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commun avec une adultere? car celle-là eft une
adultere qui n'eft pas unie à JESUS-CHRIST AN. 1101
par un mariage legitime, Après ces paroles de
faint Ambroife, le pape Pafcal continue: En-
rendez-vous, prince, l'époux de l'église est l'é-
vêque, & par confequent quelle honte eft-ce
que la mere foit expofée à l'adultere par les
propres enfans? Si vous êtes enfant de l'églife,
permettez-lui de contracter un mariage legiti

me,

dont Dieu foit l'autheur, & non pas l'homme. Car c'est Dieu qui choifit les évêques élus canoniquement. Il rapporte enfuite une loi de Juftinien, pour montrer que l'évêque doit être élu du confentement de tout le peuple, & non par la feule volonté du prince; puis il ajoûte: Ne croyez pas, Seigneur, que nous voulions rien diminuer de votre puiffance, ou nous attribuer rien de nouveau dans la promotion des évêques. Vous ne pouvez felon Dieu exercer ce 1 droit, & nous ne pouvons vous l'accorder qu'au prejudice de vôtre falut & du nôtre.

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Le pape avoit raison de vouloir maintenir la liberté des élections; mais prefque tous les raifonnemens de cette lettre portent à faux, roulant fur des équivoques. Les princes en donnant l'inveftiture, fuppofoient toujours une election Sup. lix. canonique: nous en avons vû cent exemples, zv. n. particulierement de l'empereur faint Henri. 34. Pat cette ceremonie ils ne pretendoient pas donner à l'évêque la puiflance fpirituelle qu'il ne Sup. live devoit recevoir qu'à fon facre: mais feulement le mettre en poffeffion des fiefs & des autres, 41. 42. biens temporels relevant de leur couronne. Quant à Lint Ambroife, il est évident par les circonftances du fait, que l'adultere dont il parle eft l'églife des Ariens, & qu'il ne s'agiffoit de donner des évêchez, mais de livrer pas à ces heretiques les lieux deftinez aux allem blées des fideles,

Bij

LVII. R.

XV. S, Anfelme refifte au

roi. Eadmer. 3. Novor.

Le roi d'Angleterre ayant donc reçu cette AN. 1102. lettre, fit venir Anfelme à la cour, où étoit le duc de Normandie fon frere, furicufement animé contre ce prelat, comme lui ayant fait per dre le royaume. Parle confeil du duc & de fes amis, le roi voulut obliger Anfelme à lui faire hommage, & à facrer comme avoient fait les archevêques fes predeceffeurs, ceux à qui il donneroit des évêchez & des abbaïes: finon à fortir promptement du royaume. Anfelme répondit: Je vous ai déja dit comme j'ai affitté au concile de Rome, & ce que j'y ai appris du faint fiege. Si donc je me foumets moi-même à l'excommunication que j'ai rapportée en ce royaume, avec qui pourrai-je communiquer ? Les deputez qui étoient allez demander la revocation de ce decret font revenus fans rien faire, Le roi repliqua: Que m'importe? Je ne veux pas perdre les droits de mes predeceffeurs, ni fouffrir perfonne dans mon royaume qui ne foit à moi. J'entends, dit Anfelme, à quoi cela tend, cependant je ne fortirai pas du royaume; j'irai à mon diocefe faire mon devoir, & je verrai qui entreprendra de me faire violence.

Il n'avoit pas été long-tems chez lui, quand le roi lui manda de le venir trouver & qu'il vouloit apporter quelque temperament à fa premiere refolution. Il vint donc à Vincheftre ou dans l'affemblée des évêques & des feigneurs on refolut de prendre un autre délai, & d'envoyer à Rome des perfonnes plus confiderables, pour declarer au pape qu'il falloit qu'il fe relâ chât, autrement qu'Anfelme feroit chaffé d'Angleterre avec les fiens, & que le pape perdroit fobéiffance de ce royaume, & le revenu qu'il en tiroit tous les ans. Anfelme envoya de fa part deux moines, Baudouin du Bec & Alexandre

de Cantorberi: non pour perfuader au pape de fe relâcher, mais pour lui rendre un temoi- AN. 1101. gnage non fufpect des menaces de la cour d'Angleterre, & pour rapporter fidelement à l'archevêque la refolution du pape. De la part du toi furent envoyez trois évêques pour folliciter le pape fuivant les intentions : favoir, Girard d'Herford, Hebert de Tetford, & Robert de Cheftre, dont deux avoient leurs affaires particulieres à pourfuivre à Rome. Girard avoit Golovin été chancelier d'Angleterre fous les deux rois de prafuh precedens, & venoit d'être nommé à l'arche- Angl. vêché d'Yorc, vacant par le decès de Thomas, arrivé le dix-huitiéme de Novembre 1100. ainfi Girard alloit demander le pallium. Hebert transfera depuis fon fiege à Norvic, & il alloit pourfuivre la reftitution de fa jurifdiction fur l'abbaye de faint Edmond.

XVI.

ceffion du

161. IV. ep.

IT.

Depuis qu'Anfelme fut de retour en Angleterre, & pendant le féjour qu'il y fit, il compo- Traité de fa fon traité fur la proceffion du Saint-Efprit, S. Anfeime à la priere de plufieurs perfonnes, particulie- fur la prorement d'Hildebert évêque du Mans: qui ayant s. Efprit. oui parler de ce qu'il avoit dit fur ce fujet con- Geberan. tre les Grecs au concile de Bari, le pria de cenfura. le rediger par écrit fuccintement, & le lui en- ap. Anfel. voyer: ce qu'Anfelme lui accorda. En ce traité 111. ep. 160. il ne difpute contre les Grecs que fur les principes dont ils convenoient avec les Latins, fa- Supr. voir la foi de la Trinité & les paroles de l'évan- ap. Anf. gile. Il établit premierement la difference entre P. 45. les attributs effentiels à la divinité, qui font communs aux trois perfonnes, & les dénominations propres à chaque perfonne, qui font la fuite des relations; & montre qu'entre les perfonnes divines celle qui ne procede pas d'une autre en eft le principe. Ainfi le Pere eft le principe du Fils & du Saint Efprit, parce qu'il

C. 2.

c. 3.

AN.SIOI.

6. 4.

6. 7.

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Joan. 14.

16.

XV. 26.

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Joan. XVI33. 14. 15.

ne procede ni de l'anni de l'autre ; & par confequent le Saint-Efprit procede du Fils, puifque le Fils ne procede pas du Saint-Elprit. Le Saint-Efprit eft Dieu de Dieu auffi-bien que le Fils, & procede du Pere, non en tant que Pere, mais en tant que Dieu: d'où il s'enfuit qu'il procede auffi du Fils, qui eft le même Dieu que le Pere.

Il prouve encore que le Saint-Elprit procede du Fils, par ces paroles de l'évangile : Le confolateur, le Saint-Efprit que le Pere envoyera en mon nom. Et enfuite: Quand le confolateur que je vous envoyerai de la part du Pere fera venu. Ce qui ne peut figuifier autre chose, finon que le Saint-Efprit eft envoïé tout enfemble par le Pere & par le Fils, & par confequent qu'il eft autant de l'un que de l'autre. Auffi JESUS CHRIST dit enfuite: Il ne parlera pas de lui-même. Et encore: il recevra du mien & vous l'annonceta. Les Grecs difoient que le Saint Efprit procede du Pere par le Fils, & pretendoient le prouver par ces paroles de l'aRam. x1.36. pôtre: Toutes chofes font de lui, par lui & en lui. Mais Anfelme montre que ce paffage regar de les creatures, & ne fe peut appliquer aux perfonnes divines. Toutefois le Pere & le Fils ne font pas deux principes; mais un feul principe du Saint-Elprit. parce qu'il ne procede pas d'eux en tant qu'ils font deux perfonnes, mais en tant qu'ils font le même Dieu.

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t. 19.

Joan. XV.

26.

€ 22°

Le grand argument des Grecs étoit tiré de ces paroles de l'évangile : L'efprit de verité qui procede du Pere; & de ce que le fiymbole de C. P. ayant parlé de même, les Latins y avoient ajoûté: Et du Fils, fans leur participation. Anfelme repond au texte de l'évangile par plufieurs autres, où ce qui convient aux trois perfonnes divines eft attribué à une feule. Quant à l'addi❤

tion au fymbole, il dit: Elle étoit neceffaire à caufe de quelques-uns moins éclairez, qui ne s'ap percevoient pas que de ce que toute l'églife croit, il s'enfuit que le Saint-Efprit procede du Fils. On a donc fait cette addition, afin qu'ils ne fiffent point difficulté de le croire, & on voit combien elle étoit neceffaire, par ceux qui nient cette veris té, à caufe qu'elle n'eft pas exprimée dans ce lym bole. Ainfi l'églife Latine a declaré hardinient cé qu'elle favoit qu'on devoit croire : voïant que la neceffité y obligeoit, & qu'aucune raison ne l'empêchoir. Car nous favons que ceux qui ont com→ pofé ce fymbole : n'ont pas prétendu y renfermer tout ce que nous devons croire. Il n'y est point dit, par exemple, que Notre-Seigneur est descendu aux enfers.

Si les Grecs difent qu'on n'a dû alterer en autune maniere un fymbole preferit par une fi grande autorité: nous ne prétendons pas l'avoir alteré, puisque nous n'y avons rien ajoûé de contraire à ce qu'il contient. Et quoique nous puiffions foûtenir, que cette addition n'eft point une alteration fi quelqu'un toutefois s'opiniâtre à le prétendre, nous répondons que nous avons fait un nouveau fymbole: car nous gara dons en fon entier & refpectons comme eux le premier traduit fidélément du grec: mais nous avons compofé en latin avec l'addition, cé fymbole que nous emploïons plus ordinairement devant le peuple. Quand on demande pour quoi nous ne l'avons pas fait du consentement de l'églife Grecque: nous répondons qu'il nous eft trop difficile d'affembler leurs évêques, pour les confulter fur ce fujet, & qu'il n'étoit pas neceffaire de mettre en queftion ce dont nous ne doutions pas. Car quelle eft l'églife, même d'un roïaume particulier, à laquelle il ne foit pas permis d'établir quelque propofition confor

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