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par lequel ce Prince renonçoit à toute entreprise fur l'Italie, ANASTASE Le voyage des légats fut entiére- An. 515. ment inutile. L'Empereur guidé par les confeils du patriarche Timothée, ne cherchoit qu'à regagner le peuple de Conftantinople. Il y réuffit en paroiffant confentir à tout, excepté à la condamnation d'Acace, dont la mémoire étoit chere au peuple. On lui fçut bon gré de fon attachement à l'honneur de ce prélat. On blâmoit au contraire l'inflexibilité du pape & de fes légats. Le Prince les amufa de belles paroles: il les retint jufqu'à l'été fuivant, en les traitant toujours avec honneur; & pour marquer davantage la fincérité de fes fentimens, il les fit accompagner à leur retour par Théopompe comte des domeftiques, & par Sévérien confeiller d'état. Ces deux députés portoient au pape de la part de l'Empereur, une profeffion de foi très-orthodoxe : mais ils demandoient en même-tems, que pour éviter le fcandale, la mémoire d'Acace fût épargnée. Cette deman

de étoit jettée exprès pour rompre ANASTASE la négociation. Auffi le pape conAn. 515. vaincu de la duplicité d'Anastase, renvoya les députés fans rien con

XXXVIII.
Il recom-

mence à per

clure.

Une feconde légation du pape n'eut pas un plus heureux fuccès. fécuter les Anaftafe, après avoir envain tenté Catholiques. de corrompre les légats, les congé

dia avec défense d'entrer dans aucune ville. Ayant appris qu'ils avoient répandu des proteftations dans les provinces, il rompit ouvertement avec le pape; & comme on lui repréfentoit que par cette conduite, il violoit le ferment qu'il avoit fait à Vitalien, ce fut à cette occafion qu'il répondit, que les maximes d'état difpenfoient un Prince de tenir fa parole, fût-elle confirmée par un ferment. Pour achever de gagner le peuple de Conftantinople, il fonda un revenu de foixante-dix livres d'or qui devoient être employées aux frais des enterremens, enforte qu'il n'en coutât rien aux particuliers. Croyant alors pouvoir lever le mafque fans aucun

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danger, il congédia deux cents évê-
ques, qui s'étoient déja rendus à ANASTASE
Héraclée pour le concile. Il fit ve- An. 515.
nir à Conftantinople les principaux
évêques catholiques d'Illyrie; les
mauvais traitemens qu'ils y reçu-
rent, révoltérent leurs collégues, qui
au nombre de quarante renoncerent
à la communion de Dorothée évê-
que de Theffalonique leur métro-
politain, & s'unirent au pape.
Les
violences recommencerent de tou-
tes parts. Sévere, patriarche d'An-
tioche, fuivi d'une troupe de fcé-
lérats, attaqua un grand nombre
de moines de Syrie, qui étoient en
chemin pour fe rendre à un mo-
naftere, où ils devoient délibérer
fur l'état de l'églife. On en tua trois
cents cinquante; on en bleffa plu-
fieurs; on les pourfuivit jufques
dans les églifes où ils fe réfugioient.
Envain ceux qui échapperent de ce
carnage, porterent leurs plaintes à
l'Empereur; ils en furent rebutés
avec mépris. Ils s'adrefferent au
pape, qui ne put leur envoyer que
des confolations. C'est ainfi que ce

Prince qui fe vantoit d'épargner le ANASTASE fang des Catholiques, le prodiguoit An. 515. en effet par la liberté qu'il donnoit de le verfer impunément.

XXXIX.
Mort d'A-

Marc. chr.

Vict. Tun.
Theoph. pag.

Ariadne mourut au milieu de ces riadne. troubles. Quoique cette Princeffe fût déréglée dans fes mœurs, elle demeura toujours attachée à la doctrine catholique, dont elle avoit Evag. l. 3.0. reçu les inftructions dans le palais Cedr. p. 361. de l'empereur Léon fon pere. SouMalela, pag. vent elle avoit traversé les mau

139.

45.

42. 44.

vais deffeins des deux Princes, qu'elle époufa fucceffivement. Elle étoit fecondée dans fes bonnes intentions, par Magna foeur d'Anaftafe, par fon neveu Pompée, & par Anaftafie femme de ce dernier. Mais l'affection pour le parti d'Eutychès l'emportoit dans le cœur du Prince, fur celle qu'il avoit pour fa famille. Ariadne qui avoit épousé Zénon en 468, devoit avoir environ foixante-cinq ans, lorfqu'elle mourut en 515. Cette même année la ville de Rhodes fut renversée par un tremblement de terre. C'étoit, depuis fa fondation, la troifiéme fois

qu'elle éprouvoit ce malheur. Pour

XI..

roi des Bour.

P'Empire.

art. 23

de

la relever de fes ruines, Anaftafe fit ANASTASE diftribuer une fomme d'argent à ce An. 515. qui reftoit d'habitans. Depuis long-tems, les rois des Bourguignons fe faifoient honneur An. 516. des titres de dignité qu'ils recevoient des Empereurs. Gondiac Sigifinond avoit porté celui de maître de la guignons,ofmilice. Ses quatre fils avoient hé- ficier rité de ce titre. Gondebaud qui refta Valef.rer.Fr. le dernier étant mort en 516, fon 47 Till. Anaf fils Sigifmond députa un de fes officiers à l'Empereur, pour lui notifier fon avénement à la couronne, & lui demander fa bienveillance. Théodoric qui avoit alors quelque fujet de querelle avec Sigifmond, quoique ce Prince fût fon gendre, refufa le paffage au député. Anastase prévint le nouveau roi; il lui confirma les dignités qu'il lui avoit déja conférées du vivant de fon pere, & en ajoûta de nouvelles. Sigifmond dans fes lettres fe déclare officier de l'Empereur; il parle même comme fujet de l'Empire: on lui donne les qualités de patrice & de comte des Largeffes, X v

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