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#p. 127.

delivrer. Enfin, que vous ordonniez aux évêques nos confreres d'aider Aimar d'argent & d'autres fecours pour le défendre contre nôtre prince & le comte d'Angoulefme.

L'évêque de Perigueux, prie l'archevêque de Bourges au nom de toute la province, de les affurer qu'il demeure ferme dans l'obéïffance du pape Innocent; & qu'il les protegera pour ce fujet, & leur procurera la protection du roi de France. L'évêque de Poitiers prend le titre d'exilé pour la justice, & prie l'archevêque d'excommunier de nouveau Gerard & fes complices. L'archevêque de Bourges écrivit, fuivant leur defir, aux quatre évêques d'Agen, de Poitiers, de Perigueux & de Saintes : qui avec celui d'Angoulefme, étoient alors tous les fuffragans de Bourdeaux. La lettre est aussi adresfée au pape & au clergé de Bourdeaux; & il les exhorte tous à demeurer fermes dans l'obéiffance du pape Innocent, àméprifer les me naces des princes & la perfecution qu'ils pourront fouffrir pour une jufte caufe, & à refifter de tout leur pouvoir à Gerard d'Angoulef me fchifmatique manifefte. Dans une feconde lettre il leur marque que le pape Innocent eft reconnu par les rois de France, d'Angleterre, d'Allemagne, d'Espagne, de Jerufalem, & prefque par tous les princes du monde ; & que Gerard a été condamné & deposé au concile de Reims.

Le duc d'Aquitaine étoit le feul au deçà des Alpes, qui foûtint le parti de l'antipape : & faint Bernard lui écrivit vers le même tems au nom de Hugues duc de Bourgogne fon parent, pour l'exhorter à quitter le fchifme. Dans cette lettre il dit entre-autres chofes, parlant des fchifmatiques: Ils ont le duc de Pouille, mais c'est le feul prince, encore l'a-t-on gagné par

le ridicule appas d'une couronne ufurpée. Au refte, quelles font ies vertus & les bonnes qua litez qu'ils publient de leur prétendu pape, pour nous exciter à le favorifer? fi ce que l'on en dit par tout eft veritable, il n'eft pas digne de gouverner un village: fi ces bruits font faut, il con vient toutefois au chef de l'église d'avoir nonfeulement les mœurs bonnes, mais la reputation

cntiere.

de Sées

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Nous apprenons ce que l'on difoit alors con- XXVIII. tre l'antipape Anaclet, par un traité d'Arnoul Traité archidiacre de Sées & depuis évêque de Li-d'Arnoul fieux, adreffé à Geoffroi évêque de Chartres & contre les legat du pape Innocent. Arnoul étoit alors en fchifmat. Italie, où le defir d'apprendre les loix Romai- tem. 2. Spi nes l'avoit conduit: c'eft pourquoi ne pouvant cil. p. 336. rendre d'autre fervice à l'églife pendant fon abfence, il écrivit ce traité: où il examine toute l'affaire du fchifme; & parle premierement de Gerard d'Angoulefme, puis de Pierre de Leon, & enfin du pape Innocent. Quant à Gerard, il dit que la baffeffe de fa naiffance & la pauvreté de fes parens, l'obligerent à quitter la Normandie & paffer à un païs étranger, c'est-àdire en Aquitaine; & qu'il fut élú évêque non par fon merite, mais par hafard : parce que deux partis divifez ne trouverent point d'autre moyen de finir & de faire une élection. Tu fis, lui dit-il, bâtir une église pour avoir un pretexte d'amaffer de l'argent: tu élevas aux dignitez ecclefiaftiques tes neveux, gens fans lettres & fans merite, & leur confias le gouvernement de l'églife. Tu donnois les autres benefices à ceux qui avoient le plus d'argent, & ne faifois ni dedicaces d'églifes, ni benedictions d'autels, ni ordinations, fans en tírer quelque profit. Il vient enfuite à la legation de Gerard, qui lui donnoit jurisdiction fur

XIX.

hevêque de

cinq archevêchez. Il convient qu'il avoit de l'ha bilité pour les affaires, de la fience & de l'éloquence: mais il prétend qu'il abusa de fon pou-` voir pour contenter fon avarice & fon ambition, affemblant des conciles fans befoin pour avoir le plaifir d'y prefider; & aviliffant la dignité de ces faintes affemblées.

Quant à Pierre de Leon, l'auteur dit que le Juif fon aïeul ayant amaffé des richefles par fes ufures, fe fit chrétien pour devenir plus puiffant; & que Pierre dont il étoit queftion, portoit encore fur fon vifage les marques de fon origine. Il fut, ajoûte-t-il, envoyé en France, pour acquerir la bienveillance de la nation, par la conformité des mœurs & du langage; & s'étant étrangement decrié pendant fa jeuneffe par fon infolence & fes débauches: il entra à Clugni, pour couvrir l'infamie de fa vie paffée, par la reputation de ce monaftere, le plus illuftre des Gaules. Etant devenu cardinal par le credit de fa famille, il fut envoyé en diverfes legations où il ne fongeoit qu'a fatisfaire fa cupidité & vivoit avec un luxe fcandaleux: deux grands repas par jour, des viandes exquifes & parfumées, une profufion qui épuifoit les revenus des évêques & des abbez; encore pilloit il les ornemens des églifes. Enfin on l'accufoit des débauches les plus abominables, d'avoir eu des enfans de fa propre foeur, & de mener avec lui une fille deguifée en homme. Telle étoit la reputation de l'antipape Anaclet.

La lettre de faint Bernard à Hildebert archeFin d'Hil vêque de Tours ne fut pas fans effet, & ce; debert arc. prelat demeura attaché au pape Innocent le Tours, refte de fa vie, qui ne fut pas long. Car il mourut dans une heureufe vieilleffe le dix-huitiéme de Novembre de l'année 1133. ou de la fuivante. Il est celebre par les écrits, qui font

Vita.

i

1

lib. III.

fes Lettres au nombre de cent trente, eent quarante fermons, la vie de fainte Radegonde & celle de faint Hugues de Clugni, quelques traitez moraux & theologiques, & grand nombre de poëfies. Il avoit auffi commencé un recueil ep.53.al.83ï de canons; & quelques-uns lui attribuent la preface qui fe trouve à la tête de celui d'Ives de Chartres.

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Fouques Rechin comte d'Anjou, ayant fait vœu d'aller en pelerinage à S. Jacques, Hildebert lui en écrivit ainfi: Je ne nie pas que ce lib. 1. ep. 15. ne foit un bon deffein, mais quiconque eft l. 59. chargé du gouvernement, eft attaché à un devoir qu'il ne peut quitter que pour quelque chofe de plus grand & de plus utile. Entre les talens que le de famille diftribue à fes ferpere viteurs aucun docteur ne compte celui de courir par le monde ; & fain Hilarion étant près de Jerufalem, n'y alla qu'une fois, pour ne pas paroître méprifer les lieux faints. Hildebert reprefente enfuite au comte qu'il fe met en peril en paffant par les places du duc d'Aquitai. ne fon ennemi; & que le roi d'Angleterre defaprouve ce voyage. Puis il continue: Vous me direz peut-être J'ai fait un vau, & je me rends coupable fi j'y manque. Mais confiderez que c'est vous qui vous êtes engagé à ce vœu, & que c'eft Dieu qui vous a impofé une charge: voyez fi le fruit que vous retirerez de ce voyage, recompenfera la perte de l'interruption de vos devoirs. Si ce dernier bien eft fans comparaifon plus grand comme on ne le peut demeurez dans vôtre palais, vivez pour vôtre état, rendez juftice, protegez les pauvres & les églifes.

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nier

Dans une autre lettre il parle ainfi au pape Honorius II. Je vous fupplie de ne pas pren- 11. ep. 41. dre en mauvaise part ce que je vous écris par

al. 82.

pure neceffité & pour la juftice. Nous n'avons point appris au deçà des Alpes, & nous ne trouvons point dans les maximes ecclefiaftiques, que l'églife Romaine doive recevoir toutes fortes d'appellations indifferenment ; & on établit cette nouveauté, l'autorité des évêques perira, & la difcipline de l'églife n'aura plus aucune vigueur. Qui fera le raviffeur, qui étant menacé d'anathême, n'appellera pas auffi-tôt? qui fera le prêtre, qui ne continuera pas fa vie fcandaleufe à l'abri d'un appel frustratoire ? les facrileges, les pillages, les adulteres inonderont de toutes parts, tandis que les évêques auront la bouche fermée par des appellations fuperflues. Et enfuite: Je fais & toute l'églife T'enfeigne, que le fecours de l'appellation eft dû à ceux qui font bleffez par un jugement, qui tiennent leurs juges pour fufpects, ou qui craignent la violence d'une multitude emportée; fur quoi il cite une fauffe decretale du pape faint Corneille: mais il foûtient qu'il faut rejetter les appellations frivoles. qui ne tendent qu'à retarder le jugement.

Dans une autre lettre Hildebert blâme un prêtre, qui avoit fait donner la queftion à un homme qu'il foupçonnoit lui avoir pris de l'argent apparemment un homme de condition fervile. Il dit que cette procedure convient aux cours feculieres & non à la discipline de l'église, qu'il ne fied pas à un prêtre d'être bourreau, & qu'il doit plûtôt laiffer un coupable impuni, que de faire fouffrir un fuplice certain poui un crime al. 54. incertain. Surquoi il cite la lettre de faint AuguSup. liv. ftin à Macedonius.

Ang. ep.

253.

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L'évêque de Chartres avoit interdit un prê tre pour avoir tué d'un coup de pierre un voleur qui le vouloit tuer. Après que ce prêtre eut été fept ans feparé du faint autel, l'évêque

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