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Raifons

dont les

taquent la

éloignés de ceux que pratique l'Eglife Grecque, que de ceux qu'ils ont abolis en fe féparant de l'Eglife Romaine; & les Grecs ont condamné généralement dans la Confeffion d'Augsbourg, & dans celle de Geneve copiée par Cyrille Lucar, la doctrine & la discipline établies par la Réforme.

La feconde raifon n'eft pas moins foible, puifque Nil & d'autres la foibles fondent fur ce que la Primauté du Pape étoit attachée à la ville de Rome Grecs at comme capitale de l'Empire, & que depuis qu'il fut transféré à ConstanPrimauté tinople, ce privilege avoit ceffé. Or on ne croit pas qu'il y ait des Produ Pape. teftants affez mal- habiles pour approuver de pareilles imaginations, furtout dans leurs principes, ou pour entreprendre de prouver que les Patriarches de Conftantinople ont plus de droit pour foutenir leur titre ambitieux de Patriarches Ecuméniques, que le Pape n'en a pour maintenir fa Primauté. On ne peut pas non plus nier, qu'ils n'aient ufurpé une autorité qui ne leur appartenoit point fur les Patriarches d'Alexandrie & d'Antioche, qui même est beaucoup plus grande préfentement qu'elle n'étoit fous les Empereurs Chrétiens. Les Patriarches de Conftantinople ont aboli tous les Rites qui n'étoient pas conformes à ceux de leur Eglife, ils ont violé les Canons en mille manieres: & la fimonie, les intrufions, les difpenfes énormes & une infinité d'autres abus, font affez voir que les Grecs n'ont rien à reprocher aux Latins fur l'abus de la Puiffance Eccléfiaftique. Cependant il eft à remarquer que le titre odieux de Patriarche Ecuménique n'a pas choqué les Luthériens, puifqu'ils l'ont donné à Jérémie, non plus que les Calviniftes, qui l'ont pareillement donné à Cyrille Lucar. Ni Gerlach, ni Leger, ni ce M. Bafire qui s'imaginoit avoir reçu l'impofition des mains de Parthenius, ni M. Smith n'ont pas refufé à ces Patriarches le titre de Sainteté, & même quelque chofe de plus, car on leur donne celui de пavayións très - grande Sainteté, qui eft fort au deffus de celui dont nous nous fervons en parlant du Pape. Comment donc les Proteftants, qui ont renoncé à fa Communion fous prétexte qu'il avoit ufurpé un pareil pouvoir, ont-ils pu rechercher la Communion & l'approbation des Patriarches de Conftantinople, qui fe l'attribuent fur une feule raison, qui est fauffe à l'égard des Proteftants, puisqu'ils reçoivent la doctrine de la Proceffion du Saint Esprit & l'addition au Symbole, pour lesquelles les Grecs prétendent que le Pape eft déchu de tous les privileges attachés au premier Siege Epifcopal de l'Eglife.

Puifque les Proteftants ont

Il ne faut pas que les Proteftants fe défendent fur ce reproche, qui leur fut fait par Socolovius, lorsqu'il publia la traduction du premier confulté Ecrit de Jérémie: & ce que l'Auteur de la Préface des Actes des Théolo

ils de

cles con

Orient.

giens de Wittemberg lui répondit eft un tiffu d'injures groffieres, qui ne les Grecs, valent pas une bonne raison. On ne peut pas douter qu'ils n'euffent voient les envoyé la Confeffion d'Augsbourg traduite en grec dans l'efpérance de croire fur la faire approuver par ce Patriarche : quoiqu'ils ne puffent ignorer qu'elle les artiavoit déja été mife en grec & envoyée à ce deffein fans aucun fuccès. troverfés. En cela ils ne méritoient aucun blâme, puisqu'il a toujours été permis Centur. de confulter les Eglifes fur les matieres de Religion. S'ils avoient voula écouter Jérémie fur les points pour lefquels ils fe font féparés de nous, c'eût été un grand pas pour la réunion: mais il femble qu'ils cherchoient à l'attirer dans leurs opinions, plutôt qu'à profiter de fes lumieres. S'ils ne fe mettoient pas en peine de ce que croyoit l'Eglife Grecque, il étoit inutile de la confulter. Mais on ne fera jamais croire à perfonne que fi les Réponses de Jérémie euffent été auffi conformes à la Confeffion d'Augsbourg que fut celle de Cyrille à la Confeffion de Geneve, ils n'euffent pas tâché d'en tirer les mêmes avantages. Sans cette difpofition on n'auroit pas fait imprimer en Allemagne une Confeffion de foi vraie ou fuppofée de Métrophane Critopule, qui femble favorifer le Luthéranisme, ni le Traité de Chriftophle Angelus en Angleterre, quoique très - imparfait, puisqu'il a paffé fous filence divers points effentiels de peur de choquer les Anglois. A quoi bon de faire imprimer des Traités contre la Primauté du Pape & contre la doctrine du Purgatoire, fi on avoit compté pour rien le témoignage des Grecs en matiere de Religion? M. Smith fe feroit-il donné autant de peine pour faire l'Apologie & l'Apothéose de Cyrille Lucar, ce qui convenoit mieux à un Presbytérien Suiffe comme Hottinger, qu'à un Prêtre de l'Eglife Anglicane? Enfin auroit-il ofé citer des vagabonds ignorants pour oppofer à des témoignages authentiques & inconteftables?

ce.

Il n'a pas paru non plus néceffaire d'examiner la créance des Grecs Matiere fur les matieres de la grace, parce que nous n'avons fur cela aucune dif- de la Grapute avec eux. Dès que Jérémie eut connoiffance des fentiments des Luthériens fur la Juftification, fur le Libre Arbitre & fur les autres points qui y ont rapport, & qui furent condamnés par le Concile de Trente, il les condamna, & les réfuta par fes deux premieres Réponses. La doctrine de Cyrille Lucar purement Calvinifte fut de même condamnée par les Synodes de Conftantinople de 1638, & de 1642, & enfuite par celui de Jerufalem en 1672. Syrigus l'avoit réfutée fort au long, & l'impreffion qui a été faite de fon ouvrage en langue vulgaire par les foins de Dofithée Patriarche de Jerufalem, eft une preuve incontestable de l'approbation de la doctrine qu'il contient. A l'égard des anciennes héréfies, les Grecs ont toujours condamné la doctrine des Pélagiens, ils

Biblioth. ont dans leurs Collections les Canons des Conciles d'Afrique contre ces Cod. 54. hérétiques, & Photius fait mention d'un abrégé des Synodes tenus en

Occident contre les Pélagiens & les Neftoriens. On reconnoît qu'il n'en. parle pas fur le fimple titre, mais qu'il favoit l'état de la queftion; puifqu'il marque entr'autres chofes que les Neftoriens avoient étendu juf qu'à Jefus Chrift homme les principes des Pélagiens, enfeignant qu'il avoit mérité l'union avec le Verbe par les feules forces de la nature, ce que S. Profper explique dans l'Epitaphe de ces deux héréfies. Nous avons dit ailleurs qu'on trouvoit des reftes de cette erreur dans les Neftoriens du moyen âge, & dans les Myftiques Mahométans, qui l'ont prise d'eux.

Les Grecs Photius dit ensuite qu'après la mort de S. Auguftin les Pélagiens comont apmencerent à attaquer fa mémoire par diverses calomnies, comme s'il avoit prouvé la doctrine introduit la deftruction du Libre Arbitre. Que le Pape S. Céleftin les arancienne réta, écrivant en faveur de cet homme divin & contre ceux qui renouvelde l'Eglife contre les loient l'héréfie. Puis il ajoute que comme elle commençoit à renaître Pélagiens. à Rome, Prosper, véritablement homme de Dieu, la combattit & la détruifit fous le Pontificat de S. Léon (a). Les Grecs avoient donc connoiffance de ces Ecrits du temps de Photius, & ils condamnoient comme hérétiques. ceux contre lefquels avoient combattu S. Auguftin & S. Profper. Quoique les Grecs aient eu divers ouvrages de S. Augustin traduits en leur langue, on ne voit pas qu'ils aient eu ceux qui regardoient la matiere de la Grace, parce qu'il n'y a eu fur ce fujet aucune difpute dans leur Eglife. Depuis long-temps ils fuivent ordinairement la doctrine de S. Jean Damascene, comme le marque Gennadius dans fes Traités fur la Prédestination & la Providence. 11 en avoit compofé quatre qui ont rapport les uns aux autres, & ils ne font pas tant des Traités Théologiques écrits avec méthode, que des réponses à des questions qui lui avoient été faites fur un paffage de S. Bafile. Le premier, le troifieme & le quatrieme n'ont pas été imprimés: le fecond fut publié en grec par David Hoefchelius en 1608, & inféré avec une traduction pleine de fautes dans une premiere édition de S. Bafile grecque & latine. Ensuite fur ces deux éditions le P. Charles Libertinus en donna une nouvelle à Breslau en 1681, avec une meilleure traduction, à laquelle il joignit des notes pour expliquer le fyftême de la doctrine des Grecs fur cette matiere. Mais comme il n'avoit

(α) Μετὰ μέντοιγε θανατὸν τοῦ ἐν ἁγίοις Αυγεςίνε ἤρξαντό τινες τῶν ἐν τῷ κλήρῳ τὸ μὲν δυοσεβὲς κρα σύνειν δόγμα, κακῶς τε λέγειν Αυγεςῖνον καὶ διασύρειν ὡς ἀναίρεσιν τοῦ αυτεξασία εἰσηγησάμενον. Αλλά καὶ Κελεσῖνος ὁ Ρώμης ὑπὲρ τότε θεία ἀνδρος, καὶ κατὰ τῶν ανακινόντων τὴν αἵρεσιν τοῖς ἐγχωρίοις γράφων ἐπισκόποις, τὴν κινεμένην πλάνην έφησεν.

Πρόσπερός τις άνθρωπος ὡς ἀληθῶς τοῦ θεά, λιβέλλας κατ' αὐτῶν ἐπιδεδωκὼς ἀφανεῖς αὐτῆς ἀπειργάσατο.

n'avoit pas vu les trois autres Traités qui ont une connexion néceffaire avec le fecond, il n'a pu connoître les véritables fentiments de Gennadius, & ils font affez conformes à la doctrine de l'Ecole de S. Thomas. Il marque qu'il ne faut pas fur cette question s'attacher à ce qui pourroit avoir été enseigné par quelque Ecrivain particulier; mais à ceux, dit-il, qui font nos Maîtres, & il nomme S. Denys, S. Athanafe, les trois lumieres de l'univers, c'est-à-dire, S. Bafile, S. Grégoire de Nazianze & S. Jean Chryfoftôme, S. Augustin, Théodoret, S. Maxime, & S. Jean Damafcene. S. Maxime n'eft pas celui de Turin, comme a cru le Traducteur, mais le Grec, appellé le Confeffeur. Il est auffi à remarquer que ces quatre Traités de Gennadius, n'ont pas été composés pour réfuter les erreurs de ceux qui auroient renouvellé les anciennes héréfies des Pélagiens ou des Sémipélagiens; mais contre les libertins, à qui la Philofophie avoit gâté l'efprit, fur- tout Gemiftus Plethon & quelques autres, contre lefquels il a écrit avec beaucoup de force. Enfin fans entrer dans un plus long détail, on peut reconnoître par les Ecrits de S. Jean Damafcene, quelle eft la doctrine des Grecs fur la Grace. Si en réfutant les Luthériens & les Calviniftes ils s'en font un peu écartés, ce n'a pas été jufqu'à tomber dans aucune erreur contraire à la doctrine de l'Eglife. Nous ferions plus inftruits fur cette matiere, fi nous avions le Traité de George Coreffius contre un Synode des Calviniftes, dont parle Nectarius dans fa Lettre aux Religieux du Mont Sinaï, & qui ne peut être que celui de Dordrecht: mais nous ne l'avons pas encore pu avoir.

taux n'ont

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Pour ce qui regarde les Neftoriens & les Jacobites de quelque lan- Les Oriengue qu'ils foient, comme ils ont un abrégé des Canons Africains contre- aucune les Pélagiens, & qu'ils enfeignent la néceffité abfolue du Baptême, fon- connoifdée fur la corruption générale du genre humain par le péché d'Adam difputes on ne peut pas leur imputer le Pélagianisme, que Neftorius lui-même fur la Gra avoit condamné. A l'égard de l'autre erreur dont Photius accufe les Nef- ce. toriens, en ce qu'ils difoient que Jefus Chrift avoit mérité par fes propres forces naturelles d'être élevé à la dignité de Fils de Dieu, il ne s'en trouve rien dans leurs livres théologiques, quoique, comme il a été remarqué, il y ait quelque fondement à foupçonner qu'ils avoient une opinion à peu près semblable. Mais pour tout ce qui a rapport aux autres questions entre les Catholiques & les Sémipélagiens, jamais ils n'en ont oui parler.

On n'a pas cru devoir s'arrêter à prouver certains points de difci- On n'a pas parlé des pline, que les Grecs & tous les Chrétiens Orientaux obfervent, comme points de les jeûnes, particuliérement celui du Carême, pendant lefquels ils font difcipli une abstinence beaucoup plus rigoureufe que nous; car la chofe eft trop ne qui Ferpétuité de la Foi. Tome V.

C

publique.

étoient de connue. Ils jeûnent les Mercredis & les Vendredis de l'année, outre notoriété plufieurs Vigiles. En Carême ils s'abftiennent non feulement de viande & de laitage; mais de poiffon, d'huile & de vin, ne mangeant qu'une fois le jour : & outre cela ils ont d'autres petits Carêmes. Il eft fort ordinaire en Levant de voir des perfonnes qui par dévotion, après le repas du Jeudi Saint, font fans manger jufqu'après l'Office du jour de Pâques : enfin perfonne n'ignore que les Grecs & tous les Orientaux font de grandes abstinences, & que la regle commune de tous les Religieux eft de s'abftenir de viande toute leur vie. Les Grecs font de grands reproches aux Latins fur ce fujet.

Des Arméniens.

Nous n'avons pas parlé en détail des Arméniens, ni rapporté de paffages de leurs livres, faute de favoir leur langue: mais comme ils font Jacobites, ils font dans les mêmes fentiments que ceux de cette fecte; & à l'égard des cérémonies, & de quelques ufages particuliers, ce sont des chofes indifférentes. Ainfi on est affuré, par le témoignage de perfonnes dignes de foi qui ont vu leurs livres, que leur créance fur l'Euchariftie & fur les autres Sacrements, eft conforme aux Atteftations qui ont été produites dans les premiers volumes de la Perpétuité. Ils en ont donné depuis quelques années une preuve convaincante par la traduction imprimée à Amfterdam en 1696 de l'Imitation de Jefus Chrift, par le foin d'un de leurs Archevêques. Leur Liturgie, qu'ils ont auffi imprimée en 1704, eft conforme au Rite Oriental des Syriens Jacobites du Patriarchat d'Antioche, auquel les Arméniens étoient autrefois foumis non seulement dans les premiers fiecles, lorfque la jurifdiction du Patriarche d'Antioche s'étendoit dans toutes les Provinces comprifes dans le Diocese d'Orient, mais depuis la féparation des Eglifes par l'héréfie des Jacobites. L'établiffement des Catholiques ou Primats de Perfe & d'Arménie, qu'on croit avoir été fait fous l'Empire de Juftinien, donna occafion aux Neftoriens de fe créer un Supérieur Eccléfiaftique indépendant, qui fut d'abord appellé Catholique, & enfuite Patriarche. Les Jacobites Syriens en établirent un à Takrit, fur les frontieres de la Syrie & de l'Arménie, & c'eft celui qu'ils appellent Mofrian. La diverfité des langues fit qu'on eut befoin de donner auffi un Supérieur Eccléfiaftique aux Arméniens, & il eut d'abord comme les autres le titre de Catholique, enfuite celui de Patriarche, & il réfide préfentement à Ecmiafin. Ceux qu'on envoie à Conftantinople & en Jerufalem avec le titre de Patriarches, ne font que des Métropolitains. Il y a cependant plus de fix cents ans que le principal de tous a le titre de Patriarche, & il eft marqué dans l'histoire de l'Eglife d'Alexandrie qu'il en étoit venu deux en Egypte, qui furent reçus avec de grands honneurs, & regardés comme étant de

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