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Carivit fur ce fujet, nous en avons une à Gui archevêque de Vienne, & legat du faint fiege AN. 11124 où il l'exhorte à demeurer ferme, en cas que les barbares, c'est à-dire les Allemans, veuillent ébranler fa conftance, foit par menaces, foit par careffes. Puis il ajoûte: Quant à ce que vous defirez favoir, voici ce qui en eft. Je déclare nuls & je condamne à jamais les écrits faits au camp, où j'étois retenu prifonnier, touchant les inveftitures; & je me conforme fur ce fujet à ce qu'ont ordonné les canons des apôtres, les conciles & nos predecesfeurs principalement Gregoire & Urbain.

XIII. Concile de

Vita ap.

Bol 1. Apr.

to 9. p. 44

L'archevêque de Vienne tint un concile le feiziéme de Septembre la même année 1112. Vienneoù se trouverent entre autres évêques, faint to. x. conc. Hugues de Grenoble & faint Godefroi d'A- p. 784. miens que l'archevêque avoit prié d'y venir pour tenir fa place, parce qu'il n'avoit pas la parole libre. Ce concile fit un decret en ces vital. 111. termes Nous jugeons fuivant l'autorité de c. 7. ap.Sur, la fainte églife Romaine, que l'inveftiture des 8. Nov. évêchez, des abbayes & de tous les biens ecclefiaftiques reçuë de la main laïque eft une he refie. Nous condamnons par la vertu du SaintEfprit, l'écrit ou privilege que le roi Henri a extorqué par violence du pape Pafcal, nous le déclarons nul & odieux. Nous excommunions ce roi, qui venant à Rome fous ombre d'une paix fimulée, après avoir promis au pape par ferment la fureté de fa perfonne, & la renonciation aux inveftitures, aprés lui avoir baifé les pieds & la bouche, l'a pris en trahison comme un autre Judas, dans le faint fiege, devant le corps de faint Pierre, avec les cardinaux, les évêques & plufieurs nobles Romains: l'ayant enlevé dans son camp, l'a dépoüillé des ornemens pontificaux, traité avec mepris & déri

fion & extorqué de lui par violence cet écri AN, 1112. deteftable. Nous l'anathematifons & le fepa rons du fein de l'églife, jufqu'à ce qu'elle reçoive de lui une pleine fatis faction. Saint Hugues de Grenoble fut le principal auteur de cette excommunication.

C

. . conc.

P. 786.

Le concile écrivit enfuite au pape une lettre fynodale qui porte: Nous nous fommes affem blez à Vienne fuivant l'ordre de vôtre Sainteté. 11 s'y eft trouvé des deputez du roi avec des lettres bullées, où vous temoignez defirer la paix & l'union avec lui, & le roi difoit qu'el les lui avoient été envoyées de vôtre part depuis le concile que vous avez tenu à Rome au carême dernier. Quoique nous en fuffions furpris: toutefois nous fouvenant des lettres que nous avons reçues de vous, Girard d'Angoulefine & moi touchant la perfeverance dans la justice: pour eviter la ruine de l'églife & de nôtre foi, nous avons procedé canoniquement. Ils rapportent enfuite fommairement le decret du concile de Vienne, & en demandent la confirmation par des lettres patentes que les évêques fe puif fent envoïer l'un à l'autre puis il ajoûtent: Et parce que la plupart des feigneurs du païs, & prefque tout le peuple eft de nôtre fentimeng fur ce point : enjoignez leur pour la remiffion de leurs pechez, de nous prêter fecours s'il eft beLoin. Nous vous reprefentons encore avec le refpect convenable,que fi vous confirmez nôtre decret, & vous abftenez deformais de recevoir de ce cruel tyran, ou de fes envoyez, des lettres ou des prefens, & même de leur parler: nous ferons, comme nous devons, vos fils & vos fideles ferviteurs. Mais fi vous prenez un autre chemin, Ce que nous ne croyons pas ce fera vous, Dien nous en preferve, qui nous rejetterez de vôtre obfiffance. Nonobftant cette menace, le pape

Confirma les decrets du concile de Vienne par une lettre datée du vingtiéme d'Octobre. AN. III.

Lettres

fur les in

Joceran archevêque de Lion, indiqua la mê- XI V. me année un concile à Anfe, pour traiter de la foi & des inveftitures; & y appella Daïmbert d'Ives de archevêque de Sens & fes fuffragans : mais ils Chartres s'en excuferent par une lettre qu'Ives de Char- veftitures. tres écrivit au nom de toute la province, où ils epift. 236. parle ainfi Nos peres n'ont n'ont point ordonné que l'évêque du premier fiege pût appeller les évêques à un concile hors de leur province : fi ce n'étoit par ordre du faint fiege, ou qu'une églife particuliere appellât au premier ficge, pour des caufes qu'elle ne pouvoit terminer dans la province. Il apporte fur ce fujet les autoritez des papes, puis il ajoûte :

Quant aux inveftitures dont vous voulez parler en ce concile, vous découvrirez la honte de vôtre pere au lieu de la cacher. Car ce que le pape a fait pour eviter la ruine de fon peuple, il y a été contraiut par la neceffité, mais fa volonté ne l'a point approuvé. Ce qui paroît en ce que fi-tôt qu'il a été hors du peril, comme il l'a écrit à quelques-uns de nous, il a ordonné & defendu ce qu'il ordonnoit & défendoit auparavant : quoique dans le peril il air permis de dreffer quelques écrits déteftables. Ainfi Pierre repara fes trois reniemens par trois confeffions: ainfi le pape Marcellin Téduit par les impies, offrit de l'encens devant l'idole ? & peu de jours après reçut la couronne du martyre, fans avoir été jugé par fes freres. Dieu a permis ces chûtes dans les plus grands hommes afin que les autres connoiffent leur foibleffe, qu'ils craignent de tomber de même ou fe relevent promptement.

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Que fi le pape n'ufe pas encore contre le roi d'Allemagne de la feyerité qu'il merite: nous

111. cont. Parm, c. 2.

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croions qu'il differe exprès, fuivant le juge AN. 1112. ment de quelques do&teurs, qui confeillent de s'expofer à de moindres perils, pour en éviter de plus grands Ives rapporte ici un grand paffage du troifiéme livre de S. Auguftin contre Parmenien, où il dit, que fuivant la faine difcipline de l'églife on ne doit employer l'anathême que contre les particuliers, & quand il n'y a aucun peril de fchifme. Mais quand le coupable eft affez puiffant pour entraîner la multitude, ou quand tout le peuple eft coupable, il ne refte aux gens de bien que de gemir devant Dieu. Car les confeils de feparation font inutiles & pernicieux. Ives de Chartres continue: D'ailleurs il ne nous paroît pas utile d'aller à un concile où nous ne pouvons condamner les accufez, parce qu'ils ne font foumis au jugement d'aucun homme. Le Sauveur lui-même nous ordonne d'obéir à ceux qui font en de telles places, quand même ils feroient femblables aux Pharifiens, pourvû qu'ils enfeignent bien, quoiqu'ils faffent mal. Il faut donc couvrir l'opprobre du facerdoce, de peur de nous expofer à la rifée de nos ennemis, & d'affoiblir l'église en voulant la fortifier. Ainfi nous croyons être excufables fi nous nous abftenons de déchirer le pape par nos difcours, & fi nous excufons avec une charité filiale ce qu'il a accordé au roi d'Allemagne. Car le prevaricateur de la loi n'eft pas celui qui peche par furprife ou par neceflité : mais celui qui combat la loi de deffein formé, & qui ne veut pas reconnoître fa faute. Nous approuvons même la conduite du pape, fi voïant le peuple menacé de fa ruine, il s'eft expofé au peril pour remedier à de plus grands maux. Il n'eft pas le premier qui a ufé de temperament & d'indulgence felon les occafions.

Enfin quant à ce que quelques-uns appellens

herefie l'inveftiture, l'herefie n'eft que l'erreur dans la foi. La foi & l'erreur procedent du cœur, & cette inveftiture qui excite un fi grand mouvement, n'eft que dans les mains de celui qui la donne & de celui qui la reçoit. De plus, fi cette inveftiture étoit une herefiie, celui qui y a renoncé, ne pourroit plus y revenir fans peché. Or nous voyons en Germanie & en Gaule plufieurs perfonnes refpectables, qui ayant effacé cette tache par quelque fatisfaction & rendu le bâton pastoral, ont reçu de la main du pape l'inveftiture à laquelle ils avoient renoncé. Les papes ne l'auroient pas donné, s'ils avoient crû qu'elle enfermât une herefie. Quand donc on fe relâche pour un tems, de ce qui n'eft point ordonné par la loi éternelle, mais établi ou deffendu pour l'honneur & l'utilité de l'églife: ce n'eft pas une prevarication, mais une loйiable & falutaire œconomie.

AN. 1112

Que fi quelque laïque eft affez infenfé pour s'imaginer, qu'avec le bâton paftoral il peut donner un facrement ou l'effet d'un facrement: nous le jugeons abfolument heretique, non à caufe de l'inveftiture manuelle, mais à cause de cette erreur diabolique. Et fi nous voulons donner aux chofes des noms convenables, nous pouvons dire que cette inveftiture des laïques eft une entreprife & une ufurpation facrilege: que l'on doit abfolument retrancher pour la liberté de l'églife, fi on le peut faire fans prejudice de la paix. Mais quand on ne le peut fans faire fchifme, il faut differer & fe contenter de protester contre avec difcretion. L'archevêque de Lion 4. Ivons répondit à cette lettre infiftant principalement fur le droit de fa primatie, en vertu duquel il pretend pouvoir convoquer les évêques de tou tes les provinces Lionoifes: fans qu'ils ayent fajet de fe plaindre qu'on les tire hors de leur

ep. 137.

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