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Ils ne tinrent pas parole, & jamais ils ne furent d'aucun fecours aux ANASTASE Romains. Nous verrons fous le ré- An. 512 gne de Juftinien des traits de leur perfidie.

XVI.

Surius in Sto

Baronius.

art. 13

La féchereffe & les fauterelles défoloient la Palestine. Ces fléaux An. 5137 en produifirent deux autres; la fa- Sédition mine & la pefte: ce qui dura pen- contre Madant cinq années, jufqu'à la fin du rin. régne d'Anaftafe. L'Empereur in- Saba. 5. formé du malheureux état de cette Dec. province, la déchargea des impôts. Fleury Hift. Mais par le confeil de fes miniftres, Ecclef. 1. 314 il en rejetta le fardeau fur les-provinces voisines. Elles n'étoient guères moins miférables. Le fameux folitaire faint Sabas, fe trouvoit à Conftantinople pour les affaires de l'Eglife. Il courut implorer la juftice de l'Empereur, & lui représenta si vivement la mifere des peuples, qu'Anaftafe en fut touché, & paroiffoit difpofé à porter lui-même la perte des impofitions qu'il remettoit à la Palestine. Mais Marin, fon principal miniftre, homme dur& impitoyable. fit échouer ce bon

deffein, en difant que ceux qui trou

ANASTASE Voient ces impôts trop onéreux, An. 13. étoient autant de Neftoriens. Ce nom feul faifoit horreur au foible Anastase, infatué des erreurs d'Eutychès. L'imputation de Neftorianifme étoit pour les méchans un moyen fûr de noircir dans fon efprit la vertu même. Dès-lors il ne voulut plus entendre parler d'adouciffement. Sabas menaça Marin de la juftice divine. Le miniftre n'en tint compte ; mais peu de tems après, le peuple indigné de la violence avec laquelle fon zèle politique faifoit triompher le parti d'Eutychès, fe fouleva, pilla fes biens, brûla fa maison, & lui auroit ôté la vie s'il ne fe fût dérobé par la fuite à la fureur des féditieux.

Premier

exemple

On commença pour lors à violer An. 514. les plus faintes maximes de la moXVII. rale chrétienne, pour foutenir la foi catholique; on vit un faux zèle d'une guerre.combattre l'héréfie par la rébellion: pour la dé- premier exemple de ces guerres crifenfe de la minelles, où une orthodoxie meurtriere confacre fes fureurs à la reli

entreprise

foi.

gion qui la défavoue, & prétend défendre la caufe de Dieu en fe révol- ANASTASE An. 514 tant contre Dieu même, dont les Princes, quoiqu'impies & hérétiques, font les lieutenans dans la fphere des choses temporelles. L'Eglife née fous le glaive des perfécutions, avoit appris dès le berceau à demeurer foumife aux puiffances légitimes, qui s'efforçoient de la détruire. Pendant la tyrannie de l'Arianifme, fous le régne fanguinaire de l'idolatrie renaiffante, elle avoit refpecté l'autorité de Conftance, de Julien & de Valens. Elle venoit de fouffrir fans murmure les caprices de Zénon. Mais l'ignorance effaçant peu-à-peu les maximes de l'évangile, Vitalien trouva foixante mille hommes difpofés à croire fur fa parole, qu'ils devoient en confcience prendre les armes contre un Prince qui favorifoit l'erreur. Pour développer les caufes de cette guerre, il eft à propos de mettre fous les yeux du lecteur, la conduite qu'avoit jufqu'alors tenue Anaftafe au fujet de la religion,

ANASTASE An. 514.

XVIII

au fujer de

guerre de

31.32.

353.

Baronius.

de

Après l'injufte dépofition d'Euphémius, Macédonius avoit été placé fur le fiége de ConstantinoConduite ple. Quoiqu'il fût attaché à la docd'Anaftafe trine de l'églife, & qu'il fit profef la religion fion de refpecter le concile de Chaljufqu'à la cédoine, il avoit foufcrit l'hénotiPerfe. que de Zénon, n'y voyant rien qui Evag. 1.3. c. blefsât directement la foi catholiTheoph. pag. que. Cette molle complaisance ne 122. 123. put lui fauver la difgrace du Prince. Anaft. p. 49. C'étoit entre fes mains qu'EuphéCedren. p. mius avoit dépofé la proteftation, par laquelle Anastase, avant que Ecclef 1. 30. recevoir le diadême, s'étoit engagé à maintenir les décifions du concile. Dès que Macédonius fut patriarche, l'Empereur lui redemanda cet acte, qu'il démentoit par fa conduite; ce Prince alléguoit pour prétexte qu'un écrit de cette nature dèshonoroit la majesté impériale. Le refus conftant du prélat, piqua vivement l'Empereur, qui n'avoit apparemment confenti à l'élévation de Macédonius, que dans l'efpérance de retirer plus aifément de fes mains une piéce fi importante. Ce

Fleury hift.

art. 47.

l.

Till. vie de

Maced. art.

6. 10.

pas

pendant Anastase diffimula fa haine pendant quelque tems. Il parut même ANASTASK fçavoir gré au patriarche des démarches qu'il faifoit pour réunir les efprits. Mais il ne fe rapprochoit pas lui-même de la communion du faint Siége. Envain le pape Anastase -II, fucceffeur de Gélafe, le preffoit de fe réconcilier avec l'églife Romaine, en abandonnant l'hénotique de Zénon, & en condamnant la mémoire d'Acace. Symmaque qui avoit fuccédé au pape Anastase, ne fut plus heureux: l'Empereur ne répondit à fes lettres que par des reproches; & pour témoigner le mépris qu'il faifoit de fes remontrances, il envoya dans les villes de l'Orient .des ordres féveres contre les Orthodoxes, qui refufoient de communiquer avec les fectateurs d'Eutychès. Il empêcha Macédonius d'adreffer au Pape une lettre fynodique pour marque de communion; & Pallade, patriarche d'Antioche, étant mort, il fit nommer Flavien, qu'il croyoit favorable à l'hérésie : mais il y fut trompé

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