Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ELEONORE.

La Maitrèffe de cét Empire De Sa Préfence augufte honora ce Séjour. Que ton doux fouvenir, Jour heureux ! nous inspire De reconoiffance & d'amour !

EMILIE, JULIE, ELEONORE. Hèlas! nos tendres vœux le rappèllent encore, Ce Jour, le plus beau de nos Jours. Digne EPOUSE d'un ROI que l'Univèrs adore! Puiffions-nous efpérer de le revoir encore,

[ocr errors]
[ocr errors]

Ce Jour, le plus beau de nos Jours! Nos vœux, nos tendres vœux le rappèllent toujours.

LE CHOUR.

Nos vœux, nos tendres vœux le rappèllent toujours, Ce Jour, le plus beau de nos Jours.

EULALIE paroît au fond du Théâtre.

SCENE DEUXIÉM E.

EULALIE, EMILIE, JULIE, ELEONORE : LE CHOUR.

EMILIE à EULALIE.

PPROCHEZ, ma chère Eulalie :

A Venez, joignez vous à nos Voix.

Venez .... mais queft-ce que je vois !
Quèle affreufe mélancolie

Répand fur votre front ces nuages épais!...
Vous foupirez!

ELEONORE à EULALIE.

Je vois couler vos larmes !

EULALIE, en s'approchant.

O Préfage tèrrible! O cruèlès allarmes !

[blocks in formation]

Y penfez-vous! parlez-vous à des Sœurs ! Quoi! la tendre amitié qui réünit nos cœurs

Vous pèrmèt..

[ocr errors][merged small]

Je vous affligerois.

EMILIE.

Eh! le faites-vous moins

En nous cachant vos maux? Ah! craignez que, témoins
De la douleur dont vous ètes remplie,
Peut-ètre notre ame attendrie,

En ignorant l'objèt, ne la reffente mieux.

EULALIE.

Hèlas! pourquoi paroiffois-je en ces lieux!
Mes pleurs, mes foupirs m'ont trahie...

Fuyons.

EMILIE, l'arrètant.

Non, demeurez.

EULALIE.

Ah! ma chère Emilie!

EMILIE.

Eh! de-grace, ma Sœur,

Ne vous refusez pas l'innocente douceur
Que vous offre notre tendrèffe.
Répondez à nos vœux: parlez, découvrez-nous
Le fujèt de vos pleurs.

EULALIE.

Au chagrin qui me prèffe

Hèlas! que pouvez-vous ?

EMILIE.

Vous raffurer, vous calmer; ou vous plaindre,
Et pleurer avec vous.

EULALIE, voulant fe retirer.

Non, non; ceffez de me contraindre :
Tous vos foins feroient fupèrflus.

EMILIE, la retenant.

Quoi! rien ne vous fléchît Cruèle! Vous méprisez mes pleurs!.. ah! vous ne m'aimez plus.

EULALIE.

Je ne vous aime plus! vous, Compagne fidèle !
Juftes Cieux!.. Mais je dois diffiper votre èrreur.
Oui, je me rens enfin : je cède à vos prières.
Un Songe, un Songe affreux me remplît de tèrreur.
A-peine le fomeil eut fermé mes paupières,

Je crus me voir en de champètres Lieux.
La vèrdure des Bois, le vif éclat des Cieux,
Un Horizon borné de Collines fleuries,
Le cristal des Ruiffeaux qui baignoient les Prairies,
Tout raviffoit & mon cœur & mes yeux.
J'èrrois avec tranfport dans ce Séjour aimable,
Je béniffois l'Auteur de fes charmes divèrs,
Quand tout-à-coup une Voix formidable
S'eft fait entendre dans les Airs:
Malheur, difoit la Voix, Malheur à l'Univèrs!..
Dieu! que devins-je alors! Mille Echos
trop fidèles,

Répétant à-l'envi ces tèrribles Accens,

Redoubloient la frayeur qui me glaçoit les fens. Mon ame alloit céder à fes peines cruèles, Quand des horreurs nouvèles

Viènent fe joindre aux maux que je reffens.

ELEONORE.

Cièl! ce récit épouvantable

Rappèle le Jour redoutable

Qui vèrra finir tous les Tems.

EULALIE.

Hèlas! ainfi-qu'à vous, de ces cruèls inftans
Mon Songe me traçoit la peinture effroyable.

La Voix parloit encor. A fes Cris redoutés,
L'Aftre du jour pèrdit fes fèrtiles Clartés :
Une Main l'arrèta dans fa Course brillante :
La Lune, pâle & défaillante,

N'éclaira plus la Nuit, de fes Feux empruntés;
Je vis avec éffroi fes bords enfanglantés.
Ainfi le Cièl, çouvèrt de ténébreux nuages,
N'offroit à mes regards que les triftes préfages
Du plus affreux de tous les Coups:

L'Air en feu mugiffoit fous l'éffort des Orages,
Tout l'Univèrs fembloit s'ètre armé contre nous:
Les Torrens, du-haut des Montagnes,
Roulant leurs flots & leur couroux,
Inondoient les vaftes Campagnes :

Les Aquilons fougueux, fecondant leur fureur,
Des Vèrgers & des Bois préparoient les ruines,
Et des Örmes brifés ébranlant les racines,
Souffloient de tous côtés le ravage & l'horreur.
Tèl eft, tèl est l'objèt du trouble qui m'agite.
JULIE.

A ce Songe cruèl vous avez du frémir:
Mais le calme, ma Sœur, doit enfin revenir
En votre ame intèrdite.

ELEONORE.

La raison fait chaffer l'èrreur que le fomeil
Dans l'Esprit a pu faire naître;
Et le trouble doit difparaître
Au prémier inftant du réveil...
Mais quoi! vous foupirez encore !
EULALI E.

Laiffez moi foupirer, ma chère Eléonore:
Laiffez, laiffez couler mes pleurs.

Rien ne peut adoucir l'ennui qui me dévore.

« AnteriorContinuar »