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pables, fans confeffion & fans penitence l'impunité des pechez paffez & la liberté d'en commet- A N. 1105. tre d'autres? Qu'elle porte ouvre-t-on par là à la malice des hommes ?

XLI.

Henri le

pere re

1106. Otto Fri

La diette ou affemblée generale du royaume Teutonique, indiquée à Mayence pour la fête de Noël 1105. fut la plus nombreufe que l'on eût nonce à la vue depuis plufieurs années; & il s'y trouva couronne. plus de cinquante feigneurs. Richard évêque Urfperg. d'Albane & Gebehard évêque de Conftance le- an. gats du pape y vinrent & y confirmerent l'exfing vil. communication contre l'empereur Henri. Ce Chr. c. 11. prince étoit gardé à Bingue où fon fils l'avoit arrêté par furprife, & il demandoit la liberté d'aller à Mayence, pour y être oüi: mais les Seigneurs, qui craignoient que le peuple ne s'émût en fa faveur, allerent au-devant de lui à Ingelheim; & firent fi bien par leurs confeils & vita Henr. leuis artifices, qu'ils lui perfuaderent au même V. ap. Urf. lieu de fe reconnoître coupable & de renoncer tit. p. 3890 au roïaume & à l'empire. On lui demanda fi fa renonciation étoit volontaire Ii répondit qu'oüi, & qu'il ne vouloit plus fonger qu'au falut de fon ame. Il fe jetta aux pieds du legat Richard, demandant l'abfolution des cenfures; mais le legat répondit, qu'il n'en avoit pas le pouvoir, & que fon abfolution étoit refervée au pape & à un concile general. Henri renonça donc à l'empire, remettant à fon fils toutes les marques de fa dignité, favoir la croix, la lance, le fceptre, la pomme & la couronne; & Henri le fils fut élû pour la feconde fois roi de Germanie, cinquiéme du nom, par tous les feigneurs du royaume l'an 1106. après que fon pere eût regné près de cinquante ans. Il reçut le ferment des évêques & des feigneurs laïques, & les legats confirme rent fon élection par l'impofition des mains. Si tout cela fe fit licitement ou non, c'est ce que

AN. 1106.

nous ne decidons point, dit Otton de Frifingite Après que l'on eût reprefenté au nouveau roi ab. Urff. & à toute l'affemblée la corruption inveterée des églifes Germaniques, tous promirent una nimement d'y remedier; & pour cet effet il fut refolu d'envoyer à Rome des deputez capables de confulter le faint fiege, de répondre aux plaintes, & de pourvoir en tout l'utilité de Féglife. On choifit pour cet effet de Lorraine Brunon archevêque de Treves, de Saxe Henri de Magdebourg, de Franconie Otton évêque de Bamberg, de Baviere Ebcrard d'Eiftet, d'Allemagne Gebehard de Conftance, de Bourgogne l'évêque de Coire, avec quelques feigneurs laïques pour les accompagner. Ils étoient chargez entre autres chofes, d'obtenir, s'il étoit possible, que le pape paffât deçà les Alpes.

XLII.
Lettre de

Henri le

de France.

Orto VII.

2. Xir.

p. Vrflit. 1.396.

;

Henri le pere fe retira cependant vers le bas Rhin, à Cologne, puis à Liege, & en l'une pere au roi & l'autre de ces villes il fut reçu comme empereur. Il fe plaignoit de la fraude & de la violence qu'on lui avoit faite pour exiger fa renonciation & il écrivit fur ce fujet une lettre au roi de France, où il fe plaint premièrement du fiege apoftolique, comme de la fource de la perfecution qu'il fouffre : Encore, dit-il, que j'aie fouvent offert de rendre à ce fiege toute forte d'obéiffance & de foûmiffion, à condition que l'on me rendroit auffi le même honneur qu'à mes predeceffeurs : Leur haine il parle des papes, les a porez jufques à violer le droit de la nature & armer mon fils contre moi en forte qu'au prejudice de la foi qu'il m'avoit jurée comme mon vaffal, il a envahi mon roïaume, depofé mes évêques & mes abbez, foutenu mes ennemis ; & ce que je voudrois pouvoir cacher, il a même attenté

ma vie.

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Dans cette vûë, comme j'étois à Coblens en quelque fûreté pendant le faint tems de l'Avent, il m'appella à une conference, où parfaitement inftruit en l'art de feindre, il fe jetta à mes pieds me demandant pardon du paffé, & me promettant avec larmes de m'obéir en tout à l'avenir; pourvû que je vouluffe bien me reconcilier avec

faint fiege. J'y confentis, me remettant au confeil des feigncurs, pour une affaire de cette importance, & il ne promit de me conduire pour cet effet à Mayence à Noël, & m'en ramener en fûreté. Sur la foi d'une telle promeffe, qu'un payen même obferveroit, je marchois avec confiance, quand nous approchâmes de Bingue le vendredi avant Noël : les troupes de mon fils augmentoient, & la fraude commençoit à fe découvrir, quand il me dit: Mon pere, il faut nous retirer dans ce château voifin, car l'archevêque de Mayence ne vous recevra point dans la ville tant que vous ferez excommunié. Faites- y la fête en paix avec telle fuite qu'il vous plaira, je travaillerai cependant pour vous. Et il me jura pour la troifiéme fois, que fi je me trouvois en peril, fa vie répondroit de la mienne.

Mais quand je fus entré je me trouvai enfermé moi quatriéme de tous mes gens, on me donna des gardes qui étoient mes ennemis mortels; outre les injures, les menaces, les épées levées fur ma tête, la faim, la foif; ce que je n'oublierai jamais, c'eft que je paffai ces faints jours dans cette prifon fans aucune communion chrétienne, c'eft à-dire fans affifter à la messe ni à l'office divin. Alors un feigneur nommé Guibert, vint de la part de mon fils me dire, que pour fauver ma vie il n'y avoit point d autre moyen que de rendre les ornemens imperiaux, Moi qui n'aurois pas donné ma vic

AN,

IN. 1706.

pour mon royaume, quand il fe feroit étendu par toute la terre; voyant que c'étoit une neceffité, j'envoïai à Mayence la couronne, ke fceptre, la croix, la lance & l'épée. Alors mon fils de concert avec mes ennemis, laiffant à Mayence mes ferviteurs & mes amis, en fortit avec grand nombre de fes gens en armes, fous pretexte de m'y amener mais il me fit conduire à Ingelheim, où je le trouvai avec une grande multitude de mes ennemis. Et parce qu'ils croïoient plus für que je renonçaffe au royaume en perfonne, ils me menaçoient tous de perdre la vie fi je ne faifois tout ce qu'on m'or donneroit.

Je dis que je le ferois pour avoir le tems de faire penitence; & comme je demandois fi j'étois au moins ainfi affuré de ma vie, le legat, qui étoit prefent, répondit, que je ne pouvois me délivrer qu'en confeffant que j'avois agi injuftement, en perfecutant Hildebrand & mettant Guibert à la place, & en tout ce que j'avois fait jufques-là, contre le faint lege & contre l'églife. Alors je me profternai & demandai au nom de Dieu, que l'on m'accordât un lieu & un tems propre pour me justifier en prefence de tous les feigneurs ou, s'il me trouvoient coupable, faire telle fatisfaction -qu'ils jugeroient neceffaire. Mais le legat me declara, qu'il falloit terminer tout au même lieu, autrement que je ne devois avoir aucune efperance d'en fortir. En cette extrêmité je demandai fi j'obtiendrois l'abfolution en confeffant tout ce qu'on m'ordonnoit. Le legat répondit, qu'il n'en avoit pas le pouvoir; & que fi je voulois être abfous, j'allaffe à Rome fatisfaire au faint fiege. Ils me laifferent ainsi à Ingelheim. J'y demeurai quelque tems, & mon ils m'avoit mandé de l'y attendre; mais je fus

Spicil

epifto

averti, que fi j'y demeurois, je ferois emmené en prifon perpetuelle, ou decollé au lieu même. AN. 1106. Je m'enfais auffi-tôt & je vins à Cologne & quelques jours après à Liege. Je vous prie donc, par la parenté & l'amitié qui eft entre nous, & par l'interêt commun de toutes les couronnes de vanger l'injure que j'ai foufferte, & ne pas laiffer fur la terre l'exemple d'une fi noire trahifon. L'empereur Henri écrivit une lettre fem- to. 2. blable à Hugues abbé de Clugni & à toute fa P. 391. communauté. Il y raconte tout au long la trahi-10. 12. 13. fon de fon fils & la maniere dont on l'a forcé à renoncer à l'empire, avec quelques differences de la lettre precedente dans les circonstances; & il conclut en priant l'abbé de lui donner confeil, & promettant d'executer tout ce qu'il ju gera à propos pour le reconcilier avec le pape. Il avoit une confiance particuliere en cet abbé qui étoit fon parrain.

le.

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perg.

Mais Henri avoit beau protefter de fa foû- XLIIT. miffion envers le pape, le parti de fon fils le Suite de la tenoit toûjours pour fchifmatique lui & tous guerre civifes adherans; & fur ce foddement aufh-tôt 2 qu'il eût renoncé à la couronne, laffemblée de Mayence commença à proceder contre eux. Plufieurs évêques furent challez de leurs fieges & d'autres comme catholiques envoyez à leurs places; & on en facra quelques-uns dès les fêtes de Noël 110 5. Le zele de ces catholiques alla plus loin. Ils deterrerent les évêques fchifma tiques, & jetterent leurs corps hors des égli fes; entre autres celui de l'antipape Guibert fat tiré de la fepulture où il repofoit depuis cinq ans dans l'églife de Ravenne. On declara nul tout ce qu'il avoit fait & en general on fufpendit de leurs fonctions tous les clercs ordonnez par des évéques fchifmatiques, jufques à l'examen general...

1.4.

DY

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