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fi parlé, l'évêque de Plaisance répondit au nom AN. 1107. du pape: L'eglife rachetée par le precieux fang de JESUS-CHRIST, & mife en liberté, ne doit plus être remife en fervitude; & elle feroit efcla ve du prince, fi elle ne pouvoit choisir un prelat fans le confulter. C'est un attentat contre Dieu, fi le prince donne l'inveftiture par la verge & l'anneau qui appartiennent à l'autel ; & les prelats derogent à leur onction, s'ils foûmettent leurs mains confacrées par le corps & le fang de nôtre - Seigneur aux mains d'un laique enfan glantées par l'épée. A ce difcours les ambaffa deurs Allemans murmuroient avec emportement & n'euffent épargné ni les injures ni les mauvais traitemens, s'ils euffent pû le faire impunément. Ils fe contenterent de dire: Ce ne fera pas ici, mais à Rome que cette question fe décidera, & à coups d'épée Mais le pape envoya au chan celier pufieurs perfonnes de confiance & de capacité, pour s'expliquer avec lui paisiblement, & le prier inftamment de travailler à la paix du Yoyaume. C'eft ainfi que Suger rapporte cette Ab Urf conference de Challons. Un auteur Allemand ajoûte que Henri ne voulant pås que l'on deci

erg.

IV.

dât rien fur cette queftion dans un royaume étranger, obtint un delai de toute l'année fuivante pour aller à Rome & y examiner l'affaire dans un concile general.

Les Allemans s'étant retirez, le pape vint à Concile de Troyes, où il avoit indiqué un concile depuis long-tems. Il le tint vers l'Afcenfion, qui cette tom. X. p. année no7. étoit le vingt-troifiéme de Mai; &

Troyes.

754.

fa principale intention étoit d'exciter au voyage de la terre fainte, & affermir la tréve de Dieu. Auffi y excommunia t-on ceux qui la violeroient & principalement les ufurpateurs des biens d'églife. On y deffendit encore de brûler les maifons en aucune guerre, ni d'enlever les brebis,ou

les agneaux; ce que j'entens des guerres particulieres. On y rétablit la liberté des élections, & on confirma la condamnation des inveftitures. Plufieurs évêques d'Allemagne y furent fufpendus de leurs fonctions pour diverfes causes.

Pendant ce concile l'églife de Dol en Breta gne envoya au pape des deputez, qui en fa prefence élurent pour leur évêque Valgrin chancelier de l'églife de Chartres; & le pape y donna fon confentement, fans avoir égard aux excufes de Vulgrin qui étoit prefent. Il s'en plaignit fortement à Ives fon évêque qui en écrivit au pape en ces termes : Quoiqu'il foit homme de lettres & de bonnes mœurs, il allegue toutefois plufieurs raifons de fon infuffifance; & dit qu'il n'y a rien qu'il ne foit prêt à fouffrir, plûtôt que de fubir en ce tems-ci la charge de l'éτότ pifcopat. Vous favez que les loix feculieres ne permettent pas de marier un fils de famille fans

AN. 1107.

Ivo.ep. 1751

fon confentement; combien eft-il plus neceffaire 1. 12. Cod pour donner un époux à l'église ? & quel bien de nupt. pourra-t'il faire en agiffant par contrainte? Je vous prie donc à genoux, de ne l'y pas engager par votre autorité. Je fuis obligé de pourvoir à fon falut autant qu'il m'eft poffible puifque je l'ai levé des fonts. L'églife de Dol aiant écrit à Ives de Chartres, afin qu'il obligeât Vulgrin à accepter: Ives répondit qu'il epift. 1781 n'en avoit pas le pouvoir. Il n'y a que le pape, ajoûte-t'il, qui puiffe donner à l'églife des évêques même malgré eux; ainfi je ne contraindrai notre frere en ceci, qu'en tant que le pape m'y

contraindra.

Pendant que le pape Pafcal étoit deçà les Penit. monts, il termina la conteftation qui duroit de- Theod. toi puis fi long-tems entre Gui archevêque de 1. p. 536. Vienne & Hugues évêque de Grenoble au > E j

Sup. live 64.88. 215

fujet du territoire de Salmoriac, les faifant con AN. 1107. venir d'un partage entre les deux églifes. L'accord fut fait à Lion dès le vingt-neuvième de Janvier, en prefence des évêques d'Albane, de Plaifance, du Pui, de Viviers, de Geneve, de Valence, & de Manrienne; mais la bulle n'en AbVrfperg, fut expediée que le fecond jour d'Août de cette année 1107. indiction quinziéme. Le pape après le concile de Troyes, retournoit lentement en Italic, & il fut reçu à Rome avec une joïe in

LVI.

Londres,

Edmér. Konor.

croïable.

Le roi d'Angleterre ayant affemblé fa cour Concile de à Pâques, qui cette année 1107. fut le quatorziéme d'Avril; les reglemens qu'il avoit refolu d'y faire touchant les églifes, furent differez jufques à la Pentecôte, parce que le pape avois mandé de lui envoyer au concile de Troyes Guillaume de Varelvaft & le moine Baudouin qui avoient été auparavant deputez à Rome; & fe roi efperoit aprendre à leur retour quelque chofe de nouveau touchant les intentions du pape. Mais l'archevêque Anfelme étant tombé dangereufement malade entre Pâques & la Pentecôte, le concile qui fe devoit tenir à cette fête af. pif. fut remis au premier d'Août. Cependant il reçut une lettre du pape, par laquelle il lui permettoit de promouvoir aux ordres facrez les enfans des prêtres, qui feroient recommandables leur fience & leur par attendu la grande multitude d'homme de cette naiffance qui fe trouvoit en Angleterre. Ce que le pape n'accordoit toutefois qu'à caufe de la neceffité du tems & pour l'utilité de l'églife, sans prejudice de la difcipline pour l'avenir. En general il permet à Anfelme d'accorder pour ces mênies caufes toutes les difpenfes qu'il jugera neceffaires fuivant la barbarie de la nation. Ce font fes

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termes.

vertu >

:

to. x. conc.

P. 755.

Au commencement du mois d'Août l'affemblée des évêques & des feigneurs fe tint à Lon- AN. 1107. dres au palais du roi, & pendant trois jours de fuite la queftion des inveftitures fut agitée entre le roi & les évêques en l'abfence d'Anfelme. Quelques-uns vouloient que le roi les donnât, fuivant que fon pere & fon frere en avoient ufé mais l'autre avis l'emporta, qui étoit de fe conformer à ce que le pape avoit reglé, en accordant au roi les hommages que le pape Urbain avoit deffendus, & lui deffendant feulement les inveftitures. Enfuite le roi s'y foûmit publiquement en prefence d'Anfel-, me; & ordonna qu'à l'avenir perfonne en Angleterre ne recevroit l'inveftiture d'un évêché ou d'une abbaye par la croffe & l'anneau de la main du roi on de quelque laïque que ce fut & Anfelme declara de fon côté: qu'on ne refuseroit la confecration à aucun prelat pour avoir fait hommage au roi. Ce qui étant ainfi reglé, le roi par le confeil d'Anfelme & des feigneurs, donna des pafteurs aux églifes d'Angleterre, qui prefque toutes étoient vacantes depuis longtems: mais fans leur donner aucune inveftiture..

Il remplit auffi quelques églifes de Normandie.

Cependant Anfelme en prefence du roi, des évêques & des feigneurs, demanda à Gerard archevêque d'Yorc, la foûmiffion qu'il ne lui avoit point encore faite depuis fa tranflation: d'Erford à Yorc. Le roi dit, qu'il ne lui pa-: roilloit pas neceflaire que Girard fit une autre foûmiffion que celle qu'il avoit faite à fon ordination; & Anfeime y confentit pour lors, à condition que Gerard lui touchant dans la main, promettroit de lui rendre comme archevêque, la même obéiffance qu'il lui avoit promife comme évêque. Enfuite ceux qui avoient

été élus évêques allerent à Cantorberi, & y fu AN. 1107. rent ordonnez le dimanche onzième d'Aoûs par Anfelme affifté de fes fuffragans; Ces nouveaux évêques étoient cinq; dont le plus remar quable étoit Guillaume de Varelvast, qui fur ordonné évêque d'Exceftre. Anfelme écrivit au pape pour l'affurer que le roi d'Angleterre avoit renoncé aux inveftitures, & ne difpofoit pas des églifes par fa feule volonté mais s'en rapportoit entierement au confeil des gens de bien. Il marque auffi le fervice que Robert comte de Meulan, qui étoit le principal confident du roi, avoit rendu à l'église en cette occafion.

LVI.

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Depuis plus de deux ans Daïmbert patriarche Mort de de Jerufalem étoit à la fuite du pape Pafcal, qui Daïmbert. le retenoit pour voir fi ceux qui l'avoient chaffe patriarche allegueroient des caufes raifonnables de leur de Jerufa- conduite. Mais perfonne n'ayant comparu,

Gibelin

lem.

Guill. Ty..

ne fe trouvant autre chofe contre lui, finon to. x. conc. qu'il avoit été chaffé par la pure violence du roi: il fut renvoyé à fon fiege avec des lettres du pape > qui temoignoient qu'il étoit en fes bonnes graces. Il pafla en Sicile, & fut obligé de fejourner à Meffine pour attendre l'occafion de s'embarquer mais il y tomba ma lade, & mourut le vingt- feptiéme de Juin cette année 1107. ayant tenu le fiege de Jerufalem pendant fept ans ; quatre ans paifiblement trois en exil. Ebremar, qui avoit été intrus à fa place, ayant appris qu'il revenoit avec l'approbation du pape, & ne fachant pas encore fa mort refolut d'aller à Rome fe juftifier & reprefeuter comme on l'avoit mis malgré lu für le fiege de Jerufalem. Mais étant arrivé à Rome, il ne put obtenir autre chofe fmon qu'on envoyât avec lui un legat pour prendre fur les lieux une plus ample connoissance de l'af

faire.

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