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Liv. II. les trois immerfions, & par conféquent après que l'enfant eft baptifé. Il CH. III eft donc défendu, felon les paroles qui ont été rapportées, de donner la Chrifmation & l'Euchariftie à celui qui meurt au milieu de la cérémonie du Baptême, laquelle n'étoit pas accomplie, felon l'idée commune de ceux qui ne diftinguoient pas ce qui étoit effentiel, de ce qui n'appartenoit pas au Sacrement, mais qui en étoit la perfection ou confommation; c'eft-à-dire, les deux Sacrements de Confirmation & de l'Euchariftie qu'on donnoit aux nouveaux baptifés. Ainfi par cette même Conftitution, il n'y avoit pas de doute fur le Baptême de l'enfant mort avant que d'avoir reçu la Confirmation & l'Euchariftie, puifqu'on prioit pour lui comme pour les autres fideles. Mais on regardoit comme une faute la négligence du Prêtre, ou de ceux qui avoient été caufes de la mort de l'enfant : & de ce qu'il n'avoit pas reçu la Confirmation & la fainte Euchariftie. Cette privation n'étoit pas regardée comme capable d'exclure les enfants de la vie éternelle, puifqu'on faifoit pour eux les prieres ordinaires, ainfi que pour les autres fideles ; c'est-à-dire, qu'ils étoient regardés comme étant morts dans la communion de l'Eglife. Mais les laiffer mourir privés de la grace que produifent les deux Sacrements, qu'ils ne pouvoient recevoir par la faute d'autrui, paroiffoit un péché qui méritoit une rude pénitence.

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Ainfi ce premier article de difcipline n'a rien qui favorife l'accufation de Thomas à Jefu & de Wanflebe contre les Cophtes: l'autre ne peut être excufé de fuperftition, ou au moins d'avoir donné lieu à en introduire 'une contraire à l'ancienne difcipline, & à celle de l'Eglife Cophte. Car quiconque foit l'Auteur des décifions qui ont été rapportées, il ne peut avoir trouvé aucun Canon qui permette de faire l'onction de l'huile des Catéchumenes fur un enfant mort. 11 eft encore directement contraire à la difcipline de tous les temps & de tous les pays de faire les prieres Eccléfiaftiques, & d'offrir le Sacrifice pour ceux qui font morts fans Baptême, puifqu'on ne l'offroit pas pour les Catéchumenes, au rang defquels il fembloit qu'on les vouloit mettre par cette premiere onction. Il femble donc que cette nouvelle pratique a été mife en ufage fans aucune autorité des Patriarches pour la confolation des parents, en leur faifant efpérer que leurs prieres, leurs jeûnes & d'autres bonnes œuvres pourroient contribuer au falut de ces enfants. Si cet abus s'eft introduit de telle maniere qu'il foit auffi commun que l'affure Wanflebe, il ne faut pas s'en étonner, puifque l'ignorance & la barbarie en ont produit bien d'autres. Mais il ne faut pas le regarder comme un point de difcipline de P'Eglife Cophte, puisqu'il n'y est pas moins contraire qu'à celle des Eglifes Grecque & Latine. Enfin au milieu de cette fuperftition, il est

facile de voir qu'elle n'eft fondée que fur l'opinion de la néceflité du Liv, II, Baptême, puifque jamais les Calviniftes ne fe font mis en peine de fup- CH. IV. pléer à ce défaut.

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De la matiere du Baptême felon les Grecs & les Orientaux.

C'Eft

le matiere du Baptê

'Eft une vérité fi connue, que la matiere du Baptême eft de l'eau L'eau feunaturelle, qu'à l'exception de quelques anciens hérétiques qui avoient innové fur cet article, tous les Chrétiens en font demeurés d'accord. me. C'est ce que marquent tous les Auteurs eccléfiaftiques, & dans les derniers temps Siméon de Theffalonique, le Patriarche Jérémie, Gabriel de Philadelphie, & ce qu'explique en détail Grégoire Protofyncelle. La matiere du Sacrement de Baptême, dit-il, eft Peau naturelle & fimple, qui ne doit être mêlée avec aucune autre eau artificielle, ni avec aucun aromate, felon que Jefus Chrift Notre Seigneur la ordonné, en difant: Si quelqu'un n'est pas régénéré de l'eau & de l'Esprit, il n'entrera pas dans le Royaume des cieux (a). Il cite enfuite plufieurs paffages de l'Ecriture Sainte, où il eft fait mention de l'eau du Baptême, & il rend outre cela diverfes raifons pourquoi d'autres liqueurs, comme le vin, l'huile, le lait, ne répondent pas à l'intention de Jefus Christ, & ne fignifient pas l'effet intérieur du Sacrement, qui eft de laver l'ame de la fouillure du péché, comme l'eau lave les ordures du corps.

les Calvi

Syrigus non feulement établit, fuivant la doctrine de tous les autres. Syrigus Théologiens, que l'eau eft la matiere néceffaire du Baptême, mais il attaque reproche fortement aux Calvinistes qu'ils détruifent ce Sacrement en plu- niftes fur fieurs manieres, entr'autres en ce qu'ils difent que l'eau n'eft pas nécef- cet article. faire, & qu'à fon défaut on peut fe fervir de vin, de lait, de miel & de toute autre matiere liquide (b). C'est une découverte qu'on doit à Beze, Ep. 2. ad & qui eft une conféquence auffi conforme aux principes des Calvinistes qu'elle eft contraire à la pratique & à la doctrine de toute l'Eglife Orientale & Occidentale: quoique pareille précaution foit fort inutile parmi ceux qui ne croient pas la néceffité abfolue du Baptême.

(α) Η ύλη τάτα τοῦ μυςηρία τοῦ βαπτίσματος εἶναι τὸ φυσικὸν καὶ καθάριον νερὸν, τὸ ὁποῖον πρέπει νὰ μὴν εἶναι ανακατωμένον μὲ κανένα ἄλλο τεχνικὸν νερὸν, ἢ μὲ μυριςικὰ καθὼς τὸ ἐπαρέδωκεν ὁ δεσπό της χειρὸς ὅταν ἔλεγεν εἴτις μὴ γεννηθῇ ἐξ ὕδατος καὶ πνεύματος & μὴ εἰσέλθη εἰς τὴν βασιλέιαν τῶν ἄρα

av. p. 89.

(δ) Καὶ τὸ ὕδωρ μὴ εἶναι ἀνάγκαιον ἐξεῖναι γὰρ καὶ οἴνῳ, καὶ γάλακτι ἢ μέλιτι χρῆσθαι αντὶ ὕδατα Tes xxì wártı vyę. Syrig. ad cap. 16. Cyr.

Thom.

Voff. de Bap. Difp. 1. Thef. 5. P. 30.

avec le feu.

LIV. II. Toutes les Eglifes conviennent donc que la matiere effentielle du BapCH. IV. tême eft l'eau naturelle, & il ne fe trouve aucune variété sur ce sujet. Que les Cependant quelques Auteurs ont écrit que les Jacobites, & particuliéreCophtes ment les Cophtes, marquoient les enfants avec un fer chaud, & ne baptique cela fent point leur tenoit lieu de Baptême. On ne s'étonnera pas que Bernard de Luxembourg & d'autres, qui vivoient dans les temps d'ignorance, aient écrit de pareilles abfurdités, ni que Thomas à Jefu les ait copiées ; mais il eft furprenant que Jean Eronite & Gabriel Sionite aient écrit que les De Morib. Cophtes voyant qu'il eft dit dans l'Evangile, il vous baptisera dans le Saint Orient. ad Esprit & par le feu, croyoient que l'eau élémentaire ne fuffifoit pas, & fin. Geogr. Nub, que par cette raifon ils marquoient fur le front, fur les joues ou fur les tempes des enfants, le figne de la croix avec un fer chaud. Comme on trouve la même chofe en d'autres Auteurs qui les ont copiés, il est bon de dire ce qu'il y a de véritable fur ce sujet.

Origine de cette opinion.

Rien n'eft plus ordinaire parmi les Chrétiens Orientaux, que d'avoir fur les bras, ou en quelque autre partie du corps, le figne de la croix marqué avec un fer chaud, & fouvent d'une maniere particuliere, qui fe pratique encore tous les jours à l'égard de ceux qui font le pélerinage de la Terre fainte, quoique Latins. Ils ont pris cette coutume des Orientaux, qui par ce moyen confervoient un témoignage qu'ils portoient avec eux de cette œuvre de piété, également eftimée en Orient & en Occident, L'origine, autant qu'on peut en juger, vient de ce que les Mahometans, particuliérement depuis les guerres d'outremer, ont fouvent obligé les Chrétiens à porter des marques extérieures de leur Religion, ce qui a été ordonné par de bons & par de mauvais Princes. Les premiers le faifoient afin que les Chrétiens étant connus par des marques extérieures, ne fuffent pas exposés aux infultes des Mahométans; & les Evêques n'en étoient pas fâchés, parce que cette diftin&tion empêchoit le trop libre commerce des Chrétiens avec les Infideles, qui ne fervoit fouvent qu'à faire des Renégats. Ces marques étoient une croix qu'on portoit au col ou fur fes habits: la forme & la couleur finguliere des bonnets & des veftes, outre quelques autres femblables. Elles varierent felon la fantaisie des Princes, Hift Egyp. fur-tout en Egypte, où depuis l'an IIOI. Amer Calife Fatimide, homme fuperftitieux jufqu'à la folie, & mauvais Mahométan, ne laiffa pas de perfécuter les Chrétiens à cette occafion, les obligeant de porter des croix Sév. Trai- d'une pefanteur extraordinaire. La marque de diftinction qui a moins té des pra- varié a été la ceinture portée par deffus la vefte extérieure, & même elle tiques des devint une pratique de piété. Sévere Evêque d'Afchmonin, qui vivoit dans le neuvieme fiecle, en a expliqué les fignifications mystiques dans fon Rit. MSS. Traité de la Pâque, & dans celui des Exercices des Chrétiens. On ajouta

Tom. 3.

Chrét.

MS. Arab.

Arab.

enfuite des prieres pour donner la ceinture, parce qu'elle paffa pour une Liv. II. marque certaine de la profeffion du Chriftianifme. CH. IV.

tiens ont

leurs en

Cependant quoique l'Hiftoire Mahométane fournisse un très-grand nom- Pourquoi bre d'exemples de ce que les Califes, les Sultans & les Vizirs ont les Chréordonné à l'égard des Chrétiens, pour les obliger à porter des marques fouvent qui les diftinguaffent, on ne trouve pas qu'on les ait jamais contraints à marqué fe marquer d'un fer chaud. Cette marque a donc une autre origine, & fants. c'eft apparemment celle-ci. Les Chrétiens étoient expofés à toute forte de vexations, dont celle qui les touchoit davantage étoit l'enlèvement de leurs enfants, tyrannie qu'ils fouffrent encore en Turquie, pour les élever malgré eux dans la Religion Mahométane. Un moyen für de les déliver de ce péril, étoit de les marquer dès l'enfance d'une maniere qui empê chât les Infideles de les enlever, & le figne de la croix qu'on leur imprimoit en quelque endroit du front ou ailleurs, étoit la plus certaine. C'est ce qui peut avoir introduit cet ufage, principalement en Egypte, où il y avoit plus à fouffrir pour les Chrétiens que dans les autres pays. Car un Sultan, ou un Seigneur Mahométan, n'auroit pas voulu avoir devant les yeux un efclave qui eût porté fur fon front le figne de notre falut.

que de Re

Telle eft, autant que nous en pouvons juger, l'origine de cette coutume Ce qui n'a de marquer les enfants avec un fer chaud; mais nous n'avons pas trouvé pas été regardé jusqu'à present le moindre veftige de Religion, ou même d'abus & de comme fuperftition, qui pût donner lieu de croire que les Cophtes pratiquaffent une praticela comme une cérémonie qui fit partie du Sacrement de Baptême, ou ligion. qui y eût aucun rapport. Il y a des prieres dans leurs Rituels pour donner la ceinture: il y en a pour des actions de piété moindres que celle-là, & même pour d'autres entiérement indifférentes, telles que plufieurs qui font confervées dans les anciens Sacramentels; car les premiers Chrétiens V. Bened. avoient cette religieufe pratique, d'employer les bénédictions & les actions poft Sacr. Eucholog, de graces en toute occafion, afin de ne fe fervir de ce que Dieu nous Gr. a donné pour la confervation de notre vie, qu'après avoir reconnu que nous le tenons de fa bonté, & après lui avoir demandé la grace d'en faire un bon ufage. Nous ne trouvons ici rien de semblable, & nous n'avons jamais vu aucun Canon ni Office du Baptême, dans lequel il fût fait la moindre mention de cette pratique. Grégoire Abulfarage dans fon Abrégé Nos an de la Foi explique plufieurs fortes de Baptême, & il ne parle point de celui ciens Audu feu, finon pour lui donner un fens myftique.

MS. Arab.

teurs fe font trom

Ce n'eft donc pas aux Orientaux qu'il faut attribuer une faute auffi pés fur ce groffiere, quoiqu'elle ait été appuyée fur le témoignage de deux Maro- fujet & fur plufieurs. nites favants: c'eft à nos anciens Auteurs defquels ils l'avoient prife. Car autres..

Liv. II. on la trouve rapportée par Jacques de Vitry: (c) Plufieurs d'eux avant le CH. IV. Baptême marquent leurs enfants avec un fer chaud, leur imprimant une marque fur le front, on fur les deux joues, ou aux tempes en forme de croix, croyant qu'ils font expiés par ce feu matériel, à cause qu'il eft dit de Jefus Chrift dans l'Evangile de S. Matthieu; il vous baptifera par le Saint Esprit

pline.

par le feu. Il compte cette erreur au nombre de celle des Jacobites,
en quoi il a été fuivi par quelques contemporains, qui ne doivent avoir
aucune autorité fur ces fortes de matieres; puifque la plus grande partie
de ce qu'ils ont écrit fur les opinions des Chrétiens Orientaux fe trouve
entiérement faux.

Et cela par Ils remarquoient avec étonnement, dans un temps auquel la difcipline
ignorance
de la difci- ancienne étoit inconnue, que dans. l'Orient on ne baptifoit pas d'abord
les enfants, & qu'on attendoit autant qu'il étoit néceffaire afin que les
meres puffent elles-mêmes les offrir à Dieu en les présentant au Sacrement.
Mais ils ne favoient pas que felon cette même discipline en cas de péril,
on ne devoit pas différer un moment à l'adminiftrer. Ils voyoient que
dans cette preffante néceffité, le Prêtre commençoit par la premiere
onction des Catéchumenes; cela leur faifoit croire que les Orientaux la
croyoient capable de fuppléer le Baptême, & cela trompa Wanflebe, qui
étoit un très-médiocre Théologien. Il étoit affez ordinaire de les entendre
déclamer contre les Latins, fur ce que les Laïques parmi eux donnoient
le Baptême, & fouvent les femmes. Cela donnoit lieu à nos Latins de
fuppofer qu'ils ne croyoient pas qu'un Laïque ou une femme le puffent
validement adminiftrer. De cette maniere on a multiplié les erreurs de
part & d'autre, faute de s'entendre, & fur-tout faute de connoître la dif-
cipline ancienne: car fi nos Auteurs accufent à tort les Orientaux en
plufieurs points, ceux-ci ne font guere plus équitables à l'égard des
Latins, comme on peut voir par ce que leur imputent Pierre Evêque
de Melicha Jacobite Egyptien, Paul de Sidon Melchite, Ebnaffal & quel-
ques autres.

Les Orien

taux n'ont

aucune er

Pour conclufion, tous les Chrétiens d'Orient n'ont aucune erreur touchant la matiere du Baptême, croyant que c'est l'eau naturelle. Ils la reur fur la bénissent avec des exorcifmes, des prieres & des cérémonies femblables matiere ni à celles des Grecs & des Latins, comme plufieurs Offices que nous avons en font foi. Et comme ils confervent autant qu'il eft poffible dans leurs cérémonies

fur les

princi. paux rites du Baptê

me.

(c) Plures eorum ante Baptifmum parvulos fuos cum ferro calido adurentes & fignantes in frontibus imprimunt cauterium. Alii autem in modum crucis in ambabus genis feu temporibus, infantes fuos confignant, perverfè putantes eos per ignem materialem expiari, eo quod in Evangelio B. Matthæi fcriptum fit quod B. Joannes Baptifta de Chrifto dixerit: Ipfe vos baptifabit in Spiritu Sancto & igne. Hift. Hierofolym. c. 75.

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