que toutes les hiftoriettes fades, impies, ou pleines de faletés, recueillies par ce Cenfeur d'Allatius dans deux ou trois énormes volumes. On n'y trouvera pas des citations de Manufcrits utiles; mais des extraits & des conjectures férieufes fur ce que les preffes ont produit de plus méprisable, de mauvaises plaifanteries, & une témérité infupportable fur ce qu'il y a de plus refpectable dans la Religion. Ce font-là les redoutables Critiques d'Allatius, dont on eft fûr que telles gens n'avoient jamais ouvert les livres, & que quand ils les auroient lus, ils n'étoient pas capables d'en juger.

les Protef

contre Echellenfis, &c.

Repro- Les mêmes Théologiens Allemands déclament avec autant de hauteur ches que contre Abraham Eckellenfis & Gabriel Sionite, dont Nihufius avoit fait tants font imprimer quelques Lettres, pour prouver le confentement des Orientaux avec l'Eglife Romaine. Ils s'étonnent de cette hardieffe, puifqu'on fait, difent-ils, que plufieurs Auteurs, même Catholiques, avouent que ces fectes féparées ont beaucoup d'erreurs. Mais ce n'est pas fur leurs héréfies particulieres qu'ils s'accordent avec nous, puifqu'on fait affez que nous condamnons celles des Neftoriens & des Monophyfites: c'eft fur les points contestés avec les Proteftants. C'est à eux à montrer qu'Eckellenfis & les autres ont donné de mauvaises preuves, ou qu'ils ont allégué faux : car il n'y a point de moyen plus fimple ni plus court de terminer de pareilles contestations; le refte n'étant que des paroles perdues. Nous traiterons cette matiere dans le chapitre suivant.

Repro

font con

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Examen de ce que quelques Auteurs Proteftants ont écrit contre Eckellenfis & d'autres modernes.

LES

Es Proteftants, comme nous avons dit, entr'autres Fehlavius & Veches qu'ils jelius, ont déclamé contre Abraham Eckellenfis avec autant d'aigreur tre Echel- que celle qu'ils reprochent à Allatius & à Nihufius. Mais comme ni l'un ni l'autre ne favoient pas des langues orientales, ils s'en font tenus à des invectives générales, & à ce sophisme puéril dont il a été déja parlé,

lenfis.

que nos Auteurs mêmes reprochoient un grand nombre d'erreurs aux Liv. IX. Orientaux, & qu'ainfi il étoit ridicule que nous vouluffions nous préva- CH. VIM. loir de leur autorité dans la Controverfe. Il eft fort aifé de répondre à cette objection; puifque ce n'eft pas fur le Myftere de l'Incarnation que roulent nos disputes avec les Proteftants, mais fur les Sacrements, & fur plufieurs autres points qu'ils ont fait valoir comme des caufes légitimes de leur féparation. Nous ne regardons pas les Orientaux comme Juges dans cette difpute, mais comme témoins de la créance & de la difcipline de l'ancienne Eglife. Ce témoignage eft une preuve qui nous conduit au-delà des fchifmes, & par laquelle on remonte jufqu'aux premiers fiecles de l'Eglife.

des Protef tants pour

ge des

Les Proteftants difent qu'il importe peu ce que croient les Orientaux, Défaite puifque l'Ecriture Sainte contient tout ce qu'il faut croire, & qu'elle le contient clairement. On leur a demandé il y a long-temps, pourquoi éluder le donc tous ceux qui fe difent Réformés s'accordent fi peu dans des points témoigna fondamentaux de la Religion: pourquoi leurs Confeffions de foi font fi Oriendifférentes pourquoi ils ne peuvent convenir de ce qu'ils appellent arti- taux. cles fondamentaux, & pourquoi les Luthériens & les Calvinistes combattent également les Arminiens, qui les réduifent à un fort petit nombre: pourquoi les Sociniens & les Fanatiques croient voir dans l'Ecriture tout le contraire de ce qu'y ont vu Luther & Calvin: enfin pourquoi tous les jours, fur ce principe, ceux qui ont rejeté l'autorité de l'Eglife y prétendent trouver des preuves de leurs imaginations. Mais cet article a été traité par tant d'habiles Théologiens, qu'il n'eft pas néceffaire de l'éclaircir davantage; outre qu'il n'a pas rapport à notre deffein.

favoir ce

croient

Que s'il leur importe peu ce que les Orientaux croient ou ne croient Il eft inupas, pourquoi se font-ils tant vantés de la conformité prétendue qu'ils tile d'attaquer les ont cru trouver entr'eux & l'Eglife Orientale, fur le mariage des Pré- Orientaux tres, fur le Service en langue vulgaire, fur le mépris de l'autorité du s'il impor Pape, & fur quelques autres articles? On ne peut dire que dans la dif- te peu de pute touchant la Perpétuité de la Foi fur l'Euchariftie, M. Claude ne fe qu'ils foit pas mis en peine de l'autorité tirée du témoignage des Orientaux; puifque dans fon premier Ecrit il foutint, avec une hardieffe dont on auroit peine à trouver d'exemple, qu'aucune Eglife d'Orient ne croyoit la préfence réelle, ni la Tranffubftantiation, ni l'adoration du Sacrement. Il falloit bien qu'il crût la chofe importante, puisqu'il a toujours continué à foutenir le même paradoxe, fans que les preuves auxquelles il n'a jamais pu répondre aient pu l'obliger à avouer qu'il s'étoit trompé fur cet article. Aubertin s'eft vanté du confentement de tout l'Univers, fur un paffage de la Liturgie Ethiopienne qu'il n'avoit pas entendu. M. de

Liv. IX. glife & les Savants doivent beaucoup, puisqu'il n'y en a pas un feul à qui CH. VII. il n'ait appris quelque chofe en tout genre de littérature, même dans ces ouvrages fur lefquels M. Bayle a voulu plaifanter. Tels font les Traités de Georgiis, de Pfellis, de Simeonibus, & quelques autres femblables. Il n'y a point d'homme d'étude qui n'aime mieux favoir l'histoire & les ouvrages de ces Grecs, dont on n'avoit prefque aucune connoiffance, que toutes les hiftoriettes fades, impies, ou pleines de faletés, recueillies par ce Cenfeur d'Allatius dans deux ou trois énormes volumes. On n'y trouvera pas des citations de Manufcrits utiles; mais des extraits & des conjectures férieufes fur ce que les preffes ont produit de plus méprisable, de mauvaises plaifanteries, & une témérité infupportable fur ce qu'il y a de plus refpectable dans la Religion. Ce font - là les redoutables Critiques d'Allatius, dont on eft fûr que telles gens n'avoient jamais ouvert les livres, & que quand ils les auroient lus, ils n'étoient pas capables d'en juger.

Repro

les Protef

contre Echellenfis, &c.

Les mêmes Théologiens Allemands déclament avec autant de hauteur ches que contre Abraham Eckellenfis & Gabriel Sionite, dont Nihufius avoit fait tants font imprimer quelques Lettres, pour prouver le confentement des Orientaux avec l'Eglife Romaine. Ils s'étonnent de cette hardieffe, puifqu'on fait, difent ils, que plufieurs Auteurs, même Catholiques, avouent que ces fectes féparées ont beaucoup d'erreurs. Mais ce n'eft pas fur leurs héréfies particulieres qu'ils s'accordent avec nous, puifqu'on fait affez que nous condamnons celles des Neftoriens & des Monophyfites : c'eft fur les points contestés avec les Proteftants. C'est à eux à montrer qu'Eckellenfis & les autres ont donné de mauvaises preuves, ou qu'ils ont allégué faux : car il n'y a point de moyen plus fimple ni plus court de terminer de pareilles contestations; le refte n'étant que des paroles perdues. Nous traiterons cette matiere dans le chapitre fuivant.

Repro

font con

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Examen de ce que quelques Auteurs Proteftants ont écrit contre Eckellenfis & d'autres modernes.

LES

Es Proteftants, comme nous avons dit, entr'autres Fehlavius & Veches qu'ils jelius, ont déclamé contre Abraham Eckellenfis avec autant d'aigreur tre Echel- que celle qu'ils reprochent à Allatius & à Nihufius. Mais comme ni l'un ni l'autre ne favoient pas des langues orientales, ils s'en font tenus à des invectives générales, & à ce fophifme puéril dont il a été déja parlé,

lenfis.

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