CROISSEZ, jeune Héros! les leçons d'un tel Pere Vous apprendront l'art de regner;
Au fommet des Honeurs, que votre augufte Mere Vous apprene à les dédaigner :
Dans vos yeux, dans vos Traits, l'un & l'autre respire: A leur exemple un jour montrez vous moins charmé De la grandeur d'un vaste Empire,
Que du plaifir d'en être aimé.
QUEL pompeux appareil! quelle aimable Princeffe
Se hâte d'embellir ces lieux ?
L'Amour qui la conduit, vous invite & s'empreffe A couroner vos tendres Feux :
Vivez, heureux Epoux! égalez vos Ancêtres, Joignez toute leur Gloire au Deftin le plus doux, Au monde entier donnez des Maîtres,
Dans des Héros dignes de vous.
Er Toi,de l'Univers, GRAND ROI! remplis l'attente: Voi Tes fiers Rivaux abbatus,
Et dans tous Tes projets, la Fortune conftante A rendre hommage à Tes Vertus.
Au milieu des plaisirs, la Victoire elle-même Defcend, & fur Ton Front pacifique & guerrier Joint, dans un triple Diadême,
Le Lis, l'Olive, & le Laurier.
Sur la Tempête arrivée aux Ifles de l'Amérique, le 29 Août, 1738. A GREABLE, & riche Contrée,
Où tout répond à nos défirs,
Pourquoi fi long-tems ignorée Manquâtes-vous à nos plaifirs?
Pour quels Mortels, pour quels Rivages, Le Ciel tranquille & fans nuages A-t-il des yeux plus complaifans? L'Année entiere eft un Autonne, La main de celui qui moiffonne Ne fuffit pas à fes préfens.
PAR des foins auffi doux qu'utiles, L'Etranger fixé dans nos Ports, Des régions les plus fertiles
Y fait abonder les tréfors.
Sous une Tente de verdure,
Là, fur les bords d'une Onde pure, Regnent les Jeux, la Liberté; Ici, dans une aimable yvresse, L'Amour triomphe, & la Sageffe Combat envain la Volupté.
A la lumiere chancelante De l'Aftre du jour qui pâlit, Succede une lueur fanglante Qui dans l'ombre s'enfevelit: L'éclair brille, la Foudre gronde, Les Vents dans cette horreur profonde Rempliffent l'air de fifflemens; A leur fougue tumultueufe On entend l'Onde impétueuse
Méler de longs mugiffemens.
SEIGNEUR ! au mépris de tes pactes, Du Ciel vengeur de tes Autels Veux-tu rouvrir les cataractes
Pour submerger tous les Mortels!
Aux torrens qui couvrent la Plaine La Mer fe joint, renverse, entraine Arbres, Moiffons, Hommes, Troupeaux... Suprême Arbitre du Tonerre!
Sans ton fecours, toute la Terre Va difparoître fous les eaux.
L'UN furpris, tandis qu'il héfite, Par les flots fe fent emporter; L'autre éperdu fe précipite
Dans la mort qu'il veut éviter. Envain, dans ce nouveau Déluge Les Monts les plus hauts, pour refuge Préfentent leur fommet tremblant; La Terre s'ouvre, & dans un gouffre De feu, de bitume, & de fouffre, Les engloutit en s'écroulant.
GRAND DIEU! la mort pour des Coupables
Eft-elle un fort peu rigoureux !
Veux-tu de ces ombres palpables
Ramener le prodige affreux ! Pour venger ta Lumiere sainte,
Dans nos cœurs par le Crime éteinte, Que nous réserve ton couroux ! L'Aftre qui par ton ordre augufte Luit pour l'Impie & pour le Jufte, Ne luira-t-il jamais pour nous!
LE Ciel m'exauce, les ténébres Font place au jour si souhaité . Quels objets encor plus funébres Glacent mon cœur épouvanté ! Des rochers fumans de la Foudre, Temples, Palais, réduits en poudre, La mort, le ravage, & l'horreur; Une Mer en feu, fans rivage, Corps, débris, flottans fur la plage, Triftes jouets de fa fureur.
DANS cette nuit épouvantable Quel œil a veillé sur mes jours! Flots vengeurs!... Quel Bras redoutable
pu détourner votre cours!
'A tout l'éclat de ta vengeance
Grand Dieu ! ta fuprême indulgence
A toujours foin de s'opposer; Ton châtiment le plus terrible Marque moins un Juge inflexible, Qu'un Pere promt à s'appaiser.
TA Grace opere deux prodiges, Et fur mes jours & fur mon cœur : Je vis, & de tous les prestiges
Le Monde enfin me voit vainqueur. Monde inconftant! Monde frivole! Pour tes faux Biens, trompeufe Idole!
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