Imágenes de páginas
PDF
EPUB

21.

que Dieu nourrit. Car c'eft ainfi que Ics Bogo miles prouvoient leur doctrine par des paffages de l'Ecriture tournez en allegories arbitraires. Ils fe croïoient permis de diffimuler leur doctrine, & d'ufer de tous les moyens poffibles 4. pour fauver leur vie: ce qui les rendoit trèsdifficile à découvrir. Leur habit femblable à celui des moines, fervoit encore à les cacher; & leur donnoit moyen de s'infinuer plus facilement pour communiquer leurs erreurs. Ils condamnoient le mariage, & défendoient toute union des fexes, comme s'ils n'avoient point de 37. corps. Ils défendoient de manger de la chair ni

des œufs, & ordonnoient de jeûner tous les mer25. credi & les vendredis mais fi on les prioit à manger ils mangeoient plus que d'autres, ce qui faifoit juger qu'ils n'étoient pas plus retenus dans le refte. La princeffe Anne Comnene dit qu'elle cût voulu expofer leur herefie, mais la pudeur & la bienféance de fon fexe l'en empêche pour ne pas foiiiller fa langue; & elle renvoye au livre d'Euthymius.

Alex. lib. 4. p.490.

Auct. bibl. PP. 1624 2.2. p. 292.

que

Après les Bogomiles, Euthymius refute aussi les Ifraëlites, c'eft-à-dire les Mufulmans. D'abord il rapporte fommairement l'hiftoire de Mahomet, & montre qu'il n'a été promis par aucune prophetic, & n'a donné aucune preuve de fa prétendue miflion. Il rapporte fes principaux dogmes tirez de l'Alcoran, dont il cite les chapitres & les paroles; & releve les abfurditez contenues en ce livre comme d'avoir confondu Marie foeur de Moïfe avec la Vierge mere de Jesus, & d'avoir mêlé à des difcours. qu'il donne pour divins plusieurs fables imperri

nentes.

Le fucceffeur de Nicolas le Grammairien fut Jean, diacre & hieromnemon de l'églife de C. P. & frere de l'évêque de Calcedoine: c'est

pourquoi le furnom de cette ville lui demeura;

il étoit nourri dans l'étude des lettres facrées AN. 11126 & profanes. Il fut nommé patriarche par l'empereur Alexis, qui vint lui même le déclarer dans l'églife; & il tint le fiege vingt- trois

ans.

XII.

inveftitu

' concord. P

de Marca

A Rome le pape Pascal voulant fe juftifier au fujets des inveftitures, & prevenir le fchifme dont Concile de l'églife étoit menacée, affembla un concile dans Latran l'églife de Latran, où fe trouverent environ contre les cent évêques; entr'autres, Cencius de Sabine, res. -Pierre de Porto, Leon d'Oftie, Conon de Pa- to. x. conc. leftrine, évêques, cardinaux, Jean patriarche p. 767. de Venife, Sennes archevêque de Capoue, Baluz. ad Landulfe de Benevent, Maur d'Amalfi', Guillaume de Syracufe, Geofroi de Sienne. Il n'y p. 1292. avoit que deux évêques de deçà les monts, Girard d'Angouleme & Galon de Leon en Breta gne, députez des archevêques de Bourges & de Vienne. Il y avoit plufieurs abbez, & une multitude innombrable de clercs & de laïques. Le concile commença le dix-huitième jour de Mars 12. Le quatrième jour on parla des Guibertins; qui faifoient leurs fonctions, nonobftant l'interdiction, prétendant en avoir permiffion du pape. Le pape dit: Je n'ai point abfous genera lement les excommuniez comme difent quelques-uns; car il eft certain que perfonne ne peut être abfous fans penitence & fatisfaction. Je n'ai point rétabli les Guibertins; au contraire, je confirme la fentence que l'églife a prononcée

[ocr errors]

contr'eux.

Le cinquième jour le pape raconta à tout le concile, comment il avoit été pris par le roi Henri, avec des évêques, des cardinaux, & & forcé contre fa réfolution pour la délivrance des prifonniers, la paix du peuple & la liberté de l'églife, de donner au

#plufieurs autres ;

roi par écrit une conceffion des inveftitures N. 1112. qu'il avoit fouvent défendues. J'ai fait jurer, ajoûta-t-il, par les évêques & les cardinaux, que je n'inquieterois plus le roi à ce sujet, & que je ne prononcerois point d'anathême contre lui. Or quoique le roi Henri ait mal observé fon ferment, toutefois je ne l'anathematiserai jamais, & ne l'inquieterai jamais au fujet des inveftitures; lui & les fiens auront Dieu pour juge d'avoir rejetté nos avertiffemens. Mais quant à l'écrit que j'ai fait par contrainte, fans le confeil de mes freres & fans leurs foufcriptions, je reconnois qu'il a été mal fait, & je defire qu'il foit corrigé, laiffant la maniere de la correction au jugement de cette affemblée, afin que ni l'églife ni mon anie n'en fouffre aucun préjudice. Tout le concile réfolut que les plus fages & les plus favans d'entr'eux délibereroient murement fur ce fujet, pour rendre leur réponse le lendemain.

Le fixiéme jour du concile, qui fut le dernier, le pape commença par fe purger du foupçon d'herefie, dont on accufoit ceux qui apptouvoient les inveftitures; & pour cet effet il fit fa profeffion de foi en prefence de tout le concile. Il y declara qu'il recevoit toutes les faintes écritures, tant de l'ancien que du nouveau Teltament; les quatre premiers conciles generaux & le concile d'Antioche; les decrets des papes, & principalement de Gregoire VII. & d'Urbain II. J'approuve, ajoûta-t il, ce qu'ils ont approuvé, je condamne ce qu'ils ont condamné ; je défends tout ce qu'ils ont défendu; & je perfevererai toûjours dans ces fen

timens.

Enfuite Girard évêque d'Angoulefme, legat en Aquitaine, fe leya au milieu de l'affemblée, & u confentement du pape & du concile, lus

un écrit en ces termes: Nous tous affemblez en ce faint concile, condamions par l'autorité AN. IM24 ecclesiastique & le jugement du Saint-Esprit, le privilege extorqué du pape Pafcal par la violence du roi Henri: nous le jugeons nul & le caf fons abfolument; & défendons fous peine d'exCommunication qu'il ait aucune autorité. Ce que nous faisons à caufe de ce qui eft contenu dans ce privilege qu'un évêque élu canoniquement par le clergé & le peuple, ne fera point facré qu'il n'ait reçu auparavant l'inveftiture du roi ce qui eft contre le Saint - Efpric & l'inftitution canonique. Après cette lecture tous s'écrierent: Amen, amen: ainfi foit-il, ainfi foit-il. Cet écrit avoit été dressé par Girard évêque d'Angoulefme, Leon d'Oftie, Gregoire de Terracine, Galan de Leon; & par Robert cardinal du titre de faint Eufebe & Gregoire du titre des faints apôtres. Il fut foufcrit par ceux qui affiftoient au concile.Deux évêques, Brunon de Segni, & Jean de Tufculum & deux cardinaux, Pierre de faint Sixte, & Alberic de fainte Sabine, quoiqu'ils fuffent à Rome, n'affifterent pas au concile: mais enfuite ayant lû la condamnation du privilege, ils l'approuverent comme les autres.

[ocr errors]

On rapporte à ce concile une lettre du pape Pafc. epift. Pafcal au roi Henri & aux empereurs fes fuc- az. ceffeurs où il dit la loi divine & les faints canons défendent aux évêques de s'occuper d'affaires feculieres, ou d'aller à la cour, fi ce n'eft pour delivrer les condamnez & les autres qui fouffrent oppreffion. Mais dans votre roïaume on contraint les évêques & les abbez mêmes à porter les armes ce qui ne fe fait guerre fans commettre des pillages, des facrileges, des incendies & des homicides. Les migiftres de l'autel font devenus les miniftres de Tome XIV,

G

,

la cour: parce qu'ils ont reçu des rois des AN. 1112. villes, des tours des duchez, des marqui lats, des droits de monnoye & d'autres biens appartenans à l'état d'où eft venu la coutume de ne point facrer les évêques qu'ils n'ayent reçu l'inveftiture de la main du roi. Ces defordres ont excité nos predeceffeurs Gregoire VII. & Pafcal II. à condamner en plufieurs conciles ces inveftitures, fous peine d'excommunication; & nous confirmons leur jugement dans ce concile.

Godef chr.

part. 17.

pag. 5o8.

epift. 24.

&

Nous avons donc ordonné qu'on vous laillat à vous nôtre cher fils Henri, qui êtes mainte nant par notre miniftere empereur Romain, à vôtre royaume, tous les droits royaux qui manifeftement appartenoient au royaume du tems de Charles, de Louis, d'Otton, & de vos autres predeceffeurs. Nous deffendons aufli aux évêques & aux abbez d'ufurper les droits royaux, ni les exercer que du confentement des rois mais les églifes avec leurs oblations & leurs domaines demeureront libres, comme vous avez promis à Dieu au jour de vôtre couronne ment. Le pape raconte enfuite la maniere dont il fut arrêté par les gens de l'empereur, & la lettre femble imparfaite.

[ocr errors]

Godefroi de Viterbe auteur du même fiecle,

dit qu'en ce concile de Latran le pape Pafcal vouJut renoncer au pontificat, s'en jugeant indigue, à caufe de cette conceffion faite à l'empereur: qu'il quitta la mitre & la chape, & pria le con cile d'ordonner fans lui ce qu'il jugeroit à pro pos: mais que le concile ne voulut point rece voir fa demiffion, & l'obligea à garder fa digni té, tournant toute fon indignation contre Henti V. qui fut declaré ennemi de l'églisê comme fon pere.

Entre plufieurs lettres que le pape Pafcal

« AnteriorContinuar »