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Liv. I. doctrine ancienne des Sacrements contre les hérétiques, parce qu'ils n'ont CH. IX. oui parler de Luthéranifme ou de Calvinifme, que lorsqu'ils ont vu venir en Levant des Anglois & des Hollandois, qu'ils regardoient d'abord comme Chrétiens & comme leurs frères; mais quand ils furent leur nouvelle Religion, ils ne les confidérerent que comme des hérétiques: ce que favent affez tous ceux qui ont fait quelque féjour en Levant.

Ceux-ci ont con

tants dès

ont con

nues.

Au contraire les Grecs, depuis le temps de Jérémie Patriarche de Confdamné les tantinople, ont eu occafion de connoître la doctrine des Proteftants, preopinions miérement par les Ecrits que les Luthériens de Tubingue lui envoyerent des Protef avec la Confeffion d'Augsbourg, & par ceux qu'ils firent pour la foutenir. qu'ils les Alors les opinions des Calvinistes étoient peu connues en Grece, & ce fut par les difputes de Coreffius contre Leger, & auparavant par le commerce que Melece Piga Patriarche d'Alexandrie eut avec les Anglois & les Hollandois, que les Grecs les connurent. La Confeffion de Cyrille, & toutes les affaires qu'elle excita, leur donnerent lieu d'en être parfaitement inftruits. C'est ce qui a produit plufieurs ouvrages des Théologiens Grecs des derniers fiecles, par lefquels ils ont amplement éclairci cette matiere, de quoi les autres Orientaux n'ont pas eu occafion.

Orientaux ne les ont

que fort

tard.

Ils font demeurés dans l'état our a été autrefois l'Eglife, avant qu'elle fût agitée par les nouvelles héréfies. La doctrine des Sacrements étant connues fimple, & confiftant principalement à croire ce qu'on enseignoit aux fideles touchant les Sacrements, dont la pratique étoit pour eux une inftruction continuelle, fur laquelle il n'y avoit aucune contestation, ils n'étoient pas obligés de penfer à foutenir par les témoignages de l'Ecriture & des Peres, des vérités que perfonne ne conteftoit. Ainfi les Orientaux n'ont eu préfque jufqu'à nos jours que deux fortes de Traités für les Sacrements; les uns contenoientides Inftructions pour exhorter ceux qui les recevoient à entrer dans l'efprit de l'Eglife, afin de les recevoir utilement: les autres, qui ne regardoient proprement que les Eccléfiaftiques, étoient uniquement pour marquer les Rites qui devoient être obfervés en les adminiftrant.

des Sacre

Quand la Si cependant à l'occafion de nouveautés ou d'abus confidérables, il doctrine falloit inftruire les Chrétiens de quelque chofe de plus, & les fortifier ments a contre ceux qui pouvoient les écarter de la foi de l'Eglife, on trouve été atta- qu'ils l'ont foutenue avec beaucoup de force, par l'Ecriture & par la quée, ils T'ont fou Tradition. Nous en avons un exemple confidérable par rapport à la tenue. Pénitence. Deux Patriarches d'Alexandrie, Jean & Marc fils de Zaraa, Hift. Patr. avoient laiffé introduire un abus énorme, qui étoit de ne pas obliger les Armeni. pécheurs à fe confeffer, & de les admettre à la Communion, fans qu'ils euffent reçu le Canon, c'est-à-dire, la pénitence canonique, & l'abfolution du Prêtre. Outre qu'ils avoient toléré cet abus, ils avoient de plus

Alex. Tar,

engagé

1

engagé Michel Métropolitain de Damiette, & quelques autres, à prouver Liv.: N que perfonne n'étoit obligé à confeffer fes péchés aux Prêtres. Non feu- CH. IX, lement ils trouverent un grand nombre d'Eccléfiaftiques qui s'opposerent à cette nouveauté, comme on le marquera en parlant du Sacrement de Pénitence: mais dans le temps même Michel Patriarche Jacobite d'Antioche, & les deux freres Ebnaffal écrivirent très-fortement pour prouver la néceflité de la Confeffion facramentelle : & dans les Homélies à l'ufage de l'Eglife d'Alexandrie cette doctrine eft répandue en tant d'endroits, & prouvée en tant de manieres, qu'il eft aifé de reconnoître qu'ils avoient en vue de combattre cette erreur. On eft donc en droit de préfumer qu'ils en auroient fait autant à l'égard de celles qui auroient pu s'élever contre la créance & la pratique de leur Eglife, s'il y en avoit eu quelqu'une touchant les autres Sacrements: mais il ne s'en trouve pas le moindre veftige.

damné la

Il est encore à remarquer que depuis plus de cent cinquante ans on Ils n'ont a imprimé à Rome des Catéchifmes en fyriaque, en arabe & en armé- point con nien, qui ont été répandus dans tout le Levant, & par lefquels les Orien- doctrine taux ont connu la doctrine de l'Eglife Romaine fort en détail, fur-tout des Catho liques. dans le grand Catéchisme de Bellarmin, & dans celui du Cardinal de Richelieu. Il ne fe trouvera pas que fur ce qui regarde les Sacrements, les plus outrés hérétiques ou fchifmatiques y aient trouvé à redire : & quoique la différence des cérémonies pút leur donner des foupçons contre la doctrine, comme il eft arrivé à l'égard des Grecs, qui à cette occafion nous reprochent divers abus, cependant ils l'approuvent en ce qu'elle a d'effentiel, & même on apprend par quelques témoignages non fufpects, que fe trouvant quelquefois deftitués du fecours de leurs Prêtres, ils ont demandé ces mêmes Sacrements aux Catholiques. On ne peut donc former aucune difficulté fur la conformité de la créance des Orientaux que fur le témoignage de quelques Catholiques, fur celui des Proteftants, ou fur des raisonnements, pour prouver que les cérémonies orientales ne font pas de véritables Sacrements. Nous avons fait voir que les premiers n'ont pas toujours entendu la matiere, & qu'ils ont condamné fouvent des cérémonies & des prieres que la pratique de l'ancienne Eglife juftifioit fuffifamment: que les Proteftants l'ont encore moins entendue, & que leur témoignage doit être compté pour rien : & qu'à l'égard des objections, on y répond aifément de la même maniere qu'à celles que quelques Auteurs ont faites contre les Grecs; puifque les Papes ont approuvé ce que ces particuliers condamnent fi hardiment. Enfin quand les arguments que quelques-uns de ceux-ci ont fait trop valoir auroient Perpétuité de la Foi. Tome V.

K

Leur dif

LIV. I. la force qu'ils n'ont pas, il ne s'enfuivroit pas que les Orientaux, non CH. IX. plus que les Grecs, ne croient pas fept Sacrements; mais que croyant les avoir, ils ne les ont pas. Ainfi quand on prétendroit avoir prouvé que le Couronnement ou Mariage, & l'Onction des malades, de la maniere dont les Cophtes & les autres Chrétiens d'Orient célebrent ces cérémonies, ne font point des Sacrements, on n'auroit rien fait. Car cela n'empêcheroit pas qu'il ne fût vrai de dire que les Orientaux les confiderent comme des Sacrements: & fi on entroit en difcuffion des preuves, il ne feroit pas difficile de faire voir, que celles qu'ils ont pour foutenir leur tradition, font auffi folides que les autres font foibles & défectueufes : c'eft ce qu'on éclaircira en parlant de chaque Sacrement en particulier. Nous avons marqué, comme une preuve certaine de la tradition & de cipline eft la créance des Eglifes Orientales touchant les Sacrements, la difcipline à celle des qu'elles confervent depuis un temps immémorial pour les administrer : Grecs, ce & comme elle eft conforme à celle de l'Eglife Grecque, on en peut .qui prouve la confor conclure certainement, par le principe que nous avons établi ailleurs mité de la que leur créance doit être la même. Mais outre la pratique conftante de toutes ces cérémonies, qui eft prouvée par tous les Auteurs, on voit que chaque Eglife a confervé ces Offices avec grand foin, & qu'ils ont été mis en l'état où ils fe trouvent dans les Manufcrits, par les foins des Patriarches & des plus favants Evêques de chaque Communion. Ainfi les Neftoriens attribuent leurs Offices à Mar Abba un de leurs plus fameux Catholiques.

conforme

doctrine.

LeursEvê

dreffé &

les Ri

tuels.

Les Jacobites Syriens en ont quelques-uns attribués à Severe d'Antioques ont che d'autres à Jacques d'Edeffe: quelques autres ont été réformés par réformé Denys Barfalibi & par Grégoire Abulfarage. Les Cophtes ou Jacobites d'Alexandrie fe fervent particuliérement du Rituel confirmé par le Patriarche Gabriel : & ils ont les Offices du Mariage, de l'Extrême-Onction & d'autres, rédigés par Paul Evêque de Melicha: d'autres par Kyriaque Evêque de Behnfa, fans parler de ceux qui font fans noms d'Auteur mais approuvés par les Eglifes qui s'en fervent, comme font les Ordinations que le Pere Morin a fait imprimer: de plus amples tirées de la Bibliotheque du Grand Duc: celles des Cophtes qui font dans plufieursManuscrits, & les Offices qu'Abulbircat a inférés dans fa Collection. Ceux dont ils portent le nom n'en font pas les premiers Auteurs: ils ont feulement ajouté diverfes prieres conformes à l'efprit des anciennes, comme dans plufieurs Liturgies. Ils font dans des langues inconnues au peuple depuis plufieurs fiecles, & long-temps avant les commencements que les Proteftants donnent aux cérémonies des Sacrements qu'ils rejettent. On ne peut donc raisonnablement douter, que ces Rituels ne repréfentent

une difcipline beaucoup plus ancienne, & que les Patriarches & les Evê- Liv. I ques qui ont eu foin de la conferver en revoyant & augmentant les CH. IX. Offices de leurs Eglifes, ne l'aient regardée comme étant de Tradition Apoftolique, auffi-bien que la doctrine touchant les Sacrements, qui a un rapport nécessaire à cette même difcipline, puifqu'elle ne peut fubsister avec des opinions contraires.

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Que les Grecs & les autres Chrétiens Orientaux condamnent l'opinion des
Calviniftes touchant le Baptéme.

Les Orien. LE deffein de cet ouvrage n'eft pas de faire un Traité des Sacrements

fort éloi

taux font mais feulement de montrer que les Grecs & les Orientaux n'ont aucune gnés des opinion femblable à celles que Cyrille Lucar leur a imputées dans fa opinions Confeffion. Ainfi nous nous reftreindrons aux articles néceffaires, pour faire voir la conformité de créance qui eft entre l'Eglife Orientale & le Baptê l'Occidentale fur ce fujet.

des Calvia

niftes fur

me..

L'idée que les Calviniftes ont

ments dif

férente

Les Proteftants, & particuliérement les Calviniftes', reconnoiffent à la vérité deux Sacrements, mais d'une maniere fi différente de la Théologie des Grecs, qu'il n'y a rien de plus éloigné. Car comme on a vu par les témoignages de leurs Auteurs, ils croient que les Sacrements font opérés par le Saint Esprit comme caufe primordiale, & par les Evêques ou par les Prêtres comme caufes miniftériales & inftrumentales; qu'ils ont leur effet, pourvu que celui qui les reçoit n'y mette point d'obftacle; & non pas que le Sacrement ne foit opéré & n'ait fon effet que par la foi de celui qui l'adminiftre, & de ceux qui le reçoivent. Les Grecs croient encore moins que les Sacrements ne font que des fignes ou des fceaux des promeffes divines pour exciter la foi, mais ils les confiderent comme des fignes facrés qui produifent efficacement la grace qu'ils fignifient; c'est-àdire, ex opere operato, comme on parle dans les Ecoles.

Ainfi quoique les Proteftants appellent Sacrements le Baptême & l'Eucharistie, ce n'eft pas dans le fens de l'Eglife Orientale, qui eft perfuadée des Sacre qu'ils n'ont point la véritable idée des Sacrements Evangéliques : & que dans leur Baptême, parce qu'il eft felon la forme prefcrite par l'Eglife, de celle il y a plus qu'ils ne prétendent, puifqu'il donne la rémiffion des péchés. qu'en ont indépendamment de la foi dans les enfants: & que ce qu'ils appellent les Orien- le Sacrement de l'Euchariftie, n'eft rien qu'un nom en l'air, puifqu'ils. Syr.Réfut. n'y reconnoiffent pas le changement réel du pain & du vin au corps & Cyrill. art. an fang de Jefus Chrift; & que quand ils l'y reconnoîtroient, ils fe trom

taux.

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