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Jommen- 1

cemens de

9.222.6. I.

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porte

d'une

toutes les églifes de la ville & ils ne fureffe AN. 1100. admis à aucun acte de religion. De quoi Bertrade irritée , envoya rompre la églife & y fit dire la meffe par un de ses chapelains. IX. Bernard qui avoit été eflu la même année abbé de faint Cyprien de Poitiers, nâquit dans Bernard de le Pontieu près d'Abbeville de parens vertueux, Tiron. qui le firent etudier dès fa jeuneffe; & deflors Vita per il montroit tant de modeftie & de pieré, que les Gauf. ap- autres ecoliers le nommoient le moine. Après Bol'. to. x la grammaire & la dialectique, il etudia l'écriture fainte, dont il avoit deja une affez grande connoiffance à l'âge de vingt ans : quand le defir d'une plus grande perfection lui fit quittter Sup. liv fon pays & pafer en Aquitaine avec trois compagnons. Ils s'arrêterent au monaftere de faint Cyprien près de Poitiers, attirez par la repuItation de l'abbé Rainaud difciple de faint Robert fondateur de la Chaife-Dieu; & qui avoit -lui-même dans fa communauté plufieurs grands perfonnages, entre autres Hildebert ou Aldebert depuis archevêque de Bourges. Bernard ayant embraffé la vie monaftique à faint Cyprien, & -y ayant paffé dix ans ou plus avec grande édifiation: Gervais moine de la même communausté, fut envoyé à faint Savin, monaftere voisin pour le reformer en qualité d'abbé: mais il ne voulut point s'en charger s'il n'avoir Bernard - pour prieur.

ix. x. 78.

Gervais étant allé à la croifade en 1096. & y |étant niort, Bernard fut que les moines de faint Savin vouloient l'élire abbé, & se retira - fecretement, pour executer ce qu'il defiroit depuis long-tems, de mener la vie eremitique & vivre du travail de fes mains. Il communiqua fon deffein à un faint ermite nommé Pierie des Etoiles, fondateur du monastere de Four

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Gombaud, qui le mena dans un defert aux confins du Maine & de la Bretagne; où vivoient plufieurs ermites fons la conduite de Robert d'Arbriffelles, de Vital de Mortain, & de Raoul de la Furaye. Pierre des Etoiles recommanda fon ami à Vital, mais fans lui dire qui il étoit, & le nommant Guillaume au lieu de Bernard. 15 On lui donna à choifir entre les cellules des ermites, & il choifit celle d'un nommé Pierre ; parce qu'elle étoit la plus pauvre, n'étant bâtie d'écorces d'arbres dans les ruines d'une églife. Pierre y enfeigna à fon nouveau difciple l'art de tourner: ils ne mangeoient que le foir, & leur nourriture étoit un potage d'herbes fauvages où ils ne mettoient du fel que les fêtes.

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is que

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Bernard avoit ainfi vêcu trois ans fous le nom de Guillaume quand les moines de faint Savin à force de le chercher le decouvrirent ; car ils le vouloient toûjours pour abbé, & il fut averti qu'ils viendroient l'enlevet avec des ordres de fon abbé & de fon évêque. Pour éviter ce peril, Bernard refolut de fe cacher dans une <. ifle & fe retira dans celle de Chauffey entre Jerfé & faint Malo, où il vêcut dans une parfaite folitude & dans une extrême pauvreté jufqu'à fe nourrir de racines crues. Cependant les .. moines de faint Savin defefpcrant de le trouver élurent un autre abbé. Alors Pierre des Etoiles vint trouver faint Vital, lui demanda où étoit celui qu'il lui avoit recommandé, dont il lui decouvrit le vrai nom & le merite, en presence des ermites qui étoient fous fa conduite; & leur confeilla de le retirer de fon ifle, pour profiter de fa doctrine & de fon exemple. Il fe chargea lui-même de l'ambaffade, il alla trouver Bernard, & lui aïant apris que les moines de faint Savin avoient un abbé, il lui perfuada de

revenir an defert du Maine près de Vital. Là f
affembla quelques difciples autour de fa cellule
& commença à prêcher avec tant de fuccès
que fa reputation s'étendit au loin, & vint jus
qu'à Rainaud abbé de faint Cyprien de Poitiers
fon premier maî re.

Cet abbé fe fentant chargé d'années & prevoïant fa fiu prochaine, fouhaittoit depuis longtems d'avoir Bernard pour fucceffeur, & crai gnoit qu'on ne l'enlevât pour gouverner quel que autre églife. Ayant donc apris fa demeure il l'alla trouver, & fous un autre pretexte, il l'engagea à revenir avec lui & à rentrer fousfon obéiffance dans le monaftere. Il y fut reçu avec une extrême joïe, mais les moines furent furpris de lui voir une grande barbe, un habit heriffé de poil & rapiece, fuivant l'ufage des ermites: ils en avoient horreur & fe prefferent 6. de lui faire reprendre leur habit. Ils le firent d'abord prevôt, puis abbé après la mort de Rainaud qui arriva l'an 1100. quatre mois de puis fon retour. Mais Bernard ne demeura pas long-tems paisible dans fon abbaïc. Car les moines de Clugni pretendant qu'elle étoit de leur dependance, obtinrent une bulle du pape Pafcal, par laquelle il ordonnoit à Ber nard de fe foumettre à eux fous peine d'inter diction des fonctions d'abbé. Bernard aima mieux fubir la peine, & fuivant fon inclina tion il retourna avec les amis Robert d'Arbrifelles & Vital de Mortain. Ils alloient tous trois nuds pieds par les villes & les villages invitant les pecheurs à penitence, & prêchoient avec un grand zele contre le concubinage -des prêtres, qui avoit paffé en coûtume dans toute la Normandie en forte qu'ils fe marioient publiquement, & juroient en prefense des parens de ne jamais quitter leurs fem

mes: ils laiffoient leurs églises à leurs fils comme

To par

droit hereditaire, & fouvent les donnoient AN. 1100. es en dot à leurs filles. Nos fains missionnaires mirent leur vie en peril en s'oppofant à cet in abus.

X

en

Edmer. 3.

Peu de jours après que faint Anfelme fut Saint Anë re arrivé en Angleterre, il alla trouver le roi Hen- felme gri, qui le reçut avec joye, & lui fit goûter la rai- Angleterre fon qu'il avoit eûe de ne le pas attendre pour Novor. el être couronné de fa main. Enfuite on lui demanCuda qu il fît hommage au roi, comme fes predee, ceffeurs, & qu'il reçût de lui l'inveftiture de us l'archevéché. Anfelme répondit, qu'il ne le pouvoit; & rapporta ce qu'il avoit appris fur ce fujet dans le concile de Rome : puis il ajoûta: Si le roi ne veut pas obferver ces reglemens, es je ne vois pas que mon fejour en Angleterre puiffe être utile ni honnête. Car s'il donne des - évêchez ou des abbaïes, il faudra que je m'abEftienne de fa communion, & de ceux qui au ront reçu ces dignitez. Je le prie donc de s'expliquer, afin que je fache à quoi m'en tenir.

Le roi fut embarrassé de ce difcours. D'un côté il ne pouvoit fe refoudre à abandonner les inveftitures des églifes, il lui fembloit que c'ê toit comme perdre la moitié de fon royaume, d'ailleurs il craignoit, que s'il laiffoit retirer Anfelme, il n'allat trouver le duc Robert fon frere, qui étoit en Normandie, au retour de la croifade; & que l'ayant rangé, comme il feroit facile à l'obéiffance du faint fiege, il ne le fit roi d'Angleterre. Le roi Henri demanda donc à l'archevêque un delai jusques à Pâques, pendant lequel on envoyeroit à Rome, pour prier le pape d'avoir égard à l'ufage d'Angleterre, toutes chofes cependant demeurant en érat. Quoiqu'Anfelme vit bien que cette deputation feroit inutile, il ne laissa pas d'y

confentir, pour ne donner au roi ni aux seigneurs AN.1100. aucun foupçon contre fa fidelité.

Le roi Henri avoit refolu d'épouser Mathilde

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fille de Malcome roi d'Ecoffe & de la fainte Sup. liv. reine Marguerite mais comme elle avoit été Lavi.n.12. eflevée dans un monaftere, & y avoit porté le voile, plufieurs croyoient qu'elle étoient effec tivement religieufe. La princeffe alla trouver Anfelme & fui dit : Il est vrai que j'ai porté quelque tems fur ma tête un voile noir mais c'étoit ma tante dont je dependois qui m'y obligeoit malgré moi, pour me mettre à couvert des infultes des Normans. Quand j'étois hors de fa prefence je jettois à terre ce voile & le foulois aux pieds; & le roi mon pere me l'ayant vû fur la tête me l'arracha en colere, maudiffant qui me l'avoit mis. Anfelme connoiffant l'importance de l'affaire, aflembla des évêques, des abbez & des feigneurs à Lambet au diocefe de Rocheftre où plufieurs temoins dignes de foi affurerent que la princeffe avoit dit la pure verité. La même chofe fut confirmée par deux archidiacres qu'Anfelme avoit envoyez s'en informer au monaftere où elle avoit étë élevée. Tout le concile de Lambet jugea, que Mathilde étoit libre , & rapporta un jugement femblable de l'archevêque Lanfrane en faveur de plufieurs filles, qui s'étoient voilées de mê me, pour mettre leur honneur à couvert con tre l'infolence des Normans. Avant la ceremonie des époufailles, Anfelme denonça encore publiquement, que fi quelqu'un favoit quelque empêchement legitime il eut à le declarer; & ainfi après avoir pris toutes les précautions poffibles, il permit le mariage entre Henri & Mar shilde; & toutefois il fur calomnié fur ce fujet, comme ayant eu trop de complaifance pour roi. Ce mariage fut celebré le jour de faint

Vuill. Malmefb. lib. s.

156.

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