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PRÉF A CE.

d'examiner la

taux fur

A matiere que nous entreprenons de traiter dans ce Volume Néceffité n'avoit pas encore été affez éclaircie. Les Auteurs de la Perpétuité en avoient touché quelque chofe dans le premier Volume; mais outre créance que cela ne regardoit pas leur deffein, il eût été fort difficile alors des Oriende bien traiter un point de Controverfe fur lequel on ne trouvoit au- les Sacrecun fecours dans les meilleurs Ecrivains. On n'avoit prefque que des ments. Voyageurs, fouvent ignorants & mal inftruits, à confulter: enfuite ceux qui avoient fait des Catalogues d'héréfies anciens ou modernes : enfin quelques Traités fort imparfaits pour l'inftruction des Miffionnaires. Parmi les premiers quelques-uns avoient dit la vérité; mais comme ils étoient contredits par le plus grand nombre, les Théologiens ne favoient à quoi s'en tenir. Les faifeurs des Catalogues d'héréfies les multiplioient à l'infini, & accufoient les Grecs ou les Orientaux de quantité d'erreurs imaginaires, fans aucun fondement. C'eft cependant des uns & des autres que ceux qui ont travaillé pour inftruire les Miffionnaires, ont tiré tout ce qu'ils ont écrit fur cette matiere. Un des livres, qui autrefois a eu le plus de vogue en ce genre, eft celui de Thomas à Jefu de Converfione omnium gentium. On convient de bonne foi qu'il y a dans ce Traité quelques mémoires dont la lecture peut être utile, pourvu qu'elle foit faite avec difcernement. Mais il y a tant de confufion, tant de fauffetés, tant d'ignorance & tant de contrariétés, que pour en tirer quelque utilité, il faut favoir la matiere mieux que ne la favoit l'Auteur. C'eft cependant fur cet ouvrage, & quelques. autres encore plus défectueux, que la plupart de ceux qui ont écrit depuis cent ans ou environ, ont formé le jugement qu'ils ont fait de la créance & de la difcipline des Orientaux, touchant les Sacrements & les autres articles controverfés entre les Catholiques & les Proteftants. Ceux-ci en ont tiré avantage; puifqu'ils trouvoient dans l'Eglife Romaine des témoins non fufpects de plufieurs erreurs adoptées dans la Réforme comme des vérités, fur-tout par rapport aux cinq Sacrements qu'elle a retranchés. Il étoit donc utile & même néceffaire de travailler à éclaircir cette matiere, comme on avoit fait celle de l'Euchariftie, & de faire voir que la Tradition des Eglifes Grecques, & de toutes les

des Protef

Communions Orientales, n'étoit pas moins conforme à celle de l'Eglife Romaine fur ces articles que fur tous les autres; & c'eft ce que nous espérons prouver dans ce Volume.

Vaines ob- Il est étonnant que les Proteftants, principalement les Calviniftes jections après avoir vu des ouvrages remplis de grands principes de Théologie, tants fur comme font ceux du P. Morin, de M. Habert & du P. Goar, dans ce fujet. lefquels on trouve en même temps une vaste érudition & des recherches très-curieuses fur l'Antiquité, de même que ceux d'Allatius pleins de citations des Auteurs Grecs modernes, ofent encore citer des Ecrivains qui ont été fi folidement réfutés par ces favants hommes. Car ils ont prouvé d'une maniere inconteftable, que les Grecs & les Orientaux confervoient, par une Tradition immémoriale, les mêmes Sacrements que nous : & que la différence des rites & des cérémonies ne faifoit aucun préjudice aux dogmes effentiels, confervés également en Orient & en Occident. Tout ce que les Théologiens Proteftants ont dit au contraire, n'est fondé fur aucunes preuves que fur le témoignage de ces Ecrivains, dont l'ignorance ou la mauvaise foi font reconnues de tout le monde; & les longues citations qu'en rapportent les faifeurs de Theses Historico - Théologiques, ne leur donnent pas la vérité ni l'autorité qui leur manquent. Quelques Catholiques ne font pas excufables fur ce fujet; puifqu'on en voit tous les jours qui, dans des Traités de Théologie, réfutent férieufement l'erreur des Jacobites, fuppofant qu'ils baptifent avec du feu, & qui examinent fi la forme dont les Grecs adminiftrent le Baptême eft fuffifante, fuppofant encore qu'ils difent Baptifetur N. qu'ils n'ont pas la Confirmation, que leurs abfolutions peuvent être douteuses, parce qu'elles confiftent principalement dans des prieres; que leurs Ordinations peuvent fouffrir de grandes difficultés, & ainfi du refte.

Ils ont

rer avan

chofes qui

leur pa

Ils ont de cette maniere fourni, fans y penfer, aux ennemis de l'Evoulu ti- glife des arguments, foibles à la vérité à l'égard des habiles Théolotage des giens, mais qui font une grande impreffion fur les ignorants & fur les moindres peuples, pour lefquels les Miniftres écrivent plus ordinairement que pour les Savants. Ainfi Aubertin ayant ramaffé dans les livres des Schoroiffoient laftiques toutes leurs opinions particulieres, pour expliquer philofophiquement un Myftere qui doit être adoré dans le filence, a prétendu que c'étoit autant d'articles de foi, reçus généralement par les Catholiques. De même d'autres ont fait aifément croire à leurs difciples, que puifque les Eglifes d'Orient n'avoient pas les cinq Sacrements que la Réforme a fupprimés, c'étoit une preuve que l'ancienne Eglife ne les avoit pas connus: ce qui interrompoit le cours de la Tradition, & prouvoit

favora

bles.

qu'ils avoient été introduits dans les temps poftérieurs: d'où ils concluoient qu'ils n'étoient pas d'inftitution divine, & par conféquent qu'ils n'étoient pas des Sacrements. Sur ce fondement quelques-uns ont attaqué les Atteftations venues de Levant, par lesquelles non feulement les Grecs, mais tous les autres Chrétiens Orientaux déclaroient qu'ils reconnoiffoient fept Sacrements; & l'Auteur des Monuments Authentiques n'a pas eu d'autres preuves à opposer à ces pieces inconteftables. Quelques Auteurs Catholiques ont donné auffi lieu à de pareilles objections, en décidant trop promptement fur ces matieres fans les avoir examinées. Il étoit donc néceffaire de les éclaircir de la même maniere que celles qui regardoient le Sacrement de l'Euchariftie, & c'eft ce que nous avons tâché de faire avec exactitude & fincérité.

fuivi dans

Cet ouvrage n'eft pas un extrait de toute forte d'Auteurs, bons ou Quels Aumauvais, qui ont traité le même fujet avant nous: on les a confultés, teurs on a & on les a fuivis toutes les fois qu'ils ont parlé felon la vérité; mais cet ouvra on n'a pas cru devoir déférer à leur autorité quand ils s'en éloignoient. ge. Comme le P. Goar, M. Habert, le P. Morin, Allatius, Arcudius, & quelques autres ont donné de grandes lumieres fur la créance & fur la discipline de l'Eglife Grecque, on les a fuivis en plufieurs points qu'ils ont éclaircis, & on avoue, en rendant honneur à leur mémoire, qu'on a beaucoup profité de leurs travaux. Depuis leur temps les Grecs ont compofé divers ouvrages, où ils expliquent eux-mêmes la doctrine de leur Eglife, & nous nous en fervirons fouvent, particuliérement de la Confeffion Orthodoxe, de l'Abrégé de Grégoire Protofyncelle, de la Réfutation de Cyrille Lucar par Mélece Syrigus, des Traités de Nectarius & de Dofithée, Patriarches de Jerufalem, ainfi que de divers autres, dont le témoignage ne peut être fufpect, puifqu'ils ont été imprimés en Moldavie par les Grecs. On a parlé de ces ouvrages & des Auteurs dans le Volume précédent, & on ne croit pas que les déclamations de M. Claude pour les rendre fufpects, puiffent détruire les preuves de fait qui y ont été rapportées', pour faire voir qu'ils n'étoient pas latinifés. Pour ce qui regarde les Syriens, Orthodoxes, Jacobites ou Neftoriens, les Cophtes & les Ethiopiens, on ne dira rien qui ne foit tiré des originaux, dont nous avons vu un très-grand nombre, particuliérement des Liturgies, des Rituels, des Pontificaux, des Collections de Canons, des Théologiens & des Canoniftes, tous Auteurs connus, & qui fe trouvent en diverses fameufes Bibliotheques. On ne citera pas tous ceux qu'il auroit été aifé de rapporter, parce que cela auroit trop groffi ce Volume. Il y en a plus qu'il n'en faut pour éclaircir la vérité, & beaucoup plus qu'on n'en a cité jufqu'à préfent; mais on en trouvera en

core davantage dans les Differtations Latines, faites il y a plufieurs années fur le même fujet. Pour les citations des Auteurs modernes, on a tâché de les réduire à une jufte médiocrité, & de n'en faire que de néceffaires: non feulement parce que fouvent elles ne fervent qu'à fatiguer les Lecteurs, mais auffi parce que la plupart de ces Auteurs ne font que copier les autres: & trente témoins de cette nature ne donnent aucune autorité à des récits ou faux ou incertains, tels que font plufieurs de ceux qui fe trouvent dans les livres qui ont paru fur cette

matiere.

On ne pré- On ne prétend pas donner ce Traité comme un ouvrage théolotend pas donner un gique, mais comme une hiftoire fidelle de la créance & de la difciTraité pline des Grecs & des Orientaux fur les points qui y font traités, en Théologi- les éclairciffant autant qu'il eft à propos, par quelques remarques tirées

que.

de parler.

de l'Antiquité Eccléfiaftique. Ce n'eft pas non plus une Apologie des Grecs & des Orientaux, car ce feroit la matiere d'un ouvrage tout différent. Ainfi on déclare par avance qu'on n'a eu aucun deffein d'entrer dans la difcuffion d'aucune opinion théologique particuliere, & s'il s'étoit échappé quelque chofe de contraire, on le défavoue dès à préfent. De quel- Nous n'avons pas parlé de certains articles qui font ordinairement ques artic. dont il n'a traités fort au long par les Auteurs des derniers temps, & fur lesquels pas paru les Grecs & les Orientaux ne s'accordent pas avec l'Eglife Latine, comme néceffaire la Primauté du Pape, la Proceffion du Saint Efprit, l'addition au Symbole, les Azymes, & quelques autres moins importants. Il n'a pas paru nécessaire de traiter ces articles, parce qu'à l'exception du premier, les Proteftants ne s'accordent pas plus que nous avec les Grecs: & comme le deffein de cet ouvrage n'eft pas de faire la controverfe avec les Grecs, ni de combattre leurs erreurs, on a cru qu'il valoit mieux n'en pas parler. Une des principales raifons eft, que la matiere eft fort ample; & que nonobftant qu'elle ait été traitée par plufieurs Auteurs, il y en a encore un grand nombre d'affez confidérables qui n'ont pas été examinés par nos Théologiens, & qui méritent de l'être. Le R. P. Lequien a donné plufieurs éclairciffements fur la Proceffion du Saint Efprit dans fes Differtations fur S. Jean Damafcene, & il en donnera encore de nouveaux, ayant recherché avec une grande exactitude ce que les plus habiles Théologiens Grecs ont écrit depuis le Concile de Florence, pour attaquer le Décret qui y fut fait. Gennadius entr'autres, non pas cet Orthodoxe qui ne fut jamais, mais celui même qui s'étoit trouvé au Concile, & qui fut fait Patriarche de Conftantinople après la prise de la ville par les Turcs, a compofé fur cette queftion deux amples Traités, qui ne font pas fi miférables qu'ont voulu faire croire quelques Modernes,

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