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tes fecours, commença à agir contre Guibert: le chaffa d'Albane > & par la ruina fon parti AN, 1100. dans Rome. Guibert fe retira à Citta-di-Castello; & dans cette fuite il mourut fubitement. Toutefois le fchifme ne fut pas éteint. Son parti lui fubftitua un nommé Albert, qui fut pris par les Catholiques le jour même de fon élection 1 & enfermé à faint Laurent. Les fchifmatiques. élurent enfuite Theodoric, qui fut pris au bout de trois mois & demi, & enfermé au monafte-re de Cave. Enfin ils élurent Magiuulfe qui feduifoit le peuple par des predictions & des fuperftitions magiques: mais il fut auffi chaffé de Rome, & mourut en exil reduit à une ex-trême mifere.

: L'évêque de Mâcon delivré de la prifon de Chr. Virda Guibert trouva à Rome des deputez de l'églife p. 256. d'Autun, qui en la prefence rapporterent au

pape ce qui s'étoit paffé au concile de Valence,: p. 257 +
& le pape en fur encore informé par les lettres
des deux cardinaux Jean & Benoît les legats,
qui prioient les cardinaux qui étoient à Rome
de ne pas fouffrir que l'on donnât atteinte à ce
qui avoit efté fait pour l'honneur de l'églife Ro-
maine. L'évêque de Mâcon intercedoit pour
l'évêque d'Autun fon confrere, & le
& le pape le
renvoya avec des lettres par lesquelles il exhor-
toit fes legats à favorifer la juftice: promettant
em ce cas de ratifier leur jugement. Dès le qua-
torziéme d'Avril de cette année 1100: le pape
avoit accordé à Norgand la confirmation des
privileges de fou églife, le reconnoiffant pour Pafch.
évéque legitime. L'évêque de Mâcon revint ainfi 38..
en France, & affifta au concile de Poitiers. i

Avant la tenuë de ce concile, & même de ce- wiť. lui de Valence, Ives de Chartres ayant reçu du Concile de degat Jean des lettres pleines d'amitié; lui ré Poitiers. pondit par une lettre où il louë d'abord la fe

ep. 84

EXIV. H. 21.

ου

meté de s'être abftenu de la communion du roi. AN. 1100. En quoi, ajoûte-t'il, vous avez travaillé pour Votre reputation & pour l'interêt de la legation dont vous ê es chargé : quoique quelques évêques de la province Belgique aïent couronné le roi à la Pentecôte, contre la défense du pape UrSup. liv. bain, d'heureufe memoire, comme s'ils croïoient que la justice fût morte avec lui. J'ai expliqué ailleurs ce que c'étoit que ce couronnement des rois aux grandes fêtes, & le roi Phillippe s'en étoit rendu indigne, étant retombé dans l'excommunication , pour avoir repris Bertrade. lves de Chartres continue: Quant à ce que vous propofez de tenir un concile à Poitiers, ailleurs dans la province d'Aquitaine, je l'approuve entierement. Parce que s'il fe tenoit dans la province de Belgique ou dans Celtique, il faudroit paffer fous filence plufieurs chofes, qui étant examinées cauferoient du fcandale, & touferoient prefque tout le fruit du concile: mais qui étant diffimulées, diminueroient beaucoup l'autorité de votre legation. Quant au ter me du concile que vous avez marqué au vingtneuviéme de Juillet, les évêques de nos quarriers en prendront pretexte de dire qu'ils n'ont pas le tems de faire ce voïage & de s'y preparer. Car plufieurs d'entre eux ne pourront arriver au lieu du concile que par des chemins detourmez & après avoir obtenu des fauf-conduits de toutes parts. C'est pourquoi il me paroîtroit plus convenable de le remettre à l'entrée de l'automne. Nous en parlerons fi Dieu nous fait la grace de nous voir,auffi-bien que de plufieurs autres chofes que je ne veux pas confier au papier.

To. I. p.

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Le concile de Poitiers fut en effet differé, & 10. 722. ne commença que le jour de l'octave de S. Martin dix-huitiéme de Novembre. H s'y trouva quatre-vingt prelats, évêques ou abbez, entre

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1

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autres Ives de Chartres, comme il paroît par fes lettres. On y jugea la caufe de Norgaud évêque AN. 110 d'Autun commencée au concile de Valence. Norgaud étoit present, affifté de l'évêque de Challon & de celui de Die, envoïez pour le défendre par l'archevêque de Lion qui ne pouvoit foufrir que les legats vouluffent juger fon fufragant hors de fa province. Trente-cinq chanoines d'Autun vinrent à ce concile contre leur évêque: on repeta ce qui avoit été dit de part & d'autre au concile de Valence; & prefque tous les prelats du concile de Poitiers demeurerent fermes pour l'ufage de l'églife Gallicane, tou chant la purgation des accufez contre la pretention des legats. On accorda donc à l'évêque d'Autun la faculté de fe purger, & on ordonna qu'il le feroit fur le champ & avec des perfonnes capables. On recufa pour cet effet l'évêque de Challon, & l'évêque de Die, qui étoient declarez pour lui. L'archevêque de Tours; l'évêque de Rennes, & plufieurs autres qui étoient de la province Lionoife, s'offrirent d'abord pour jurer avec l'évêque d'Autun. Mais les chanoines. d'Autun leur dirent: Vous ne connoiffez pas le.. perfonnage, & vous vous exposez à un faux ferment: comme nous le prouverons par raison, par ferment, & par le jugement du feu. Cette remontrance retint l'archevêque de Tours & les autres: & l'évêque d'Autun n'aïant pû accomplir la purgation canonique, fut condamné à rendre l'étole & l'anneau paftoral. Il fe retira derriere l'autel avec les fiens, & ne voulut ni obéir à ce jugement, ni rentrer dans l'affemblée. C'est pourquoi il fut depofé de l'épifcopat & du facerdoce avec menace d'excommunication s'il n'obéiffoit. On excommunia auffi tous ceux qui lui obéiroient comme évêque, ou qui lui prêteroient fecours tant qu'il perfifteroit dans

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fon opiniâtreté. Il n'obéit point, & garda l'école AN.1100. & l'anneau : mais les chanoines fe mirent en poffeffion des biens de l'évêché, malgré l'archevêque de Lion; qui defaprouvoit le jugement des legats, comme rendu au préjudice de fon autorité contre les canons.

En ce concile de Poitiers on fit feize canons -qui portent : Qu'il n'y aura que les évêques qui Jan. 1.donnent le tonfure aux clercs, & les abbez aux moines; & qu'on n'exigera pour cette fonction 2. ni cifeaux ni ferviettes. On défend de même d'exiger aucun repas pour la collation des pre3. bendes ni des chapes, des tapis, des baffins ou des ferviettes pour le facre des évêques ou la benediction des abbez. L'évêque feul benira les ornemens facerdotaux ou les vafes facrez. Les -moines ne porteront point de manipule, s'ils ne 5. font foûdiacres. Les abbez ne porteront ni gans, 6. ni fandales, ni anneaux, finon par privilege du S. Gege. Défenfe d'accorder l'inveftiture d'une prebende ou d'une églife du vivant du poffeffeur. 3 Défense aux clercs de rendre hommage à aucun ro.daïque, ou de recevoir de lui aucun benefice ec.clefiaftique. Il eft permis aux chanoines reguliers de baptifer, prêcher, donner la penitence ou ja fepulture par ordre de leur evêque; mais ces 13-fonctions font défendues aux moines. On n'ad. mettra point à la predication ceux qui portent des reliques pour quêter. Défenfe aux avoiiez ou à qui que ce foit, de s'attribuer les biens de l'évêque foit pendant fa vie, foit après la mort, fous peine d'anathême.

8.

Tvo. ep.

91. 100.

12.

L'affaire la plus importante qui fut traitée au concile de Poitiers, fut celle du roi Philippe. Chr. Verd. Après le concile de Valence, les deux legats Jean & Benoît l'allerent trouver, & firent tous leurs efforts pour lui perfuader de fe corriger mais n'en aiant plus aucune efperance, ils prop

. 260.

Thoncerent l'excommunication contre lui à la fin du concile. Le duc d'Aquitaine y étoit pre- AN.1190, fent. C'étoit Guillaume IX. comte de Poitiers, de Gascogne & de Touloufe, qui s'oppofa tant qu'il pût à cette cenfure, tant pour l'honneur du roi fon feigneur que pour fon propre interêt: car fa vie étoit encore plus fcandaleufe. Il pria donc les legats de n'en pas venir à cette extremité, & plufieurs évêques les en prierent avec lui. Ne pouvant l'obtenir il fortit du concile avec les gens, faifant de grandes menaces : quelques évêques fortirent auffi avec plufieurs clercs & encore plus de laïques, ce qui caufa un grand tumulte. Alors les legats & les prelats qui reftoient prononcerent l'excommunication contre le roi Philippe & contre Bertrade. Enfuite on fit les acclamations ordinaires pour la conclu fon du concile pendant lefquelles le tumulte augmentant toûjours, un homme du peuple qui étoit aux galeries hautes de l'èglife,, jetta une pierre voulant fraper les legats. Mais elle donna fur un clerc qui eut la tête caffée & tomba fur le pavé, où l'on vir couler fon fang. Il s'éleva de grands cris dans l'églife, & le bruit étoit encore plus grand au dehors. Toutefois les legats demeurerent fermes; & ôterent même leurs mittes, 5, pour montrer combien ils craignoient peu les pierres qui voloient. Leur fermeté arrê ta la fureur des feditieux : les comtes mêmes & les autres qui avoient infulté les legats leur firent fatisfaction. On remarqua en cette occafon le courage de deux faints abbez, Bernard Vita. Birna abbé de faint Cyprien de Poitiers & Robert Boll d'Arbriffelles dont j'ai déja parlé. Cette excom- Apr. 10. 2. munication du moi fit une telle impreffion fur p. 233. les efprits, qu'étant venu quelque tems après à Sup. liv. Sens avec la Reine Bertrade, pendant quinze jours qu'ils y fejournerent on tint fermées chr. Vird

c. 6.

LXIV.

34.

14.

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