toncile de Rome, renonça au pontificat: mais trois jours après il fut rétabli à leur priere, té- AN. 1105, moignant fe repentir du paffé: parce qu'il parut propre à fervir l'églife dans la circonstance du tems à caufe de fa difcretion & de fa prudence. On lui impofa pour penitence, de ne point porter de dalmatique à la messe pendant trois ans. Le pape lui donna le pallium avec l'inftruction touchant la foi & la conduite paftorale : ainfi il retourna chez lui plein de joie.

P. 2420

Il ne paroît point que le pape lui ait fait aucan reproche de fon attachement à l'empereur Henri tout excommunié qu'il étoit, non plus qu'à Otton de Bamberg. Cependant il eft cer- Sup. n. 27 tain, que Brunon de Treves reconnut toûjours ce prince pour fon fouverain. L'hiftorien remarque même, qu'aucun Seigneur n'avoit plus d'autorité dans les confeils, & que l'empereur l'appelloit fon pere. Enfuite il ajoute, parlant de Brunon: Il embraffa la communion des Catholiques, fans manquer au fervice qu'il devoit à l'empereur, & ne fe foüilla point de la communion des Imperiaux, en telle forte que les Catholiques en fuffent choquez.

† 2433

Revolte de

rcur fon

nac. t. 12.

Toutefois l'excommunication de l'empereur XXXVIII fut le pretexte de la revolte de fon fils Henri ; Henri con & ce jeune prince y fut excité artificieusement tre l'empe par les lettres du pape Pascal, qui l'exhortoit à fecourir l'églife de Dieu. C'aft ainfi qu'en parle pere. un moine auteur du tems; qui ajoute, que le Herman. fils ambitieux & ravi de fe voir autorifé, s'ar- marat. Tonma fierement contre fon pere. Cette revolte é- Spicil. 446. toit d'autant plus odieufe , que dès la fin de l'année 1102. Tempereur Henri avoit defigné roi le même prince à Mayence où il celebroit ab vrfperg: la fête de Noël. Là même il declara publiquement qu'il iroit vifiter le faint Sepulcre : ce qui Otto Frilui attira une grande affection du peuple, du fing. VII.

an. 1103.

Chr. c. 8.

clergé & des feigneurs ; & plufieurs perfonnes AN. 1105. de toutes les parties du roiaume fe preparerent à l'accompagner en ce voyage. Mais il fe pafla deux années fans que l'empereur executât fa Vrfperg. promeffe. Il celebra encore à Mayence la fête de 1105. Noël de l'an 1104. & ce fut alors que fon fils qui étoit en Baviere fe revolta, & prit le titre de roi Henri cinquième du nom excité par quelques feigneurs, à l'aide defquels il s'étoit retiré d'auprès de l'empereur fon pere quelques jours auparavant.

Yo. x. conc. 8.744.

me >

Il declara d'abord qu'il condamnoit le fchif & qu'il vouloit rendre au pape l'obéïffance qui lui étoit due puis aïant fait entrer dans fon parti les feigneurs de la Baviere & quelques nobles de la haute Allemagne & de la Franconie, il paffa en Saxe, où il fut reçu avec honneur, celebra la Pâques de l'année 1105. Quedlimbourg, fe foûmit toutes les villes, & fut reconnu roi par les feigneurs. Suivant le confeil de Rothard archevêque de Mayence & de Gebehard évêque de Conftance legats du pa pe, il réunit toute la Saxe à la communion de l'églife Romaine ; & indiqua un concile à la maifon roïale de Northus en Thuringe pour le vingt-neuviéme de Mai. Là renouvellant les decrets des conciles precedens, on condamna la fimonic & l'herefie des Nicolaïtes, c'eft-à-dire le concubinage des prêtres: on ordonna que le jeûne du mois de Mars feroit celebré la premiere femaine de carême, & celui du mois de Juin la femaine de la Pentecôte fuivant l'usage de Rome. On confirma la paix de Dieu. On promit de reconcilier à l'églife par l'impofition des mains aux quatre-tems prochains, ceux qui avoient été ordonnez par les faux évêques : c'est-à-dire par les fchifmatiques; & on ordon na que ces évêques intrus feroient depofez, &

ux d'entre ceux qui étoient morts, déter

tez.

AN. 1105.

Le jeune roi Henri étoit à Northus, mais il ne venoit au concile que quand il étoit appellé. Il y parut un jour en habit très-fimple, debout en lieu élevé, & renouvella à chacun fes droits fuivant les decrets des princes; refu fant toutefois avec fermeté ce qu'on lui demandoit de déraifonnable. Il faifoit paroître une modeftie convenable à fon âge, & un grand refpect pour les évêques; & dit les larmes aux yeux, prenant Dieu à témoin & toute la cour celefte, qu'il ne s'attribuoit la fouveraine puiflance par aucun defir de regner, & ne fouhaitoit point que fon feigneur & fon pere fut dépofé de l'empire, au contraire, ajoûta-t-il, j'ai toujours compaffion de fa défobéiffance & de fon opiniâtreté; & s'il veut fe foûmettre à 6. Pierie & à les fucceffeurs, je fuis prêt à lui ceder le royaume, & lui obéir comme le moindre de fes ferviteurs. Ce difcours fut approuvé de toute l'affemblée, qui commença à prier avec larmes pour la converfion du pere & la profperité du fils, chantant Kyrie eleifon à haute voix. En même tems Uton évêque d'Hildesheim Henri de Paderborn, & Frideric d'Halberstat, fe profternerent aux pieds de l'archevêque de Mayence leur metropolitain, prenant à témoin le roi & tour le concile, qu'ils fe foûmettoient à l'obéiffance du pape : le concile referva au pape de les juger, les declarant cependant fufpens de leurs fonctions.

Enfuite le jeune roi alla celebrer la Pente Urfperg côte à Merfbourg, où il fit facrer Henri élû de- Otto Fripuis long-tems archevêque de Magdebourg, fing. mais rejetté par les partifans de l'empereur. Pen

de tems

Sorar. V

Mungot.

après il marcha vers Mayence pour y, arch. 24 rétablir l'archevêque Rothard: qui étant abbé

de faint Pierre d'Erford, fut élevé au fiege de AN. 1104. Mayence en 1088. après la mort du fchifmatique Vecilon. Dix ans après, ne voulant pas Sup. liv. être complaifant pour l'empereur excommunić, .. 45. il perdit les bonnes graces, & fe retira en Thuringe, où il demeuroit depuis fept ans. Cependant l'empereur joüiffoit des revenus de l'églife de Mayence. Le fils marcha donc avec des troupes à cette grande ville mais comme le pere l'y attendoit bien armé de fon côté, il fut obligé de fe retiner, & vint à Virsbourg d'où il chaffa l'évêque Erlong que fon pere y avoit mis, & y établit Robert prevôt de la même églife. Mais quand il en fut parti, pere chafla Robert & rétablit Erlong.

Les deux armées du pere & du fils fe rencontrerent près de Ratifbone, des deux côtez de la riviere de Regen, qui entre là dans le Danube. Pendant trois jours qu'ils demeurerent en prefence, le fils gagna le duc de Bo-, heme & le marquis Leopold, dont les troupes faifoient la principale force du pere: en forie que la veille du combat ils lui declarerent que les feigneurs n étoient point d'avis de donner bataille, & fe retirerent. L'empereur fe voyant abandonné, fut reduit à fe fauver fecrettement avec très-peu de fuite. Alors le jeune roi fit rentrer l'archevêque Rothard dans Mayence la huitième année après qu'il en eut été chaffé. Enfin le treiziéme de Decembre le pere & le fils vinrent à Bingen fur le Rhein; & convinrent que pour terminer leurs differends, on tiendroit à Noël une diette ou effemblée gencrale à Mayence.

Comme le prétexte de la revolte du jeune Heuri étoit de ramener tout le roiaume Teup. Vrftit, tonique à l'obéiffance du faint fiege, l'empereur fon pere fut confeillé d'envoyer au pape

2. 395.

Pafcal pour protefter de fa foumiffion. C'est ce qu'il fit par une lettre, où d'abord il fe louë de An. 1105, L'amitié des papes Nicolas & Alexandre, & fe plaint de la dureté de leurs fucceffeurs, qui ont foulevé fon royaume contre lui. Encore à prefent, ajoûte-t il, nôtre fils que nous avons aimé jufques à l'élever fur le trône, infecté du même poifon, s'éleve contre nous, au mepris de fes fermens & de la juftice, entraîné par le confeil des mechans qui ne cherchent qu'à piller & partager entre eux les biens des églifes & du royaume. Plufieurs nous confeillent de les pourfuivre fans delai par les armes mais nous avons mieux aimé differer, afin que perfonne, foit dans l'Italie, foit dans l'Allemagne, ne nous impute les malheurs qui en pourront fuivre. D'ailleurs ayant appris que vous êtes un homme fage & charitable, & que vous defirez fur tout l'unité de l'églife: nous vous envoyons ce deputé pour favoir fi vous voulez que nous nous uniffions ensemble, fans prejudice de ma dignité, telle que l'ont euë mon pere, mon ayeul, & mes autres predeceffeurs: à la charge auffi de vous conferver la dignité apoftolique comme mes predeceffeurs ont fait aux vôtres. Si vous voulez agir paternellement avec nous & faire fincerement la paix, envoyez-nous avec ce deputé un homme de confiance chargé de vos lettres fecretes: afin que nous puiffions favoir furement vôtre volonté, & vous envoyer enfuite une ambaffade folemnelle pour terminer cette grande affaire.

XXXVIII.

Saint Anfelme ayant reçu la lettre par laquelle Reconcile pape lui marquoit ce qu'il avoit fait au con- liation du cile de Rome, comprit qu'il étoit deformais Roi d'Aninutile qu'il attendit à Lion, & refolut de retour - gleterre avec faint ner en France. Il vouloit aller à Reims comme Anfelme. l'archevêque Manaffés l'en prioit inftamment, Edmer.

4.