Imágenes de páginas
PDF
EPUB

d'autres fous lui. Il avoit à Clairvaux fon bu reau qui étoit un cabinet plein de livres : & il en trafiquoit, empruntant des originaux pour les faire tranferire & en prêtant d'autres, à la charge de tirer une copie outre l'original Sut tout il avoit foin d'entretenir un grand nombre d'amis: & tout cela paroît par les lettres. Sa fonction & celle des autres fecretaires de faint Bernard, n'étoit pas feulement d'écrire sous lui, ep. 387. a', mais de compofer des lettres de leur ftile par fon ordre d'où vient qu'il fe plaint quelquefois qu'ils n'ont pas fuivi fes intentions. Nicolas écrivoit auffi des lettres au nom d'autres perfonnes, comme de Henri frere du roi depuis évêque de Beauvais. Enfin il écrivoit des fermons, qui pafferent pour être de faint Bernard, foit qu'il ne fit que traduire en latin ceux que le faint abbé avoit prononcez en françois, foit qu'il en compofat de femblables: car il étoit plein des penfées de fon maître & favoit par faitement imiter fon ftile.

352.

#p. 264. ap. Bern.

op. 284.

Nicolas vêcut ainfi environ cinq ans, poffedant la confiance entiere de faint Bernard & de Pierre de Clugni dont il étoit tendrement aimé; & à qui S. Bernard l'envoyoit de tems en tems pour le communiquer mutuellement leurs plus fecrettes pensées: enfin faint Bernard s'apperçut que Nicolas le trompoit, & qu'il abufoit de fon fceau pour écrire de fauffes lettres en fon nom. Il en écrivit en ces termes au pape Eugene: Nous avons de faux freres, & plufieurs lettres falfifiées avec nôtre sceau contrefait, font tombées entre les mains de plufieurs perfonnes: & ce que je crains de plus, c'eft qu'on dit qu'il eft venu jufqu'à vous. C'est ce qui m'a obligé de quitter mon ancien fceau, & de me fervir du nouveau que vous voyez, qui porte mon image & mon nom. N'en recevez plus d'autres

Comme de ma part. C'est que les fceaux tenoient encore alors lieu de fignature. Le faint abbé ne nomme point ici Nicolas, parce que La trahison n'étoit pas encore publique.

Mais quand il fut forti de Clairvaux, n'aïant epift. 298. plus rien à menager, il en écrivit ainfi au pa-o. 11. pe: : Nicolas eft forti d'entre-nous, parce qu'il zo. n'étoit pas des nôtres, & en fortant il a laiffé des traces honteufes. Je le connoiffois longtems auparavant: mais j'attendois ou que Dieu le convertît, ou qu'il le découvrit lui-même Comme Judas; & c'est ce qui eft arrivé. Outre les livres, l'or & l'argent en quantité, on a trouvé fur lui comme il fortoit, trois fceaux un à lui, celui du prieur & le mien: non pas l'ancien, mais le nouveau, que j'avois été obligé de prendre depuis peu pour éviter fes fur prifes Qui pourroit dire à combien de personnes il a écrit ce qu'il a voulu fous mon nom, à mon infù? Plût à Dieu, que vôtre cour für entierement purgée de l'effet de fes menfonges, & que l'innocence de ceux qui font avec moi, pût être juftifiée auprès de ceux qu'il a prévenus par fes calomnies. Il a été convaincu, & en partie par la propre confeffion, de vous avoir aufli quelquefois écrit de fes fauffes lettres. Quant à à fes infamies qui font devenues publiques dans tout le pays, je ne veux en foüiller ni mes levres, ni vos oreilles. S'il va vous trouver, car il fe vante d'avoir des amis en cour de Rome, fouvenez-vous d'Arnauld de Breffe, celui-ci eft pire encore. Perfonne ne merite mieux d'être condamné à une prifon perpetuelle & à un perpetuel filence. Nicolas après avoir couru de differens côtez fe retira enfin à MouftierRamei fon premier monaftere, & vêcut encore plus de vingt-cinq ans.

[ocr errors]

LIV. Mort de l'abbé Su

Vers le même tems S. Bernard ayant appris ger.

que l'abbé Suger étoit malade à l'extremité, AN. 1152. lui écrivit une lettre pleine d'amitié & de pieté pour l'encourager à la mort, & lui témoigner

p. 266.

le defir qu'il avoit de l'aller voir & recevoir Mabill. ad fa benediction. Suger au commencement de

ep. 265.

LV. Le roi

Louis feparé d'Alienor.

to. 10. p. 3129

fa maladie fe fit mener au chapitre, & après avoir dit à la communauté quelques paroles d'édification, il fe profterna à leurs pieds, leur demandant avec larmes le pardon de toutes les fautes qu'il avoit commises contre eux: ce qu'ils lui accorderent fondant cn larmes de leur côté. Il mourut le treiziéme de Janvier 1152. dans la foixante & dixiéme année de fon âge, & la vingt- neuviéme de fon gouvernement. A fes funerailles affifterent fix évêques plufieurs abbez, & le roi Louis le jeune, qui y pleura amerement.

La même année 1132. le dix-huitiéme de Mars, qui étoit le mardi avant Pâques feuries, car on nommoit dès lors ainfi le dimanche des Rameaux, il y eut un concile à Baugenci, où fe trouverent quatre archevêques, Hugues de Sens, Hugues de Rouen, Samfon de Reims, & Lanfroi de Bourdeaux, avec grand nombre d'évêques & de feigneurs. L'archevêque de Sens y avoit appellé le roi Louis & la reine Alienor, pour juger de la validité de leur mariage: car on pretendoit qu'ils étoient fi proches parens, qu'il ne pouvoit fubfifter. On produifit dans le concile des témoins, qui après a voir prêté ferment, depoferent de la parenté; & la preuve étant jugée fuffifante, les prelats du concile declarerent le mariage nul du conGuill. Tyr. fentement des parties. Ils avoient vêcu 14. ans enfemble & avoient eu deux fils: mais le roi Rub. de M. Louis avoit reçu de la reine Alienor tant de mauvais traitemens pendant le voyage de la ter re fainte, qu'il ne pouvoit plus la fouffrir. Elle

lib. XVII. C.

8.

[ocr errors]

retourna

retourna auffi-tôt à fon duché d'Aquitaine, & époufa Henri duc de Normandie & conte d'An- AN. 1152. jou, qui fut depuis roi d'Angleterre, le roi Louis époufa Conftance fille d'Alfonfe VIII. roi de Caftille.

LVI.

Mort de Conrad.

Fr detic I.

Eu Allemagne le roi Conrad III. étant venu à Bamberg tenir la cour, mourut le premer vendredi après les cendres,, quinziéme de Fe vrier 1152. après avoir regné pres de treize roi. ans fans avoir été couronné empereur. Il fut Orto. 1. Fr. enterré au même lieu près le tombe u de l'empe- c. 69. reur faint Heuri, qui venoit d'être canonifé

par le pape Eugene, à la priere de l'évêque & des Eugen.ep.7. chanoines de Bamberg, & fur le raport de deux legats, envoyez en Allemagne pour d'autres ffaires, mais chargez d'aller fur le lieu & s informer de la vie & des miracles du fant e percur. Le pape marque dans fi bulle, que la canonifation ne fe doit faire regulieremet que dans les conciles generaux. Le roi Conrad voyan que fon fils Frideric étoit en trop bas age pour ê re êlû roi, défigna pour fon fucceffeur, Fridcri his de fon frere; & il fut élû en effet a Francfort dans une très-grande affemblée, où se trouverent même quelques feigneurs Iiens. Friduri fut élû le quatrième jour de Mars de la mên e année, qui étoit le mardi de la troisième maine de C- Otto. 11. de rême e; & le dimanche fuivant il fut ouronné à gof. Frid. Aix la-Chapelle par Arnold archevêque de Colo- 6.1. 3. gne. Ce prince étoit jeune & regna trente fept ans. Il étoit brave, magnanie, jufte & prudent, mais fier & colere. Il est connu fous le nom de Frideric barberousse.

Si tôt qu'il fut couronné, il tint confeil avec les principaux feigneurs, & de leur avis envoya à Rome Hilin élû archevêque de Treves, & Eberard évêque de Bamberg, pour donner part de fon élection au pape Eugene, aux Ro

Tome XIV.

Ff

[ocr errors]

ap. Baron.

an. 2182.

mains, & à toute l'Italie. Incontinent après le AN. 1152. pape & le roi Frideric firent ensemble un traité par leurs deputez, qui étoient de la part du pape fept cardinaux & Brunon, abbé de Caravalle près de Milan, de l'ordre de Cifteaux, de la part du roi Anfelme évêque d'Havelfberg, Herman évêque de Conftance, & trois comtes. Le roi promit de ne faire ni paix ni treve avec les Romains, ni avec Roger roi de Sicile, fans le confentement des Romains & du pape; & de travailler de tout fon pouvoir à rendre les Romains auffi foûmis au pape, qu'ils l'avoient été depuis cent ans. De défendre contre tous la dignité papale & les regales de faint Pierre, comme avoué de l'églife Romaine, & l'aider à recouvrer ce qu'elle avoit perdu. De n'accorder aucune terre à l'empereur des Grecs deçà la mer; & s'il en envahiffoit quelqu'une, l'en chaffer au plûtôt felon fon pouvoir. Le pape promit de donner au roi la couronne imperiale quand il viendroit la recevoir, & de l'aider de tout fon pouvoir à maintenir & augmenter fa dignité: employant pour cet effet les cenfures ecclefiaftiques, & d'empêcher l'empereur Grec de faire aucune conquête deçà la mer. Ce traité eft daté du vingt-troifiéme de Mars indiction quinziéme, 1 an 1152.

LVII.

tranferé à Magdeb.

Chr. Saxo.

an. 1153.

Le fiege de Magdebourg étoit vacant par le Guicman decés de l'archevêque Frideric arrivé le quinziéme de Janvier, & il y eût partage dans 1 élection les uns élifoient le prevôt Gerard, les autres le doyen. Pour terminer le differend, Otto, .. ils allerent trouver le roi qui étoit en Saxe; & qui n'ayant pû les réunir, perfuada au doyen & à fon parti d'élire Guicman évêque de Ceïts, encore jeune, mais noble; & l'ayant fait venir il lui donna l'inveftiture de l'archevêché de Magdebourg. Car la cour d'Allemagne pretendoit

« AnteriorContinuar »