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me à la vraie foi, & la faire lire ou chanter dans AN. 1101. l'affemblée du peuple pour fon utilité?

4.4.

On ne doit pas dire que le Saint - Efprit ptocede principalement du Pere, fi l'on entend par là qu'il procede du Pere plus que du Fils, ou avant que de proceder du Fils: mais on le peut dire, pour fignifier que le Fils tient du Pere cela même, . 26. que le Saint-Efprit procede de lui. Enfin on ne peut douter que le Saint-Efprit ne procede du Fils, puifque cette verité eft demontrée par une confequence neceffaire des autres veritez que les Grecs croyent comme nous touchant le myftere de la Trinité; & que de leur opinion fuivent des erreurs qui détruifent ces veritez C'est la fubftance du traité de faint Anfelme fur la proceffion du Saint-Elprit.

XVII.

Valeran de

Naum

De Azymo

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Valeran évêque de Naümbourg en Saxe, vouLettres à lant répondre à des Grecs venus en Allemagne apparemment à la cour de l'empereur Henri au bourg. quel cet évêque étoit attaché, confulta Anfelme fur les deux queftions, du Saint-Efprit & des azymes. Anfelme lui répondit: Si j'étois certain que vous ne favorifez point le fucceffeur de Neron & de Julien l'apoftat contre le fucceffeur de faint Pierre, je vous faluërois comme évêque avec refpect & amitié mais parce que nous ne devons manquer à perfonne pour la défense de la verité que vous cherchez contre les Grecs, qui font venus chez vous: je vous envoie l'ouvrage que j'ai publié contre eux fur la proceffion du Saint-Efprit.

135 ap. Dodech.

an. 1094.

:

Il traite enfuite la queftion de l'ufage des azymes au faint Sacrifice, & montre premierement que la foi n'y eft point intereffée, & que l'effence du facrifice fubfifte également, foit qu'on offre du pain levé ou du pain fans levain: qu'il eft toutefois plus convenable d'ufer du pain fans levain, & qu'en cela nous ne judaïfons point i

puifque nous ne le faifons point pour imiter les Juifs; non plus que celui, qui pendant la fe- AN. 1101. maine de Pâques mangeroit du pain fans levain,

parce qu'il l'aimeroit mieux, ou parce qu'il n'en auroit point d'autre.

Valeran écrivit enfuite à faint Anfelme, pour le confulter fur la diverfité des ceremonies qui s'observoient en divers lieux dans la celebration du faint Sacrifice : particulierement les fignes de croix que l'on fait fur l'hoftie & fur le calice, & l'ufage de couvrir le calice, foit avec le corporal, foit avec un linge plié : ce qu'il pretend n'être pas convenable, parce que JE S U S-CHRIST fut expofé nud fur la croix. A la fin de fa lettre il ajoute L'églife catholique glorifie Dieu de mon changement: d'adverfaire de l'églife Romaine je fuis devenu très-agreable au pape Pafcal & admis dans fes confeils avec les cardinaux. J'étois toutefois à la cour de l'empereur Henri, comme Jofeph à celle de Pharaon, fans participer à fes pechez.

Anfelme dans fa reponfe falue Valèran comme évêque, & le felicite de fa reconciliation avec le pape puis repondant à fes questions il dit, qu'il feroit bon que l'on celebrat les facremens d'une maniere uniforme par toute l'églife: mais quand ces diverfitez ne touchent point à la fubftance du facrement, il faut plûtôt les tolerer en paix que les condamner avec scandale. Et elles font venues des differentes manieres dont les hommes jugent des convenances & des bienséances. Quant à l'ufage de couvrir le calice, il dit: Quoique JESUS-CHRIST ait été crucifié hors la ville & à decouvert, on a toutefois raifon d'offrir le faint facrifice fous un toit pour éviter le vent ou la pluie: de même quoi qu'il ait été crucifié nud, on fait bien de couvrir le calice; de peur qu'il n'y tombe une mouche ou

ap. Anfel.

P. 137.

AN. II01.

XVIII. Bruron archevêque de's Treves.

Hift. Tre

wir. to. 12.

Spicil p.

240.

XIX.

Fin de S.

quelque ordure. C'eft plûtôt par nôtre vie qué par ces fortes de ceremonies, que nous devons imiter la pauvreté de JESUS CHRIST & les mépris qu'il a foufferts.

Egilbert archevêque de Treves mourut dans le fchifme le cinquième de Septembre 1101. après avoir tenu ce fiege vingt-deux ans huit mois & trois jours, & il y eut près de quatre mois de vacance. Entre plufieurs fujets dignes de remplir cette place, qui fe trouvoient dans le clergé de Treves, le plus diftingué étoit Brunon, né en Franconie de la premiere nobleffe, & tellement aimé des feigneurs, qu'on l'avoit fait prevôt de Treves, de Spire, de faint Florent à Coblens & archidiacre. L'empereur Henri étant venu tenir la cour à Mayence à la fête de Noël de la même année 1101. les citoïens de Treves vinrent lui demander Brunon pour ar chevêque : les feigneurs joignirent leurs prieres & l'empereur lui donna l'inveftiture par l'anneau & la croffe, & ordonna qu'il fût facré. Il le fut à Mayence même, le treiziéme de Janvier 11 02. par Adalberon de Mets, Jean de Spire & Richer de Verdun, en prefence de Ruthard archevêque de Mayence, Frideric de Cologne, & plufieurs autres évêques, qui tous par confequent reconnoiffoient Henri pour empereur, & conmuniquoient avec lui. Brunon fit fon entrée à Treves le jour de la Purification.

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L'année precedente 1101. faint Bruno le fon dateur des Chartreux, mourut dans fon monaBruno. ftere de Squillace en Calabre. Se fentant près Vita ap de fa fin, il assembla fa communauté, & leur Sur, 6. 08. raconta toute la fuite de fa vie depuis fon enfance par forme de confeffion generale. Enfuite il expofa par un long difcours fa foi fur la Tri nité, & conclut ainfi Je crois auffi les facremens que l'églife croit & honore; & nommé

ment que le pain & le vin, confacrés fur l'autel, font le vrai corps de Nôtre Seigneur Jesus. A N. 1101, CHRIST, fa vrate chair & fon vrai fang, que nous recevons pour la rentiffion de nos pechez, & dans l'efperance du falut éternel. Il mourut enfuire le dimanche fixiéme jour d'Octobre, & fut enterré derriere le grand aurel de l'églife de ce monaftere dedié à faint Etienne. Les Chartreux envoyerent, felon la coûtume, des lettres en diverfes provinces, & jufques en Angleterre, pour donner avis de fa mort & demander des prieres pour fon ame. On a confervé plufieurs Ibid. réponfes des églifes, qui contienent des éloges de faint Bruno, la plupart en vers, où l'on avoue qu'il a moins befoin des prieres des autres, qu'ils n'ont befoins des fiennes. En ces réponses l'égli fe de Reims le reconnoît pour fon éleve, & témoigne qu'il a quitté le monde dans le tems de fa plus grande profperité, lorfqu'il étoit comblé d'honneur & de richeffes. L'église de Paris le nomme la gloire des docteurs, & celle d'Angers le nomme leur maître, & dit qu'il falloit être habile pour profiter de fes leçons: prefque toutes relevent fa doctrine.

LXII. n.

Comme depuis fa retraite il n'avoit fonge qu'à fe cacher & avoit infpiré à fes difciples le même amour de l'obfcurité & du filence, perfonne n'écrivit alors fa vie ni l'hiftoire de fon ordre, & ce grand faint ne fut canonifé que plus de quatre cens ans après par le pape Leon X. J'ai rapporté ce que dit de fui Guibert abbé. Sup. liv. de Nogent auteur du tems; & j'ajoûterai ici ce qu'en dit Pierre le venerable abbé de Clugni, 11. Mirac dans un ouvrage compofe environ cinquante c. 28, ans après. Il y a, dit-il, dans la Bourgogne un ordre monaftique plus faint & plus exact que beaucoup d'autres, inftitué de nôtre tems pat quelques peres doctes & faints, favoir maître

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ils

Bruno de Cologne, maître Landuin Italien, & quelques autres, hommes veritablement grands. & crignans Dieu. Inftruits par la negligence & la tiedeur de quelques anciens moines ont pris de plus grandes précautions pour eux & pour leurs fectateurs contre tous les artifices du démon. Contre l'orgueil & la vaine gloire, ils ont pris des habits plus pauvres & plus méprifables que ceux de tous les autres religieux enforte qu'ils font horreur à voir tant ils font courts, étroits, heriffez & fales. Pour couper la racine à l'avarice, ils ont borné autour de leurs cellules une certaine étenduë de terre plus ou moins grande, felon la fertilité ou la fterilité des lieux; & hors cet efpace ils ne prendroient pas un pied de terre, quand on leur offriroit tout le monde. Par la même raison ils ont réglé la quantité de leurs beftiaux, bœufs, ânes moutons ou chevres. Et pour n'avoir point befoin d'augmenter leur terre ou leur bétail, ils ont ordonné que dans chacun de leurs monafteres il n'y auroit à perpetuité que douze moines avec le prieur qui feroit le treizième, dixhuit freres convers & quelque peu de ferviteurs à gages.

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Pour dompter leurs corps ils portent toûjours de rudes cilices fur la chair, & leurs jeûnes font prefque continuels. Ils mangent toûjours du pain de fon, & trempent fi fort leur: vin qu'il n'en a prefque pas le goût. Ils ne mangent jamais de viande, ni fins ni malades. Ils 'achettent jamais de poiffon, mais fi on leur en donne par charité ils le reçoivent. Ils peu vent manger du fromage ou des œufs le dimanche & le jeudi feulement: le mardi & le famedi ils mangent des legumes ou des herbes cuires: le lundi, le mercredi & le vendredi ils fe consentent de pain & d'eau. Ils ne mangent qu'une

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