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la même Communion que les Jacobites. Ainfi tout ce qu'on auroit pu dire fur les Arméniens ne regarde point la foi, qui eft la même que celle des Jacobites, mais des cérémonies indifférentes, fi on excepte un feul article, fur lequel les Jacobites mêmes les condamnent. C'est qu'ils ne mettent pas d'eau avec le vin dans la célébration de la Liturgie, contre la pratique conftante de tous les autres Chrétiens Orientaux, & celle de l'ancienne Eglife. Les Grecs modernes leur attribuent plufieurs autres erreurs; mais il ne paroît pas que ce foit avec fondement, & elles ne regardent pas le deffein de cet ouvrage.

nons

Ethio

Dans le dernier livre, où il eft parlé des Collections de Canons Orien- Des Catales, on a oublié de parler de celle des Ethiopiens. Elle eft faite fur le modele de celle des Cophtes, de qui ils ont pris tout ce qui a rapport piens. à la Religion & au Gouvernement Eccléfiaftique. Celle qui eft la plus complette, & qui fe trouve dans les Manufcrits du Vatican, du Grand Duc & de M. le Chancelier Seguier, fut celle que fit faire le Roi Zara Jacob, qui vivoit vers l'an 1460 de Jefus Christ. M. Ludolf en a Com. hift. donné des extraits, qu'on peut confulter, avec la précaution que nous Eth. pag. avons marquée ailleurs, comme néceffaire pour entendre fes traductions qui eft de chercher d'autres mots que ceux dont il fe fert, parce qu'ils donnent souvent de faux fens, & ne font point du ftyle eccléfiaftique. Nous en pourrons parler ailleurs dans les Differtations Latines, car on ne pourroit le faire en peu de mots.

304 & L.

Volume

M. l'Evê

Meaux.

Quoique ce volume & le précédent aient été compofés prefque en La matiemême temps qu'ils ont été imprimés, toute la matiere qu'ils contien- re de ce nent avoit été examinée & approuvée par feu M. Boffuet Evêque de avoit été Meaux, dont la mémoire fera toujours en vénération. Car ce favant Pré- communi quée à feu lat avoit lu la plus grande partie des Differtations Latines dont ils font tirés, & il les avoit approuvées, particuliérement le travail fur les Litur- que de gies, que j'efpere donner bientôt au public. Le bonheur que j'ai eu de paffer près de dix années avec lui pendant qu'il étoit Précepteur de feu Monfeigneur le Dauphin, me donnoit occafion de le voir tous les jours; & comme je l'ai toujours cultivé depuis, j'en ai profité autant qu'il m'a été poffible, & j'ai souvent tiré de lui de grandes lumieres. C'est une justice que je dois rendre à fa mémoire, qui me fera toujours fort chere, non feulement par les fentiments que doivent avoir tous les enfants de l'Eglife Catholique, qu'il a fi bien défendue, mais auffi par reconnoiffance de l'amitié dont ce grand Prélat m'a honoré pendant une longue fuite d'années.

Pourquoi on n'a pas

Ceux qui liront cet ouvrage avec attention reconnoîtront, comme on efpere, que dans une matiere toute de discipline, il n'a pas été poffible toujours

fuivi les de fuivre toujours la route ordinaire de la Théologie de l'Ecole. Celui opinions des Scho- qui voudroit réformer les Rituels Grecs & Orientaux fur la forme du laftiques. Baptême, parce que la plupart des Scholaftiques ont dit qu'elle étoit dé

précatoire ou impérative, fe rendroit ridicule. On ne peut pas non plus difconvenir que les cérémonies & les prieres avec lefquelles les Sacrements ont été célébrés dans fa primitive Eglife, & dans celles d'Orient, ne leur aient été entiérement inconnues; que plufieurs n'ont raisonné que fur la difcipline de leur temps, & que la conclufion que la plupart en ont tirée, a été que les Ordinations des Grecs & les autres Sacrements n'étoient pas valides, & qu'on devoit les réitérer, ce qui ne s'eft fait que trop fouvent. M. Habert s'eft élevé avec force contre de pareilles conféquences fur ce qui regarde l'Ordination, après avoir marqué la différence entre la forme Latine & la Grecque. Un jeune Théologien, dit-il, croira y appercevoir une grande différence dans les paroles & dans le fens: car s'il cherche plutôt l'Eglife dans l'Ecole que l'Ecole dans l'Eglife, il demeurera d'abord tout étonné, & il conclura peut-être par des raisonnements philofophiques, qu'il n'y a jamais eu aucun Prêtre dans l'Eglife Grecque. Mais tout beau, poursuit - il, jeune guerrier, ce n'eft pas ici une efcrime, c'est un combat férieux. L'Eglife Romaine mere & maîtreffe de toutes les autres ordonne bien: l'Eglife, Grecque en fait de même ; & l'une & l'autre ordonnent de véritables Prêtres par une forme différente, mais qui a la même efficace. Nous ne doutons pas de ce qui regarde l'Eglife Romaine: mais comme elle, qui eft l'arbitre & le juge de toutes les autres, n'a jamais eu de doute touchant les Ordinations de la Grecque, nous n'en pouvons non plus douter avec juftice ou avec fureté, nous qui faisons profeffion de fuivre la foi & la doctrine de l'Eglife Romaine (b).

Jugement Les Théologiens qui ont dans ces derniers fiecles écrit avec plus de de Holftenius & de réputation, n'en ont pas jugé autrement que M. Habert: & les conféMelchior quences qu'ils ont remarquées de certaines opinions trop fubtiles fur les Canus. Sacrements ne font pas imaginaires, puifque fur ce feul fondement, les

Latins dans les temps d'ignorance ont fouvent rebaptifé les Grecs, & les autres Chrétiens Orientaux, qui à leur exemple commencerent à rebaptifer les Latins. De même la réitération de la Confirmation à l'égard

(b) At difcrimen ingens & verborum, & fenfuum tyroni Theologo planè videbitur, qui fi Ecclefiam potius in Schola quam Scholam in Ecclefia quærat, repentè obftupefcet, & nullum forfan in Ecclefia Græca Presbyterum unquam extitifle philofophabitur. Sed meliora quæfo verba, Neoptoleme. Non eft hæc umbratilis pugna, feft ftataria. Ecclefia Romana, omnium mater & magiftra, bene ordinat: Ecclefia Græca bene confecrat: utraque veros Sacerdotes, diffimili quidem, fed paris omnino virtutis formâ initiat, imo perficit. De Romana, Romani non dubitamus. De Græca verò, cum nec Romana omnium dif ceptatrix & arbitra unquam dubitaverit, neque nos profectò dubitare, Romanam fidem & doctrinam profitentes, æquum tutumque fuerit. Habert. Pontif. Gr. p. 115 & 116.

des Grecs, parce qu'elle étoit adminiftrée par les Prêtres, ayant fait croire à quelques Théologiens que les Orientaux n'avoient pas ce Sacrement, anima tellement les Grecs, que ce fut - là une des premieres caufes du fchifme, comme le remarque Holstenius, dans un livre imprimé à Rome. Le fchifme déplorable, dit ce favant homme, qui a depuis fi long-temps divifé les Eglifes d'Orient & d'Occident, doit être principalement imputé à ceux qui, laiffant à part la charité chrétienne par une démangeaison de difputer, ont mis en queftion & en difpute tout ce qui fe faifoit chez les autres felon un Rite différent. Ce gens - là n'ont que peu or point d'attention pour éclaircir la vérité; mais ils ne pensent qu'à être fupérieurs dans la difpute, afin de donner la loi aux autres, fuivant leur opinion & leur coutume (c).

C'eft de ces fortes de Théologiens que fe plaignent avec raison ceux qui ont examiné avec attention la difcipline des Sacrements: ce font ceux qui ont prétendu éclaircir les queftions théologiques par des arguments frivoles, qui citent très - rarement la Sainte Ecriture, encore moins les Conciles & les Saints Peres: qui même n'ont aucune teinture de la bonne Philofophie, mais qui, avec des chicanes puériles, veulent fe faire paffer pour, Scholaftiques & Théologiens, n'étant ni l'un ni l'autre : qui, remplissant l'Ecole de pitoyables fophifmes, fe rendent ridicules auprès des Savants, & méprifables auprès de ceux qui ont plus de délicatesse. C'eft ainfi qu'en parle Melchior Canus, qui enfuite dit qu'un Théologien Scholaftique eft celui qui parle avec justesse, doctement & prudemment de Dieu & des chofes de la Religion, felon les Ecritures & la doctrine de l'Eglife ( d ).

11 feroit facile de citer plufieurs autres fameux Théologiens, qui ont porté le même jugement de ceux qui, donnant trop à leurs préjugés, & ne connoiffant pas la difcipline de l'ancienne Eglife, l'ont condamnée indirectement, en condamnant celle des Grecs & des Orientaux. En cela

(c) Luctuofum fchifma quod Orientis & Occidentis Ecclefias dudum disjunxit illis potiffimum imputandum eft, qui Chriftiana charitate posthabita difputandi pruritu, omnia in quæftionem & controverfiam adduxerunt, quæ diverfo ritu apud partem adverfam aguntur. His nulla, vel exigua veritatis cura, fed unum vincendi ftudium, ut ex fua confuetudine vel opinione aliis legem præfcribunt. Holften. Diff. 1. de Minift. Confirm.

(d) Intelligo autem fuiffe in Schola quofdam Theologos adfcriptitios qui univerfas Quæftiones Theologicas frivolis argumentis abfolverint, & vanis invalidifque ratiunculis magnum pondus rebus graviffimis detrahentes, ediderint in Theologiam commentaria vix digna lucubratione anicularum. Et cum in his Sacrorum Bibliorum teftimonia rariffima fint, Conciliorum mentio nulla, nihil ex antiquis Sanctis oleant, nihil ne ex gravi Philosophia quidem, fed ferè è puerilibus difciplinis, Scholaftici tamen, fi Superis placet, Theologi vocantur nec, Scholaftici funt, nec Theologi: qui fophifmatum fæces in Scholam in--ferentes, & ad rifum viros doctos incitant, & delicatiores ad contemptum. Quem verò intelligimus Scholafticum Theologum? aut hoc verbum in quo homine ponimus? Opinor in eo qui de rebus divinis aptè, prudenter, doctè, è litteris inftitutifque facris ratiocine tur. Melch. Canus. 1. 8. c. I..

Eclaircif

fement fur

divers en

ils n'étoient pas imitables, d'autant moins que le jugement de plufieurs de ces Théologiens étoit contraire à celui des Papes Léon X, & Clément VII, qui par leurs Brefs confirmatifs l'un de l'autre avoient ordonné que les Grecs ne feroient point troublés dans la pratique de leurs Rites. Mais ce qui eft encore plus remarquable, lorfque la même queftion fut agitée fous le Pontificat d'Urbain VIII, à l'occafion de quelques Evêques Orientaux venus à Rome, dont l'Ordination étoit contestée par certains Théologiens, ce Pape qui étoit favant, & qui avoit auprès de lui des perfonnes verfées dans l'Antiquité Eccléfiaftique, fit confulter fur ce fujet les plus favants hommes de ce temps - là, entr'autres le P. Sirmond, le P. Petau & le P. Morin. Il engagea celui - ci à faire à cette occafion le voyage de Rome, & nonobftant les préjugés de l'Ecole, les Ordinations Orientales furent reconnues valides, comme étant conformes à l'ancienne difcipline. On ne croit pas qu'aucun Théologien puiffe prétendre que l'autorité de trois Papes, & celle de toute l'Eglife, qui durant plufieurs fiecles d'une Communion non interrompue, n'a jamais contesté aux Grecs la validité de leurs Sacrements, doive céder à celle de quelques particuliers, quand ils s'accorderoient fur les matieres & fur les formes, fur quoi ils ont eu plufieurs opinions fort différentes. Or comme la vérité eft une, lorsqu'il s'agiffoit d'expofer fidellement la créance de l'Eglife, on a cru la devoir tirer des décisions des Conciles, particuliérement de celui de Trente, & de la Profeffion de foi qui fut dres fée enfuite par Pie IV, & qui ayant été traduite en diverfes langues, a été propofée aux Orientaux fchifmatiques ou hérétiques lorfqu'ils fe font réunis à l'Eglife Catholique, plutôt que des opinions de quelques particuliers. Mais fi les plaintes que les plus favants Théologiens ont faites autrefois contre ceux qui par trop de fubtilités s'engageoient dans des conféquences fâcheuses, dont fouvent les hérétiques & les fchifmatiques tiroient avantage, ont été bien fondées, on ne peut faire préfentement ce reproche à nos Théologiens, qui joignent l'étude de la Tradition, des Conciles & des Peres, à la Théologie de l'Ecole avec tant de fuccès. C'est ce qu'on voit particuliérement dans la Faculté de Paris, où on entend tous les jours avec admiration éclaircir ce qu'il y a de plus recherché dans l'Antiquité Eccléfiaftique.

Il y a quelques endroits dans cet ouvrage qui pourroient avoir un sens équivoque, fur lefquels il eft à propos de donner des éclairciffements. droits de Où il eft dit que les Orientaux croient qu'un pécheur repentant, qui a cet ouvra- accompli la pénitence, reçoit la grace facramentelle, on n'a pas préténdu qu'il fût néceffaire felon leur doctrine, d'avoir accompli ce qu'ils appellent le Canon, c'est-à-dire, les oeuvres laborieufes de la Pénitence.

ge.

P. 6.

La fuite du difcours fait affez voir le contraire. On a donc voulu faire entendre que les Grecs & les Orientaux reconnoiffoient avec l'Eglife Catholique, ce que le Concile de Trente a enfeigné, en difant que les actes du Pénitent, c'eft - à - dire, la Contrition, la Confeffion & la Satis- Trid. Sess. faction, font comme matiere de ce Sacrement: & qu'ils font appellés parties 4. c. 3. de la Pénitence, parce qu'ils font requis d'inftitution divine pour l'intégrité du Sacrement, & pour la parfaite & entiere rémiffion des péchés. On a donc confidéré le Sacrement en fon entier, en marquant que lorsqu'il s'y trouve tout ce qui en fait partie, les Orientaux ne doutent pas qu'il ne produife la grace. Ce qui eft dit dans la fuite fait affez comprendre qu'on n'a pas prétendu que l'accompliffement de la Pénitence fût abfolument néceffaire, puifque par leur difcipline on fait voir qu'ils accordent l'abfolution en plufieurs occafions avant qu'elle foit accomplie.

Il eft dit ailleurs, que les Proteftants fe font contredits eux-mêmes en confervant la coutume de baptifer les enfants, quoiqu'elle ne foit fondée que fur la Tradition. Cela fe doit entendre felon leurs principes, puifqu'ils ne conviennent pas avec les Catholiques du fens des paffages de l'Ecriture, qui établiffant la néceffité générale & abfolue du Baptême, la prouvent à l'égard des enfants.

Il eft dit en un autre endroit que comme l'Eglife eft infaillible dans la foi, elle l'est auffi dans la difcipline. Il s'agit de la difcipline facramentelle, & le fens de cette propofition eft, que comme l'Eglife ne peut propofer aucune erreur dans la foi, les cérémonies & les prieres qu'elle a établies & pratiquées univerfellement pour l'adminiftration des Sacrements, ne peuvent être ni abusives ni fuperftitieufes, ni renfermer au

cune erreur.

P. 7.

p. 61.

A la page 78 il eft dit que les Catéchumenes n'étoient pas en voie de p. 78. falut. Cette expreffion peut avoir un faux fens, puifqu'abfolument ils croyoient en Jefus Chrift, & qu'ils étoient Chrétiens in voto. Mais ce qu'on a voulu dire, comme il paroît par la fuite, eft, que la néceffité du Baptême étoit tellement crue dans l'ancienne Eglife, qu'elle doutoit du falut de ceux qui mouroient avant que de l'avoir reçu, & qu'elle n'offroit pas pour eux le Sacrifice comme pour les autres défunts.

Page 517, où il eft dit que l'immerfion n'eft pas moins néceffaire au Baptême, &c. cela doit s'entendre par rapport aux Proteftants, qui prenant l'Ecriture Sainte à la lettre, doivent reconnoître que baptifer veut dire plonger.

Dans le Chapitre 7 du Livre 6, où il eft parlé du Divorce accordé dans l'Eglife Grecque & dans tout l'Orient aux maris qui avoient convaincu leurs femmes d'adultere, tout ce qui a été dit eft rapporté &

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