HISTOIRE DE GIL BLAS DE SANTILLANE, PAR LE SAGE; CHEZ LEFEVRE, ÉDITEUR, RUE DE L'ÉPERON, 6; ET CHEZ A. LEDENTU FILS, LIBRAIRE, 31, QUAI DES AUGUSTINS. 1844 DÉCLARATION DE L'AUTEUR. Comme il y a des personnes qui ne sauraient lire sans faire des applications des caractères vicieux ou ridicules qu'elles trouvent dans les ouvrages, je déclare à ces lecteurs malins qu'ils auraient tort d'appliquer les portraits qui sont dans le présent livre. J'en fais un aveu public : je ne me suis proposé que de représenter la vie des hommes telle qu'elle est; à Dieu ne plaise que j'aie eu dessein de désigner quelqu'un en particulier! Qu'aucun lecteur ne prenne donc pour lui ce qui peut convenir à d'autres aussi bien qu'à lui; autrement, comme dit Phèdre, il se fera connaître mal à propos: Stulte nudabit animi conscientiam 1. On voit en Castille, comme en France, des médecins dont la méthode est de faire un peu trop saigner leurs malades. On voit partout les mêmes vices et les mêmes originaux. J'avoue que je n'ai pas toujours exactement suivi les mœurs espagnoles; et ceux qui savent dans quel désordre vivent les comédiennes de Madrid, pourraient me reprocher de n'avoir pas fait une peinture assez forte de leurs déréglements; mais 1 Quiconque en mes portraits se sera reconnu Prol. du livre III des Fables de Phidre. A |