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rangez les membres autrement qu'il ne les a plaAN. 1152. cez lui-même. L'ordre de la hierarhie a Dieu pour auteur, & tire fon origine du ciel : mais fi un évêque dit: Je ne veux pas être foumis à un archevêque, ou un abbé : Je ne veux pas obéïr à un évêque, cela ne vient pas du ciel. Je fai que Vous avez le pouvoir de difpenfer, mais pour l'édification feulement. Quand la neceffité preffe, la difpenfe eft ex ufable: quand l'utilité le demande,elle eft loüiable: je dis l'utilité commune, non celle du particulier. Il convient toutefois qu'il y a quelques monafteres exempts, fuivant l'intention des fondateurs, qui les ont donnez au faint fiege par une devotion particuliere.

Enfin dit-il, vous devez étendre vos reflexions fur toute l'églife, pour voir fi chacun y fait fon devoir: mais particulierement pour fa voir comment vos ordonnances font obfervées. Sans aller plus loin, je puis vous

montrer,

qu'on n'obferve point les reglemens que vous avez publicz de vôtre bouche au concile de Sup. n. 56. Reims, touchant la modeftie des habits dans le clergé & les ordres que doivent avoir les dignitez des chapitres. Si vous croïez qu'on les observe, vous vous trompez: fi vous ne le croïez pas, Vous avez cu tort ou d'ordonuer des chofes impraticables, ou de diffimuler l'obfervation de : vos reglemens Il y a déja quatre ans qu'ils font faits, & nous n'avons vû encore pour ce fujet aucun clere privé de fon benefice, ni aucun évêque fufpendu de fes fonctions: ainfi la negligence a produit l'impunité, mere de l'impudence & du mépris des loix. On dit que Dieu ne fe met pas peine des habits, mais des mœurs : l'indécence des habits eft la marque du dereglement des efprits & des mœurs

L X.

en

Dans le qu triéme livre, faint Bernard proDerniers pofe au pape pour objet de fa confideration, ce

E

qui eft autour de lui, fon clergé, fon peuple,

Confidera

&fes domeftiques. Vôtre clergé, dit-il, doit AN. 1152
être parfaitement reglé, puifqu'il doit être la livres de la
regle & le modele de tous les autres. Quant à vô- tion.
tre peuple, tout le monde connoît l'infolence &
le fafte des Romains. C'est une nation accoûtu- c. I.
mée au tumulte, cruelle, intraitable, qui ne fait c. 2.
fe foûmettre que quand elle ne peut refifter. Et
enfuite: C'eft alors principalement qu'ils veu-
lent dominer, quand ils ont promis de fervir.
Ils jurent fidelité pour mieux trouver l'occa-
fion de nuire à celui qui s'y fie. Ils veulent def-
lors être admis à tous vos confeils, & ne peuvent
fouffrir qu'on les refufe à une porte. Ils font ha-
biles pour mal faire, & ne favent point faire le
bien. Odieux au ciel & à la terre, impies envers
Dieu, feditieux entre eux, jaloux de leurs voi-
fins,inhumains envers les étrangers: ils n'aiment
perfonne & ne font aimez de perfonne ; & vou-
fant fe faire craindre de tous, ils craignent de
tout le monde. Ils ne peuvent fe foûmettre,& ne
favent pas gouverner: infideles à leurs fupe-
rieurs; infuportables à leurs inferieurs; impu-
dens pour demander & pour refufer impor-
tuns & inquiers jufques à ce qu'ils reçoivent, &
ingrats quand ils ont reçû. Ils parlent magnifi-
quement & executent peu, promettent liberale-
ment & tiennent les moins qu'ils peuvent: fla-
teurs & médifans diffimulez & traîtres. C'eft le
portrait que fait S. Bernard des Romains de fon n. 20
tems; & toutefois il ne laiffa pas d'exhorter le pa-

pe

à travailler à leur converfion : quelque peu d'efperance qu'il ait de fuccès: puifqu'on n'eft obligé qu'à travailler, & non pas à réüffir.

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Plus ils font rebelles, dit-il, plus vous devez n. 7. 8. avoir de courage à les attaquer: mais avec la parole, non avec le fe. Vous ne devez plus emploïer le glaive, depuis qu'il vous a été dit de le

Sup. n. 21.

remettre au fourreau. Les deux glaives appartiennent à l'églife, le fpirituel & le maternel; mais l'un doit être tire par la main du prêtre, l'autre par la main du foldat, fuivant le confeil du prêtre & le commandement du prince. Nous avons déja vû cette allegorie des deux glaives; & le meilleur fens qu'on lui puiffe donner, eft que le glaive materiel ne doit être emploïé que par l'ordre du prince, mais que le prince doit co fulter le prêtre pour favoir fi la guerre eft jufte, ou même fuivre Tes exhortations pour emploïer fa puissance à proteger la religion.

Saint Bernard dit encore en cet endroit ces paroles remarquables: Tout le zele des ecclefiaftiques ne tend qu'à conferver leur dignité: fi vous voulez dans l'occasion vous abaisser un peu & vous rendre plus fociable, on dit que vous ne favez pas garder votre rang, ni foûtenir vôtre perfonnage. Nous ne voïons point que S. Pierre ait jamais paru en public orné d'or & de pierreries, revêtu de foïe, monté fur un cheval blanc environné de foldats & d'officiers marchant à grand bruit. En cela vous n'avez pas fuccedé à S. Pierre, mais à Conftantin. Souffrez-le pour vous accommoder au tems, mais faites votre capital de vos devoirs. Quoique revêtu d'or & de pourpre, vous ne devez pas dédaigner les fonctions de pafteur, ni rougir de l'évangile. S. Bernard re doutoit non plus de la donation de Constantin, que des fauffes decretales.

Il vient enfuite au choix des cardinaux, qu'il 4. dit devoir être pris de tout le monde, puifqu'ils doivent le juger; & les plus parfaits qu'il eft poffible, parce qu'il eft plus aifé de venir bon à la cour, que d'y devenir bon. Il infifte particulierement fur le choix des legats, en qui il demande particulierement la vie exemplaire & le dès-inteeffement; & il rapporte des exemples édifians du

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cardinal Martin legat en Danemarc, & de Geo-
froi évêque de Chartres. Il fe plaint de ce que
les officiers du pape prétendent avoir rang devant
les prêtres: fous pretexte que dans les ceremonies
ils font plus proches de lui, quoiqu'ils foient
ainfi placez, non pour marque de leur dignité,
mais pour la commodité du fervice. Enfin il con- . 6.
feille au pape de fe décharger entierement fur
quelqu'un de fes domeftiques, du foin de fon
temporel, comme indigne d'un prelat, qui fe doit
tout entier au fervice de l'églife. Il dit à ce fujet :
C'est une chofe merveilleufe, que les évêques
trouvent de refte fous leur main des perfonnes à
qui ils confient les ames, & n'en trouvent point
à qui ils puiffent confier leurs biens Dans le cin-
quiéme livre de la Confideration, il traite de ce
qui eft au-deffus de nous; & doune au pape Eu-
gene des fujets de meditations fublimes, fur les
anges, fur l'effence divine & fur les mysteres de
la Trinité & de l'Incarnation.

LXI.

Allema

Jourdain des Urfins avoit été envoyé legat en Allemagne vers le roi Conrad en 1151 & depuis, Jourdaix étoit venu en France & en Normandie, laiffant legat en par tout des traces affreufes de fon passage. C'est gne. ainfi qu'en parle S. Bernard dans une lettre à Hugues cardinal évêque d'Oftie, où il ajoûte: On epift. 290. dit qu'il a commis par tout des actions honteuses, qu'il a emporté les dépouilles des églifes: qu'il a conferé les dignitez ecclefiaftiques à de jeunes garçons bien faits, dans les lieux où il l'a pû, & qu'il l'a voulu faire dans les autres. Plufieurs fe font rachetez de fa vifite, & il a rançonné par fes fubdeleguez, ceux où il n'a pû aller. Il s'eft rendu la fable des écoles, des cours, des carrefours tous parlent mal de lui, feculiers, reguliers; les pauvres & les riches, les moines & les clercs s'en plaignent. Il eft generalement decrié. Il n'en eft pas ainfi du feigneur Jean Paperon,

LXII.

Archevê chez en Irlande.

conc. p. 1130. Vara anriq. lib. 6. 15.

qui a par tout honoré fon miniftere. Lifez cette
lettre au pape: c'est à lui à voir ce qu'il faut fai-
re d'un tel homme pour moi j'ai acquitté ma
confience. Je dirai toutefois avec ma promptitu
de ordinaire, qu'il eft bon qu'il acquitte auffi la
fienne en purgeant fa cour. J'avois refolu de me
taire fur ce fujet : mais le prieur du Mont dieu
m'a preffé d'écrire ; & fachez que j'en ai moins
dit que le public. Le Mont-dieu eft une Char-
treufe du diocefe de Reims.

Jean Paperon cardinal prêtre du titre de faint Laurent, fut envoyé legat en Irlande par le pape Eugene dès l'année precedente 151. & vint trouJo. Hagulf. ver le roi d'Angleterre, qui refufa de lui donner d. tom. 2. fauf-conduit,s'il ne lui faifoit ferment de ne rien faire en ce voyage au préjudice de fon royaume. Le legat indigné retourna vers le pape, & la cour de Rome en fut mauvais gré au roi d'Angleterre. L'année fuivante 1152. Paperon revine & s'adreffa à David roi d'Ecoffe, pour lui demander paffage en Irlande. David le reçûr avec honneur vers la S. Michel, & ainfi le legat arriva en Irlande accompagné de Christien évêque de Lifmore, dans la même ifle auffi legat. Ils tinrent un concile dans le nouveau monaftere de Mellifont ordre de Cifteaux où se trouverent les évêques, les abbez, les rois, les ducs, & les anciens de l'Irlande; & de leur confentement on y établit quatre archevêques à Armach, à Dublin, à Caffel & à Toiiam; & on leur affigna leurs fuffragans. Les quatre premiers archevêque furent Gelafe, autrement Giolla, Mac. liah archevêque d'Armach & primat d'Irlande, fuccefleur de S. Malachie, Gregoire ou Greri archevêque de Dublin, Donat ou Domnaldo, Sup liv. Lonargam archevêque de Caffel, & Edan ou Aeda Ŏhoffin archevêque de Touam. On voit

par cet exemple comment les Irlandois latini

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