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qu'on ne leur à donné ce nom que parce qu'elles picquent, & qu'elles caufent à la main qui les tou che la même demangeaifon que caufe l'Ortie de Terre: l'expérience m'a convaincu du contraire. Ces Orties ne font ni d'une même efpéce, ni d'une même couleur; il y en a de brunes, de rouges, de violettes & de vertes ; on les appelle ici Culs de Mulets, Rofes de Mer & Figues de Mer, eu égard à la différence qui fe trouve entr'elles. Les qualités de l'Animal, Plante font empreintes dans cette production marine.

Comme la Plante la Figue de Mer a une demeuré qui paroît fixe, où elle eft attachée par une plaques comme difent les Botaniftes (car il faut remarquer que les Productions marines s'attachent communé→ ment à quelque corps folide, & l'embraffent par une efpéce de plaque très-polie, qui ne jette aucune fi bre) je l'ai toujours tirée du fonds de la boue, & arrachée des pierres & des rochers, où elle eft collée horizontalement. Comme la Plante, elle vit, quoi que mutilée; elle vegéte par fes morceaux coupés, quoique plus difficilement que l'Ortie brune & les Rofes de Mer. J'en ai tranché en différentes pofitions verticales, horizontales, en deux, en quatre portions; j'ai toujours vû l'Ortie de Mer vivre dans fes tronçons; j'ai vu de fes parties divifées former de nouveaux Touts, & des Orties nouvelles. Ruifch fait mention de cette expérience dans fa vafte Compila tion: peut-être la tenoit-il des Pêcheurs Normands qui fçavent tous que, des morceaux de certains Animaux Marins jettés dans la Mer, il s'en forme d'autres, comme ils l'ont dit à Monfieur de Juffieu. J'ai voulu réunir des portions d'Orties par la Secture, mais cette expérience n'a réuffi qu'une fais; fi l'expérience prouve ce que nous foupçonnons, que l'Ortie foir de la claffe des nouveaux Hermaphrodites, qui fe fuffifent à eux-mêmes, elle ira prefque de pair avec la Plante,

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Semblable à PAnimal, POrtie eft vivipare. Elle engloutit les alimens par une efpéce de bouche, bordée de filamens creux, pareils aux cornes de Limaçons. Ces filamens implantés dans un bourlet ou fphincter, qui eft double, fervent à l'Animal pour faifir far proye, & quelquefois pour marcher.

J'ai remarqué une maniere de tremie, que creufe la Figue affez femblable au cône renverfé de Formica. Leo Loffqu'on pofe le doigt fur ce trou, il s'éleve du fond une efpere de jet d'eau ou petit torrent, que la Figue feringue, & qui fe repandant fur les bords, entraire des petits infectes, lefquels, y font précipi¬ téspy trouvent leur tombeau. Mais ce qui demons tren que Bortie eft: animal, c'est une efpéce de bourse ànjertopsaque l'on découvre au milieu du corps; un gouffre fans iffue apparente, rempli de petits coquil lages d'Araignées & de cancres. Je n'ai pu decou vrir encore la fuite dés vifceres, & les différens conduits exeratoires que Pline leur, attribue. Ainfi que l'animal, l'Ortie eft encore capable de fenfations. A mefures que j'introduifois le doigt dans le fphincter, dont j'ai parlé, je le femtois ferré par une force interne -Vous voyez, MESSIEURS, dans l'Orrie, l'image du Zoophyte, Etre double, merveilleux composé de Plante & d'Animal, ou fi j'ofe le dire, vrai & pun Animal, partageant avec les Plantes la proprieté de vegeter, de vivre malgré l'amputation de fes parties de croitre indépendamment de cette amputation, de produire autant d'Animaux qu'on voit de morceaux coupés, & qui en viennent 'comme de Bouture. Ja joindrai à ce détail, que je dois à mes foins, une ob, fervation curieufe que je trouve dans les Mémoires de Trevoux 1701, Mai & Juin. 'nibga 91725 Un Particulier de la Ville de Caen, fe promenant fur le bord de la Mer, auprès de la Délivrande, trouva une de ces merveilles naturelles. Il crut voir

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au pied d'un rocher une fleur extraordinaire, n'ayant · que quatre feuilles, qui formoient une croix; leur couleur approchoit fort du rouge pâle des Limaçons qui n'ont pas encore de coquille; chaque feuille avoit de longueur environ deux pouces & demis elles aboutiffoient toutes en pointes. Comme il vou lut la tirer de l'eau, & l'arracher, il fentit que les quatre feuilles étoient fort épaiffes, qu'elles dimi nuoient cependant entre fes doigts, & les preffoient affez pour lui faire croire qu'il tenoit quelque chofe de fingulier. Il crut decouvrir dans ces feuilles qua tre Limaçons qui fe réuniffoient dans un centre com mun, appuyés fur une tige perpendiculaire, de la groffeur & de la couleur des plus gros Champignons, de fix à fept pouces de longueur. La prétendue fleur ne tenoit point au fable par des fibres; une espéce de, bouton lui fervoit des racine. Comme la couleur commençoit à tirer fur un violet fort noir, l'Obfervateur, en eut horreur, & jetta dans la Mer ce qu'il tenoit dans la main horreur mal entendue, que l'efpoir d'une belle découverte, auroit dû changer en plaifir. Cette fleur extraordinaire étoit inconteftable ment un Zoophyte, & le fixiéme genre d'Ortie décrit par Rondelet, Les quatre pieds de cette Ortie, que le Phyficien peu attentif prenoit pour des feuilles, font en fleur de Lys bâtarde ou feuille d'Acanthe.

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Si l'on fuivoit l'impreffion du premier coup d'œil, guidé par la loupe, on prendroit d'abord pour Animal Plante, l'Algue (qu'on appelle Sard à la Rochelle) à caufe du grand nombre d'infectes qui femblent for tir de fa fubftance; des observations réfléchies détruifent cette fauffe idée. Monfieur Guettard qui a examiné ces productions à la Pointe de Coreil, m'a fait remarquer qu'elles avoient des incrustations cellulaires, & des filammens à entonnoir de différentes formes, dans lesquelles une infinité d'Animaux noms

més Polypes le jouent. J'ai réiteré ces obfervations; & j'ai toujours vû ces infectes couvrir la furface du Sard, fur tout lorfqu'il eft frais mouillé, entrer & fortir de leurs niches. Le Sard ne paroît donc pas être un Animal, mais un affemblage ou plûtor un rendezvous de plufieurs Animaux. Si j'avois affez de hardieffe, je le dépouillerois prefque de fa qualité de Plante, je le regarderois comme un tissu de filamens à entonnoir & de cellules fymetriques, que ces infectes ont bâties, comme une ville en racourci, peuplée par de nombreufes familles, vivant dans des maifons proportionnées à la petiteffe de leur être. En un mot, je regarderois l'Algüe comme un Polypier, diffé rent néanmoins des Coralines, Coraux, Millepores que plufieurs Sçavans commencent à ne plus mettre au rang des Végétaux.

Si je quittois le Phyfique pour paffer au merveil leux, que n'aurois-je pas à vous dire, MESSIEURS, fur les Zoophytes? Vous verriez avec Olearius, Scaliger, Pofter, & tous ceux qu'il a plû à Aldrovande de compiler, Agneau Soytique ou Boramer, fufpendu fur la tige, brouter l'herbe qui croît à l'entour, & fournir dans fa dépouille de belles fourures. Vous verriez avec Sebastien Munster & André Thever, dans leur Cofmographies, certains Arbres d'Ecoffe produire tout à la fois des Oifeaux & des Poiffons, felon que le fruit tombe fur la Terre ou dans la Mer. Vous verriez avec Antoine Pigafette, Chevalier de Rhodes, les feuilles d'un arbre de l'Ile de Borneo marcher portées fur deux pieds. Vous verriez en un mot une infinité de Métamorphofes, qui peuvent bien être célé brées par des Ovides, mais qui ne doivent jamais être pour des Philofophes l'objet d'une ferieufe attentiona

ང་ལ་

ODES

De M. ARCERE, de l'Oratoire.

ODE

Sur la Campagne de Son Alteffe Séréniffime Mon feigneur le Prince de CONȚI, en 1744•

COLOSSES

LOSSES immortels qui bravés les orages,
Vous dont le front audacieux

S'éleve fierement au-deffus des nuages

Et va fe perdre dans les Cieux!

Sous le criftal des eaux fe cachent vos Nayades,
A travers les forêts je vois fuir vos Dryades,
Pan quitte les fombres vallons,

La crainte vient troubler vos paisibles retraites,
Les échos effrayés du bruit de cent Trompettes
A regret en rendent les fons,

QUEL Mortel vient dompter vos orgueilleuses cimes? Eft-ce un ennemi du repos,

Qui du titre d'Exploits ofe parer fes crimes,

Tiran fous le nom de Heros?

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