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sant. Un premier voyage qu'il avoit fait à Boulogne-sur-Mer l'avoit ramené auprès de lui; et cet acteur aimable se concentrant dans sa famille, n'avoit point d'ami plus intime que son pere, ni de société plus particuliere que celle de sa mere et de sa sœur. Le Sage ne le quittoit point. Quand le fils étoit au théâtre l'après midi, l'unique amusement du pere étoit d'aller dans un café, rue Saint-Jacques, où il venoit une infinité de gens pour l'écouter. On faisoit cercle autour de lui; on montoit sur les chaises, sur les tables, afin

de mieux l'entendre: avec des idées justes, une élocution claire, brillante, relevée par un organe sonore, flexible, il excitoit la même attention, et quelquefois les mêmes applaudissemens parmi cette assemblée particuliere, que Montménil dans ses rôles de valets ou de paysans qu'il rendoit avec une supériorité dont on se souvient encore.

Ce fils si chéri, le fondement sur lequel portoit la félicité du reste des vieux jours de son étant allé faire une parpere, tie de chasse, fut attaqué d'un mal violent dont il mourut su

bitement à la Villette, le 8 sep-
tembre 1743. Sa mort fut un
coup de foudre
pour son pere
qui en demeura inconsolable.
Il retourna définitivement avec
sa femme et sa fille chez son
fils le chanoine, où il vécut
jusqu'au 17 novembre 1747,
dans un état d'affaissement
assez triste. Il avoit près de
quatre-vingts ans lors de son
décès. On lui fit l'épitaphe
suivante que je rapporte faute
d'autre.

Sous ce tombeau git Le Sage abattu
Par le ciseau de la Parque importune.
S'il ne fut pas ami de la fortune,
Il fut toujours ami de la vertu.

Le lecteur trouvera dans la lettre suivante des détails que je me suis bien gardé de toucher; ils sortent d'une main qui honore les lettres et les

armes.

à Paris, ce 20 janvier 1783.

Vous m'avez prié, monsieur, de vous donner quelques notions sur les derniers jours du célebre auteur de Gilblas, et de plusieurs ouvrages estimés: voici, monsieur, les seules que je puisse vous donner.

Après la bataille de Fontenoy, à la fin de 1745, le feu roi m'ayant nommé pour servir sous les ordres de M. le maréchal de Richelieu, les événemens et de nouveaux ordres m'arrêterent à Boulogne-surMer, où je restai commandant

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