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ANASTASE

ques, qui menaçoient Flavien des dernieres violences, s'il ne prononçoit anathême contre le concile & contre la lettre du pape Léon. D'autres moines zélés pour Flavien & pour la doctrine Catholique, accoururent auffi dans le deffein de s'opposer aux ennemis du prélat. La ville fut bien tôt embrafée du feu d'une guerre civile. On tua, on jetta dans l'Oronte un grand nombre de fchifmatiques. Il fut aifé à Sévere de faire paffer Flavien pour auteur de la fédition. L'Empereur envoya ordre de le chaffer, & de le conduire à Pétra en Arabie, & avec lui. plufieurs évêques, des eccléfiaftiques & des moines, qui fortirent de la ville chargés de fers. Sévere fut inftallé en fa place, & devint le tyran de l'églife de Syrie. Il y eut cependant des évêques qui refuferent d'accepter fes lettres fynodiques; & il s'en trouva deux affez hardis, pour lui faire fignifier une: fentence d'excommunication. C'étoient Côme d'Epiphanée & Sévérien d'Aréthuse. Un diacre, déguiféi

ANASTASE

XXVI.

confondus

en femme, mit la fentence entre les mains de Sévère, & s'échappa au travers de la foule, avant que le nouveau patriarche pût fçavoir ce qu'on lui préfentoit. Anaftafe informé de cette hardieffe, ordonna au gouverneur de Phénicie, nommé Afiaticus, de chaffer de leurs fiéges Côme & Sévérien. Mais cet officier

lui

ayant mandé que ces deux prélats avoient beaucoup de partifans, & que pour exécuter fes ordres, il faudroit tirer l'épée, Anastase lui récrivit de n'en rien faire ; & ce fut alors qu'il dit cette parole mémorable, qui lui feroit grand honneur s'il y eût été plus fidèle, mais qui devenoit ridicule dans fa bouche: Je croirois payer trop cher le fuccès de l'affaire la plus importante, s'il en coûtoit à mes fujets une goutte de fang.

Šévere en poffeffion du fiége Hérétiques d'Antioche, voulut faire des conpar Alamon- quêtes au parti d'Eutychès jufques dare. chez les barbares. Cabade, roi de Perfe, d'abord perfécuteur du chriftianifme, après avoir verfé beau

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coup de fang, avoit enfin reconnu que les vrais Chrétiens font les plus ANASTASE fidéles fujets des Princes mêmes qui fuivent une autre croyance. Il avoit donné dans fes Etats liberté de religion. Alamondare le plus puiffant des rois Sarrafins fujets de la Perse, s'étoit fait inftruire des principes du chriftianifme; & ayant trouvé cette religion plus raifonnable que celle de fes peres, il avoit reçu le baptême. Sévere se fit un point d'honneur de gagner à fa fecte un guerrier, dont le nom faifoit trembler la Syrie & la Phénicie. Il lui envoya deux évêques pour lui infpirer les erreurs d'Eutychès, dont la principale confiftoit à ne reconnoître en JesusChrift qu'une feule nature; la nature divine, à laquelle devoient s'attri. buer la naiffance, les fouffrances & la mort du fils de Dieu. Le Sarrafin, après les avoir écoutés, leur promit de fe décider le lendemain. Pendant la feconde entrevûe, un de fes officiers étant venu lui dire un mot à l'oreille, il feignit de tomber toutà-coup dans une profonde trifteffe::

,

& comme les prélats lui en deman→ ANASTASE doient refpectueufement la cause : Hélas! leur dit-il, j'apprends que l'Archange Michel vient de mourir. Les prélats lui représentant pour le confoler, qu'on le trompoit & qu'un Ange étoit immortel de fa nature. Et quoi! leur repliqua-t-il, vous voulez bien me perfuader que la nature Divine a fubi la mort. Cette brufque réfutation, appuyée d'un regard & d'un ton militaire, déconcerta les deux convertiffeurs. Ils pri rent fur le champ congé d'un Prince auffi expéditif dans les difcuffions. théologiques, que dans fes incur fions guerrieres...

XXVII. Troubles à Jérufalem.

131. 136.

Le parti d'Eutychès reçut à Jérufalem un autre affront, qui lui fut Theoph. pag. beaucoup plus fenfible. L'Empereur Niceph. Call, s'efforçoit depuis long-tems de ga1. 16. c. 32. gner Elie, patriarche de cette ville. Irrité de fa réfiftance, il avoit enfin Fleury Hift. réfolu de le chaffer de fon fiége: Ecclef. 31. mais le faint folitaire Sabas étant Till. vie de allé à Conftantinople, avoit trouvé Maced. art. moyen d'appaiser le Prince. En vain,

34

Baronius.

art. 13. 20.

28.

Sévere devenu patriarche d'Antio

che, effaya de furmonter la conftance d'Elie. Le voyant auffi peu ANASTASE touché de ses menaces que de fes raisons, il eut recours à l'autorité impériale, & fit venir des foldats pour chaffer Elie de Jérufalem. Sabas, à la tête de fes moines, força les foldats d'abandonner la ville. Anastase donna ordre à Olympius, duc de Palestine, de s'y tranfporter avec les troupes. Elie céda à la vio, lence, & les fchifmatiques mirent en fa place un nommé Jean. Sabas revient avec ses moines; il agit fi puiffamment fur l'efprit du nouvel évêque, qu'il le détache du parti de Sévere. L'Empereur en eft bien-tôt informé. Un de fes courtisans, nommé auffi Anaftafe, faifit cette occafion pour se faire donner le commandement en Palestine; il s'engage à payer à l'Empereur trois cents livres d'or, s'il ne vient pas à bout de faire rentrer Jean dans la communion de Sévere. Il ne convenoit pas à la majesté impériale d'accepter de pareilles offres: mais l'Empereur aimoit l'argent, & c'étoit un

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