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ANASTASE An. 515.

XXXI.

loir rendre la

Les murmures du peuple, qui favorifoit Vitalien, intimiderent Anaftafe. Il feignit de vouloir pacifier les troubles de l'églife. Le pape Anaftafe Hormifdas venoit de fuccéder à feine de vou Symmaque ; l'Empereur lui écrivit paix à l'éune lettre datée du 28 de Décem- glife. bre 514, pour l'inviter à fe trouver à un concile général qui se tiendroit à Héraclée, & dont il fixoit l'ouverture au premier de Juillet de l'année suivante. On y devoit terminer les conteftations qui divifoient l'églife, & juger la caufe des évêques dépoffédés. Ayant appris que Vitalien avoit de fon côté député au pape, il écrivit encore à Hormifdas le 12 de Janvier fuivant, pour lui demander fa médiation; & il lui envoya un des patrices, qu'il chargea auffi d'une lettre pour le fénat. Il prioit cette compagnie d'engager le pape à procurer la tranquillité de l'églife & de l'empire. Ce prince artificieux fembloit défirer ardemment la paix, qu'il trou bloit lui-même par fon attachement opiniâtre à l'héréfie.

Vitalien informé des démarches ANASTASE d'Anaftafe, le connoiffoit trop pour An. 515. fe fier à ces avances trompeufes. XXXII. Sans en attendre le fuccès, il fe mit Vitalien ap- en campagne dès le mois de Mars, Conftanti portant la défolation fur fon pafnople. fage. Une flotte qu'il avoit équipée

proche de

XXXIII.

Invention

pendant l'hiver, & qui n'étoit com-
pofée que de petites barques, ac-
compagnoit fa marche fur la gau-
che, le long du rivage du pont Eu-
xin & du Bofphore. Sa cavalerie
vint infulter le fauxbourg de Sy-
ques, ravageant les environs, brû-
lant les villages, enlevant les habi-
tans. Pour montrer le mépris qu'il
faifoit des troupes d'Anaftafe, il fe
contentoit de défarmer les foldats

qu'il
'il faifoit prifonniers, & les ven-
doit enfuite une obole par tête. Il
établit fon camp près de la baie de
Softhene fur le Bofphore, à deux
lieues & demie de Conftantinople.
Son deffein étoit de s'emparer de la
ville du côté de la mer, en forçant
l'entrée du port.

Anastase avoit fait venir d'Athè

de Proclus, nes le philofophe Proclus : ce n'eft

point le fameux Platonicien, dont il nous refte encore plufieurs ouvrages: ANASTASE il ne vivoit plus alors, étant mort An. 5.15. vers 485. Celui dont il s'agit, étoit un Phyficien de même nom, auquel les Grecs attribuent en cette occafion des opérations merveilleuses. Je les rapporterai fans m'en rendre garant. Il raffura d'abord l'Empereur qui avoit perdu courage, & lui confeilla de raffembler tout ce qu'il avoit de troupes dans la ville & aux environs, de les embarquer, & de faire attaquer Vitalien. S'adreffant alors à Marin qui étoit préfent: Je vous mettrai entre les mains, lui dit-il, de quoi anéantir la flotte ennemie. Il fe fit en même-tems apporter une grande quantité de fou fre vif; & après l'avoir préparé & divifé en menues parcelles: Vous n'aurez pas befoin d'autre fecours, ajouta-t-il; livrez le combat après le lever du foleil,& vous verrez réduire en cendres tous les vaiffeaux où vos flêches porteront quelque partie de cette matiere. Marin qui n'étoit pas homme de guerre, pria l'Empereur de

le faire accompagner de quelqu'un ANASTASE des généraux. Anaftafe manda PaAn. 55. trice le Phrygien & Jean, qui n'eft défigné que par la qualité de fils de Valeriane. Il leur donna ordre de faire embarquer ce qu'on avoit affemblé de foldats, & d'aller chercher la flotte ennemie. Mais ces deux officiers fe jettant aux pieds de l'Empereur, le fupplierent de les difpenfer d'un emploi, dont ils fe reconnoiffoient incapables:

Nous n'entendons rien aux combats de mer, difoient-ils: nous aimons mieux nous avilir nous-mêmes par cet aveu, que d'expofer par une préfomption criminelle le falut du Prince & de l'Empire. Cette fincérité généreuse, qui au défaut de la capacité eft la chofe du monde la plus eftimable, ne fit qu'irriter l'Empereur. Ce Prince, qui penfoit fans doute que la commiffion du fouverain donne le talent qu'elle exige, les chaffa de fa préfence avec indi gnation, & chargea Marin feul de l'entreprise.

Le miniftre devenu général raf

fembla dans le port tous les vaif

Combat

feaux & toutes les barques qui fe ANASTASE trouvoient difperfées tant fur le An. 515. golfe de Céras, que fur le Bofphore XXXIV. & fur les côtes de la Propontide. Il naval. les garnit de troupes, auxquelles il diftribua cette matiere inflammable que lui avoit donnée Proclus, & il leur enfeigna la maniere d'en faire ufage. Vitalien de fon côté fit embarquer les Huns & les Goths de fon armée, & fit voile vers Conftantinople. Marin n'étoit pas encore forti du golfe, en forte que les deux flottes fe rencontrerent entre le fauxbourg de Syques & la ville, Le combat commença fur la troifiéme heure du jour, & Marin fut heureux d'avoir affaire à un ennemi fi peu expérimenté, Dès que Vitalien vit fes vaiffeaux en feu il prit la fuite, & regagna fon camp, La plupart des barques embrafées fe firent échouer au rivage de Syques. Les matelots & les foldats gagnerent la terre ; mais il n'en échappa qu'un petit nombre. On paffa tout le jour à poursuivre & à maffacrer ces mal

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