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cérémonies tout ce qui peut renouveller la mémoire de l'inftitution de Liv. II. nos Mysteres, ils appellent ordinairement Jordanon, le Jourdain, les CH. IV. Fonts baptifmaux, comme ailleurs ils appellent le pain eucharistique l'Agneau, & ainfi du refte.

testants en

Les Proteftants conviennent que ces cérémonies ne font pas inventées Les Prod'hier ni d'aujourd'hui, mais que comme elles n'ont aucun fondement reconnoif dans l'Ecriture, elles ne font pas de l'effence du Baptême (d): & ils avouent fent l'antien même temps que S. Bafile en fait mention, auquel ils auroient dû quité. ajouter prefque tout ce qui nous refte d'Auteurs contemporains ou plus anciens, pour ne pas parler des modernes. Ils disent enfin, que comme l'Eglife a pouvoir d'établir des cérémonies s'il eft befoin, elle a la même autorité pour les abroger lorfqu'on en fait abus. Voilà comme parlent les Calviniftes modérés. Mais Calvin, qui ne gardoit pas les mêmes mefures, ne fait pas de difficulté d'en attribuer l'origine au Diable, & de la placer dès les commencements de l'Evangile (e). Il n'eft pas difficile de reconnoître la fauffeté de ce fyftême impie, qui n'eft établi que fur ce faux principe, rejeté également par les Grecs & par tous les Orientaux, auffi-bien que par les Catholiques, que ce qui ne fe trouve pas précisément marqué dans l'Ecriture doit être regardé comme un abus contraire à la parole de Dieu. Les Orientaux confervent toutes ces cérémonies comme des traditions Apoftoliques, fans croire pour cela qu'elles foient de l'effence du Baptême; puifque lorfqu'ils baptifent un enfant qui eft en péril de mort, ils les omettent fans fcrupule, & même ils ne les fuppléent pas dans la fuite, s'il revient en fanté.

Orient.

P. 340.

C'est la pratique de l'Eglife Grecque, qui fe trouve marquée dans une Réponse d'Elie Métropolitain de Crete, à un Religieux nommé Denys, qui eft dans le Droit Oriental. Un enfant, dites-vous, étant malade, & L. 5. Jur, prêt à mourir, a été présenté à un Prêtre pour être régénéré par le faint Baptéme. Celui-ci voyant qu'il n'avoit qu'un fouffle de vie, & craignant qu'il ne mourut avant qu'on eut récité les prieres les exorcifmes fans. recevoir la régénération du faint Baptême, retranchant les prieres & les, exorcifmes qui précedent le Sacrement, l'accomplit par les trois immersions, & par autant d'invocations du Pere, du Fils & du Saint Esprit. L'enfant guérit: le Prêtre vient pour achever les prieres & les exorcifmes qu'il avoit

(d) Qui ritus etfi inventi non funt xis xai xv tamen in Scripturis fundamentum habent nullum, eoque nec funt de Baptifmi ría... Nec cærimoniæ hujus antiquitas præfcribere temporibus noftris poteft, quia ut inftituendi alicujus ritus, fi unus exigat, ita ejus abrogandi, fi abufus requirat, Ecclefia habet poteftatem. Voff. loco cit. p. 28. 29.

(e) Cum autem videret Satan ftulta mundi credulitate abfque negotio ferè inter ipfa Evangelii exordia receptas effe fuas impofturas, ad craffiora ludibria prorupit: hinc fputum & fimiles nuga palam in Baptifmi probrum effræni licentia invectæ. Inftit. l. 4. c. 15. §. 19. Perpétuité de la Foi. Tome V. N

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LIV. II. omis. Vous demandez fi cela eft permis on non. Je crois qu'après qu'on CH. IV. a donné le Baptême, on ne doit pas dire ces prieres qui le précedent fur celui qui l'a reçu par l'immersion vénérable, & par l'invocation des trois Perfonnes, en quoi confifte la perfection du Baptême. Car on ne trouve pas que cela ait été ordonné par aucun des faints Canons: & le quarante feptieme de Laodicée, parlant de ceux qui ont été baptifés dans une maladie périlleuse, ne dit pas qu'on doive rien faire de femblable, bénir ou exorcifer après le Baptême, mais feulement apprendre la foi, &c.

Ils bapti.

fent par immerfion.

Nous ne trouvons rien de marqué précisément fur ce fujet dans les Rituels Orientaux.

La maniere de faire l'ufage de l'eau, felon l'inftitution de Jesus Christ, eft ce qu'il faut enfuite examiner. Baptifer, felon l'ufage de la langue chaldaïque ou fyriaque, aufli-bien que de la grecque, fignifie plonger, & felon ce fens-là, l'ancienne difcipline de l'Eglife a été de plonger dans l'eau ceux auxquels on adminiftroit le Baptême; ce que les Grecs & tous les Orientaux pratiquent encore, auffi-bien que les trois immersions. Ils font Can. so. fondés fur les Canons des Apôtres qui font dans toutes leurs Collections; & comme il a été dit ailleurs, cette autorité eft d'autant plus grande parmi eux, qu'ils croient que les Apôtres les ont eux-mêmes fait mettre par écrit. Cette difcipline eft établie par tous les Offices baptifmaux, & par tous les Théologiens & Canoniftes Melchites, Neftoriens & Jacobites.

Les Grecs accufent

Les Grecs font un grand crime aux Latins, de ce que non feulement les Latins il n'y a point d'immerfion dans leur Baptême, mais de ce qu'il n'y en a qui ne la pas trois : & le Patriarche Jérémie leur fait le même reproche (f), ce que prati- font auffi plufieurs Grecs, qu'il eft inutile de citer, puifque les Proteftants quent pas. n'ont pas fur cela d'autre pratique que la nôtre. On trouve quelques

Orientaux qui accufent les Latins fur le même motif. Il ne s'eft pas néanmoins encore trouvé de Grecs, ni d'Orientaux affez hardis, pour déclarer nul le Baptême donné par infufion. Au contraire Ebnaffal dit expreffément, que fi on ne trouve pas affez d'eau pour y plonger celui qu'on baptife, & qu'on n'en ait qu'autant qu'il en pourroit tenir trois fois dans le creux de la main, il faut la lui verfer fur la tête au nom de la Ebnaff. Sainte Trinité. Echmimi, autre Canoniste Egyptien, dit la même chose, qui eft confirmée par Grégoire Abulfarage dans fon Abrégé de Canons, Echmimi fur l'autorité de Jacques d'Edeffe, dont voici les paroles. Si un enfant qui c.5. fect.8. eft préfenté au Baptême eft en péril de mort, & qu'il n'y ait point de riviere, de réfervoir d'eau, ni de Fonts baptifmaux, mais feulement de l'eau dans un vase, le Prêtre la verfera fur la tête de l'enfant, en disant un tel eft baptifé, &c.

Coll. Can.

1. 1. c. 3.

Nomocan.

Abulf.

(*) Οἱ δὲ Λατῖνοι ὦ καλῶς ποιῶντες ἐν μια καταδύσει βαπτίζεσι. Hier. Refp. 1. p. 63.

Liv. II.

CH. V.

LES

CHAPITRE V.

De la forme du Baptême.

le eft felon

Orient.

Es Grecs & tous les Orientaux, fi on excepte les Cophtes, ont la Quelle elméme forme de paroles pour adminiftrer le Baptême, & ils difent Barriera les Grecs i diiva, un tel est baptifé au nom du Pere & du Fils & du Saint Esprit. Il & les eft étonnant qu'il fe trouve encore des Théologiens qui croient qu'ils difent Baptifetur, qu'un tel foit baptifé, & que Voffius ait suivi cette même De Bapt. Difp. 2. erreur, qui fe découvre en ouvrant les Offices grecs du Baptême imprimés Thef. 5. dans les Euchologes. Il ne l'eft pas moins que nos anciens Scholaftiques, dans le temps que les Latins étoient maîtres de Conftantinople, & répandus dans toute la Grece, n'aient pas eu le foin de s'informer d'un fait aussi aifé à vérifier, & que plufieurs au contraire aient perdu beaucoup de temps & de paroles, pour examiner fi le Baptême adminiftré avec cette formule déprécative ou impérative, étoit valide. Arcudius qui les reprend avec raison, dit, que le Concile de Florence dans la Bulle pour les Arméniens parle avec diftinction, & approuve l'une & l'autre forme (a). Car dans divers Manufcrits, au lieu de baptifetur, on lit baptifatur, & il n'y a pas d'apparence qu'on ait inféré dans ce Décret une fauffeté auffi manifefte que celle-là, dans un temps où on en avoit pu être éclairci par un long commerce avec les Grecs. De plus, il eft à remarquer pour cet endroit & pour plufieurs autres, qu'Arcudius cite mal-à-propos contre les Grecs ce Décret pour les Arméniens, qui ne fut fait qu'après la clôture du Concile, & après le départ des Grecs qui n'en ont jamais eu aucune connoiffance. Or perfonne n'a douté de la validité du Sacrement célébré de cette maniere, fuivant laquelle les Grecs vivants dans les lieux foumis aux Latins, & dans l'union avec le Saint Siege, ont toujours baptifé avec l'approbation des Papes. Ainfi ce feroit abufer de fon temps, & de la patience des lecteurs, que de prouver la validité de cette forme, ou de répondre aux objections de ceux qui l'ont attaquée; puifqu'elles ne font fondées que fur des raifonnements plus philofophiques que théologiques, qui attaquent autant l'ancienne discipline de toute l'Eglife, que celle des Grecs & des Orientaux.

Le Rite Jacobite de Sévere d'Antioche eft conforme au Grec; car le Si l'inter Prêtre dit, un tel eft baptifé au nom du Pere, Amen; du Fils, Amen; & du

jection d'Amen

nuit à la

(a) Quo circa Concilium Florentinum in Bulla Armeniorum fub diftinctione loquitur, & forme. utramque commemorat & approbat formam. Arcud. L. 1. c. 8.

Liv. II. Saint Esprit, Amen. Cette forme eft rapportée par Jacques d'Edesse, mais
CH. V. fans Amen entre chaque immerfion. Dans un autre. Je baptife un tel,
Off. Bapt. agneau du troupeau de Jefus Chrift, au nom du Pere & du Fils & du
Syr. MSS.
Saint Esprit, pour la vie éternelle. Elle fe trouve auffi dans un Office
Syrien attribué à S. Bafile pour le Baptême des enfants moribonds. Les
Neftoriens difent fimplement un tel eft baptifé, au nom du Pere, &c.

P. 365.

Comme il fe trouve quelques Auteurs qui ont accufé les Grecs de ce que dans les Euchologes imprimés on trouve Amen ajouté entre le nom de chacune des trois perfonnes de la Trinité, on peut faire le même reproche aux Orientaux, à caufe que quelques-uns ont cette addition: que confme l'a remarqué le Pere Goar, elle ne fe trouve pas dans les anciens Manufcrits, & que les Auteurs Grecs n'en font pas de mention. On peut Eucholog, auffi critiquer ces autres termes, d'agnean dans le troupeau de Jefus Chrift, & ces termes pour la vie éternelle, &c. Ce qu'on peut dire pour répondre à cette objection, c'est qu'il ne paroît pas que les Grecs aient eu aucune opinion erronée fur la Trinité, par rapport à quoi ils euffent pu penser à altérer la forme du Baptême: que comme ils font les trois immerfions entre lefquelles il y a quelque intervalle, on peut avoir cependant dit Amen; d'autant plus qu'il n'y a aucune rubrique qui marque que le Prêtre le dife, mais que ce font les affiftants ou le parrain. Enfin parce que l'effentiel de la forme confifte dans la confeffion & l'invocation distincte Marten. des trois perfonnes de la Sainte Trinité, il ne femble pas que certaines de Antiq. Eccl. Rit. paroles ajoutées, aient jamais paru altérer cette forme. Dans l'ancien Office Gothique Gallican. Baptifo te N. in nomine Patris, &c. in remif fionem peccatorum ut habeas vitam æternam. Dans le Gallican. Baptifo te credentem in nomine Patris, &c. ut habeas vitam æternam in facula fæculorum. Dans un autre, Baptifo te in nomine Patris, &c. unam habentem fubftantiam, ut habeas vitam æternam, partem ad fanctos. Perfonne n'a attaqué ces formes de baptifer, & l'Antiquité les met à couvert de toute cenfure: on ne peut donc avec raifon attaquer fous le même prétexte celles qui fe trouvent à-peu-près femblables dans les Rituels Orientaux.

P. 166.

Celle des On auroit peine à citer d'autre Auteur que Siméon de Theffalonique, Latins atqui attaque la forme du Baptême des Latins, comme une nouveauté contaquée par Siméon de traire à l'intention de l'Eglife. Voici les paroles de Siméon. L'Evêque (b) Theffalo- dit, un tel eft baptifé, & non pas je baptife, comme difent les Latins, innovant nique. encore en ce point, pour témoigner l'action volontaire de celui qui reçoit le

(1) Βαπτίζεται δὲ Φησι καὶ ἐ βαπτίζω ἐγώ, ὡς οἱ Λατῖνοι καν τέτῳ καινοτομῦντες τὸ ἐκέσιον τοῦ βαπλιζεμένε μαρτυρῶν ὁ ἀρχιερεὺς. Τὸ γὰρ βαπτίζω ἐγώ, ἐκ ἐμφαίνει τὸ ἐκεσίως βαπτίζεθαι τὸν φωτι ζόμενον. Ενδεχόμενον γὰρ καὶ κατὰ δυναςείαν τινα καὶ παρὰ γνώμην, καὶ αὐτὸν βαπλίζειν ἀφ' ἑαυτῶ τὸν βαπλίζοντα μόνον. Τὰ δὲ βαπλίζεται καὶ τὸ ἐκεσίως σημαίνει. Sym. Thef. c. 64. γ. 83.

Baptême. Car je baptife ne fignifie pas que celui qui reçoit le Baptême le Liv. II. reçoit volontairement, puifqu'il fe peut faire que par autorité & contre fon CH. V. intention, quelqu'un reçoive ainfi le Baptême de celui qui le confere. Mais Barrilera, il eft baptifé, fignifie que cela fe fait volontairement.

On fait que ce Grec avoit une telle animofité contre les Latins, qu'en toute occafion il cherche à les attaquer fans raifon; & celle qu'il allegue eft fi frivole, qu'elle ne mérite pas qu'on la réfute; puifqu'on peut baptifer par force, auffi - bien avec la forme grecque qu'avec la latine, & que le confentement de celui qui reçoit le Baptême, n'eft déclaré par l'une ni par l'autre forme, mais par la confeffion de foi, & par les réponfes qu'il fait, foit par lui-même, fi c'eft un adulte, foit par fes parrains, fi c'est un enfant. Cependant Gabriel de Philadelphie a copié ces mêmes paroles, & entre dans les fentiments de Siméon de Theffalonique. On ne trouve pas néanmoins que ces Grecs, & encore moins de plus anciens, aient par cette raifon cru que le Baptême des Latins étoit nul, comme Arcudius semble le croire, à caufe que quelquefois les Grecs les ont re- L. 1. c.8. baptifés. Quand cela s'eft fait, ce n'a jamais été par aucune décifion de l'Eglife Grecque fchifmatique, qui croyant les Latins hérétiques, les reçoit en leur donnant l'Onction, ainfi que l'ancienne Eglife ordonnoit à l'égard de ceux dont le Baptême étoit valide, & qu'elle ne rebaptifoit pas.

une forme

Latins, re

Les Cophtes qui n'ont rien pris des Latins, ont la forme exprimée à Les Cophla premiere perfonne, & ils difent, je te baptife N. au non du Pere, &c. tes ont & ce qui leur eft particulier, au lieu que les Grecs & les Syriens ne difent femblable qu'à la premiere immerfion, un tel cft baptifé, les Cophtes difent à cha- à celle des cune, je te baptife au nom du Pere; je te baptife au nom du Fils; je te prise malbaptife au nom du Saint Esprit, ajoutant Amen à chaque fois. Quelques à-propos. Rit. Copt. Modernes ont cru que cette forme avoit rapport à l'ancienne héréfie des Arab. MS. Tritheïtes, qui eft une fubtilité trop rafinée, & inconnue à tous ceux qui ont écrit contre les Cophtes. Cette héréfie n'a presque pas été connue, finon à caufe de fon Auteur Jean le Grammairien, comme les Arabes l'appellent, & que les Grecs appellent Philoponus. Il étoit véritablement engagé dans la fecte des Sévériens ou Acéphales, que les Orientaux renferment fous le nom général de Jacobites, & il écrivit contre le Concile Phot.Bibl. Cod. 55. de Calcédoine un Traité dont Photius a donné quelques extraits. Mais il Hift. Dyn. fut chaffé de leur Eglife à caufe de fes autres erreurs, comme témoigne p. 114. Abulfarage qui étoit de la même communion, & jamais les Jacobites ne parlent de lui que comme d'un hérétique. On ne doit donc pas attribuer à une Eglife les héréfies d'un particulier qu'elle a excommunié, encore moins le faire fans aucune preuve, & même contre la certitude entiere que nous avons d'ailleurs, que les Jacobites n'ont aucune erreur fur la

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