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Ee legat Conon tint deux autres conciles cet

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te année 1115. l'un à Cologne dans l'églife de AN. 1115. faint Gereon, le lundi de Pâques, qui étoit le to. x. conca dix-neuvième d'Avril l'autre à Châlons le p. 797 douzième de Juillet;, & dans l'un & l'autre de ces conciles, il réitera l'excommunication contre l'empereur. D'un autre côté les Saxons revoltez contre ce prince, appellerent le cardinal Thierri legat en Hongrie, qui publia chez eux les decrets du -concile de Latran de l'an III 2. & reconcilia à l'églife Romaine l'archevêque de Magdebourg & les autres évêques du païs.

Ap. Vrf

perg.
an. 1115

XXX. Guigues Prieur de

Sup. liv..

LX 11. n. 50.

Guigues qui reçut faint Godefroi à la Chartreufe, en étoit le cinquiéme prieur. Le fecond fut Landuin, qui fucceda à faint Bruno en 1090. la Char& mourut en 1100. Le troifiéme fut Pierre fur- treufe. nommé François, qui après avoir gouverné un an demanda mifericorde, c'eft-à-dire permiffion de renoncer à la fuperiorité; & l'obtint. Le quatriéme prieur fut Jean, né en Tofcane; qui gou verna fagement pendant huit ans, & mourut l'an 1106. vingt-cinq ans après la fondation de la Chartreufe.

Son fuccefleur fut Guigues, furnommé de faint Romain, du château où il nâquit dans le diocefe de Valence. Ses parens étoient nobles, & il fut très-bien inftruit des lettres humaines & divines il avoit l'efprit vif, la memoire: fure, beaucoup d'éloquence & de force à perfuader en forte qu'aucun de fes predeceffeurs. n'eut plus d'autorité & de reputation que lui. De fon tems furent fondées plufieurs maifons du même inftitut: entr'autres la Chartreufe des Portes au diocefe de Lion, en 1115. & celle du Mont Dieu au diocefe de Reims en 113 4. car Guigues gouverna la Chartreufe vingt-fept:

ans.

:

De inflit.

Cart. tom. 1. bibl. Lab.. p. 639%.

XXXI.

Les deputez que Raoul archevêque de CarAN. 1115. torberi avoit envoyez à Rome demander fon Anfelme pallium, demeurerent quelque tems fans oblegat en tenir de réponse favorable, & ne favoient à qui Angleterre, s'adreffer. Il y avoit à Rome un neveu de faint Sup. n. 25. Anfelme nommé Anfelme comme lui, & aimé Edmer. s. de pape, qui l'avoit fait abbé de faint Sabas. Nov. p. 871 Il avoit demeuré long-tems en Angleterre du vivant de fon oncle, & il y étoit aimé comme s'il eût été du pays. Quand il fut que ces deputez étoient à Rome, il vint les trouver au palais de Latran, & leur rendit tous les offices d'un veritable ami. Il leur concilia tellement le pape & ceux de fon confeil, qu'on leur accorda gratuitement ce qu'ils demandoient; & le pape feur donna Anfelme lui même pour porter de fa part le pallium à Cantorberi. Les depurez partirent devant; & étant arrivez en Normandie, ils rendirent compte au roi de leur voyage, & attendirent auprès de lui le legat Anfelme qui fut reçu avec honneur, & passa avec eux en Angleterre.

Il apporta au roi une lettre du pape en date pift. 105. du trentiéme de Mars, où il fe plaignoit de lui

en ces termes : Les nonces ou les lettres du faint

fiege ne font point reçus dans vos états fans votre ordre. Il n'en vient aucune plainte ni aucune affaire pour être jugée par le faint fiege: pift. 106. c'est pourquoi il fe fait chez vous plufieurs ordinations illicites; & ceux-là pechent impune

ment,

qui devroient corriger les autres. Il fe plaint encore à la fin, que l'aumône de faint Pierre, c'est ainsi qu'il la nomme, a été levée fi negligemment, que l'églife Romaine n'en a pas reçu la moitié. Il y avoit aufli une lettre à Féglife de Cantorberi, datée du dix-huitiéme de Fevrier, & aportée par les deputez, où le pape fe plaint de la tranflation de l'évêque de

Rochefter, Ce qui ne devoit point, dit-il, fe faire fans nôtre confentement, fuivant les faints AN. 1115. decrets: toutefois nous le tolerons à caufe du merire de la perfonne.

L'archevêque Raoul reçut folemnellement le pallium le dimanche vingt-feptiéme de Juin 5. ce qui fe fit ainfi. Les évêques, les abbez & les nobles s'affemblerent dans l'églife metropolitaine de Cantorberi, avec une multitude innombrable de peuple. Le legat Anfelme apportant le pallium dans un vafe d'argent, fut reçu à la porte de la ville, par les deux.communautez de meines de l'églife metropolitaine p. 89. & de faint Auguftin. L'archevêque vint auffi au-devant accompagné des évêques & revêtu de fes ornemens, mais nuds pied. Le pallium fur mis fur l'autel, où il le prit après avoir fait ferment de fidclité & d'obéïssance au pape. Il fit baifer fon pallium à tous les affiftans; & s'en étant revêtu, il fut intronifé dans la chaire patriarcale.

La même année le roi d'Angleterre ordonna à tous les évêques & les feigneurs de fe rendre à la cour ce qui fit courir le bruit que l'archevêque devoit tenir un concile general en préfence du legat, & y publier de nouveaux reglemens pour la reformation de l'églife. L'affemblée fe tint en effet le dix-feptiéme de Septembre à Ouestminster: mais ce ne fut point un concile: feulement le legat Anfelme y prefenta une lettre du pape adreflée au roi & aux évêques d'Angleterre, datée du premier d'Avril de Pafch.epi la même année 1115. indiction huitième. Le 107. pape y demande comment il peut confirmer dans leur dignité les évêques d'Angleterre, dont il ne connoît ni les mœurs ni la fience: ce qui veut dire qu'ils devoient aller à Rome, ou être examinez par fes legats. Il ajoûte que Nô

tre-Seigneur diftribuant tout le monde à fes difAN. 1115 ciples, a fingulierement commis l'Europe à faint Pierre & faint Paul. Cependant, ajoute-t-il,

vous terminez même les affaires des évêques,

quoique le jugement définitif en foit refervé au Victor p. 1. faint fiege. Sur quoi il cite deux fauffes decree. 3. Zephyr. tales, l'une du pape Victor, l'autre du pape Zeep. d.

phyrin. Vous celebrez des conciles fans nôtre participation vous faites fans nôtre autorité des tranflations d'évêques. Si vous voulez conferver la dignité du faint ficge fur tous ces chefs, nous vous conferverons la charité que nous vous devons, comme à nos freres & à nos enfans: mais fi vous denieurez dans vôtre obstination, nous fecouerons contre vous la pouffiere de nos pieds, felon l'évangile, & vous livrerons au jugement de Dieu, comme vous retirant de l'église catholique.

Le roi confulta les évêques fur cette lettre & fur plufieurs autres fujets de mécontentement contre le pape. Car quelque tems auparavant le legat Conon tenant fes conciles en France, avoit fufpendu & excommunié les évéques de Normandie pour n'y avoir pas voulu venir, après avoir été appellez trois fois. Le roi avoit été extrémement choqué de cette excommunication, principalement parce qu'il lui fembloit que le pape violoit les privileges accordez par l'églife Romaine à fon frere & à lui, quoi qu'il n eût pas merité ce traitement. Il réfolut donc par le confeil des évêques, d'envoyer à Rome des deputez pour s'expliquer plus sûrement avec le pape. On choifit pour cette negociation Guillaume de Varelvaft évêque d'Excefter, quoiqu'il eût perdu la vûë. parce qu'il étoit fort connu du pape, vers lequel il avoit été plufieurs fois envoïé du tems de faint Anfelme, & le roi étoit affuré de fon habileté & de fa fidelité.

Cependant l'Ordre de Cifteaux croiffoit de jour en jour. Dès l'année precedente 1114. l'ab- A N. 115. baye de Pontigny fa feconde fille, fut fondée à XXXII. quatre lieues d'Auxerre, dans la terre d'un chanoine de cette église nommé Hebert, & Hervé Clairvaux. comte de Nevers contribua à cette fondation: on en reconnoît toutefois pour fondateur Thi

baut comte de Champagne , parce qu'il en fit depuis bâtir l'églife. Le premier abbé de Pontigny fut Hugues de Mafcon, depuis évêque d'Auxerre. Cette année 115. furent fondées les deux autres filles de Cifteaux, Clairvaux & Morimond, toutes deux dans le diocefe de Langres. Les fondateurs de Morimond furent Orri d'Aigremont & Adeline fa femme feigneur de Choifeul le premier abbé fe nommoit Arnold. Voilà les quatre premieres filles de Cifteaux, la Ferté, dont j'ai déja parlé, Pontigni, Clairvaux, & Morimond, toutes les autres en dépendent, & la plûpart en font forties.

:

S. Bernard abbé de

La fondation de Clairvaux merite d'être rapportée plus au long. Cette terre fituée fur la riviere d'Aube, fut donnée par Hugues comte Vita lib. 1. de Troyes; & la maifon établie le vingt-cinquié- . . Exord me de Juin 1115. C'étoit auparavant une redift. 2.6. La traite de voleurs, & le lieu fe nommoit la vallée d'Abfinthe, foit à caufe de cette herbe qui y croiffoit abondamment, foit à cause de la détreffe de ceux qui tomboient entre les mains des voleurs. Etienne abbé de Cifteaux y envoya de fes moines, & leur donna pour abbé faint Bernard, quoi qu'il n'eût que vingt-quatre ans d'âge & un an de profeffion. Auffi fes confreres -s'en étonnoient, & craignoient qu'il ne pût foûtenir cette charge: tant à caufe de fa jeunesse, que de la foibleffe de fa fanté. Comme Jofce- vit. &. q. ran évêque de Langres étoit abfent, Bernard s'adreffa à l'évêque de Châlons, Guillaume de

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