Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ep 101.

& rapporterent entre autres chofes, une commiffion du pape à Anfelme, pour juger la caufe AN. 1106. de Guillaume archevêque de Rouen. Ce prelat Gall. Chre avoit été moine au Bec, puis à faint Etienne de Caen, dont il fut le fecond abbé ; & fucceda en 1079. à Jean d'Avranches dans le fiege de Rouen, qu'il tint pendant trente-deux ans. Guillaume nonobftant fon merite fingulier, avoit été depuis long-tems fufpendu de fes fonctions par le pape; & Anfelme avoit intercedé pour lui par ces derniers deputez. Le pape lui manda donc de faire en fon nom tout ce qu'il jugeroit à propos en cette affaire. Il alla à Rouen, & expofa la caufe de sa venue dans un fynode où Guillaume de Varelvaft deputé du roi prefenta les lettres du pape qu'il avoit apportées de Rome : l'une adreffée à l'arche to. x. cone, vêque de Roüien où le pape l'exhortoit à éloigner de lui ceux dont les mauvais confeils ap. Edmer, lui avoient fait commettre plufieurs fautes; l'autre à Anfelme, où il marquoit qu'ayant égard à la foûmiffion du roi d'Angleterre, il ufoit de defcendance, & donnoit à Anfelme le pouvoir d'abfoudre ceux qui avoient reçu les inveftitures, ordonner ceux qui les avoient reçûës, ou fait hommage au roi. Puis il ajoûtoit: Si quelques-uns deformais reçoivent les prelatures fans inveftitures, quoiqu'ils ayent fait hommage au roi, vous ne laifferez pas de les ordonner: jufques à ce que vous perfuadiez au roi de s'abstenir de cet hommage. Il permet enfuite à Anfelme de recevoir à fa communion les trois évêques qui avoient fait un faux rapport au roi en noz. & d'abfoudre le roi & les feigneurs qui avoient travaillé auprès de lui par ordre du Sup. n. pape pour l'affaire des inveftitures. Enfin il lui commet celle de l'archevêque de Rouen. La lettre eft du vingt-troifiéme de Mars...

con

Quand Guillaume de Varelvaft fut arrivé au AN. 1106. près du roi en Angleterre, & lui eut rendu compte de ce qu'il avoit negocié à Rome : le roi très content le renvoya prier Anfelme de revenir au plûtôt à fon églife. Mais Guillaume trouva le prelat malade, & en fut fenfiblement affligé, car il defiroit alors fincerement fon retour & la liberté de l'églife. Il l'afflura que le roi étoit abfolument difpofé à suivre tous fes confeils, & à être toûjours d'accord avec l'églife Romaine. Enfin il le preffa tant qu'il le fit partir du Bec tout malade qu'il étoit : mais quand il fut à Jumieges fon mal augmenta de telle forte qu'il ne pu: paffer outre. Il manda au roi la cause de fon retardement ; & le roi jura qu'aucune perte ne lui feroit fi fenfible que la mort d'Anfelme à qui il manda de fe tenir en repos & fonger à fa fanté, l'affurant qu'il pafferoit inceffamment en Normandie.

[ocr errors]

Anfelme retourna donc au Bec attendre le roi, qui y vint à l'Affomption de Nôtre-Dame, quinziéme d'Août 1106. Alors le prelat entierement gueri celebra folemnellement la meffe, puis le roi & lui s'affemblerent, & convinrent de tous les articles qui les avoient divifez. Le roi déchargea les églifes d'Angleterre du cens que Guillaume le Roux leur avoit impofé le premier; & promit que tant qu'il vivroit il ne prendroit rien des églifes vacantes. Quant à la taxe des cures › il promit, que ceux qui n'avoient pas encore payé ne payeroient rien, & que ceux qui avoient payé feroient quittes de toute impofition pour trois ans. Il promit encore fous caution la reftitution de tout ce qu'il avoit pris des biens de l'églife de Cantorberi pendant l'abfence de l'archevêque. Après cet accord Anfelme retourna en Angleterre, où il fut reçu avec une joie incroyable, particulierement de la reine r qui

[ocr errors]

marchoit devant lui fur la route & lui préparoit les logemens.

AN. 1106.

En ce voyage, Henri roi d'Angleterre gagna la bataille de Tinchebrai, qui le rendit maître de la Normandie, & il envoia le duc Robert fon frere prifonnier en Angleterre où il mourut: A la mi-Octobre 1106. Henri affembla à Lifieux les to. x. com. P. 747.ex évêques & les feigneurs de Normandie, pour re-Order. lib. gler les befoins de l'eglife & de l'état. On y éta- x1. p. 822. blit la paix contre les ufurpations des biens ecclefaftiques, les pillages & les violences.

La même année Boëmond prince d'Antioche XLVII. vint en France; cherchant à s'aquitter des det- S. Brunon de Segni. tes dont il étoit chargé, & cfperant amener des Guill. Tyr. recrues de nouvelles troupes. Ayant dont laiflé x1. 6. 1. le gouvernement de fa principauté à fon cousin Tancrede, il partit d'Antioche dans l'automne de l'année 1104. amenant avec lui Daïmbert pa.triarche de Jerufalem, qui venoit fe plaindre au pape de ce que le roi Baudouin l'avoit injuftement chaffé de fon fiege, & mis à fa place un prêtre nommé Ebremar. Boëmond étant arrivé en Poüille fit y peu de féjour; puis il alla trouver le pape Pascal, auprès duquel il laiffa Daïmbert; & paffa en France avec Brunon évêque de Segni, que le pape y envoïoit en qualité de legat, pour folliciter le fecours de la terre fainte. Brunon étoit d'une famille très-noble d'Afte en Piemont, comptée alors entre les villes de Marchef. Ligurie; & fut élevé dès l'enfance dans le naftere de fainte Perpetue près d'Afte; puis il fut chanoine de Siene. Delà il alla à Rome pour paffer au Mont-Caffin, où il défiroit depuis longtems d'embraffer la vie monaftique. Il trouva à Rome Pierre Ignée évêque d'Albane, qui le re- Sup. liv. çût chez lui en 1079. Dans le concile qui fut te- XLI. n. 60, nu la même année, Brunon fit paroître fa docine & la force de fon genie, en refutant l'he

mo

Differt.

init. p.

Bruno.

Sup. liv.

XIV. n. 28,

Chr. Caff.
SY. E. 31.

refie de Berenger; ce qui fut caufe que l'évêché AN. 1106. de Segni en Campanie étant venu à vaquer, pape Gregoire VII. l'en pourvut malgré toute fa réfiftance. Il accompagna Urbain II. en fon voyage de France & affifta au concile de Clermont; mais quelques années après il quitta fon églife & vint au mont-Caffin, où il fe rendit moine fous l'abbé Oderife. Le peuple de Segni en porta fes plaintes au pape Pafcal II. qui envoya ordonner à Brunon de revenir prendre foin de fon troupeau, & fe tenir auprès du pape pour l'affifter dans les affaires de l'églife; lui faifant des reproches d'être entré dans un monaftere fans la permiffion du faint fiege. Brunon répondit: Toute l'églife Romaine fait que j'aurois executé ce deffein il y a plufieurs années fi je n'avois vû l'église attaquée violemment par les fchifmatiques; maintenant qu'elle eft en paix, j'ai crû devoir accomplir mon veu. Et je ne man que pas d'exemples des faints évêques, qui ont quitté le tumulte des affaires pour vivre en repos. Comme le pape ne fe laiffoit point fléchir, l'abbé Oderife le pria de trouver bon, que Brunon demeurât dans le monaftere, à la charge d'aller de tems en tems à Rome pour le service de l'églife; & il étoit en cet etat quand le pape l'envoya avec Boëmond.

[ocr errors]

Orderic.

[ocr errors]

Ce prince arriva en France au mois de Mars Boëmond 1106. & alla d'abord en Limoufin, acquiter un en France, vœu qu'il avoit fait à faint Leonard lorfqu'il 1. p. 816. étoit prifonnier des infideles. Pendant le refte du carême il vifita les villes de France, & fut reçû par tout avec un grand respect par le clergé & par le peuple, à qui il racontoit les actions aufquelles il s'étoit trouvé. Il donnoit aux églifes des reliques, des draps de foye, & d'autres offrandes précieufes; & trouvoit un accueil favorable dans les monafteres & les êvêchez. Il me.

[ocr errors]
[ocr errors]

1

[ocr errors]

oir avec lui le fils de Romain Diogene autre

fois

empereur de C P. & d'autres nobles Grecs, AN. 1106., dont les plaintes contre l'empereur Alexis, qu'ils traitoient d'ufurpateur, augmentoient contre lui l'animofité des François. Plufieurs nobles offroient leurs enfans à Boëmond pour les tenir fur les fonts; & il leur donnoit fon nom de baptême qui étoit Marc.

Un des motifs de fon voyage étoit de fe ma- Suger. with rier, & il époufa Conftance, fille du roi de Lud, ‹. 6. France Philippe & de la reine Berte: qui après avoir époufé Hugues comte de Troies & en avoir eu des enfans, avoit été feparée de lui C pour parenté, fuivant le confeil d'Ives de Char- Ivo. epi tres. Boëmond traita en même tems le mariage 158. de fon coufin Tancrede avec Cecile fille natu1 relle du même roi Philippe & de Bertrade. Les nôces de Boëmond furent celebrées à Chartres après Pâques, cette année 1106. Et au même lieu, étant entré dans l'églife, il monta fur une tribune, devant l'autel de la Vierge & harangua l'affen blée; excitant par le recit de fes avantures, tous les guerriers à venir avec lui & leur promettant des châteaux & des villes opulentes pour récompenfe de leurs travaux. Il y en eut grand nombre qui fe croiferent & entreprirent le voyage de Jerufalem avec la même joye que s'ils aloient à un feftin. La croifade chr. Mal fut encore plus folemnellement prêchée par le an. 1106. legat Brunon de Segni, dans le concile qu'il to. x tint à Poitiers le vingt-fixiéme Mai de la mê- P. 746. me année 1106. & où Boëmond fut present. On y traita auffi diverfes matieres ecclefiaftiques.

Conce

XLIX.

contre Ro

La même année & dans le même diocefe de
Poitiers, fut fondé le celebre monaftere de Reproches
Fontevraud. Robert d'Arbrifelles continuoit de bert d'Ar-
prêcher, fuivant l'ordre qu'il en avoit reçû dix briffelles,

« AnteriorContinuar »