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acceptât les conditions de paix déja propofées par Douarti & de Vaux. Cet Acte enflé des foufcriptions de trois cens perfonnes, fut moins regardé comme une procédure juridique, que comme l'annonce d'une fédition, qui pour éclater prenoit le détour d'une démar→ che permife. Les chefs de cette affociation furent traités de confpirateurs dangereux, & on les mit en prifon.

Cependant le Duc d'Anjou qui ne pensoit plus qu'à terminer le Siége avec la dignité convenable à fon nouveau Caractere, fit dire aux Principaux de la Ville que s'ils venoient en Supplians lui demander grace, ils le trouveroient disposé à l'accorder. On refusa ses offres, foit qu'on en foupçonnât la fincérité, foit que l'on prêt pour une marque de foibleffe une démarche fi tardive. Néanmoins les Magiftrats revinrent bientôt après à un accommodement tant de fois rompu & si souvent renoüé; on se donna réciproquement des ôtages le 14 Juin. Peu s'en fallut que le Duc d'Anjou ne fût tué ce jour-là même. Il étoit defcendu dans le foffé pour examiner comment on conduifoit les fapes au demi-bastion de la vieille fontaine; il enfiloit une traverse pour s'en retourner, lorfque du haut du rempart on le coucha en jouë. Devins fon Ecuyer, Gentilhomme Provençal, s'étant apperçu que le foldat portoit la meche fur l'amorce, fe jette au devant du Prince, reçoit le coup à la hanche, & tombe à la renverse on crut fa bleffure mortelle; mais il guérit enfin, & joüit ainfi de toute la gloire d'une action fi généreuse.

Cet accident n'empêcha pas les Députés de fe rendre à la barriere de la porte de Cognes, lieu marqué pour les conférences. On convint des articles du Traité. Le Maire fit tenir enfuite une Affemblée générale où fe trouverent tous les Ordres de la Ville; il fut conclu d'un confentement unanime qu'on accepteroit les conditions de paix,

Cette Ha

rangue eft

traduite du

rian.

Le Roi de Pologne figna la capitulation le 26 Juin; & fit partir incontinent François de Belleville pour la porter au Roi qui devoit la ratifier.

La paix fut bien-tôt publiée à la Ville & au Camp. L'Edit ayant été enregistré au Préfidial, fept Députés de la Ville vinrent prêter le ferment de fidélité entre les mains du Roi de Pologne: un d'eux portant la parole, le harangua en ces termes.

de

que

»SIRE, la clemence eft préférable à ces exemples terreur les Princes donnent; la grace qu'ils LatindeCau- „ accordent à un ennemi abatu, ajoûte un plus grand » relief à leur grandeur qu'une victoire & des trophées, » qui dégradent l'homme en éteignant dans le cœur » l'humanité. Refpectables images de l'Etre fuprême, »c'eft par des fentimens de bonté qu'ils en retracent à » nos yeux les traits auguftes. C'est cette compaffion >>tendre & noble, qui a confacré à l'Immortalité les >> Noms de plufieurs Potentats. Elle a fait la gloire de vos illuftres Ayeux, comme elle fait la votre en ce »jour. Affez puiffant pour lancer la foudre, vous êtes » affez généreux pour la retenir. Il ne nous reftoit plus » qu'à perir par le glaive du foldat, ou à tourner con»tre nous-mêmes les fureurs d'un barbare desespoir.

رو

Toutes les reffources nous manquoient, & nous en >> trouvons une dans la bonté de votre cœur. Une ac» tion fi belle fera retentir notre patrie de vos louanges, & la Renommée en portera le bruit jufques dans » ces climats reculés où vous allez regner.

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Vous ajoutez un nouveau luftre à vos actions » guerrieres, & votre réputation en paroît d'autant plus brillante, qu'il y a moins de Heros qui fçachent »joindre à la gloire de vaincre, celle de pardonner.

رو

رو

» Après avoir effuyé toutes les calamités qui accompagnent un Siége meurtrier, après avoir vû notre Port fermé au Commerce & à tous fecours,nos murs » réduits en poudre, & nos concitoyens devenus les

رو

» victimes des fureurs de la guerre & des rigueurs do » la famine, nous n'attendions tous qu'une mort pro» chaine pour terminer nos miferes; tout à coup nos efperances renaiffent, il nous eft permis de vivre en» core, & nous vous devons une fi grande faveur.

دو

» Puiffe la générofité qui vous defarme vous faire » oublier notre faute! fi l'on peut donner ce nom à » une fatale néceffité qui nous a rendus moins cou»pables que malheureux.<<

Telle fut la fin du Siége de la Rochelle, l'un des plus mémorables de ce tems. Cette importante Expédition couta au Roi des fommes immenfes. Il perdit tant dans les combats que par les maladies vingt-deux mille hommes. Du côté des affiégés il périt huit cens étrangers & cinq cens habitans.

Guerres ci

Les Historiens ne nous ont pas laiffé ignorer les çaufes qui firent échouer cette derniere entreprife. Da- viles de vila blâme le parti moderé que prit la Cour au com- France. l. ş. mencement de cette grande affaire. Il foutient qu'on devoit en preffer l'exécution, au lieu de temporifer ;, que des efprits fiers & républicains, prenant la douceur & l'infinuation pour foibleffe, étoient devenus intraitables, à proportion des ménagemens qu'on avoit cus pour eux qu'il falloit brufquement attaquer la Rochelle, dans un tems où elle étoit dépourvue de munitions de bouche & de guerre, la foumettre par des coups imprévus, & la réduire par la crainte dans ces premiers momens d'allarmes où les efprits étonnés ne voyent le danger que pour le craindre & fe le groffir. Les malheureufes conjonctures de ces tems femblent ne pas autorifer les raifonnemens politiques de l'Hiftorien étranger de nos guerres civiles.

Tous conviennent que les habitans de la Rochelle & ceux qui s'y étoient réfugiés,firent paroître un courage mâle & qui ne fe démentit jamais. Les uns animés par l'amour de la Patrie, les autres combattant pour

la défense du feul azile qui leur reftoit, furent trop
hardis pour craindre,
craindre, & trop
& trop infléxibles pour ceder.
Les Miniftres,qui regardoient la paix comme incom-
patible avec l'intérêt de leurs Eglises, travailloient
fans ceffe à lui fufciter des ennemis dans tous les cœursa
Le peuple étoit embrasé du feu de ce zele ardent qui
les dévoroit. Les femmes mêmes dans les tranfports de
leurs préjugés devinrent foldats. Ces difpofitions de-
voient naturellement produire une longue & vigou
reuse résistance:

Les affiégeans ne manquerent pas de bravoure. Plus fieurs actions d'éclat avoient déja fait la réputation des Chefs de l'Armée. Mais les plus fages & les plus habiles ne furent pas écoutés. Un courage de témérité prit la place de la capacité militaire, & cette impétuofité aveugle ne put aller au but,n'en connoiffant pas le chemin. On voulut brufquer une Expédition difficile, Montluc. qui ne pouvoit réuffir, felon un grand Capitaine, que par des gradations lentes, & en s'afferviffant aux regles de la guerre.

Les Troupes qu'on expofoit au feu mal-à-propos, furent d'abord affez braves pour affronter le peril. Mais enfin rebutées par tant de vaines attaques, elles combattirent foiblement.

Au fond, il y eut moins de découragement que de perfidie; beaucoup de foldats qui profeffoient la Religion P. R. ne tournoient qu'à regret leurs armes contre des gens pour lefquels ils auroient voulu combattre. Dans les occafions ils feignoient de craindre & lâchoient pied. Traîtres par principe de confcience, ils étoient devenus les efpions & les fideles émiffaires de la Ville affiégée.

Le grand nombre de Seigneurs qui fe trouverent au Siége fut un furcroît à tous ces maux. Divifés par des haines de parti, par la jaloufie d'autorité & par des interêts particuliers, ils n'avoient rien de commun que

l'efprit

Brantome,

l'efprit de difcorde qui les agitoit. Il eût fallu une Au-
torité abfolue pour maintenir l'ordre, pour ramener
les efprits à l'union, & afsujettir à l'unité de projet
cette diverfité d'avis tumultueux. Pour le malheur du
Royaume, le fignal de l'indépendance étoit déja don- . 4
né. Les Grands ne plioient qu'avec peine fous la loi de
l'obéiffance, & la contagion avoit paffé jufqu'au peu-
ple.

Dans des conjonctures auffi fàcheufes, la fupériorité du Rang ne donnoit au Duc d'Anjou qu'un pouvoir li mité. Il étoit contraint de flatter un mal qu'il eût aigri par une conduite plus vigoureuse, & il ne réus fiffoit pas toujours à fe faire obéir.

Après tout il auroit furmonté tous ces obftacles, s'il eût voulu fuivre le projet de Biron. Il ne lui falloit qu'un dernier effort pour abattre la fierté d'une Ville déja chancelante. Trop de précipitation lui enleva cette gloire.

.2

Une calomnie groffiere qu'on trouve dans le Sca Note A ligeriana, & que le nouvel Editeur de cet Ouvrage (1740) auroit dû fupprimer, exige un éclairciffe ment par rapport à la Maison de Saporta. Cette Maifon, préfentement établie en Provence eft noble, an cienne, & originaire de Sarragoffe.

Comme les Familles venues d'Efpagne ont été foup çonnées de Judaïfme par le peuple, Scaliger avance hardiment que les Saporta font de race Juive,,fauffeté que nous pourrions aifément détruire par les Titres de cette Maifon, lefquels font en forme probante. Il fuffira de remarquer qu'une fille de Louis de Saporta (Françoife) époufa le 28 Mai 1499, Guillaume d'Autrie, Seigneur des Baumettes, lequel eut plufieurs enfans Chevaliers de Malthe. Qu'une fille de Françoife Saporta, mariée à N. de Chateauneuf

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