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RECIA

MONAC NOIS

VIE

DE LE SAGE.

ALAIN-RENÉ LE SAGE naquit à Vannes✶ en basse Bretagne, vers l'année 1668. Son pere étoit riche; il le perdit de bon

* Les écrivains de l'histoire du théâtre français le font naître (tom. XV, pag. 4), à Ruys, île de la Bretagne, en quoi ils ont été suivis par l'auteur de la bibliotheque du théâtre français; mais, outre qu'il n'y a point d'île en Bretagne du nom de Ruys, et que Saint-Gildas de Ruys, à deux lieues de Vannes, qu'ils ont eu probablement en vue, est en

ne heure, ainsi que sa mere, et il passa à l'âge de sept ans sous la tutele d'un oncle que la nature avoit formé le plus négligent des hommes.

Sa fortune et son éducation souffrirent également des défauts d'un pareil tuteur. Elles allerent l'une et l'autre en sens

terre ferme; l'autorité du fils de Le Sage, qui, dans une lettre sur la vie de son pere, lui donne Vannes pour patrie, me semble préférable à celles de deux étrangers, comme MM. Parfait, quoiqu'en général ils soient très exacts. De Beauchamps qui, dans ses recherches sur les théâtres, dit que Le Sage est de Paris, se trompe.

contraire comme elles devoient aller. La fortune s'éclipsa rapidement, et les études du jeune Le Sage furent conduites avec tant de lenteur, qu'étant venu à Paris, en 1693, âgé de vingt-cinq ans, son principal dessein étoit d'y faire sa philosophie.

Heureusement il avoit eu de bons maîtres et un excellent fond. Les semences qu'on y jetta, pour s'être développées tard, n'en germerent et n'en produisirent que mieux ensuite. Le pere Bochard, Jésuite, fils du président de ce nom, et qui depuis ayant quitté la

société, se fit connoître sous le nom de l'abbé Bochard principal du college de Vannes, pendant que Le Sage y étudioit, s'étoit attaché à lui; il prit plaisir à cultiver son inclination pour la belle littérature, et à lui former ce goût pur qu'il a fidèlement consulté dans tous ses ouvrages.

Peu de temps après son arrivée dans la capitale. Le Sage, avec beaucoup d'esprit et une figure très agréable, se trouva répandu dans les meilleures sociétés, dont on fut ravi de lui voir partager les agrémens, qu'il augmentoit par sa pré

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