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XLI.
Liberté

d'un évèque
Marc.chr.
Cedr. p. 361
Niceph. Call.
1. 16. 6. 38.

Anastase n'avoit accordé à VitaANASTASE lien le commandement des troupes An. 516. de Thrace, que pour fatisfaire le peuple de Conftantinople, qui chériffoit ce général. Lorsqu'il crut l'affection publique refroidie, il lui ôta cette charge pour la donner à Rufin. Vitalien n'en murmura pas, & parut embraffer volontiers le repos d'une vie privée. On rapporte à ce même tems une leçon hardie, qu'un évêque fit à l'Empereur. Anaftafe croyoit être grand Théologien, & les flatteries du parti nourriffoient en lui cette ridicule présomption. Il entendit parler d'un évêque catholique, nommé Eniande, comme d'un homme invincible dans la difpute. Il le fit venir & fe mit en devoir de le convaincre, ajoûtant à ses raifons des promeffes, qu'il fçavoit par expérience être encore plus perfuafives. Eniande après l'avoir écouté, lui dit avec courage : « Prince, ce » n'eft pas votre Majefté que je » viens d'entendre ; c'eft Eutychès, » Diofcore & Sévere. Il n'eft pas >> befoin de leur répondre: ils ont

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été cent fois confondus. Cette » pourpre impériale dont vous êtes ANASTASE >> revêtu, donne ici de la force à An. 516. » vos paroles; mais vous ne la por>> terez pas au tribunal du fouverain » juge : votre foi y paroîtra toute >> nue. Vous l'avez laiffé corrompre » par l'impofture: inftruisez-vous: fongez que vous êtes Empereur, » & non pas évêque. Votre fonction » eft d'écouter & de protéger l'églife que Jefus-Chrift a rachetée >> par fon fang: c'eft le répandre de » nouveau, que de la perfécuter. >>> L'Empereur confus tâcha de couvrir fon embarras par une affectation de douceur. Il offrit au prélat une fomme d'argent confidérable. Eniande, quoique fort pauvre, fe retira fans vouloir rien accepter.

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d'Alexan

Le peuple d'Alexandrie n'étoit occupé depuis Diofcore que de dif- An. 517putes de religion. Le parti d'Euty- XLII. chès dominoit dans la ville; les fuc- Sédition ceffeurs de Pierre Mongus s'étoient drie. toujours mis à la tête, & les magif- Theoph. pag. trats dévoués aux volontés du Prin- Anaft. p. 55. ce, le foutenoient avec chaleur. Les Malela,p.4

139. 140.

An. 517.

Fleury Hift.
Ecclef. 1. 31.

art. 2

Catholiques n'en montroient pas ANASTASE moins à défendre la vérité; & l'ef prit de mutinerie naturel aux Alexandrins aigriffoit les conteftations. Cette animofité mutuelle éclatta l'an 517, au fujet de la mort du patriarche Jean Nicéote. Les magiftrats, par ordre d'Anaftafe, placérent fur le fiége épiscopal Diofcore, coufin de Timothée Elure. Une ordination fi peu réguliere, révolta les habitans de la campagne: ils accoururent en grand nombre, criant qu'on fouloit aux pieds les faints canons; qu'ils ne pouvoient reconnoître pour patriarche, qu'un homme élu dans la ville par les évêques d'Egypte. Pour appaifer ces clameurs, Diofcore fe fit élire & ordonner de nouveau par le clergé d'Alexandrie. Théodose, préfet d'Egypte, fils du patrice Calliopius, & Acace commandant des troupes affiftoient à cette cérémonie. Le pré fet voulant haranguer l'affemblée, débuta par un éloge de l'Empereur. Auffi-tôt une foule de peuple l'interrompt, on l'accable d'injures;

les plus audacieux montent à la tribune où il étoit, fe faififfent de fon ANASTASE fils qui étoit affis auprès de lui, le An. 517 jettent en bas & le maffacrent. Acace à la tête des foldats diffipe les féditieux, arrête les plus mutins, & les fait punir de mort. L'Empereur informé de ce défordre, fe préparoit à châtier févérement toute la ville. Diofcore s'étant transporté à Conftantinople, fe fit un mérite d'appaiser fa colere. Mais bien-tôt le peuple aigri par le châtiment, s'en vengea fur Théodofe même. L'huile manqua dans la ville: c'étoit alors une des néceffités de la vie, parce que l'huile étoit d'un grand ufage pour les bains. La fureur fe rallume; Théodofe eft maffacré; & cette fédition fe termina comme la premiere par la mort des plus coupa

bles.

XLIII. Irruption des barbares.

Mare. chr.

Les troubles de l'Empire attiroient les barbares. Une nuée de peuples inconnus paffa le Danube, défit près d'Andrinople Pompée, Jorn. fucceff. neveu de l'Empereur, ravagea la Wilth. dipe Macédoine, & pénétra dans la Thef. Leod. p. 6.

Vict. Tun.

falie, d'un côté, jufqu'aux Thermo ANASTASE pyles, de l'autre, jufqu'aux frontie An. 517. res de l'Epire. Comme ils traînoient Du Cange à leur fuite une multitude de prifam. Byz. fonniers, Anaftafe envoya mille livres d'or à Jean préfet d'Illyrie

Pagi ad Bar.

pour
les racheter. Mais cette fomme
ne fuffifant pas, les barbares en retin-
rent un grand nombre qui ne revirent
jamais leur patrie; ils en égorgerent
plufieurs à la vûe des villes qui re-
fufoient de leur ouvrir leurs por-
tes. Timothée, patriarche de Conf-
tantinople, étant mort, eut pour
fucceffeur Jean le Cappadocien.
Quoique fyncelle de Timothée
Jean étoit catholique dans le cœur ;
mais l'Empereur ne permit son élé-
vation, qu'après l'avoir obligé de
foufcrire la condamnation du con-
cile de Chalcédoine. Anaftafe, con-
ful cette année avec Agapit, ne doit
pas être confondu avec l'Empereur.
Il en étoit le petit - neveu, fils de
Pompée. On conserve encore deux
diptyques de fon consulat, l'un à
Bourges, l'autre à Liége. Agapit eft
ce préfet de Rome, que Théodo-

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