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heureux. Vitalien décampa la nuit ANASTASE fuivante, & fit tant de diligence An. 515. que Marin perdit l'efpérance de l'atteindre le lendemain. Le vainqueur rentra dans la ville au milieu des acclamations de fes flatteurs, glorieux lui-même d'une victoire qui ne lui avoit pas coûté plus de peine qu'une promenade fur le golfe. J'ignore fi cette invention de Proclus a quelque rapport au feu Grégeois. Ce feroit la premiere fois qu'il paroîtroit dans l'hiftoire. On ne commença d'en faire ufage, que cent cinquante ans après, fous le régne de Conftantin Pogonat. Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'il entroit du foufre dans la compofition du feu Grégeois. Les auteurs Grecs difent qu'il n'étoit pas besoin de mettre le feu à la compofition de Proclus : & que le mouvement feul joint à l'ardeur des rayons du foleil, fuffifoit pour l'enflammer.

XXXV.

dens de Pro

Selon Zonare, ce fut par le moyen Miroirs ar- de miroirs ardens que la flotte de Vitalien fut embrafée. Proclus en avoit fait faire d'airain, & les avoit fufpendus

clus.

que

An. 515

fufpendus aux murailles de Constantinople vis-à-vis de la flotte enne- ANASTASE mie. Ils opérerent le même effet ceux d'Archimede avoient autrefois produit fur la flotte Romaine devant Syracufe, fi l'on veut en croire des auteurs poftérieurs à Archimede de quatre cents ans : car les plus anciens & les plus graves hiftoriens n'en parlent pas. Il feroit auffi très-poffible, que ces prétendues inventions de Proclus fuffent controuvées par les hiftoriens Grecs du moyen âge, paffionnés pour le merveilleux: difpofition très-voifine du menfonge. Cet événement n'eft rapporté que par Zonaras & par Malela. Ils ajoûtent qu'après ce fervice important, Proclus demanda la permiffion de retourner à fon école d'Athè nes; qu'il refufa quatre cents livres d'or que l'Empereur lui offroit pour récompenfe, & qu'il mourut peu de tems après.

Anchiale fur la côte du Pont Euxin entre Méfembrie & Apollonie, étoit la place d'armes de Vitalien. S'y étant retiré après la perte de fa Tome VIII.

X

XXXVI.

Paix avec

Vitalien,

flotte, il y faifoit de nouveaux préANASTASE paratifs. L'Empereur encore effrayé An. 515. du péril qu'il venoit de courir, rélolut d'appaifer ce zélateur à quelque prix que ce fût. Il lui fit porter par des fénateurs des propofitions d'accommodement. Vitalien demandoit le rappel des évêques, & un concile général, auquel le pape préfideroit, pour y réformer tout ce qu'on avoit fait contre l'intérêt de l'églife catholique. Pour la fûreté de ces conditions, il ne fe contentoit pas du ferment de l'Empereur, il exigeoit encore celui du fénat entier, des magiftrats & des principaux d'entre le peuple. Anaftafe que cette défiance dèshonoroit, confentit à tout. Le traité fut conclu. Vitalien fut comblé de préfens, & déclaré général des troupes de la Thrace, qu'il avoit ravagée. Hypace étoit détenu dans un château de la Méfie; pendant le cours de la guerre, Vitalien avoit refufé de l'échanger contre un de fes lieutenans nommé Uranius, quoiqu'on lui offrit de retour onze cents livres d'or. La paix étant faite, fans qu'Anaftafe qui

craignoit les incidens eût rien ftipulé en faveur de fon neveu, Secon- ANASTASE din, , pere d'Hypace, obtint par fes An. 515. prieres & par fes larmes la liberté de fon fils, pour la rançon duquel Vitalien fe contenta de quatre-vingt dix livres d'or. Il alla lui-même le tirer de fa prifon, & le renvoya à fon oncle. Ainfi fe termina cette guerre entreprise contre l'efprit du chriftianifme, fous prétexte de défendre la catholicité. Elle ne fut utile qu'au chef qui fit acheter la paix. La religion, loin d'y rien gagner, perdit le mérite de la foumiffion & de la patience chrétienne.

XXXVII.

Marc. chr.

nef.

Dès que la paix fut conclue, Anaftafe éAnaftafe chercha les moyens d'en lude fes proéluder les conditions. Il avoit té- melles. moigné au pape Hormifdas un grand Vict. Tun. défir d'appaifer les troubles de l'é- Ennod. paraglife, & convoqué un concile à Theoph. pag. Héraclée. Le pape lui envoya cinq 137 138. légats chargés d'une réponse, dans laquelle après avoir loué le deffein ss. de l'Empereur, il lui mandoit qu'il étoit prêt à fe rendre lui-même à Conftantinople, fi le Prince étoit

139.

Anaft. p. 54.

Cedr.
r. p. 360.

15.

ft. Mike. 1.

Cod. Juft. 1.

1. tit. 2. leg.

X ij 18.

Baronius.

art. 21. &

fuiv.

vraiment réfolu de réparer les maux ANASTASE paffés, d'anathématifer les hérétiAn. 515. ques, de recevoir le concile de Sigon. Imp. Chalcédoine, & de condamner Occid. l. 16. Acace. L'inftruction que le pape Fleury Hift. donna à fes légats, eft un chefEcclef. l. 31. d'oeuvre de politique chrétienne : toutes leurs démarches y font compaffées, toutes leurs paroles y font pefées avec une extrême fageffe. Théodoric se joignit au pape ; & ce prince Arien, mais généreux, voulut bien contribuer au rétablissement de la concorde dans l'église catholique. Il envoya le préfet de Rome nommé Agapit, pour y exhorter Anaftafe. Le fénat Romain chargea auffi les légats d'une lettre, dans laquelle il reconnoiffoit la fouveraineté de l'Empereur. J'en ai parlé dans l'hiftoire du régne de Zénon. Cette compagnie rendoit témoignage du zèle, dont le faint pontife étoit animé pour la réunion. L'Envoyé de Théodoric fut le feul qui ne perdit pas fon tems auprès d'Anaftafe: il n'obtint rien pour la paix de l'églife; mais il conclut un

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