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LIV. II.

CH. II.

Les Chré

Orientaux

me.

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Que tous les Chrétiens Orientaux croient la néceffité abfolue du Baptême, comme elle est enfeignée dans l'Eglife Catholique.

LA

A créance de la néceffité abfolue du Baptême, n'est pas moins reçue tiens dans toutes les Communions Orientales, orthodoxes, fchifmatiques ou ont la mé- hérétiques, que parmi les Grecs. Il n'y a jamais eu fur cet article aucune me doctri- difpute entre les différentes fectes qui ont partagé l'Orient; & c'eft ce ne que les Grecs fur que remarquent les Théologiens Melchites, Jacobites & Neftoriens, qui le Baptê- ont écrit des héréfies. Paul de Séïde, Pierre de Melicha, Ebnaffal, Abulbircat & les autres, difent que tous les Chrétiens s'accordent fur ce qui concerne le Baptême. Tous ont toujours entendu les paroles de Jefus Chrift, nifi quis renatus fuerit ex aqua & Spiritu Santo, non poteft introire in regnum Dei, de même que les Grecs & les Latins. La diftinction du Royaume de Dieu & du Royaume des Cieux leur eft inconnue; de forte que, comme il a été obfervé que plufieurs Grecs anciens & modernes. citent indifféremment ces paroles de Jefus Chrift felon les deux différentes leçons, les Orientaux les citent de même. C'eft ce qu'on entendra mieux par les paffages de leurs Théologiens.

Témoignage

d'Ebnaffal

Ebnaffal, Théologien Jacobite des plus fameux parmi les Egyptiens dans fon ouvrage qui a pour titre, Abrégé des principes ou des fondements le Théolo de la foi, en parle de cette maniere. Le Baptême est un précepte général gien. pour tous les fideles donné à tous, hommes & femmes, grands & petits: chap. 24. car c'est la régénération fpirituelle, fans laquelle aucun Chrétien n'entrera MS. Arab. dans le Royaume de Dieu, & fans laquelle même on ne peut étre Chrétien puifque le Seigneur a dit à Nicodeme: Si quelqu'un n'est pas régénéré de reau, &c.

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Part. 2.

D'Ebnaf fal le Canonite.

D'Echmi

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Un autre de même furnom, frere du premier, & qui a fait une Collection de Canons en arabe fort connue & eftimée, dans le Chapitre II dit la même chofe, citant les paroles de S. Jean, que Denys Barfalibi, les Commentaires Arabes & autres, expliquent de la néceflité du Baptême. Ferge-allah Echmimi, c'eft-à-dire, natif de la ville d'Echmim ou Ikmim mi Compi- en Thébaïde, plus ancien que les deux Auteurs précédents, a fait aussi Canons une Collection de Canons affez ample, & autant exacte qu'on la peut faire Jacobite fur des traductions arabes. Dans le Chapitre V il parle ainfi du Baptême.. Le Baptême est nécessaire à un chacun, Notre Seigneur Jesus Christ ayant dit: Si quelqu'un ne renaît pas de l'eau & de l'efprit, il ne peut entrer

lateur de

MIS. Arab.

dans le Royaume de Dieu. C'est ce qui nous oblige à apporter un grand Liv. II. Join pour le recevoir; & lorsqu'il arrive que quelqu'un eft en péril de mort, CH. II. &qu'on ne le peut différer, c'est alors qu'il faut faire tous fes efforts afin de l'obtenir. Nous pouvons le différer quelquefois, lorsque les enfants font dans une fanté parfaite, & qu'elle n'est troublée par aucun accident de maladie : car alors la coutume eft qu'on attende quarante jours à baptifer les enfants males, & quatre-vingts pour l'autre fexe. Mais s'il furvient quelque maladie ou qu'on en ait le moindre indice, il faut promptement baptiser les enfants, de peur qu'il n'arrive quelque chofe de pis. Le Canon, c'est-à-dire, la difcipline Eccléfiaftique, ordonne qu'on differe le Baptême jusqu'à ce que la mere foit purifiée du fang de fes couches. Mais fi l'enfant eft en péril, il faut qu'il foit porté à l'Eglife par une autre que par fa mere, & le baptifer avant qu'il meure, quand il mourroit dans une heure..... Il faut donc que les fideles aient un grand foin de faire recevoir le Baptême à leurs enfants, de crainte que la mort ne les prévienne, & que Dieu ne perde les uns & les autres. Car puifque la loi & le jugement des Sages ordonnent que celui qui a offenfé fon prochain fouffre la même peine, celui qui eft caufe par fa négligence que fon fils eft mort fans Baptême, & qui de cette maniere lui a fermé l'entrée du Royaume des Cieux, doit être privé de la fainte Euchariftie, qui eft le gage du Royaume éternel. Si un enfant meurt avant le quarantieme jour, fi c'est un mâle, ou avant le quatre-vingtieme fi c'est une femelle, fans qu'il ait parn le moindre figne de maladie: quoique les parents foient innocents de ce péché, ils doivent néanmoins faire pénitence de leurs autres péchés : car s'ils n'en avoient pas commis de très-griefs, Dieu ne les auroit pas abandonnés de telle maniere que leur enfant fut mort fans Baptême. S'il y a eu quelque indice de maladie, ils doivent être féparés de la Communion à cause de ce péché, foit qu'ils y foient tombés par ignorance, foit qu'ils l'aient commis par défobéiffance. S'ils ont différé le Baptême au-delà des quarante ou des quatrevingts jours, & que l'enfant meure fans Baptême, il faut mettre les parents en pénitence, foit que l'enfant fe porte bien, foit qu'il fe trouve malade, & on ne doit pas les excufer fur leur ignorance. S'ils font voir qu'ils ont fait ce qui dépendoit d'eux afin que l'enfant fut baptifé, mais qu'ils ont trouvé quelque empêchement, par exemple, que le Prêtre étoit malade, qu'il a refufé de baptifer l'enfant ou qu'il l'a négligé, lorfque le Confeffeur aura tout examiné, il leur impofera une pénitence proportionnée à la faute, de peur que Dieu ne le condamne à cette occafion.

Témoi

gnage tiré

On trouve la même difcipline établie dans une Collection de diverfes Conftitutions eccléfiaftiques, fous le titre de Canons Impériaux, qui eft des Coldans les manufcrits arabes des Jacobites & des Melchites après les Canons lections de Nicée. Il y eft marqué que quand il n'y a aucun péril, le Baptême de

de Ca nons.

Liv. II. l'enfant fera remis jufqu'à ce que la mere foit purifiée ou relevée de couche? CH. II. mais que s'il y a le moindre péril, on le porte auffi-tôt à l'Eglife, & les paColl. Can. roles de Jefus Chrift pour la néceffité du Baptême font citées.

MS. Arab.

De Jean

MS. Arab.

Dans un Traité fait en forme de Réponses Canoniques par Jean PaPatriarche triarche Jacobite d'Alexandrie, fur la queftion propofée touchant ce qui d'Alexan- arrive aux ames lorfqu'elles fe féparent de leurs corps, il répond que drie. celle d'un Chrétien eft d'abord préfentée à Jefus Chrift: mais que celle d'un homme qui meurt fans être baptifé, est précipitée par les Anges dans les peines éternelles. On demande enfuite, fi cela arrive à ceux qui étant morts fans Baptême ont fait plufieurs jeunes, prieres & aumônes. Quand même, dit le Patriarche, ils furpasseroient Jérémie par l'affiduité de leurs prieres, Job par leurs aumônes, Moyfe par leurs jeunes, & Abraham par leur hospi talité, ils feront précipités dans l'Enfer.

Autre tiré d'un ancien Au

nyme.

MS. Arab.

Un Auteur Egyptien qui peut avoir vécu dans le dixieme fiecle, a composé un Catéchifme en forme de Dialogue entre le Maître & le difteur ano- ciple. Celui-ci demande, pourquoi le Baptême eft appellé régénération ? Le Maître répond: Comme tout homme qui nait reffemble à fon pere felon la nature & felon la fubftance, & que la racine de la premiere naissance corporelle eft la concupifcence, il eft certain que l'enfant qui naît eft coupable de mort, étant femblable à fon pere felon la nature, & imitant ses actions corporelles, qui font la concupifcence de la chair, & l'appétit du boire, du manger, du fommeil, des plaifirs charnels & autres femblables. L'efprit ne s'approche point de cette concupifcence, & il ne l'aime point. Dieu nous a donné une vie contraire à cette autre vie corporelle & animale, & fon origine ne fe tire pas de cette passagere concupifcence, ou de fa source corrompue qui porte aux plaifirs de la chair; mais elle vient de Dieu le Pere, dans le Saint Efprit, par Jefus Chrift Fils unique du Pere: c'est l'ouvrage de la Sainte Trinité, & c'est la régénération.

Témoignage d'Amrou,

Matthieu

Seguier.

Amrou Neftorien établit auffi la néceffité du Baptême dans le Chapitre III. de fon Traité. Il dit que c'est la premiere entrée à la foi, le plus fils de grand de tous les dons que Dieu nous ait faits, le principal & le plus conNeftorien, fidérable précepte de la nouvelle Loi, par lequel il nous eft ordonné, en vertu MS. Arab. d'une loi univerfelle, & qui s'étend à tous fans exception, que nous nous Bib. Coll. revêtions de la pureté du Baptême par l'eau & par l'efprit, dans les maisons de Dieu au nom de Jefus Chrift. Car, continue-t-il, lorfque Dieu forma le premier bomme de terre mélée d'eau, il lui infpira le fouffle de vie, & il devint un homme parfait & vivant par l'eau & par l'esprit. L'homme eft pareillement formé dans le ventre de fa mere d'une humeur aquease condenfée, & par la puissance de Dieu, l'efprit defcend fur lui pour l'animer. Comme donc la premiere vie d'Adam & la premiere création de l'homme

Yatic.

ont été faites par l'eau & par l'efprit: fa naissance fainte a été de même dans Liv. II. la fin des temps, par le nom de Jefus Christ, qui a dit dans fon Evangile : CH. II. celui qui ne renaîtra pas de l'eau & de l'efprit n'entrera pas dans le Royaume des cieux. Elie Métropolitain de Jerufalem, & depuis Catholique ou Patriarche des Neftoriens, établit la même doctrine dans fon Expofition de la foi.

confirmée

orientale.

Arab..

Mais rien ne la confirme davantage que la difcipline pratiquée dans Cette doc toutes les Eglifes d'Orient. L'ufage général eft de ne pas adminiftrer le trine eft Baptême, finon avec toutes les cérémonies & les prieres marquées dans par la dif les Offices, qui font fort longues, d'autant plus qu'on célebre en même cipline temps la Liturgie. Il eft ordonné par les Canons des Jacobites Syriens, Nomocan. que fi un enfant préfenté au Baptême fe trouve en péril, on fe ferve d'un Syr. Coll. Office plus court compofé par Jacques d'Edeffe, & même qu'on omette Can. MS. tout ce qui n'est pas abfolument néceffaire pour l'intégrité du Sacrement. C'est ce qui eft marqué dans une Collection de Canons Arabes de la même Eglife. Si un enfant nouvellement né eft en péril, il faut le baptifer à l'heure même, omettant toutes les cérémonies qui s'obfervent ordinairement, & la Liturgie, & méme il n'eft pas néceffaire que le Prêtre foit à jeun. Michel Evêque de Melicha en Egypte, rapporte la même difcipline, comme étant celle de l'Eglife Cophte dans fes Réponses Canoniques, articles 35 & 36. Elle est auffi expliquée par le Patriarche d'Alexandrie Cyrille, fils de Laklak, dans une Constitution Synodale, publiée l'an 956 des Martyrs, de Jefus Chrift 1240: Parce que, dit-il, le Baptéme eft abfolument néceffaire à toute forte de perfonnes, mâles ou femelles, grands ou petits, le Seigneur ayant dit: Si quelqu'un ne renaît de l'eau & du Saint Esprit il n'entrera pas dans le Royaume de Dieu. Sans le Baptême, dit Abusebah, Auteur d'un Traité de la Science Eccléfiaftique, les enfants font exclus du Royaume de Dieu, & leurs ames font avec les diables dans le fond des abymes de l'enfer fous le feu élémentaire.

nitences à

mourir les

Par cette même raifon, ces Eglifes ont impofé de rudes pénitences Qui impo aux parents & aux Prêtres, par la négligence defquels les enfants mou- fe des péroient fans Baptême. Dans une ancienne Collection de Canons Péniten- ceux qui tiaux, §. 10. le pere & la mere doivent jeuner un an au pain & à l'eau, laiffent &le refte de leur vie tous les mercredis & vendredis; ce qui eft con- enfants firmé par le Canon 30 d'une autre Collection des Syriens Jacobites. Une fans Bapautre beaucoup plus récente mitige cette pénitence, ordonnant un jeune rigoureux de fept jours pour les parents, qui feront obligés en même temps de nourrir Sept pauvres, après quoi on offrira pour eux le Sacrifice. Le Prêtre dont la négligence a été caufe de ce qu'un enfant eft mort fans Baptême, fera une pareille pénitence; car, dit le même Canon, il a commis

tême.

Liv. II, un très-grand péché, privant du Royaume des Cieux un Chrétien pour leCH. II quel Jefus Chrift eft mort. Cela eft expliqué plus amplement dans des Ré

dition pra

taux.

ponfes Canoniques en ces termes. Les Peres ont dit dans le faint Concile (& ils entendent apparemment celui de Carthage inféré dans leurs Collections) que fi un enfant ne reçoit pas le Baptême, il n'eft pas délivré de l'ancienne malédiction. Le Prophete David ayant dit: J'ai été conçu dans l'iniquité, & ma mere m'a enfanté dans le péché, a prouvé en même temps, que perfonne n'étoit délivré du premier péché d'Adam jusqu'à ce qu'il fut defcendu dans la fontaine du Baptême; ce que le Patriarche Cyrille dit pareillement.

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Baptême Une preuve certaine qui confirme ce qui a été rapporté des fentiments fous con- des Orientaux fur la néceffité abfolue du Baptême, eft qu'ils le donnent tiqué par fous condition, lorfqu'il y a fujet de douter qu'il n'ait pas été reçu. C'est les Orien- la pratique ancienne de l'Eglife Grecque, fondée fur le foixante & quinzieIn Cod. Gr. me Canon du Concile de Carthage, qui ordonne que les enfants feront & in Arab. baptifés, lorfqu'on ne trouvera pas des témoins fürs qui prouvent qu'ils l'aient été, & qu'ils ne pourront répondre eux-mêmes à caufe de leur bas âge. Cette difcipline eft confirmée par le Canon quatre-vingt-quatrieme Jur.Orien. du Concile in Trullo, & par les Réponfes Synodales de Luc Patriarche 1.3. p.226. de Conftantinople, fous Manuel Comnene. Il y fut réfolu que les enfants des Chrétiens qui avoient été enlevés par les Scythes & les Agaréniens, & rachetés par les Grecs, devoient être baptifés, parce qu'on ne favoit pas s'ils l'avoient été dans leur enfance, qu'ils l'ignoroient eux-mêmes, & qu'il ne fe trouyoit point de témoins qui affuraffent le contraire: qu'à l'égard des enfants qui étoient enlevés de pays infideles, il les falloit baptifer fans aucune diftinction, à moins qu'il ne fe trouvât des témoignages qu'ils avoient été baptifés depuis leur enlévement.

Blaftar.
1. 8. p. 42.

Les Syriens, Melchites, Neftoriens ou Jacobites, les Cophtes, & généralement tous les Chrétiens Orientaux, ont dans leurs Collections cė Canon du Concile de Carthage, qui a pármi eux force de loi. En conféquence ils baptifent fous condition ceux du Baptême defquels, on n'a aucune certitude: & voici ce qui eft ordonné fur ce fujet dans le NomoAbulfarag. canon des Syriens Jacobites. S'il se trouve quelqu'un duquel on Nomoc. eft baptifé ou non, il faut que le Prêtre le baptife, paroles: difant core s'il Syr. MS. Un tel eft baptifé, s'il ne l'a pas déja été, au nom du Pere, & du Fils, ainfi deux enfants d'une femme Cette opi- qui les lui présenta, fans favoir lequel des deux avoit été baptifé, en disant, confirmée celui qui n'a pas été baptifé eft baptifé au nom du Pere, & du Fils,

nion eft

& du Saint Efprit., Car S. Cyrille baptic en

par les Of- du Saint Efprit.

fices pu-.

&

blics. On pourroit joindre plufieurs autres témoignages à ceux qui viennent

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