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Martin onziéme de Novembre 11 0 0.

du

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La même année vint en Angleterre Gui ar- AN. 1101, chevêque de Vienne, difant avoir commiffion Edmer. pape, pour exercer les fonctions de legat Novor. dans toute la Grande Bretagne. Cette pretention furprit tout le monde car on n'avoit jamais oui parler dans le pays d'autre legat du pape que de l'archevêque de Cantorberi. Auffi perfonne ne voulut recevoir celui de Vienne en cette qualité & il s'en retourna comme il étoit venu. Vers le même tems le pape Pafcal écrivit à l'ar chevêque Anfelme; fe rejoüiffant avec lui defon retour en Angleterre, & l'exhortant à travailler efficacement auprès du roi pour l'affectionner au faint fiege, & faire payer le denier II. S. Pierre, dont l'églife Romaine avoit alors un très-grand befoin. Il ajoûte : Le duc de Normandie s'eft plaint à nous du roi d'Angleterre, qui s'eft emparé de ce royaume au prejudice du ferment qu'il lui avoit fait ; & vous favez que nous lui devons protection, pour avoir travaillé à la delivrance de l'églife d'Afic. C'est pourquoi nous voulons, que s'ils n'ont pas encore fair la paix, vous la procuriez entre eux

avec l'intervention de nos nonces.

ap. Anf.

420

epift.

XI.

Ces nonces étoient Jean évêque de TufcuJum, & Tibere domestique du pape. Jean, évêque Norgaud quoique Romain, fut premierement chanoine d'Auflun regulier à faint Quentin de Beauvais puis rétabli., étant revenu dans le monde, il fe fit moine au

Bec fous la conduite de faint Anfeline. Quand Chr. Vir le pape Urbain vint en France, Jean gagna fes P. 261.

bonnes

graces & le fuivit à Rome, il devint abbé, enfuite évêque, & enfin le pape Pascal l'envoya en Angleterre l'an 1101. pour recueillir le denier faint Pierre. Il rencontra en chemin Hugues archevêque de Lion, qui alloit à Jerufalem; & qui étoit accompagné de l'évè

que de Challon & de celui d'Autun dépof AN. 1091. l'année precedente au concile de Poitiers, pa les cardinaux legats Jean & Benoît. Comm l'archevêque n'étoit pas content de ce jugemen & s'en plaignoit publiquement, il perfuad à Jean de Tufculum de rétabir l'évêque d'Au tun en recevant fa purgation & le fernien que firent l'archevêque de Lion & l'évêque de Challon pour en certifier la verité. Ainfi Jea de Tufculum ramena avec lui Norgaud d'Au tun, & le fit rentrer dans fon diocefe où i exerça les fonctions épifcopales, comme plei nement justifié.

XII.

لو

L'archevêque de Lion étant arrivé à Rome, y trouva des chanoines d'Autum, qui y avoient porté leurs plaintes contre lui. Car après le depart des cardinaux il avoit excommunié ces chanoines, pour s'être pourvûs devant des ju ges Romains à fon préjudice, & pour avoir aliené quelques biens de leur églife, afin de fournir aux frais du procès. Ils fe juftifierent à Rome, le pape les renvoya abfous ; & l'archevêque de Lion partit pour Jerufalem avec l'évêque de Die. Cependant les cardinaux Jean & Benoît, qui étoient revenus de Rome & avoient rendu compte de leur legation, fe plaigairent haurement que l'évêque de Tufculum cût infirmé leur fentence contre l'évêque d'Autun, & leur mccontentement paffa jufques à quitter la cour. Jean fe retira à Pavie dans une communauté dont il avoit été tiré : Benoît demeura à Rome dans l'églife de fon titre.

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Pendant qu'ils étoient en France, Ives de Etienne de Chartres leur écrivit au fujet d'Etienne de GarGarlande lande eflû évêque de Beauvais. Cette églife, élú évêque dit-il, eft defacoutumée depuis fi long-tems d'aepift. 87. voir de bons pafteurs, qu'elle femble être en droit d'en élire de mauvais. Elle vient de prens

de Beauvais

dre, fuivant la volonté du roi & de fa concubi

ne, un clerc qui n'eft point dans les ordres fa- AN. 1910,
Crez, ignorant, occupé du jeu & de femblables
amulemens, & autrefois chaffé de l'églife pour
un adultere public, par l'archevêque de Lion le-
gat du faint fiege, Si jamais il parvient à l'é-
pifcopat par l'autorité du pape, on impofe de
notre tems aux canons un filence pernicieux.
Je vous en avertis, afin que vous foicz fur vos
gardes: Car cet intrus fe preffera d'aller à Ro-
me ou d'y envoyer, de gagner la cour par pre-
fens & par promeffes, & furprendre le pape par
tous les artifices poffibles. Nous vous decla-
rons donc la verité de la chofe, afin que Vous
puifiez pourvoir à l'autorité du faint fiege &
youre reputation. Car fi notre attente eft fruf
trée en cette occafion, nous ne faurons plus
que repondre à ceux qui parlent contre l'églife
Romaine.

Ives écrivit au pape
Paical fur le même fujet epift. 3
en ces termes: Comme veritable fils de l'églife
Romaine, & forti de fon fein, je ne puis m'em-
pêcher d'être fenfiblement touché lorsqu'elle
eft dechirée par la medifance. C'eft pourquoi
je vous prie que fi l'on porte devant vous de nos

quartiers des accufations contre des évêques ou
d'autres perfonnes, ou des excufes en leur fa-
veur : vous ne vous preffiez pas d'y ajoûter foi
mais que vous accordiez un delai convenable &
long, pour vous faire informer de la verité par
des perfonnes vertueufes du voifinage. Autre-
ment s'il paroît quelque decret indigne de vous,
nous garderons le refpect, mais nous cefferons
de vous donner des avis inutiles. Et que votre
fainteté ne trouve pas mauvais fi je prens cet
te liberté c'est que j'ai déja vû plufieurs per-
fonnes zelées pour la juftice, qui voïant que
l'on avoit pardonné ou diffimulé plufieurs crip

1

1

, repe

mes, fe font impofé filence; n'efperant prefqu
plus la correction des abus. Il avertit enfuite l
pape
de l'élection d'Etienne de Garlande
tant les mêmes reproches qu'il avoit marque
dans fa lettre aux legats. Qu'il n'eft pas fou
diacre; qu'il eft fans lettres, joueur, adonu
aux femmes, & qu'il a été excommunié pou
adultere. Le plus grand merite d'Etienne étoi
fa nobleffe. Il étoit fils de Guillaume de Gar-
lande fenechal de France, qui étoit alors la
premiere charge de la couronne; & lui-même
fut depuis chancelier. Il devoit être jeune, puif
qu'il vêcut encore quarante ans.

Etienne alla trouver le pape pour faire conEpift. 92. firmer fon élection; & Ives de Chartres ne e put lui refufer une lettre de recommandation ου > fans rien dire directement contre la verité: il fe joint à l'églife de Beauvais fa mere , pour prier le pape de lui accorder ce qu'elle demande autant que la juftice & l'honneur du faint fiege le permettent. Etienne fut refufé, & le pape fit des reproches à Ives de fa recommandation. Epift. 95. A quoi il répondit: J'ai reçû une extrême joie & du refus qu'a reçu Etienne qui briguoit l'églife de Beauvais, & de la reprimande parernelle que vous me faites à fon fujet ; quoique dans ma derniere lettre je n'aïc rien écrit de contraire à la premiere. Il a extorqué de moi cette lettre par fon importunité, mais j'ai crû qu'étant bien entenduë, elle lui nuiroit plûtôt que de lui fervir. La vôtre m'a fait voir clairement combien vous êtes ferme dans l'amour de la juftice, & le zele de la maison de Dieu; & je l'ai fait connoître prefque à toutes les églifes du roïaume

epift. 97.

Entre les évêques aufquels Ives de Chartres, envoïa cette lettre du pape, étoient deux des plus vertueux de la province de Reims, Lam

bert

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bert d'Arras & Jean de Teroüane, qu'il exhor

ta à faire

par obéiffance pour le pape, ce qu'ils AN. 1101. avoient fait jufques alors par le feul amour de la juftice. Avertiffez, ajoute-t-il, vôtre metropolitain d'affembler le clergé de Beauvais pour faire une élection canonique, afin que fon auI torité gueriffe les foibles & affermiffe les forts : qu'il honore fon miniftere, & ne s'expofe pas à voir executer par d'autres ce qui le regarde, Ives écrivit auffi au clergé de Beauvais, pour epift.93. les encourager à élire un bon fujet à la place d'Etienne, comme le pape leur ordonnoit: mais il ne leur recommande, dit il, perfonne en particulier.

XIII.

roi Henri.

En Angleterre le délai qui avoit été pris jusques à Paques 1101. fut prorogé jufques au re- S. Antelme tour des députez envoyez à Rome touchant l'af- foûtient le faire des inveftitures. Cependant à la Pentecôte Eadmer. 3. la cour fut extrêmement troublée par la nou- Novor. velle de l'arrivée en Angleterre de Robert duc de Normandie. Le roi Henri & les feigneurs étoient dans des défiances mutuelles: le roi craignoit qu'ils ne l'abandonnaffent pour se joindre a fon frere, les feigneurs craignoient que fi le roi étoit une fois paifible, il n'exerçât fur eux une autorité trop abfolue. Ils n'avoient confiance de part & d'autre qu'en l'archevêque Anfelme; & il reçut au nom de la nobleffe & du peuple, la promeffe du roi de les gouverner fuivant de juftes & faintes loix.

Mais quand le duc Robert fut effectivement entré en Angleterre, les feigneurs oubliant leur ferment, fongeoient à paffer de fon côté, & le roi Henri craignant non feulement pour fon royaume, mais pour fa vie. Alors il eut recours à Anfelme & promit de lui laiffer un pouvoir abfolu, pour exercer tous les droits de l'églife en Angleterre, & d'obéir toûjours

Tome XIV.

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B

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