sant. Un premier voyage qu'il avoit fait à Boulogne-sur-Mer l'avoit ramené auprès de lui; et cet acteur aimable se concentrant dans sa famille, n'avoit point d'ami plus intime que son pere, ni de société plus particuliere que celle de sa mere et de sa sœur. Le Sage ne le quittoit point. Quand le fils étoit au théâtre l'après midi, l'unique amusement du pere étoit d'aller dans un café, rue Saint-Jacques, où il venoit une infinité de gens pour l'écouter. On faisoit cercle autour de lui; on montoit sur les chaises, sur les tables, afin de mieux l'entendre: avec des idées justes, une élocution claire, brillante, relevée par un organe sonore, flexible, il excitoit la même attention, et quelquefois les mêmes applaudissemens parmi cette assemblée particuliere, que Montménil dans ses rôles de valets ou de paysans qu'il rendoit avec une supériorité dont on se souvient encore. Ce fils si chéri, le fondement sur lequel portoit la félicité du reste des vieux jours de son étant allé faire une parpere, tie de chasse, fut attaqué d'un mal violent dont il mourut su bitement à la Villette, le 8 sep- Sous ce tombeau git Le Sage abattu Le lecteur trouvera dans la lettre suivante des détails que je me suis bien gardé de toucher; ils sortent d'une main qui honore les lettres et les armes. à Paris, ce 20 janvier 1783. Vous m'avez prié, monsieur, de vous donner quelques notions sur les derniers jours du célebre auteur de Gilblas, et de plusieurs ouvrages estimés: voici, monsieur, les seules que je puisse vous donner. Après la bataille de Fontenoy, à la fin de 1745, le feu roi m'ayant nommé pour servir sous les ordres de M. le maréchal de Richelieu, les événemens et de nouveaux ordres m'arrêterent à Boulogne-surMer, où je restai commandant |