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foient leurs noms pour les adoucir. Le legat Pa-
peron diftribua aux archevêques quatre palliums AN. 1152.
qu'il avoit aportez de Rome. Il affujettit auffi les
Hibernois à la loi des mariages, à laquelle ils
n'étoient pas accoûtumez, & corrigea chez eux
plufieurs abus. Il quitta l'Irlande après Pâques
l'année fuivante 1153. & retourna par l'Ecoffe par

il étoit venu.

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LXIII. Alain évê

que d'Au.

P. 463.

En France le fiege d'Auxerre vaqua environ quinze mois, après la mort de Hugues, que S. Bernard qualifie de faint évêque. Il avoit été xerre. moine de Cifteaux & premier abbé de Pontigni, Hift. An & mourut le dixiéme d'Octobre 1151. Comme til. to. 1. on vouloit proceder à l'élection felon la coûtu- Bibl. Lab. me, il furvint un jeune homme qui interjetta Mabill. appel, & défendit de paffer outre jufques à ce ad. epift. qu'il eût été à Rome & en fut revenu: mais Bern. 280% voyant qu'on méprifoit fon appel, trois jours après l'élection faite par les autres, il affembla ceux qu'il pût & fit une autre élection. L'affaire ayant été portée au pape, il ordonna encore une nouvelle élection & commit pour y prefider trois perfonnes, dont faint Bernard étoit un : il s'accorda avec un des deux autres, mais le troifiéme reclama. S. Bernard s'adreffa au pape, qui confirma l'élection faite de la perfonne d'Alain Flamand de nation, qui après avoir été élevé dès l'enfance dans l'églife de Lifle, fe rendit moine à Clairvaux fous faint Bernard, & fut enfuite le premier abbé de Larivoir au diocefe de Troyes, & gouverna douze ans ce monaftere. On fit entendre au roi Louis, que la premiere élection qu'il avoit permife n'ayant pas eu lieu, on n'avoit pû en faire une autre fans une nouvelle permiffion: mais faint Bernard lui reprefenta, que le premier confentement fuffifoit, & qu'il n'étoit pas neceffaire de recourir au roi toutes les fois que le clergé fe trouvoit partagé fur ce fujet.

ep. 1820

Alain tint le fiege d'Auxerre treize ans, après lef AN. 1153. quels il le quitta par permiffion du pape, & retourna finir les jours à Clairvaux.

LXIV.

Le pape Eugene envoïa deux legats en AlleHenri ar- magne, Bernard prêtre cardinal du titre de S. chevêque Clement, auparavant prieur des chanoines rece depofé, guliers de S. Jean de Latran, & Gregoire diacre cardinal du titre de S. Ange. C'étoit pour juger

de Mayen

pour

le fur

la caufe de Henri archevêque de Mayence, qui étoit accufé depuis long-tems, de diffiper Otto, 1. les biens de fon églife, & avoit reçû plufieurs Frid. c. 9. reprimandes fans fe corriger. Les deux legats fe trouverent avec le roi Frideric à Bamberg, ou il celebra la fête de Pâques, qui cette année 1153. fut le dix-neuvième d'Avril. S. Bernard aïant apris que l'archevêque de Mayence avoit 302. été cité devant les legats, leur écrivit en fa faveur les priant autant que la juftice le permettoit de ne pas pouffer à bout ce malheureux prelat; & d'avoir égard à sa fimplicité, dont on difoit que de faux freres avoient abufé prendre. Toutefois il fut depofé à la cour que le roi tint à Vormes à la Pentecôte de la même année; & le roi fit mettre à fa place dans le fiege de Mayence Arnold fon chancelier, par l'élec tion de quelques deputez du clergé & du peuple, qui étoient venus à cette cour. Les legats y depoferent auffi, par la permiffion du roi, Bouchard évêque d'Eichftet accablé de vieilleffe, comme incapable d'agir mais lorsqu'ils vouloient porter auffi leur jugement contre l'archevêque de Magdebourg & quelques autres, le roi les en empêcha & les renvoya chez eux. v. Henri depofé de Mayence fe retira en Saxe dans p. 817. un monaftere de Cifteaux où il mourut pieufe ment le premier jour de Septembre de la même annéc.

Serr. lib.

LXV. Mort d'Eu

Le pape Eugene III. mourut aufi la même

Anaftafe

Bar.

ap.

année 1153. le huitiéme de Juillet, après avoir tenu le faint fiege huit ans & près de cinq mois. A N. 1153. Il ne venoit jamais celebrer la meffe à S. Pierre gene 111. fans y faire quelque prefens, & il donna aux IV. pape. chanoines de cette églife la quatrième partie des Vetera offrandes qui s'y faifoient. Il mourut à Tibur, mon. d'où il fut porté à Rome en grande folemnité & enterré dans l'églife de S. Pierre. On le regarda Papebr. Conat. comme faint, quoiqu'il ne paroiffe pas avoir été honoré d'un culte public; & il fe fit plufieurs miracles à fon tombeau, dont on en specifie fept operez fur divers malades. Le lendemain de fa mort neuviéme de Juillet, on élut pour lui fucceder Conrad évêque de Sabine, Romain de naiffance, & chanoine regulier, qui fut nommé Anaftafe IV. C'étoit un vieillard de grande vertu & de grande experience dans les ufages de la cour de Rome mais il ne tint le S. fiege qu'un an & quatre mois.

LXVI.

à Metz.

Vita lib. v

C. J.

Saint Bernard fe fentoit défaillir de jour en jour, & fes confreres ne croïoient pas qu'il pût S. Bernard paffer l'hyver, où commença l'année 154. mais il les affura qu'il iroit jufques à l'été fuivant. En cet état, quoi qu'obligé à garder le lit & fouffrant de grandes douleurs, il ne laiffoit pas de mediter les chofes faintes, de dicter, de prier, d'exhorter fes freres. Il ne manqua prefque jamais à celebrer la meffe, jufques à ce qu'il vint à la derniere défaillance. Il étoit ainfi malade quand il écrivit à fon oncle André chevalier du Temple, & un des principaux appuis du royau- ep. 2ýj me de Jerufalem, qui lui avoit mandé le defir qu'il avoit de le voir; Si vous venez, ditil, hâtez-vous, car je ne croi pas être encore long-tems fur la terre. Et parlant des princes qui avoient été à la terre fainte, ils n'y ont, dit-il, rien fait de bon, & font revenus promptement chez eux, ils ont fait des maux incroïables. Il

écrivit en même tems, comme fon oncle l'en! AN. 1153. avoit prié, à Melifende reine de Jerufalem, pour p. 289. l'inftruire de fes devoirs de veuve & de reine.

Cependant le peuple de Mets ne pouvant fouffrir les infultes des feigneurs voifins, fortit con tre eux en grand nombre: mais il fut battu, & il en perit environ deux mille, tant tucz que noïez dans la Mofelle. Cette grande ville fe preparoit à la vangeance, & leurs ennemis enrichis par le butin & encouragez par la victoire, vouloient continuer la guerre qui avoit ruiné toute la province. Alors Hillin archevêque de Treves & metropolitain de Mets, crut que faint Bernard étoit le feul qui pût remedier à ces maux. Il vint à Clairvaux, & fe jettant aux pieds du faint abbé & de tous les moines il le conjuroit de venir au fecours de ce peuple affligé. Il fe trouva par une providence finguliere, que S. Bernard après avoir été à la mort, fe portoit un peu mieux depuis quelques jours. Il fuivit l'archevêque, & quand ils furent arrivez fur les lieux, on tint une conference au bord de la Mofelle, où comme le faint abbé exhortoit les deux partis à la paix, les feigneurs la refuferent obstinément ; & fe levant en furie fe retirerent fans lui dire adieu. Ce n'étoit pas par mépris, au contraire c'étoit par respect, n'ayant pas le front de lui refifter en prefence.

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La conference alloit fe feparer en trouble, & on ne penfoir de part & d'autre qu'à prendre les armes quand le faint abbé dit aux freres qui l'a voient fuivi: Ne vous troublez point, la paix fera, quoiqu'avec beaucoup de difficulté. En ef fet la nuit étant à moitié paffée, il reçût une de putation des feigneurs, qui fe repentoient de leur retraite on fe raffembla & on traita de la paix pendant quelques jours. Les difficultez fu rent grandes, on defefpera fouvent de la conclusion: mais ce delai fut utile à plufieurs malades,

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aufquels le faint homme rendit la fanté, & ces mira les ne contribuerent pas peu à la conclu- AN. 1153. fion de la paix: quoique d'anleurs ils la retardaffent, à caufe du grand concours & de l'importu nité de la multitude. Pour s'en garantir il falut chercher une ifle au milieu de la riviere, où les principaux des deux partis paffoient en batteau, & là fe terminerent les conferences. Entre les malades gueris en cette occafion, il y eut une femme, qui depuis huit ans étoit tourmentée d'un tremblement violent de tous les membres Elle vint fe prefenter au faint dans le tems où l'on defefperoit prefque de la paix, & la vûë de fa mifere attira tous les affiftans Ils virent tous, pendant que le ferviteur de Dieu prioit pour clle, fon tremblement ceffer peu à peu, & enfin elle fut parfaitement guerie. Les plus durs en furent tellement touchez, qu'ils frapoient leur poitrine; & leurs acclamations durerent près d'une demie heure. La foule du peuple qui s'empreffoit à baifer les pieds du faint, obligea à le mettre dans un batteau & l'éloigner de terre; & comme il exhortoit enfuite les feigneurs à la paix, ils difoient en foupirant: Il faut bien que nous écoutions celui que Dieu exauce fi vifiblement, & pour qui il fait de fi grands miracles à nos yeux. Ce n'eft pas pour moi qu'il les fait; dit faint Bernard, c'est pour vous. Le même jour étant entré dans Mets, pour preffer l'évêque & le peuple de confentir à la paix, il guerit une femme paralytique de la ville, enforte qu'ayant été apportée fur un lit, elle s'en retourna à pied. Enfin la paix fut conclue, les deux partis fe reconcilierent, fe toucherent la main & s'embrafferent.

Ce fut le dernier voïage de S. Bernard, & à fon LXVII. retour il fe fentit entierement défaillir, mais avec Mort de S. une confolation semblable à celle d'un qui arrive au port. Come ils yoïoit l'affliction &

voyageur

Bernard.

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