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tionnelle y a-t-il entre les diftances, les groffeurs & les révolutions des planetes? Cette chaîne prétendue fe trouve rompue de faturne jufqu'aux entrailles de notre petit globe.

Nous finiffons par remarquer que, quelque fyftême qu'on embraffe, il faut admettre une force motrice qui d'un embrion plus petit que la cent millieme partie d'un ciron, forme un éléphant, un chêne. C'eft cette force motrice, le principe de tout, dont nous demandons raifon. Elle agit d'un bout de l'univers à l'autre. Mais quelle eftelle? L'éternel Géometre nous a permis de calculer, de mefurer, de divifer, de compofer; mais pour les premiers principes des chofes, il est à croire qu'il fe les eft réfervés.

REFLEXIONS fur la maniere dont l'hiftoire Romaine eft écrite. L'HISTOIRE Romaine est encore à faire parmi nous. Il étoit pardonnable aux hiftoriens Romains d'illuftrer les premiers tens de la république par des fables qu'il n'eft plus permis de tranfcrire que pour les réfuter. Tout ce qui eft contre la vraifemblance doit au moins inspirer des doutes, mais l'impoffible ne doit jamais être écrit. On commence par nous dire que Romulus ayant raffemblé trois mille trois cens bandits, bâtit le bourg de Rome de mille pas en quarré: or mille pas en quarré fuffiroient à peine pour deux métairies; comment trois mille trois cens hommes auroient-ils pu habiter ce bourg?

Quels étoient les prétendus rois de ce ramas de quelques brigands? N'étoient-ils pas vifiblement des chefs de voleurs qui partageoient un gouvernement tumultueux avec une petite horde féroce & indicifplinée ?

Ne doit-on pas, quand on com

pile l'hiftoire ancienne, faire fentir l'énorme différence de ces capitaines de bandits avec de véritables rois d'une nation puiffante ?

Il eft avéré par l'aveu des écrivains Romains, que pendant près de quatre cents ans l'Etat Romain n'eut pas plus de dix lieues en longueur & autant en largeur. L'Etat de Gênes eft beaucoup plus confidérable aujourd'hui que la république Romaine ne l'étoit alors.

Ce ne fut que l'an 360 que Veïes fut prife après une espece de fiege ou de blocus qui avoit duré dix années. Veies étoit auprès de l'endroit où eft aujourd'hui Civita - Vecchia, à cinq ou fix lieues de Rome; & le terrein autour de Rome, capitale de l'Europe, a toujours été fi ftérile que le peuple voulut quitter fa patrie pour aller s'établir à Veïes.

Aucune de fes guerres, jufqu'à celle de Pirrhus, ne méritoit de place dan's l'hiftoire, fi elles n'avoient été le prélude de fes grandes conquêtes. Tous cés événemens jufqu'au tems de Pirrhus, font pour la plupart fi petits & fi obfcurs, qu'il fallut les relever pår des prodiges incroyables, ou par

des faits deftitués de vraisemblance, depuis l'aventure de la louve qui nourrit Romulus & Remus, & depuis celle de Lucrece, de Clélie, de Curtius, jufqu'à la prétendue lettre du médecin de Pirrhus, qui propofa, dit-on, aux Romains d'empoifonner fon maître, moyennant une récompenfe proportionnée à ce fervice. Quelle récompenfe pouvoient lui donner les Romains, qui n'avoient alors ni or, ni argent; & comment foupçonne-t-on un médecin grec d'être affez imbécille pour écrire une telle lettre ?

Tous nos compilateurs recueillent ces contes fans le moindre examen; tous font copiftes, aucun n'est philofophe. On les voit tous honorer du nom de vertueux des hommes qui au fond n'ont jamais été que des brigands courageux; ils nous répetent que la vertu Romaine fut enfin corrompue par les richeffes & par le luxe, comme s'il y avoit de la vertu à piller les nations, & comme s'il n'y avoit de vice qu'à jouir de ce qu'on a volé. Si on a voulu faire un traité de morale au lieu d'une histoire, on a dû inspirer encore plus d'horreur pour les déprédations

des Romains, que pour l'ufage qu'ils firent des tréfors ravis à tant de nations qu'ils dépouillerent l'une après l'autre.

Nos hiftoriens modernes de ces

tems reculés auroient dû difcerner au moins les tems dont ils parlent; il ne faut pas traiter le combat peu vraifemblable des Horaces & des Curiaces, l'aventure romanefque de Lucrece, celle de Clélie, celle de Curtius, comme les batailles de Pharfale & d'Actium. Il eft effentiel de diftinguer le fiecle de Cicéron, de ceux où les Romains ne favoient ni lire ni écrire, & ne comptoient les années que par des clous fichés dans le capitole. En un mot, toutes les hiftoires romaines que nous avons dans les langues modernes n'ont point encore fatisfait les lecteurs.

Perfonne n'a encore recherché avec fuccès ce qu'étoit un peuple attaché fcrupuleusement aux fuperftitions, & qui ne fçut jamais régler le tems de fes fêtes, qui ne fçut même pendant près de cinq cents ans ce que c'étoit qu'un cadran au foleil; un peuple dont le fénat fe piqua quelquefois d'huma nité, & dont ce même fénat immola Ly

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