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btenu le contenterent de demander par Pentremise du Prelat dont on a déja earlé, qu'on le fit voir à leurs ConFreres, avec une lettre que le Provincial leur écrivoit. L'Abbé de la Trappe Paccorda volontiers; mais le Decret & la Lettre ne fervirent qu'à affermir ces Religieux dans la refolution qu'ils avoient prife de vivre & de mourir à la Trappe. Cependant l'année de leur Noviciat étant expirée, l'Abbé de la Trappe ne fit point de difficulté de recevoir tous ces Religieux à la Profeffion. Comme c'étoit déclarer affez hautement que rien ne feroit capable d'obliger l'Abbé de rendre ces Religieux, leurs premiers Superieurs luy firent propofer par l'entremise du Prelat dont en a déja parlé, de fe défifter de leur pourfuite, & de confentir même à la Profeffion de leurs Religieux, s'il vouloit s'obliger à n'en plus recevoir à l'avenir que du confentement des Superieurs.

Bien des gens trouvoient cette propofition raisonnable, &étoient d'avis que l'Abbé de la Trappe ne pouvoit fe difpenfer de l'accepter; cependant ayant fait reflexion qu'en confentant à ce qu' duy propofoit, il fermeroit la port

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de pieté, pour lesquelles il avoit beaucoup de confideration, que s'il continuoit à ouvrir les portes de fon Monastere à tous ceux de fes Religieux qui s'y voudroient retirer, il ruineroit enfin fa Congregation; qu'il le prioit de faire reflexion qu'il ne recevoit que fes meilleurs fujets, les plus fervens, en un mot ceux qui étoient les' feuls capables d'y maintenir le bon ordre, & même de Paider à la reformer, comme il en avoit le deffein; qu'il confentiroit volontiers qu'il gardât ceux de fes Religieux qu'il avoit déja reçus, mais qu'il le prioit à l'avenir de n'en plus recevoir fans son confentement; qu'il ne fe rendroit point difficile à l'accorder à ceux qu'il verroit appellez à une plus grande perfection, qu'il fçavoit trop le compte qu'il auroit à rendre à Dieu d'un pareil refus pour s'y expofer; qu'enfin, la charité & l'amour de la paix qui devoit regner entre des Religieux qui profeffoient comme eux la même Regle, luy permettoit d'autant moins de rejetter un accommodement auffi raisonnable que celuy dont il s'agiffoit, qu'il en avoit fait un femblable avec la Congregation que Dom Maur avoit quittée.

Ces raifons foutenues de l'autorité des

perfonnes qui les propofoient, firent impreffion fur l'efprit de l'Abbé de la Trappe. Il crut que comme la Congre gation dont il s'agiffoit avoit deffein de fe reformer, il n'étoit pas juste de luy en ôter les moyens en la privant de fes meilleurs fujets; il confentit donc à l'accommodement. Il s'obligea même par écrit dans la réponse qu'il fit au Provincial, de ne plus recevoir de fes Religieux fans fa permiffion; mais il luy marque expreffement, que c'est dans la wuë de favorifer les bonnes intentions qu'il a de reformer fa Congregation, & d'en retrancher ce qui avoit porté un á grand nombre de fes Religieux à fe re

tirer.

CHAPITRE

CHAPITRE XI.

la

Les Superieurs de divers Ordres obtiennent des Brefs de Rome pour empêcher leurs Religieux d'être reçus à la Trappe. L'Abbé demande difpenfe de ces Brefs: Le Pape refufe ; mais il approuve tout ce qui avoit été établi à la Trappe, & luy fait efperer des difpenfes particulieres.

ENDANT que ces chofes fe paffoient,

Pla reputation de la Trappe augmen

toit tous les jours de plus en plus; on la regardoit avec la même estime qu'on avoit fait autrefois les Abbayes celebres de Cîteaux & de Clairvaux. L'Abbé luymême paffoit pour un nouveau faint Bernard, deftiné de Dieu pour rétablir la penitence ancienne; on luy trouvoit fon zele, fa pieté, fa fermeté, fes lumieres, fon averfion pour le monde, fon amour pour l'aufterité & pour la retraite, & toutes ces qualitez qui l'ont rendu fi venerable de fon temps & dans les fiecles qui l'ont fuivi. On accouroit I. Partie.

S

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