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'AINSI-que de fon Fils unique

Un Pere fait l'objet de fes foins les plus doux,
Sur le Jufte qui craint d'irriter fon courroux
De ce Dieu bienfaisant la tendreffe s'applique.
Grand Dieu! tes propres mains ont daigné nous former;
Tu fais combien l'Homme eft fragile,

Tu fais qu'un fouffle feul fuffit pour confumer
Ce foible affemblage d'argile

Auffi facilement qu'il a pu l'animer.

Oui, Seigneur, le plus long efpace

Que ton Decret fuprême ait prefcrit à ses jours,
Eit une onde qui fuit fans arrêter son cours,
Une fleur paffagere, une ombre qui s'efface :
A peine jouit-il d'un tems fi limité,

Qu'au premier ordre de fon Maître
colef 12. s. Il part pour le féjour de fon éternité,
Sans nul efpoir de reparoître

Prov. S. 31.

Dans le lieu qu'en paffant il avoit habité.

Si nos miferes font extrêmes,

Il est un Dieu Puiffant & fage en fes deffeins,
Qui jamais dans leurs maux n'abandonna ses Saints,
Et dont pour leurs Enfans les bontés font les mêmes:
Ce Dieu de qui l'Empire établi dans les Cieux
S'étend fur tous tant que nous fommes,
Se plaît, quoique toujours invisible à nos yeux,
D'être avec les Enfans des hommes,

Et s'offre à leur amour en tous tems, en tous lieux.

Vous, Premiers-Nés de fa Puiffance,

A fervir votre Roi Miniftres empreffés,
Anges, qui dans le rang où vous êtes placés
N'en rendez à fa Voix que plus d'obéiffance:
Vous tous, Efprits heureux, qui compofés la Cour
Qui le contemplez fans nuages,
Redoublez, s'il fe peut, vos tranfports en ce jour,
Offrez lui pour moi vos hommages,

Suppléez aux efforts d'un impuiffant amour.

GOUFFRE profond, vafte Carriere,

Océan, qu'il contient dans le creux de fa Main;

Ifa. 40. 12.

Tirans impétueux, qui foulevez envain

Des flots, dont fa Parole a fixé la barriere :

Job. 38.8.

Ifa. 40. 22.

Ifa. 40.12.
Ibid.

Pavillon azuré, qui couvrez l'Univers,

Fiers Monts, qu'il pese à la balance,

Globe, que de trois doigts il fufpend dans les Airs,
Louez l'Etre par excellence

Qui fut vous embellir de tant d'êtres divers.

Vous enfin, fon dernier Ouvrage,
Vous, que l'Auteur de Tout a feul envisagé,
Noble Fils de la Terre, Univers abregé,
De fon Front fur le vôtre il imprima l'image :
Homme, offrez lui ce Cœur dont il eft fi jaloux :
A vous feul il s'eft fait connoître,

Faites de le louer votre emploi le plus doux,
Aimez, fervez l'aimable Maître

Qui vous forma

pour lui comme il fit tout pour vous.

Pf. 4. 70

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с

ODES SACRÉES

DE FEU M. FE'-DE BOISRAGON,

Lieutenant-Particulier au Siége Préfidial d'Angoulême.

ODE PREMIERE.

Le Cantique de Moife fur le Paffage de la Mer Rouge.

B

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ENISSONS le Seigneur dans nos Chants de victoire: De fon Trône fur nous il a jetté les yeux; Béniffons mille fois un Dieu qui met fa Gloire. A nous fauver du Fer d'un Peuple furieux. Déja l'Egiptien animé par l'envie,

Se flattoit qu'à fa haîne impie

Il alloit nous facrifier;

Mais Dieu parle : à sa Voix, foumise, obéïssante, La Mer enfevelit fous l'Onde frémiffante

Le Combattant & le Courfier.

IL eft le Toutpuiffant, le Dieu fort, l'Invincible; Nous avons vu par lui l'Ennemi confondu : Il s'eft armé pour nous de fon Glaive invisible, Son Bras s'eft fait fentir au Soldat éperdu.

Tel qu'un Rocher brifé, dans fa chute rapide
Soudain de l'Elément liquide

Perce l'horrible immenfité,

Tel Pharaon, Grand Dieu! devenu ta Victime,
Dans l'éternelle nuit de l'effrayant Abîme
Eft pour jamais précipité.

A ce Coup éclatant ta Gloire intéreffée
A plongé dans le deüil la fuperbe Memphis ;
Tu devois pour venger ta Grandeur offensée
Ce jufte châtiment à fes coupables Fils.
Ainfi-que dans la Plaine allumé par la Foudre,
Le Feu vengeur réduit en poudre
L'efpoir du trifte Laboureur;

Ainfi de fa puiffance & d'orgueil ennivrée,
Toute la Nation vient d'être dévorée

Par le foufle de ta Fureur.

A nous ouvrir leur fein les Ondes empreffées Sembloient nous découvrir le centre des Enfers; De flots accumulés deux Montagnes glacées Elevoient leur fommet jufqu'au plus haut des airs: Enfin, dit l'Ennemi, j'affouvirai ma haîne ;

Avec eux, pour brifer leur chaîne,

Envain leur Dieu veut-il s'unir;

Oui, leur fang, malgré lui, va rougir mon épée, Et fon mortel tranchant, de leur Race extirpée Détruira jufqu'au fouvenir..

Il nous fuit à-travers ces Montagnes humides; L'Abîme retentit de fes cris furieux;

Mais les flots indignés, redevenus liquides, Engloutiffent le Chef, les Soldats, & leurs Dieux. Un feul mot de ta Bouche à tout fait difparoître. O Toi, qui peux parler en Maître

Aux Elémens épouvantés!

Grand Dieu ! quelle eft ta Gloire & ta Magnificence!
Qu'Ifraël en tremblant s'abaiffe en ta présence
Au fouvenir de tes Bontés.

LES Géans font tombés fous ta Main vengereffe, Au moment que pour nous elle a feché les Mers; Abandonnerois-tu ton Peuple à fa foibleffe

Après avoir brifé fes Tirans & fes fers!
Non, non, Seigneur, les feux, les éclairs, les tempêtes,
A nous défendre toujours prêtes,

Vont diffiper nos Ennemis,

Et ta Force, rendant leurs efforts inutiles,
Nous conduira bientôt dans les climats fertiles.
Que ton amour nous a promis.

QUELS objets je découvre aux traits de ta Lumiere! Où fuis-je ! Dans fon fang le Philistin noyé Pour prix de fa fureur a mordu la pouffiere, Sous tes Carreaux brulans justement foudroyé :

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