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foule. Le Temple de mémoire, l'Obstacle favorable, Achmet et Almanzine, le Corsaire de Salé, la Reine de Barostan, les Routes du monde, l'Espérance, Sophie et Sigismond, et les Mariages du Canada, etc. y parurent avec un succès d'autant plus étonnant, qu'il ne se démentit pas.

Si ce que dit une sorte de préface historique, placée à la tête d'une édition en trois volumes, petit format, du Bachelier de Salamanque, « que « M. de Voltaire affectoit peu d'estime pour Le Sage, »

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est aussi vrai que vraisembla

ble, la raison ne seroit pas difficile à en donner. Dans le Temple de mémoire, Le Sage introduit un partisan fanatique de cet écrivain célebre, qui veut absolument épouser, au nom de son idole, la Folie qui se fait prendre pour la Gloire. Or, comme en fait de plaisanterie, le philosophe de Ferney étoit tout épiderme, il est assez simple qu'il n'ait jamais rien goûté de ce qui partoit de la plume d'un homme qui avoit eu la hardiesse de rire un peu de lui et de ses admirateurs outrés.

L'opéra comique n'occupa

pas

tellement les loisirs de no

tre auteur, qu'il n'en trouvât Il tra

ouvrages.

pour d'autres duisit de l'italien du Boyardo l'Orlando inamorato, sous le titre de Roland l'amoureux, et il le fit paroître vers 1717. Son projet qui n'eut pas lieu, étoit de traduire aussi l'Arioste et il crut avec raison devoir commencer par le conte de Scandiano, car on ne peut avoir une entiere satisfaction à lire le Roland furieux, si l'on n'a lu d'abord l'amoureux ; la plupart des aventures de celui-là n'étant que continuées de celui-ci. Ce poëme, dont le

mérite essentiel consiste dans une imagination grande, vaste, inépuisable, a peut-être gagné en passant par les mains de Le Sage. Les extravagances géographiques y sont corrigées, le gigantesque des caracteres y est adouci, les conyenances y sont un peu plus observées. Charlemagne est moins petit, Ferragus moins brutal, Renaud moins malhonnête, Roland moins butor, etc. Il est vrai qu'Astolphe est plus gascon, Fleur de lys plus hardie, etc. Au reste, les chaos, la grossiereté, le mauvais goût du style de l'o

riginal disparoissent dans cette traduction sans verve, sans élan, mais égale, mais soignée, mais agréable.

Si Le Sage, qui travailloit beaucoup tout ce qu'il écrivoit, a pourtant fait un assez grand nombre d'ouvrages, c'est qu'il

étoit heureux dans sa maison. Il avoit eu de sa femme trois garçons et une fille. Sa femme, pleine d'attention pour lui, et de tendresse pour ses enfans, partageoit les soins de leur éducation. Rien ne l'éloignoit de chez lui, il n'y rentroit pas sans plaisir ; mais quel être vivant peut se flatter d'enchaî

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