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Note B.

Molleges, cut un fils reçu Chevalier de Malthe en 1516. Au refte les Sçavans ne font pas grand cas de ce Recueil de Scaliger. Voyez ce qu'en dit Vigneul-Marville.

Comme dans le Dictionnaire Hiftorique il n'eft fait mention qu'indirectement de la Maison de Crillon, à l'occafion de Louis de Crillon furnommé le Brave, nous ajouterons ici une Note pour fervir de supplément à ce Dictionnaire.

La Maison de Crillon eft ancienne, originaire de la Ville de Quiers en Piedmont, où elle tenoit le premier rang, établie enfin à Avignon depuis plufieurs fiecles. Le vrai nom des Seigneurs de Crillon eft Balbus(Begue) rendu par le mot de Berton en langage Provençal. Louis Berton-de Crillon, que la Reine Marguerite appelloit le Brave, & qui mérita par plufieurs actions de courage le furnom d'homme fans peur, étoit arrierepetit-fils d'un Balbus Gentilhomme Piedmontois, qui

vint fixer fon domicile en Provence. Sa mere étoit dé la Maison de Grillet-Taillades, & non de GrilliersVaillades, comme on lit dans la Préface de l'Histoire d'Henri III. par Varillas.

Le P. François Bening dans l'Eloge Funebre de Cril< lon, imprimé à Avignon en 1616. obferve que Crillon fut le premier Colonel Général de l'Infanterie Françoife: c'est une méprife; il n'en fut que le Lieutenant Colonel, Henri III ayant créé pour lui cette Charge, dans la vûë de contre-balancer la trop grande autorité du Duc d'Epernon (a). Ce Prince l'appelloit toujours mon Grillon, & Henri IV. lui écrivit : Pends-toi, brave Crillon, j'ai pris Amiens, & tu n'y étois pas. Une autre Version porte: Nous avons combattu à Arques, & tu n'y étois pas. Mais cette Version est fauffe, comme il paroît par l'original de la Lettre.

(4) Cette Charge fut fupprimée après la mort de Louis de Crillon.

Crillon mourut en 1615. fans laiffer de postérité. Varillas fe trompe lorsqu'il place cet événement en 1619. L'Oraison Funebre dont nous avons fait mention cideffus, conftate la fauffeté de cette derniere date.

Un frere cadet de Louis Berton-de Crillon a formé la branche qui fubfifte aujourd'hui. C'eft de cette branthe que font fortis Jean-Louis de Crillon Archevêque de Narbonne, Commandeur des Ordres du Roi, Prélat digne de tous les Titres qui le décorent; François Duc de Crillon; Dominique Evêque de Glandeve, Louis fils de François Duc de Crillon, Colonel, & Brigadier des Armées du Roi. C'est lui qui fe trouvant à la tête de la Brigade près de l'Abbaye de Melle, foutint avec une valeur prefque incroyable le premier choc d'un Corps de fix mille hommes qui étoit parti de Hinove pour fe porter à Gand; (Gazette de France, 10 Juillet 1745), & reprit le canon qu'on nous avoit enlevé. Il s'eft diftingué à la retraite de Saverne,n'ayant que cinq cens chevaux à opposer aux Pandoures de l'Armée ennemie.

MÉMOIRE*

SUR

LES ZOOPHYTES,

Ου

ANIMAUX PLANTES.

Par M. GIRARD-DE VILLARS, Docteur en Médecine.

L

A Nature offre un immense théâtre aux yeux de

fes fçavans Obfervateurs. Là de nouveaux acteurs font fans ceffe introduits fur la fcène; des repréfentations curieufes fe fuccedent les unes aux autres & font durer le plaifir, qui ne vit que de la nouveauté, & meurt fans cet aliment. Là le fpectacle toujours varié nous remplit d'admiration pour l'Etre Créateur l'intelligence de cet Ouvrier fuprême fe developpe tous les jours; admirons la dans les Zoo phytes, ou Animaux Plantes.

On avoit cru jufqu'à préfent que les diverfes Productions de l'Univers, rangées en différentes claffes, y étoient invariablement attachées & réunies dans un même genre, effentiellement féparées par l'efpéce on regardoit les Plantes & les Animaux comme des Peuples nombreux qui vivoient entr'eux fans contracter alliance, & qui fe perpétuoient fans fe confondre.

Ce que l'Antiquité nous avoit appris là-deffus n'étoit pour nous qu'une chimere de plus, que nous mettions fur fon compte. Lés nouvelles découvertes femblent réaliser cette prétendue chimere. De fçavans Phyficiens annoncent à l'Univers furpris l'exi

*Ce Mémoire a mérité à l'Auteur une mention honorable dans ceux de M. de Réaumur, & dans l'Effai fur le Polibe de M. Henri Baker, qui vient d'être traduit par M. de Mours, Médecin de Paris,

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ftence d'un nouvel Etre, qui n'étant ni purement fenfitif, ni purement végetal, eft placé (fi j'ofe le dire) fur des limites des deux Genres: nouveau Corps mixte, qui réuniffant en foi les qualités des deux Efpéces, n'eft ni entierement femblable à la Plante & à l'Animal, ni entierement différent de l'un & de l'autre mais qui, dans cette différence même ; conferve pour les deux un air de reffemblance bien marqué. Je laiffe aux Sçavans de notre fiécle le foin de pénétrer dans ce mystére Phyfique, & la gloire de nous le developper. Il feroit dangereux pour moi de me jetter dans une route inconnue obfcure & éclairée à peine par les rayons d'une foi ble Aurore. J'attendrai pour y marcher que l'Illuftre Monfieur de: Reaumur y faffe briller le grand jour. Comme les éclairciffemens qu'il a promis ne doivent pas fi-tôt paroître, j'ai cru, MESSIEURS, devoir vous faire part de quelques Remarques Historiques & Phyfiques fur une matiere fi intéreffante. L

Les Anciens ont donné le nom de Zoophytes à certains Corps organifés, qui font capables de fen fation, & qui vegétent tout à la fois; ils en ont fait une troifiéme Subftance, à laquelle ils affignent un rang entre l'Animal & la Plante.

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Ariftote, Pline, Elien, Saint Auguftin, Saint Tho mas, & dans des tems moins reculés, Gefner, Olea rius, Postel, Duret, ont parlé de cette production équivoque; mais il faut avouer qu'ils ont peu lap profondi. le fujets à peine ont-ils mefuré la furfaces Ils fuppofent ce qu'ils ne prouvent pas ; ils donnent des notions fauffes ou très-imparfaites; fouvent ils prennent une Plante pour un Animal'; ils s'épuifent en vains raifonnemens, ne fachant pas que lorfqu'il s'agit de Phyfique, il faut fubftituer les obfervations aux fubtilités de l'efprit & les expériences à la dé mangeaifon de difcourir. 2:1

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Il n'étoit prefque plus queftion de Zoophytes dans le Monde Litteraire, lorfqu'on les vit renaître en quelque maniere à l'occafion d'un Mémoire adreffé à l'Académie des Sciences par M. Payffonel, Méde cin, établi aux Ifles. Le fentiment de cet Auteur, étayé par un trop petit nombre d'expériences, paffa pour une Nouveauté, n'ayant pas même les couleurs de cette vraisemblance, trop ordinaire fupplément du vrai dans les matieres de Phyfique. Le Mémoire für oublié & la vérité fe perdit dans l'oubli avec luis mais enfin elle a reparù quelques années après, & de nobles efforts l'empêchent d'être enfevelie une feconde fois,

Monfieur Bonner, Jurifconfulte de Geneve, ayant Communiqué à Monfieur de Reaumur ce que le hazard lui avoit préfenté au fujet des Zoophytes, cq grand Phyficien demêla ce qui en étoit; fes conjecctures devinrent bien-tôt des preuves. J'ai eu le plaifir de lui voir faire à Réaumur quelques-unes de ces expériences. D'un autre côté les Obfervations de Monfieur Bernard de Juffieu fur les Côtes de Nor mandie, nous confirment cette brillante découverte.

Le mois de Septembre dernier Monfieur Guettard, Médecin de la Faculté de Paris, habile Eleve d'un grand Maître, a vérifié les nouvelles Expériences far les Côtes de la Tranche, en l'Ile de Ré. J'en ai fait quelques-unes moi-même, dont l'Illuftre Auteur de l'Hiftoire des Infectes a bien voulu faire mention dans la Préface de fon fixiéme Volume. Je vou¬ lois rendre mes yeux témoins des prodiges qui frappoient mes oreilles, & la Nature qui ne fe découvre qu'à fes Confidens, a fouffert une fois que des mains vulgaires la devoilaffent.

Ma curiofité s'eft principalement exercée fur les Orties de Mer. Ariftote, Pline & plufieurs autres Naturaliftes, Copiftes les uns des autres, prétendent

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