La Mort reconnoît fon Vainqueur3
Mais ce n'eft qu'un Vainqueur paifible,
Dont l'Empire aimable, invisible,
Se borne à triompher du Cœur.

Vous, qu'entoure une nuit profonde, Voyez le Jour, Aveugles-nés!

A ne rien voir, Sages du Monde !
Demeurez toujours obstinés :
Laiffez le Vulgaire frivole
Courir en foule à fa Parole,
Et le placer fur les Autels;
Eh! le moyen de fe réfoudre
A voir l'Arbitre de la foudre
Dans le plus humble des Mortels ?

Er vous! Difciples trop faciles
D'un Homme mort fur une Croix,
Aux Nations les moins dociles
Annoncez fon fort & fes Loix:

Briguez le trépas, les outrages,
Affrontez les vents, les orages,
Franchiffez les flots entr'ouverts:
Confondez les plus fages Têtes,
Mettez au rang de vos Conquêtes
Les Conquérans de l'Univers.

MONTREZ tous le même courage;
Vainqueurs tout-enfemble & mourans,
De vos Bourreaux laffez la rage,
Séduifez jufqu'à vos Tirans.
Des Préjugés les plus antiques
A vos Nouveautés fanatiques
Amenez leur crédulité :

Par un scandale, une folie
De l'Erreur partout établie
Démontrez leur l'abfurdité.

MAIS toi, quand je cherche à m'inftruire, Grand-Dieu! voudrois tu m'abufer!

D'aider toi-même à me féduire

Oui, j'aurois droit de t'accuser.

Les Dogmes, les Faits, tout me preffe ;

Si c'eft l'Erreur que je profeffe,

1.Cor.1.234

VERITE'S fimples, lumineuses!

La plus aveugle Impiété,
De vos raisons victorieuses

Sent malgré foi l'autorité :

En vain par de folles maximes,

Dans nos Erreurs & dans nos Crimes

Nous travaillons à nous calmer;
CHRIST adorable! Dieu fuprême !
Nous te croyons au moment même
Que nous ofons te blasphêmer.

ODE

Tirée du Pfeaume XIII.

Dixit infipiens in corde fuo, &c.

Les Athées confondus & punis.

Q

U'ATTENDEZ-VOUS d'une Chimere? Nous dit ce Peuple aveugle en fon impiété :

Que peut un Etre imaginaire

Dans vos foibles efprits par la crainte enfanté ?
Que fervent, Infenfés! tous les vœux que vous faites?
Non, il n'eft point de Dieu : crédules que vous êtes,
Défabusez vous aujourd'hui.

S'il eft vrai qu'il exifte, armé de fon Tonerre
Qu'il se manifeste à la Terre,

Que fon Bras vous délivre, & nous croirons en lui.

Ifa. 66. se

DANS ces déteftables maximes,

Que combat leur raison, mais qui flattent leur cœurs,
Il n'eft ni cruautés, ni crimés,

Où ne fe foient portés nos barbares Vainqueurs.
Aucun d'eux a-t-il craint de fe rendre coupable
Des plus honteux excès dont l'efprit foit capable

H

Dans la plus folle des erreurs ?

Le Seigneur cherche envain qui le craigne & l'adore,
Il n'en voit aucun qui l'honore,
Et dont l'impunité n'ait comblé les fureurs.

ཆུ

LEUR bouche profane, empeftée,

D'un infâme fépulcre exhale les vapeurs:

Sous une candeur affectée

Ils cachent le poifon de leurs difcours trompeurs.
Il n'eft rien de facré dans leur aveugle rage,

Les pleurs du Malheureux font leur plus doux breuvage,
De fa fubftance ils font leur mets;

Aug. Enarr. Loin d'eux s'exile & fuit cette paix pure & fainte,
in Pf. 127.
Que du Seigneur la chafte crainte

Dans une ame innocente établit pour jamais.

JUSQU'A QUAND verrons nous encore

Durer les attentats de ce Peuple inhumain,
Qui te blafphême, & nous dévore?

Quelle raison, Grand Dieu! peut arrêter ta Main!
Fere, 10.25. Répand, répand les flots de ta jufte colere
Sur ce Peuple infolent, foigneux de te déplaire,
Hâte-toi de l'anéantir. ...

Cyrus.Ifa.44.

45

Mais que vois-je! à nos cris tu prêtes ton oreille,
Un Homme à ta voix fe reveille,
Il paroît, leurs remparts n'ont pû les garantir.